War, Children! It's just a shot away! {Ft. Alec && Logan}

Il arrive parfois que nous ayons besoin de partager nos expériences et nos compétences pour éclairer d’un regard neuf certaines situations. Ou qu’on ait besoin simplement de notre présence. Je pense notamment à cet architecte qui consulte plusieurs corps de métiers comme les électriciens ou les plombiers. Dans leur boulot, cette chose est facile et évidente ! Dans le nôtre, beaucoup moins… ça entraîne souvent de la paperasse servant à justifier la présence d’une personne non-habilité à une chasse. Pourtant, ce jour-là, c’est arrivé.

Ma nuit avait été courte et mouvementée à cause d’un de ces voyages oniriques. Me tenant la tête dans la main, je ressens clairement la faiblesse généralisée. Je me recule de la table me servant d’appui, vidant le café d’un trait. Je réajuste l’arme dans son holster, et ma ceinture en général, avant de me mettre en route. Alec m’a donné rendez-vous pour une affaire. Il veut mon appui et une possible intervention directe. Ce n’est pas le protocole, mais peu importe. On aura bien assez de temps pour se justifier après.

Je descends au niveau du parking et m’appuies sur le coffre de ma bagnole, jouant avec une pièce, la faisant valser dans les airs et la rattrapant. J’espère qu’il va arriver bien assez vite… Je n’ai pas envie de me retrouver avec moi-même aujourd’hui, et comme il est l’un des rares avec qui j’arrive à avoir une discussion un tant soit peu sérieuse, sans ressentir le besoin de fuir.

Mais au lieu de ça, j’ai bien assez de temps pour rentrer dans la tête de cet homme. Il était en train de se nourrir. Je pouvais presque ressentir l’oreiller qu’il mâchait. J’aurai pu rester dans l’ombre. Je savais que ce n’était qu’un rêve anodin. Pourtant… Pourtant, j’ai décidé de faire ressurgir sa peur, m’en nourrissant de plus en plus et aimant cette emprise. J’ai transformé son plat en serpents. Et plus sa terreur était grandissante, plus ça me plaisait, me forçant à l’amplifier petit à petit, assombrissant l’ambiance et ajoutant des ombres menaçantes. Je n’aime pas ça. Je n’apprécie pas celui que je suis en train de devenir. Et c’est seulement à l’approche d’Alec que j’arrête d’y penser, me redressant et rangeant la pièce dans ma poche.

Pour la trentième fois en moins d'une heure ton réveil se déclenchait  alors que ta main émergeait de sous les draps pour le repousser, tu ne savais pas vraiment ce que tu espérais en agissant ainsi, ce n'était pas comme si fermer les yeux cinq minutes de plus avant de te faire tirer à nouveau du sommeil par la sonnerie stridente allait effacer tes excès de la veille, il ne fallait pas trop rêver non plus et à force d'agir ainsi tu ne réussirais jamais qu'à être un peu plus en retard à ton rendez-vous, il était plus que temps de te lever et d'assumer.
Soupirant profondément, tu repoussas ta couette au bout du lit, manquant de trébucher à chaque pas sur les bouteilles de bières qui jonchaient le sol et les cendriers pleins qui ne demandaient qu'à être vidés. Un simple regard au miroir de la salle de bain te fit immédiatement regretter d'avoir bien trop de fierté et de t'accrocher stupidement à ta virilité pour t'acheter du maquillage, ainsi tu aurais probablement pu camoufler les cernes qui se dessinaient sous tes yeux, les bleus sur ta pommette et la coupure qui traversait ta lèvre, signe que non seulement tu avais trop bu mais qu'en plus tu t'étais battu, inutile de rechercher dans ta mémoire esquintée les raisons du combat, tu ne savais que trop bien qu'il n'y en avait pas, il n y en avait jamais, tu saisissais n'importe quel prétexte, n'importe quelle phrase, n'importe quelle maladresse d'un autre quelconque pour te défouler, pathétique, c'était ce que tu étais, en théorie tu savais que ton frère, ton fiancé, n'auraient pas aimé te voir comme ça, voir celui que tu étais devenu, que ce n'était pas la bonne manière de leur rendre hommage, de faire honneur à leur mémoire mais en pratique, tu t'en foutais.

Tu finis de te préparer en vitesse, préférant ne pas t'imposer plus longtemps cette vision décadente de toi-même attrapant une veste, ton téléphone et tes clefs avant de claquer la porte de ton appartement derrière toi.
Tu avais donné rendez-vous à Logan sur le port et malgré la fatigue, malgré la douleur encore présente tu ne regrettais pas ton choix, outre le fait que ton travail était probablement la seule chose qu'il te restait, qui te permettait encore d'avoir une raison de te lever le matin, qui te permettait de ne pas perdre totalement la raison, te noyer dans des addictions  Logan était aussi probablement une des dernières personnes avec qui tu arrivais à communiquer de façon naturelle, qui n'essayait pas constamment de te juger ou de te faire la morale, pas comme tes parents ou tes amis d'avant. Vous n'en parliez jamais, parce que le contexte ne s'y prêtait pas, ou par pudeur aussi peut être, mais tu sentais bien que lui aussi avait vécu des événements traumatisants, c'était pour ça que de tous les chasseurs à qui tu aurais pu faire appel pour t'épauler dans cette mission plus délicate que les autres,c'était à lui que tu avais demandé, parce qu'en quelque sorte, vous vous compreniez.
Arrivant sur le parking à ton tour, tu garas ta voiture qui aurait bien plus mérité l'appellation de poubelle roulante avant de le rejoindre rapidement

« Logan ! Comment tu vas ? »