Mr. Provoc' | Edana & Baxter

Mr. Provoc'

Edana & Baxter

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Ce rp se déroule début mai

La provocation. C’est indéniable, j’aime ça. Ça a toujours été le cas, depuis toujours. Avec mes parents, avec mes profs, avec mes potes. Petit, adulte, dans la forêt, en ville. S’il y a bien quelque chose qui n’a pas changé avec le temps, c’est bien ça. Sorry, not sorry. Il faut bien que je m’amuse d’une façon ou d’une autre. Enfin, ce n’est pas que pour du fun, en réalité. C’est une façon de m’exprimer, de me défouler. Et c’est aussi pour cela que je suis tombé amoureux du graffiti il y a quelques années. Le graffiti a toujours été une forme d’expression à travers l’art, l’image, mais aussi des messages, des rappels… et des provocations. C’est souvent ce qui attire le plus l’attention des gens. Dire des choses que les gens n’osent pas dire. Dénoncer des trucs qui se passent et que personne n’ose dénoncer. Faire éclater la vérité aux yeux de tous. Sans faire couler du sang, comme ça devrait toujours être le cas.

Cette opportunité que Kyle m’a donnée, c’est un véritable cadeau du ciel. Ou de la terre, ou whatever. Je sais juste qu’elle est arrivée au bon moment, quand je n’avais plus de chez moi et que je ne savais pas trop vers où aller – et pas que physiquement, d’ailleurs. Enfin, en réalité je peux compter sur Anthea, avec qui j’habite en ce moment, alors c’était surtout dans ma tête que j’étais perdu. Déçu et sans avenir. Et c’est peut-être toujours le cas à l’heure actuelle, allez savoir, mais au moins je suis heureux de pouvoir montrer mon art dans une vraie exposition. J’suis pas Banksy, j’suis à peine un pro, mais l’intention de m’affirmer y est. L’intention de montrer que les Bristoliens ne sont pas contents. Et qu’ils veulent s’exprimer. Et que non, tout n’est pas parfait, et que ce Conseil du Renouveau n’a pas fait de miracles du jour au lendemain, même s’ils semblent être quand même plus décents que les précédents dirigeants de Bristol. Mais bon, ça reste des politiciens, alors peut-être ne devrions-nous pas être surpris quand ils commenceront à faire chier les gens avec des lois à la con. Car ils risquent bien de le faire, le pouvoir fait ça aux gens.

Dans la galerie d’art de Kyle Lewis, où se trouve mon expo’, j’observe les gens, discrètement. Leurs réactions, leurs regards, parfois si différents, et parfois si semblables. Certains semblent admiratifs, d’autres gênés, d’autres satisfaits, et d’autres contrariés. C’est l’effet de l’art, c’est l’effet des messages directs ou indirects sur les toiles, les montages, les collages. Des morceaux de journaux, des articles réels qui parlent de ce qui s’est passé en ville, des histoires vraies et pourtant apparemment oubliées par beaucoup. Des messages d’espoir, des exemples de gens qui font réellement quelque chose pour aider la société. Et tout cela, mélangé au graffiti, aux techniques de pochoir, aux couleurs, certaines plus vives, rouge sang, d’autres plus sombres et froides. Le thème subliminal est, en tout cas, la provocation, vis-à-vis de la société, de l’aristocratie, des politiciens, de la Couronne-même.

Vêtu d’un costard bleu par-dessus un t-shirt blanc sur lequel on peut lire « Fuck yes ! » – juste parce que – je repense à tout ce que j’ai dû traverser jusqu’à aujourd’hui. Toutes les batailles, toutes les peines, toutes les déceptions... Bordel, j’suis content d’être toujours là et d’avoir enfin réussi. Voir la reconnaissance des gens, voir qu’ils apprécient mes œuvres, ça n’a pas de mots. Et même ceux qui n’aiment pas, j’suis déjà content d’avoir pu les exposer comme ça, alors que je ne suis personne. Est-ce le début de quelque chose de plus grand ? Seul l’avenir le dira. Mais au moins, j’aurai essayé. Une voix féminine me tire de mes pensées. Paraît que quelqu’un voudrait me parler. Eh bien, pourquoi pas ! Même si, pour une fois, j’suis un peu moins à l’aise que d’habitude, je ne vais pas refuser de parler avec les gens qui veulent discuter avec moi. On ne sait jamais, peut-être que ça m’ouvrira des portes. Ou que ça me les cassera. Mais dans ce cas, vous me connaissez, hein.

« Hey, salut ! Moi, c’est Baxter, l’auteur de l’expo’… Pas trop choquée, j’espère ? »

Dis-je avec un petit sourire en coin pour masquer ma légèreté nervosité. Mais, dans le fond, je l’espère, ouais. Le pire, quand on est un artiste, ce n’est pas quand on choque les gens, mais bien quand on les laisse complètement indifférents.

« Sérieux, s’il y a quelque chose qui ne vous a pas plu, vous pouvez me dire la vérité. La vérité... Bah, c’est la vérité. In vino veritas et tout. »

Aucune idée de ce que je viens de dire en latin, mais ça sonne bien et ça a quelque chose à voir avec la vérité. Puis, c’est chic comme tout. Nan ? Merde.

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Ce n'est pas la première fois que ton regard se pose sur cette exposition, étant donné le nombre de fois où tu es venue depuis le vernissage et l'ouverture de la galerie, mais tu ne peux quand même pas t'empêcher de détailler à chaque fois les oeuvres. Quelque chose de Réversien vibre dans les oeuvres qui s'affichent sous tes yeux et tu as, l'espace de quelques instants, l'impression de retrouver une partie de tes origines, même si le message n'est clairement pas celui que tu interprètes. Tes cheveux lâchés dans le dos, légèrement ondulés, ton bras en écharpe, tu étais sur le point de pénétrer le bureau de ton opposé quand la pièce devant toi t'avait à nouveau happée. Et vu qu'il s'agissait de la troisième ou quatrième fois que tu ne parvenais pas à te détourner, peut-être était-il temps justement de passer à l'achat de celle-ci.

Et pourquoi pas de négocier une interview avec l'artiste. Histoire de changer le contenu du prochain magazine que tu allais sortir.

Attrapant l'assistante de Kyle, tu lui demandes fissa d'aller te chercher l'auteur de l'exposition. Tu aurais très bien pu passer par l'expertise de Kyle directement, mais pour une fois, tu veux faire les choses seule. C'est agréable parfois, de garder un minimum de mystère au sein d'une relation, quelle qu'elle soit. Et quelques minutes plus tard, alors que tu détailles les couleurs, une voix te sort de tes pensées.

Tu te retournes lentement, un sourire amusé et poli placé sur le visage. Choquée ? Ce n'est définitivement pas ce que tu dirais, non. Tu tends ta main valide en avant, tout en décrétant d'une voix posée.

« Enchantée Baxter. Edana. May. J'ai beaucoup entendu parler de vous, ces dernières semaines. »

En effet, Kyle n'avait pas tari d'éloges sur son nouveau protégé, t'entretenant de sa nouvelle passion par la même occasion. Le thème de l'exposition t'avait arraché un sourire, sachant que votre rencontre se basait entièrement sur celui-ci. Sans savoir Baxter avait renoué un lien entre vous, différent de la tension de ces dernières années. Le souvenir d'une époque révolue, mais dans laquelle tu avais évolué avec douceur et apprentissage de l'autre.

« Peut-être était-ce le but, mais... je dois vous avouer que non. Votre travail me ramène bien des années en arrière, et me rend peut-être plus.... nostalgique, que perturbée. »

Un éclat de rire t'échappe alors qu'il te confirme que tu peux y aller, qu'il saura encaisser la critique. In vino veritas ? Sans aucun doute, même si tu es plus adepte d'alcools forts. Un rictus léger reste planté sur tes lèvres, illuminant ton visage habituellement bien plus froid.

« Absolument rien. Au contraire, j'aimerais beaucoup vous acheter ce tableau... si je peux l'appeler comme ça. Kyle vous confirmera que je ne suis pas une grande spécialiste, et que l'art est une matière qui m'est assez étrangère. Mais... je ne sais pas pourquoi celui-ci a quelque chose d'extrêmement attirant pour moi. Je suis venue plusieurs fois cette semaine, et m'en détacher a toujours été difficile. »

Tu places ta main autour de ta hanche, te tournant à nouveau vers l'oeuvre, observant quelques secondes, lui laissant le temps de reprendre ses esprits et de ne pas se sentir autant nerveux en ta présence, avant de surenchérir.

« Votre prix sera le mien. N'ayez pas peur. »

Tu te tournes à nouveau vers lui et finit par souffler.

« Est-ce qu'une interview dans un journal local vous intéresserait ? Nous n'avons pas le même tremplin que le Bristol Herald, ou les tabloïds locaux, mais nous rencontrons un certain public. Je vous rassure, je ne conduirais pas l'interview, vous rencontreriez un, ou une journaliste, avec les compétences nécessaires pour comprendre votre démarche. »

Mr. Provoc’

Edana & Baxter

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Qui l’aurait cru, hein ? Pas moi, même pas en rêve. Enfin, si, en rêve. Sauf que là, c’est réel. Cette expo est réelle, cette chance que Kyle m’a donnée est réelle. Pour une fois, quelque chose de bien m’est arrivée. Pour une fois, c’est l’enthousiasme venant de l’espoir ce qui me fait aller de l’avant et vouloir faire toujours de mon mieux. Ça n’a pas toujours été le cas, tout le monde le sait. J’ai déjà fait tellement de conneries en tout genre, encore et encore, et chaque redressement était suivi d’une rechute à un moment donné. Une partie de moi craint que cela puisse encore être le cas cette fois-ci, mais je dois vous avouer que c’est une toute petite partie insignifiante et clairement pessimiste. Parce que là, je sens que mon avenir pourrait vraiment être plus beau que je ne m’y attendais, vraiment.

On m’a appelé et me voilà donc en train de serrer doucement la main valide d’Edana May, qui a beaucoup entendu parler de moi. J’étire un petit sourire en coin, presque gêné. Ouais, il ne manque plus que je me mette à rougir aussi, ce serait le comble. Tiens, son nom me dit quelque chose aussi, même si je n’arrive pas vraiment à le placer dans l’espace et le temps. De toute façon, on s’en fout. C’est juste une élégante jeune femme, probablement friquée aussi, qui s’intéresse à mes œuvres. Et ça me suffit amplement. En tout cas, elle n’est pas choquée par l’expo, loin de là. Il paraît que ça la rend plutôt nostalgique, curieusement. Je la regarde, intrigué, les yeux brillants devant son commentaire. C’est ça qui est extraordinaire dans l’art ; l’interprétation d’une seule et même œuvre d’art peut varier selon le regard des gens, selon leur vécu, selon leurs sentiments. Si leur vision des choses diffère de la mienne, ce n’est pas pour autant qu’ils ont tort et que moi j’ai raison. Bref, j’ai toujours trouvé cela fascinant. Et c’est aussi pour cela que j’aime avoir l’avis des gens, surtout avec une expo de ce type. Et ouais, j’suis tout à fait capable d’encaisser la critique, je crois. Faut juste qu’il y ait des arguments valables, bien entendu. Mais visiblement, Edana n’a pas de points faibles à souligner ; mieux, elle veut acheter ce tableau devant elle ! Un large sourire satisfait illumine mes traits.

« Vous pouvez l’appeler comme vous voulez ! J’suis un artiste peut-être, mais je ne peux pas dire que j’suis un grand spécialiste pour autant. Disons que je fonctionne à l’instinct. Tout ce que vous voyez là, c’est… viscéral. Enfin, si je peux l’appeler comme ça. C’est tout ce que je ressens, ou ce que j’ai vu les autres ressentir tout au long de ces dernières années. C’est ma vision des choses. Peut importe comment on appelle ça, ça ne change pas l’essence-même de ces œuvres. » Dis-je, avec un air pensif. J’suis pas vraiment habitué à parler de ce genre de choses, avec cette profondeur. Mais je comprends. Je sais ce que c’est. Ce n’est pas parce qu’on l’a pas étudié qu’on n’est pas capable de comprendre. « En tout cas, si vous avez eu un coup de foudre pour ce tableau, j’en suis ravi. »

Un nouveau sourire se pose sur mes lèvres. La nervosité est toujours là, mais cet art qui nous a séduit tous les deux, ça fait un lien invisible qui nous relie, Edana et moi.

« Votre prix sera le mien. N'ayez pas peur. »

Okay, je bugue. J’suis censé dire quoi maintenant. Aucune idée du prix. Je n’ai pas fait ça pour l’argent. Enfin, inconsciemment, c’est comme si je ne m’y attendais pas, alors que c’était pourtant possible, vu que les gens peuvent visiter cette galerie. Là, je rougis un peu, bégayant un peu. J’ai la sensation que, quel que ce soit le prix que je lui indique, ce sera trop cher. Ou pas assez. Qu’est-ce que j’en sais, après tout ! Puis elle reprend et me propose une interview dans un journal local. Bordel, j’ai la tête qui tourne, je vous jure. Et j’suis plus sobre que jamais, bon sang.

« Euh… J’sais pas quoi dire… Je… J’aimerais beaucoup, ouais ! Ce serait super cool, ouais ! » Un petit rire incrédule s’échappe de ma bouche. Car ouais, j’ai du mal à y croire. « Cinquante livres et l’interview, et ce tableau est à vous. C’est la première fois qu’on me propose de faire une interview, c’est… Un truc de ouf… C’est moi qui devrais vous payer. Roh putain ! » Je me racle la gorge. « Ahem. Pardon. »

Je passe une main dans mes cheveux. Je ne vous mentais pas quand je vous disais que j’y croyais à peine. Tout ça me semble simplement un beau rêve totalement improbable.

« Alors, vous… Vous êtes journaliste, c’est ça ? Votre nom me disait bien quelque chose. Même si j’avais l’impression que ça datait d’une autre époque. »

L’époque réversienne, cette chose horrible dont certains n’osaient même pas parler, de peur que Bristol ne suive le même destin que la petite ville damnée. Comme si ce n’était déjà pas le cas. Le Surnaturel est là, et même si le Conseil du Renouveau semble être mieux que l’ancien, les graines du chaos et de la haine ont déjà été semées.

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Tu observes le visage de ton interlocuteur, un léger sourire dansant sur tes lèvres. Le mode entrepreneur est en marche et tes idées bien arrêtées. Tu sais ce que tu veux maintenant que tu as le jeune homme face à toi. Ta discussion avec ton oncle t'a ouvert de nouvelles perspectives et surtout remise sur de bonnes dispositions. Tu vois que tu as attiré son attention et que ce que tu lui dis semble lui plaire. Tant mieux, le contraire aurait été plus embêtant pour tes desseins. Tu tournes à nouveau le visage vers l'oeuvre tandis qu'il t'explique son processus de création. Tu n'as jamais ressenti ce besoin d'exprimer ta personne, sans doute parce que tes talents artistiques sont proches du néant. Tu peux jouer de certains instruments, avec un semblant de bonne sonorité, mais tu n'es pas un maestro pour autant, et la passion de jouer ne t'a jamais animée. Alors le dessin, la sculpture, ou autre... ce n'est vraiment pas ton truc. Sans doute Kyle te compensait-il sur cet aspect de ta personnalité, là où tu imposais sans doute plus de retenue et de rationalité dans les choses.

Tu hoches la tête et marque ainsi ton intérêt à ce qu'il te raconte. Tu peux comprendre sa démarche sans le moindre problème, même si tu n'en partages absolument pas le mécanisme. Tu l'envies aussi, sur un certain point, car cette spontanéité et cette facilité d'expression te sont totalement inconnues.

« Un vrai coup de coeur. C'est... rafraîchissant et nostalgique à la fois. Difficile à exprimer. »

Tu lui avoues ton désir d'acquérir son oeuvre et lui demande de fixer un prix. Mais ta mâchoire se décoche alors qu'il te le souffle et tu tournes violemment la tête dans sa direction, sourcils froncés. 50 livres ? Accepter serait du vol, et tu n'as aucun doute que ton opposé ne serait pas ultra ravi de savoir que ton acquisition se soit passée à si bas prix. Si tu n'es pas une experte, tu sais clairement que dans la galerie du Californien, aucune oeuvre ne peut se vendre si bassement.

Cela frôlerait beaucoup trop l'insulte.

« Baxter... Permettez-moi d'être franche... Mais si vous espérez tirer un quelconque bénéfice et une quelconque rentrée d'argent... Cinquante livres n'est pas un prix correct. Vous y avez mis du temps, du matériel, du coeur. Votre travail vaut bien plus que cela. Ne soyez pas modeste. Et pour l'amour de Dieu, donnez moi un vrai prix. L'argent n'est pas un problème, et vous n'avez pas à penser que vous me devez quelque chose parce que je vous propose une visibilité. Au contraire, vous allez me rapporter de l'argent, une fois qu'on aura acheté le magazine. »

Tu lui étires un rictus rassurant avant de porter à nouveau le regard sur la peinture, sans faire aucun cas de son langage. S'il savait ce qui se disait sous tes airs policés, il serait bien surpris. Sa voix te surprend alors qu'il t'interroge sur tes activités.

Une autre époque. C'était totalement ça, ce sentiment qui t'étreignait chaque jour. Quand tu avais encore du pouvoir et de l'influence, quand ton nom inspirait encore un quelconque respect. Désormais, il n'attirait qu'une méfiance crasse, te laissant une amertume solide au fond de la bouche dès que tu mettais le nez dehors. Une grimace te barre le visage, quelques micros secondes, alors que tu repenses au bon vieux temps. Tu as tellement passé ton temps à fuir cette vie que maintenant que tu ne la possédais plus, tu la regrettais. Pathétique.

« Journaliste, et bien d'autres choses. Je suis plutôt entrepreneur si on peut dire les choses ainsi. Mécène à mes heures perdues, même si Kyle est celui qui choisit mes nobles causes. »

Tu étires un sourire avant de lui adresser un clin d'oeil amusé.

« Je vous assure que je suis incapable de reconnaître un beau tableau d'une photographie. Ou de faire la différence entre un Picasso et un Dali... »

Tu hausses les épaules avant de souffler.

« Mais effectivement, tout ceci date d'une autre époque. Où bon nombre d'entre nous avions encore un semblant de liberté et où nous travaillions à un monde plus égalitaire, du moins dans la théorie. »

Réversa n'était pas parfaite, bien loin de là. Mais Bristol te décevait de plus en plus, jour après jour. Et ta ville te manquait, immanquablement.

Mr. Provoc’

Edana & Baxter

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Je ne peux m'empêcher de montrer ma satisfaction, mais aussi ma nervosité. Tout ça est encore nouveau pour moi, un tout nouveau monde où j'ai réellement une chance de réussir. Ça a été loin d'être le cas ces dernières années, que ce soit à Réversa ou à Bristol. Et même il y a quelques semaines à peine, mon avenir me semblait tout sauf radieux, alors que je venais de perdre mon appart et tout ce qui se trouvait à l'intérieur dans cette incendie. Mais il a suffi d'une rencontre, d'une opportunité... et me voilà ici, dans cette galerie d'art, avec ma propre expo, mon art visible aux yeux de tous, comme avant, mais... à vendre aussi. Certains diraient que je trahis ma cause, que j'suis en train de me vendre moi aussi, alors que je délaisse les murs de la vie pour venir ceux d'une galerie où l'art sert à faire de l'argent. Qu'est-ce que j'en pense ? Déjà, je fais ce que je veux, et puis, ce n'est pas comme si le but de ces oeuvres n'était pas de dénoncer les crimes et les abus que Bristol a pu connaître tout au long de ces dernières années. Non, je n'ai pas changé, moi ; j'ai juste saisi l'opportunité de compter sur le soutien d'un mentor afin de pouvoir gravir enfin des échelons. Je l'ai bien mérité, je pense.

En tout cas, Edana apprécie mon travail et notamment ce tableau devant elle. Tellement qu'elle veut l'acheter. Et que mon prix sera le sien. Ce qui est logique, évidemment, parce que c'est à l'auteur de poser un prix... Mais là, je bugue. Je ne sais pas combien je dois lui demander, moi qui suis habitué à graffer juste pour dénoncer le Système, la Couronne, les injustices de ce monde qui nous entoure, et pas pour de l'argent. Alors le montant que je lui demande est irrisoire aux yeux de la brune, évidemment. Elle avait raison, effectivement. Cinquante livres n'était pas un prix correct, j'y avais mis du temps, du matériel et du coeur. Mais quand même, déterminer le prix de chacune de mes oeuvres me semble toujours aussi absurde. Car avant aussi, j'y mettais du temps, du matériel et du coeur, parfois même plus que je ne l'ai fait ici.

« Euh... Bah, on peut rajouter un zéro alors ? »

Dis-je d'une voix plus assurée, me la jouant un peu moins modeste. Dans le fond, ça me semble trop cher, mais peut-être que ce prix lui semblera plus normal. Et je ne vais pas m'en plaindre non plus. J'ai l'occasion non seulement de me faire un nom, mais aussi de me faire de l'argent. Et Dieu sait à quel point j'en ai besoin, bordel. J'étire un petit sourire, puis je détourne la conversation sur Edana. Puisqu'elle m'a proposé une interview, je cherche à savoir si elle est journaliste. Apparemment oui, mais pas que. Une femme pleine de talents, cette Edana May. Et elle connaît Kyle aussi, naturellement.

« Kyle est un type bien. Je lui suis vraiment reconnaissant pour cette opportunité qu'il m'a donnée. Et à tous ceux qui sont venus ne serait-ce que pour apprécier mon travail. Et à vous, là. Merci beaucoup. »

Mes mots sont authentiques, tout ce que je viens de dire est vrai. Sans un mécène, ce n'est pas évident pour un artiste de percer. A moins d'avoir plein d'argent, mais ce l'argent ne fait pas tout non plus. En tout cas, c'est tout à leur honneur si Kyle et Edana cherchent à soutenir des gens et des causes.

« Oh, pour être franc, j'suis pas mieux. Enfin, je connais quelques oeuvres, mais j'suis pas un expert en art non plus. Disons que je m'inspire de ce qui m'entoure, plutôt que d'autres artistes. Consciamment, du moins. Mais mon art vient de la rue, j'suis pas un puriste. »

Peut-être que ce serait une bonne idée d'étudier, de connaître d'autres artistes et d'autres styles, ceux qui ont marqué l'Histoire. Qui sait, un jour. En réalité, ça ne m'a jamais vraiment traversé l'esprit, mais ça ne pourrait pas faire de mal, je pense. Surtout si je suis cette voie que je commence à tracer maintenant.

« Avions-nous vraiment ce semblant de liberté ? Je me le demande. A Bristol, pas quand le Conseil a pris le relais suite à la Révélation, c'est sûr. Mais à Réversa... Bah, franchement, je ne me souviens pas d'avoir été réellement libre là-bas. Les Anges ont fait tout ce qu'ils ont fait, et quand on les a renversés du pouvoir, on était quand même prisonniers des conséquences de leurs actes immondes. »

Moi en tout cas, je l'étais. A cause d'eux, qui avaient mis le feu à la forêt, j'avais perdu ma maison, ma famille, mon clan. A cause d'eux, j'étais devenu un Résistant, me laissant être consumé par ma haine, qui m'a poussé à faire des choses que je regrette encore aujourd'hui. Et... En fait, les marques sont toujours là, au fond de moi. Même en quittant Réversa pour venir vivre à Bristol, je n'ai jamais réellement réussi à être complètement libre. Les mauvais choix, la drogue, les traumatismes. L'envie de rédemption, les rechutes. Puis la Révélation, évidemment. Comme si ce nuage gris qui était là depuis toujours venait de se transformer en déluge inévitable. Combien d'entre nous nous sommes noyés ces dernières années, avec l'aide du Conseil et de la Couronne. Les Anges étaient là, parmis les Conseillers, les influençant. Et même aujourd'hui... où sont-ils ? Ils font profil bas. Tant qu'ils existeront, on ne sera jamais complètement libres. Mais bon, je préfère ne pas le dire à voix haute. Car il y a, oui, un petit semblant de liberté désormais. Mais jusqu'à quand ?

« J'avais cru pouvoir trouver la liberté à Bristol, loin des Anges, loin du Surnaturel... Mais même ici, ça n'a pas été facile. C'est comme quand on fait la guerre et qu'on rentre à la maison... On n'est pas vraiment à la maison, et on n'est pas vraiment le même qu'avant. Puis bon, Bristol n'était pas ma vraie maison non plus, de toute façon. » Un sourire amer flotte sur mes lèvres pendant deux secondes. « J'espère vraiment que le Conseil du Renouveau pourra y changer quelque chose. Je l'espère vraiment. Des Elfes, avec une autre mentalité, avec un autre respect vis-à-vis des autres et la Nature, peut-être que oui. Mais le problème, c'est qu'il n'y a pas que des Elfes à Bristol. Et que dans le fond, on est tous une bande de traumatisés qui ne savent plus où donner de la tête. »

Je cligne les yeux après avoir conclu mon monologue pessimiste et regarde Edana. Merde.

« Euh, enfin... peut-être pas tous, mais... une grande majorité, je pense. Mais bon, ça ne peut pas être pire que le gouvernement des Anges ou la tyrannie que le Conseil précédent commençait à créer à Bristol, voilà. En tout cas, ne vous laissez pas déprimer par ce que je dis, j'suis un vrai pessimiste, moi ! »

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[HJ: Désolé du retard, Edachou sisi

]

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Tu hoches la tête, assurant le prix qu'il recevrait. Peut-être rajouterais-tu l'un ou l'autre chiffre également mais tu es contente de le voir prendre l'initiative de suivre ta recommandation. Tu comprends sa modestie mais tu ne la partages pas. Peut-être parce que vous venez de deux univers clairement différents et qu'il t'a toujours été imposé de penser à faire le meilleur profit possible. Mais tu te sens le besoin de faire les choses différemment maintenant. Sans doute parce que ton passage dans le Ribcage t'a marquée plus que tu ne l'avoues à quiconque. Tu étires alors un sourire, et le laisse poursuivre, écoutant avec attention ce qu'il t'explique. Tu ne peux pas t'empêcher d'être touchée par sa déclaration, et hausse les épaules avec une humilité qui ne te ressemble guère. Oui, tu reconnais que pour des artistes, le travail de ton opposé est important, parce que leur plateforme ne semble pas rencontrer énormément de public à Bristol. Réversa avait tout de même cette capacité d'offrir un terrain – même si contesté – à tous. L'inégalité de Bristol te frappe sans arrêt, peu importe là où tu poses les yeux et où tu étires les oreilles. Chacun ici souffre, d'une manière ou d'une autre et ce, à cause de la politique que votre gouvernement a mis en place après la Révélation. Au lieu d'aller vers une ouverture d'esprit, la répression avait été intense et vindicative, vous laissant avec des stigmates dont vous ne vous remettrez jamais. Et même si Réversa t'a laissé son lot de cicatrices, elles ne sont en rien comparables à ce que Bristol et ses dirigeants t'ont infligé.

« C'est avec plaisir. Il est temps que nous nous ouvrions à d'autres horizons. Je pense que cette galerie est l'endroit parfait pour le faire. »

Et pas parce qu'il s'agit de celle de ton opposé, mais simplement parce que l'art a toujours eu cette faculté de mettre tout le monde sur le même pied. Chacun pouvait se faire son avis, mais l'art ne laissait personne indifférent, c'était une leçon apprise au cours de ces dernières années. Tu t'exprimes ensuite sur ton manque de connaissance dans le milieu et te sens rassurée de ne pas être, quelque part, l'unique personne à venir flâner ici sans la moindre idée de ce que tu vas y trouver. Ton savoir sur la question est bien pauvre et tu es heureuse de trouver en Baxter quelqu'un qui comprend que tout fonctionne plutôt à l'impulsion qu'à l'étude et à la connaissance de techniques qui te resteront à jamais perméables et abstraites.

La conversation dévie sur Réversa et tu sens un sentiment de sécurité à l'idée de croiser quelqu'un qui te comprend quelque part, même si vos opinions divergent totalement. Tu as toujours l'oesophage noué lorsque tu penses à ton ancienne ville. Tu y as connu tant de choses, forgé qui tu es aujourd'hui et pourtant, tout cela te semble tellement loin. Le discours de Baxter trouve un écho chargé en toi, et étrangement tu parviens à adopter son point de vue même si tu n'irais pas jusque là. Oui, les Anges ont totalement bouleversé le paysage de Réversa, mais le chaos qui y régnait avant été bien présent et pavait les mauvaises intentions des uns et des autres. Les Anges n'avaient fait que profiter de ce qui leur était apporté sur un plateau d'argent et pousser leurs actions beaucoup trop loin. Rien qu'à cette idée, tu revois les corps se balançant le long des cordes et une légère nausée te reprend. Penser à ça, ici, n'est pas une bonne chose et tu le sais parfaitement.

Tu te gardes de lui dire, que toi, tu savais que la liberté à Bristol ne serait qu'une utopie et que les choses étaient allées trop loin pour que ce soit le cas. Vous auriez dû mieux protéger le secret et éviter que le surnaturel ne soit révélé. Les aristocrates reprenaient tout de même la société en main, même s'ils étaient plus que contestés. Vous auriez pu accomplir de grandes choses, si vous aviez eu le temps. Si des abrutis n'avaient pas tout mis en péril. Cependant son analyse est juste et rejoins assez la tienne. Vous êtes tous brisés. Une génération qui n'en a plus que faire d'être dirigés par des incompétents ou non. Après tout, vous avez laissé la Couronne vous enfermer, vous torturer et se servir de vous comme de vulgaires rats de laboratoire. Pire, tu les as laissé faire. Où était donc passé ton honneur lorsque tu hurlais et te renfermais ? La réponse, tu la connais parfaitement mais par pudeur, tu préfères la taire au fond de toi.

Peut-être que les Elfes pourront faire autre chose que ce que vous avez fait, effectivement. De toute manière les choses ne pourraient pas être pire qu'avant, c'était un fait. Tu opines du chef et étires un léger rictus.

« Je suis plutôt d'accord avec vous. Même si je suis encore davantage pessimiste. À vrai dire, si je peux être honnête entièrement, je ne suis pas certaine que nous méritons d'être sauvés, d'une manière ou d'une autre. Nous avons tellement accepté, laissé faire, que nous sommes peut-être bien loin de toute rédemption. Nous avons fait tellement d'erreurs, tellement de dégâts, tous, à notre échelle. Nous voulions tous paver le monde de bonnes intentions et tout ce que nous avons pu créer c'est la peur et la rancoeur. »

Tu hausses les épaules avant de souffler.

« Mais Réversa avait l'avantage d'être notre ville, notre foyer. Bristol nous a accueilli dans des conditions épouvantables et je ne sais pas si tous pourront passer au-dessus de cela. Réversa a connu beaucoup de choses, mais Bristol l'a rattrapée dans l'horreur en si peu de temps que c'est effrayant. Même dans les rêves les plus fous des Anges, je ne suis pas sure que le Ribcage y aurait pris place par exemple. »

Nouveau sourire avant de reprendre.

« Mais peut-être que vous avez raison et que les choses peuvent encore changer. Je l'espère. Nous avons tous assez souffert. »

Tu étires un sourire crispé avant de continuer.

« Mais parlons de choses plus amusantes. Vous me disiez puiser votre inspiration dans la rue, est-ce qu'on peut admirer d'autres oeuvres dans la ville ? Est-ce que vous avez déjà exposé avant ? »

[HJ: sans souci Babaxou! :coeeur:

]

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Edana & Baxter

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Comment ne pas leur être reconnaissant pour cette opportunité ? Kyle m'a approché dans la rue et m'a donné ma chance. Une vraie chance, une occasion de montrer mon talent à un autre public, celui qui a des sous et qui s'y connaît en art, peut-être même plus que moi. Est-ce que le fait d'avoir accepté fait de moi un traître à la cause que j'ai toujours défendue ? Non, jamais. C'est juste une nouvelle porte qui s'ouvre, un nouveau chemin qui se présente à moi... Je serais con de refuser en me répétant à tout va que c'était la meilleure chose à faire. J'en ai bavé pendant toutes ces années à Bristol, j'ai connu l'enfer sur Terre. J'en ai eu ma dose de rechutes, de dépressions, d'échecs en tout genre. Alors, cela aurait été non pas con, mais un véritable crime vis-à-vis de moi et de mon avenir, si j'avais dit non. Mon message serait resté plus ou moins anonymes dans les rues bristoliennes et personne ne viendrait me faire des compliments ou acheter mes œuvres. Des personnes comme Edana, qui en plus d'être généreuse m'offrait une interview, une nouvelle opportunité de me présenter, moi et mon travail, aux yeux de tous.

La conversation se poursuit naturellement, ma gêne initiale fondant comme neige au soleil alors que nous parlons art, avant de dévier sur le passé, sur Réversa. Parfois, j'ai la sensation que c'était dans une autre vie, que tout ce qui m'est arrivé est en réalité arrivé à quelqu'un d'autre, quelqu'un que je connaissais. C'est là que je me rends compte à quel point j'suis un putain de combattant, que j'suis plus fort que je ne le pense. J'ai plié, mais je n'ai pas rompu. Enfin, non sans mal, il faut l'avouer. Les cicatrices sont là, la plupart invisibles mais réelles. Je dois vivre avec tout ce que j'ai fait de mal, et aussi avec tout le mal que l'on m'a fait. Mais ouais, j'suis toujours là, malgré les Anges, malgré tout, malgré les traumatismes. Mais j'suis toujours là. J'étire un petit sourire triste lorsque la brune qu'elle est encore plus pessimiste que moi. Eh bien, ça me rassure, au moins on est sur la même longueur d'onde, on se comprend. Jamais les Bristoliens ne pourront réellement comprendre ce qu'on a vécu, les Réversiens. Mon regard perdu dans le vague, je hochement la tête en écoutant Edana. Elle n'a pas tort, nous ne méritions peut-être pas d'être sauvés. La culpabilité me ronge parfois, car le passé et le temps n'ont jamais pu effacer ce que j'ai fait. Ce que tant d'autres ont fait, aveuglés par la haine et le désespoir. Je renifle avec dédain lorsqu'elle évoque le Ribcage et ce que les Anges pouvaient en penser.

« Oh, je ne doute pas une seule seconde que le Ribcage y aurait pris place. Après les pendaisons publiques et les massacres, un centre de torture me semble tout à fait logique comme évolution. » Eh oui, j'ai toujours une dent contre eux, impossible de le cacher. « Mais sinon, j'suis tout à fait d'accord avec vous. Bristol a bien rattrapé Réversa niveau horreur, en un temps record. Réversa était... ce que c'était, mais ça faisait des décennies, des générations que le Surnaturel était connu. Mais ici... C'est fou à quel point les gens sont remplis de haine. Soudain, il n'y a plus de limites... Et ça, je ne m'y attendais pas vraiment. Pas à Bristol. Autrement, je me serais installé ailleurs tant que je le pouvais... genre les Caraïbes. Mr. Cantrell avait tout compris, ma parole... »

Dis-je en repensant à mon ancien employeur, l'aristocrate le moins aristocrate que j'ai jamais connu. Enfin, sauf niveau argent, car ça, il en avait beaucoup. Mais au moins, ce n'était pas un connard. Pour ça que j'ai été content d'apprendre qu'il était retourné dans son île paradisiaque avec ses gosses. Paraît qu'il a encore eu des jumeaux avec sa belle caribéenne. La chance qu'ils ont ces gamins, hein ; j'aurais bien kiffé avoir un papa aussi riche et cool moi aussi. A la place, j'ai droit à papaton Alex. Ouais, papaton, le papa qui a fait semblant d'être mon super tonton pendant toute mon enfance et adolescence. Mais bon, mieux vaut penser à autre chose, là.

« Ouais, nous avons tous assez souffert. A un moment donné, ça va arrêter d'empirer, hein. Sinon, nous sommes complètement foutus ! »

Dis-je avec un rire moqueur suivi d'un long soupir. Heureusement, Edana lance un nouveau sujet, balayant la négativité qui nous engloutissait voracement.

« Exposé, jamais. Mais j'ai laissé ma marque sur plein de murs délabrés à Bristol. Depuis des années. C'était ma façon de m'exprimer contre la Couronne, le Conseil, toutes les choses qui n'allaient pas et qui me révoltaient. Pour moi, c'était plus qu'un hobby. Et même plus que de l'art. C'était une intervention. C'était de la putain de Résistance ! Signé FightBax. Si vous cherchez bien, vous trouverez ma signature un peu partout en ville, là où on ne s'y attend pas toujours. »

J'étire un sourire fier, alors que mes yeux brillent avec une lueur de rébellion. Dans le fond, tous ces graffitis valent autant que cette expo à mes yeux, voire plus. Il m'a fallu du courage pour les faire, pour braver les couvre-feux, pour fuir la police et même les Vampires enragés. Désormais, ils sont là, sur les murs, témoins de ma détermination et de mon courage. Ça ne rapporte pas d'argent, mais c'est tout aussi précieux pour moi.

« Un jour, si vous voulez, on peut aller faire un petit tour ensemble dans les quartiers du graff'. Découvrir le monde des artistes inconnus qui n'ont pas peur de sortir tard la nuit pour graffer. » Je souris. « Mais faisons cette première interview d'abord. Le secret des graffeurs underground, ce sera pour plus tard. »

Car ouais, dans le fond je le sais : fameux ou pas, je serai toujours un de ces graffeurs de la nuit, un de ces artistes résistants. Ça fait partie de moi désormais.

made by black arrow

Mr Provoc
ft Baxter
The world is gonna turn
Rain has gotta fall
Fate is gonna call

Mr. Provoc' | Edana & Baxter ZglmQkgn_o

Une grimace te barre le visage face à sa réflexion. Tu n'aurais pas laissé une telle chose se produire tant que le pouvoir était entre tes mains, tu en es persuadée. Tu n'étais pas une oie blanche, et tu es bien loin de l'innocence que tu as pu jadis connaître, mais autant de barbarie ne te ressemblais pas. Certes, rien n'aurait confirmé que le Conseil Aristocrate aurait gardé les clés de la ville et qu'un autre régime n'aurait pas pu s'instaurer à Réversa. Mais quoiqu'il en soi, tant que toi tu étais à la tête de celle-ci, cela n'aurait jamais eu lieu. Tu espères tout de même que les horreurs que vous aviez tous vécu vous auraient forgés différemment et que rien n'aurait été dans cette direction. Mais ceci ne restera que des suppositions dans ton esprit qui, pour le coup, est quelque peu perturbé par les affirmations de Baxter. Pourtant vous vous rejoignez sur le fond du problème et tu hoches la tête avec douceur. La mention de Damian te fait écarquiller les yeux, doucement, avant qu'un sourire doux ne vienne se placer sur ton visage à l'évocation de ton ami. Bien sûr, qu'il avait eu parfaitement raison. Et que tu avais eu parfaitement tort quand l'occasion de partir, à de nombreuses reprises, t'avait été offerte.

« La surprise n'est pas toujours bonne à recevoir, on dirait. Mais oui, Damian a toujours été avisé, de ce côté-là. »

Plus qu'avisé, en fait. Parce que lui était heureux. Tu portes inconsciemment ta main valide sur ton épaule, la laissant traîner dessus par la même occasion, tout en écoutant la suite. Oui, il vaudrait mieux que ça s'arrange, parce que tu n'es pas sure de beaucoup en supporter encore. Et tu ne dois certainement pas être la seule dans ce cas, tant tous te semblent au bord de l'implosion. D'ailleurs les premiers jours après ta sortie du Ribcage t'ont semblé réellement compliqués à gérer, tant tu te sentais submergée par les pensées négatives de tous. Quelque part, heureusement que Jude était à tes côtés pour pouvoir gérer les quelques crises que tu as traversées, tant le retour à la réalité fut brutal. À nouveau, tu hoches la tête pour donner ton assentiment au jeune homme, entièrement d'accord avec son analyse de la situation.

Baxter et toi déviez la conversation et ce n'est pas plus mal. Si tu aimes penser à tes amis, cela te laisse toujours une petite pointe de douleur quelque part, lorsque tu vois que peu d'entre eux ont maintenu le bateau à flot alors qu'il perçait de partout.

Tu l'écoutes donc parler de son parcours et sourit à nouveau. Le blaze te fait rire doucement, parce que tu le trouves approprié et que le jeu de mot est quand même pas mal trouvé. La façon dont il aborde les choses aurait pu en dérouter plus d'un, mais tu comprends parfaitement la démarche qu'il t'expose. Peut-être parcourras-tu les rues de la ville pour trouver les différentes oeuvres qu'il a bien pu placer ci et là, afin d''observer un peu plus son travail. Et sa proposition quelques secondes après cette pensée te fait franchement sourire et opiner du chef. Tu en serais ravie, vraiment. Parce que cela te permettrait d'ouvrir de nouvelles perspectives à ta vision des choses, peut-être parfois trop obtuse et de comprendre ce que tu as manqué, alors que le Ribcage avait fermé ses portes sur toi.

« Ce sera avec plaisir, Baxter. Merci de votre proposition en tout cas ! »

Tu jettes un oeil à ton téléphone qui vibre dans ta poche et étire une grimace désolée.

« Je vais devoir vous laisser malheureusement. Il semblerait que Kyle m'ait fait faux bond pour la soirée et surtout nos obligations me rattrapent. »

Tu lui tends alors ta carte, avec ton numéro de téléphone et esquisse un nouveau sourire.

« N'hésitez surtout pas à m'appeler pour me laisser vos coordonnées et pour fixer ensemble cette interview, vraiment ! Et cette future promenade dans le Bristol Underground, je suis vraiment curieuse et enthousiaste de ce que vous allez me faire découvrir. »

Tu lui tends ensuite une main assurée, et souffle.

« Ce fut un vrai plaisir de vous rencontrer Baxter. Et comme nous le disons chez nous, don't be a stranger ! »

RP TERMINE amour licorne

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