Chihuahua song | Gryffin & Baxter

Les choses ont changé dernièrement, mais pas moi. Ma passion pour le graffiti et l’appel de la nuit, qui me fait rester dehors jusqu’à pas d’heures, sont toujours aussi forts. Puis, faut bien que je m’exprime, que je laisse mes mauvais sentiments, idées ou pensées s’échapper d’une manière ou d’une autre – de préférence pas trop nocive pour moi. La drogue n’est plus une option, bien que toujours aussi tentante. J’ai déjà vu de trop près les ravages que cette merde peut faire. Je ne compte pas refaire une overdose ou retourner en désintox, hors de question. Pas maintenant que j’ai découvert que tous mes amis ne sont pas morts dans le Grand Incendie et que j’ai même deux demi-sœurs et un père biologique toujours en vie. Plutôt que de me plaindre comme un con, j’ai intérêt à redresser ma putain de vie et à les rendre fiers. Ou enfin, ne pas leur foutre la honte, au moins. Sans parler de Perséphone, l’autre demi-sœur, qui est décédée il y a quelques mois au service des Spectres, et de mes parents, que j’ai perdus dans l’incendie d’il y a dix ans. Je ne sais pas s’ils me regardent d’en-haut, mais je ne voudrais pas qu’ils aient envie de se cogner la tête contre un nuage ou quoi, rien que de voir les conneries que je peux faire.

Mais bordel, c’est pas évident de rester calme, impassible et correct face à certaines situations. Surtout quand on s’appelle Baxter Sherwood, citron acide professionnel, loup elfique dans l’âme ! Je vous jure que je fais de mon mieux, que je fais un effort pour ne pas être aussi explosif que par le passé, mais… On ne se refait pas, hein. Surtout quand on déteste qu’on se foute de sa gueule comme un con. Voyez-vous, alors que je me baladais en ville l’autre soir, graffant surdes murs oubliés, sans vie, qui attendaient juste qu’on vienne déposer sur eux un message pour que tout le monde le voie… J’ai remarqué un style qui m’était familier au premier abord. Et au deuxième. Et au troisième. Car c’était moi le créateur. Sauf que le message pro-Superno, ça ne venait pas de moi, ça non. Et on ne m’avait pas dit que ce serait le cas. D’ailleurs, j’ai dû lui dire, à ce fichu lycan, que je ne voulais pas voir mes œuvres associées aux factions, ni rien. Neutre, franc, libre : voilà ma devise, quoi qu’il arrive. Mais voilà qu’il ma pris pour un con, ce foutu loup. Il va m’entendre, je vous jure, je vais lui grogner dessus, babines retroussées, tel un chihuahua possédé face à un berger allemand ! Après tout, depuis quand un chihuahua a peur d’un berger allemand, hein ?

Cela fait des jours que j’ai envie de lui dire mes quatre vérités, alors je ne vais pas m’en empêcher maintenant que je viens de le repérer dans la rue. Je n’ai toujours pas fini mon graff’ sur ce mur, mais on s’en fout.

J’attrape mon sac à dos avec tout mon matos et j’accélère le pas.

« EH TOI ! »

Lance-je rageusement, le visage à moitié caché par ce bandana rouge qui me sert de masque improvisé lorsque je graffe. Bandana que j’enlève pour dévoiler mon visage quand je m’approche du grand blond.

J’aimerais juste que tu me dises quand est-ce que j’ai dit que j’étais d’accord pour que mon travail soit utilisé pour faire de la propagande pour tes potes les Supernos. Ou alors s’il y a ‘prends-moi pour un con’ écrit sur mon front ? Car j’aime pas qu’on me prenne pour un con ! Normalement, on me prend pour un con, on le regrette rapidement. »

Ouais, babines retroussées, carrément. Mais j’ai raison, non ?

Alerte rouge : secousse sismique, éruption volcanique imminente, tsunami probable. Je regarde le lycan tout en plissant les yeux, tout mon corps devenu colère.

« Qu’est-ce que tu viens de dire, ducon ? »

Dis-je d’une voix basse et rauque, mais très, très sérieux. Cet abruti de lycan se fout encore de ma gueule, mais cette fois-ci ouvertement . Et il doit croire que je vais me laisser intimider et faire comme si de rien n’était. Mais c’est mal me connaître, ça ! Je n’ai peur de personne, et encore moins d’un foutu lycan qui me provoque de la sorte. Je m’approche encore plus de lui, mes yeux lançant des éclairs invisibles, et pourtant si perceptibles. Je n’ai qu’une envie : lui péter la gueule, aussi simple que ça. Effacer ce rictus arrogant de son visage et lui montrer que ces manques de respect, je ne les tolère pas. Surtout qu’il continue sur la même voie, en insistant que, puisque j’ai déjà touché mon fric, je n’ai plus rien à dire. Sauf qu’il se trompe, l’argent n’est pas ce qui compte le plus à mes yeux, mais bien le respect de mes créations, la reconnaissance. Un peu comme pour tous les artistes – les vrais, hein, pas les mercenaires, qui ne tiennent qu’au fric.

Tu devrais te mettre au coloriage pour gosses, p’t’être que ça te réussirait mieux.

Okay.

Okay, alors là ça va trop loin, et le fait que ses acolytes se mettent à ricaner ne fait qu’empirer les choses. Je lâche mon sac à dos, pour me jeter littéralement sur le type qui était le plus proche de moi, lui envoyant un poing dans la gueule, prêt à lui refaire le portrait.

« Je vais vous colorier la gueule, hein, z’allez voir si vous avez toujours envie de rire à la fin, bande de cons ! »

J’suis tellement aveuglé par ma colère incandescente que je ne sais même pas si c’est le blond que je frappe ou l’un de ses acolytes. En réalité, j’ai envie de tous leur péter la gueule, et tous en même temps. Par contre, on parle là de lycans baraqués… Autant dire que c’est pas forcément l’idée du siècle, hein ? Mais ce n’est pas comme si cela allait m’empêcher de quoi que ce soit. Après un affront pareil, je me devais de leur montrer les dents, ou mieux, les poings.

« J’vais vous apprendre à respecter les autres, canidés de merde ! »

Un vrai rottwhuahua qui n’a peur de rien. Et qui a oublié le district où il est. Eh oui, la surveillance est accrue dans ces quartiers contrôlés par le nouveau Conseil, ce qui veut dire plus de flics dans la rue toujours prêts à se mêler des histoires qui ne les concernent pas.


PILE : Pas de flics dans les parages, du moins pour l’instant… autrement dit, ils vont devoir régler leur différend. Mais ce n’est pas comme si Baxter avait peur de ces clébards.

FACE : Oups, y’a des poulets dans le coin. Et voilà qu’ils ont remarqué l’altercation et qu’ils s’approchent déjà, déterminés à rétablir l’ordre… quitte à les envoyer passer une nuit au poste ?