Burning City | William & Baxter

Burning city

William & Baxter

Des manifestations, des explosions, des kidnappings. Qu’elle est belle, la vie à Bristol ! Il fut un temps où je croyais vraiment que cette ville ne serait jamais contaminée par le syndrome Réversa, mais plus aujourd’hui. En réalité, ça ne m’étonne pas tant que ça. A partir du moment où la Couronne a décidé de mettre les deux villes en quarantaine, puis de raser Réversa pour y créer le Ribcage, cela ne pouvait que dégénérer comme ça à un moment donné. Le truc, là, c’est que Bristol est bien plus grande que Réversa, et que tout le monde en a marre des conneries des dirigeants du Conseil, cette bande de clowns. Les humains en ont marre de se sentir menacés par des créatures plus fortes et plus dangereuses qu’eux, les Aberrations & Altérations ont, quant à elles, marre de se faire poursuivre par la CAA et le CODECS, et par les Purificateurs, ce groupuscule qui cherche à exterminer les créatures. Bref, tout le monde déteste tout le monde, ce qui devient particulièrement problématique lorsqu’on est coincé dans une ville rongée par le surnaturel.

Et pourtant, me voici dehors alors qu’il fait déjà nuit depuis de longues heures. Je sais bien que ça peut être dangereux, que tout peut arriver en ce moment, mais je m’en fous. J’ai envie de sortir, de respirer, de graffer. Rester cloîtré chez moi en train de penser à l’avenir plus qu’incertain de Bristol ou à tout ce qui m’est arrivé récemment, ce ne serait pas moins suicidaire de ma part. J’ai besoin de garder l’esprit occupé, de penser à autre chose. Le graffiti est ma drogue, mon salut, ma façon de m’exprimer et de ne pas imploser comme j’ai pu le faire il y a quelques années. Et c’est aussi une façon de dénoncer ce que le Conseil est en train de faire. Plutôt que de s’allier aux Anges corrompus et de s’en prendre aux Nocturnes, les dirigeants devraient plutôt essayer de rendre la vie des Bristoliens plus vivable, calmer un peu les choses. Bien entendu, ce serait presque mission impossible, mais ils pourraient au moins essayer. Sauf que non, ils se contentent de continuer à laisser les gens s’entretuer. Le Secret a éclaté, le monde a appris que les Vampires et les Lycans existent – non pas parce que les vieilles légendes du genre Dracula soient réelles, mais plutôt parce que des scientifiques fous ont décidé de faire des expériences il y a 130 ou 140 ans, mais on s’en fout – et quoi, ils veulent juste limiter les dégâts en tous les enfermant ici, Bristoliens, Réversiens, Anges, Elfes, créatures, humains... ? Autant mettre le feu à la ville – après tout, les Anges que les Conseillers ont si bien accueillis parmi eux sont des spécialistes en ce qui concerne les incendies génocidaires.

Je me dirige vers l’un des nombreux quartiers de la ville où le graffiti règne en maître. Il n’y a pas grand monde dans les rues, les gens ont probablement dû préférer rester terrés chez eux, en sécurité. Quelque part, je les comprends, mais d’un autre, je préfère de loin faire ce que j’ai envie de faire malgré tout. Le danger rôde partout, entre créatures et tarés en tout genre, mais c’est comme ça, il faut faire avec. D’un moment à l’autre, je peux mourir en me faisant mordre par un vampire fugitif ou bien en me faisant renverser par une voiture. Le risque est là, ça ne m’arrêtera pas. Ces quartiers, c’est mon terrain de jeu, tout comme la nuit. La nuit, je peux laisser mon âme d’artiste s’exprimer en toute discrétion. Et le lendemain, tous les passants peuvent admirer mes graffs, saisir leur message, le partager, ou bien l’ignorer comme beaucoup le font. En tout cas, moi, j’ai envie de m’éclater et je ne vais pas m’en priver juste pour faire plaisir au gouvernement.

Entrant dans le pub animé où je vais souvent avant de partir graffer – bah quoi, j’suis toujours plus inspiré après quelques bières – je pousse un petit soupir. Ici, l’ambiance est agréable, pas de guéguerre à la con, on est juste là pour se détendre et s’amuser, et boire avidement, évidemment ! Alors que je me dirige vers le bar, mon regard se pose sur une tête qui me semble familière. Oui, c’est bien lui, William, un type français que je connais depuis un moment et qui possède un super don que j’adore et qui peut être vraiment cool pour faire des expériences artistiques ensemble. Des illusions, hein, si c’est pas la classe ! Dans une ville où l’on n’a que des désillusions ces derniers temps, c’est un don qui pourrait en faire rêver certains. Ah non, attendez, le CODECS aussi veut s’amuser et voilà que les Altérations doivent aussi prendre un sérum tous les mois pour neutraliser leur don et, comme si cela ne suffisait pas, elles doivent également se faire implanter cette une puce pour mieux se faire contrôler... Dégueulasse, vraiment. Je me demande si William a pu y échapper, s’il a toujours son don. Si c’est le cas, je lui proposerai de venir graffer avec moi. Si non... Eh bien, je serai franchement désolé pour lui, c’est sûr. Et je lui proposerai quand même de venir graffer avec moi.

« Hey Will, j’savais pas que t’étais là ! »

Je lui tends ma main pour serrer amicalement la sienne.

« Comment tu vas ? J’ai entendu parler de ces conneries du CODECS... Ils t’ont emmerdé avec ça ? »

Je fronce légèrement les sourcils. Je n’aimerais vraiment pas être à sa place, me voir obligé de neutraliser mon don ou bien menacé de me faire capturer par les flics. Je salue le barman et commande une bière, avant de regarder à nouveau le joaillier.

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