I'm paralyzed - feat Fay

J’étais comme paralysé. Perdu dans cette ville que je ne connaissais à peine. Arrivé de nulle part dans l’unique but de trouver des réponses. D’apprendre à contrôler toutes ces choses qui me dépassait encore. Désireux de vivre auprès des miens. De tout ces monstres de la nuit dont on a durant longtemps ignoré l’existence. Moi, mon anglais de base, le petit vampire complétement largué. Ne connaissant encore que trop peu de monde ici. Kyle me brisant les couilles, ne comprenant pas vraiment ce qu’il essayait de faire. Sans doute faire ressurgir cette part d’ombre en moi. Celle que j’essayais tant bien que mal de faire taire. Ce n’était pas si simple. C’était même tout l’inverse putain. Tuer, je n’avais pas envie de le faire, mais en même temps, c’était comme si ça devenait instinctif. Primitif même. Ce genre d’instinct que l’on ne peut contrôler. Qui vient de nulle part. Qui est là sans trop savoir pourquoi. Me reconnaissant à peine, moi qui n’avais jamais fait de mal à qui que ce soit. Je ne m’étais même jamais battu. J’étais toujours resté dans les rangs, à accepter tout et n’importe quoi. Maintenant je me faisais peur.

J’avais peur ce que je pourrais faire. Peur de ce que j’étais devenue aussi. Je crois que je me haïssais un peu. J’aurais peut-être dû me laisser mourir. Ne pas chercher à survivre et laisser la nature faire son boulot. Mais je n’étais pas prêt pour ça. J’ai juste voulu me donner une seconde chance. Rien de plus. Rien de moins. Et maintenant ? Maintenant fallait assumer et faire avec toutes ces choses même si ça faisait mal. Même si ça faisait peur. Même si je devais faire des erreurs. Je n’arrivais plus à le contrôler. Cette envie de sang. Quand je le sentais là, battre dans les veines de ces hommes. Ce breuvage tentateur qui me collait l’envie de venir mordre dans la chair pour m’en délecter. Est-ce que j’arriverais à la dépasser, cette envie ? Est-ce que j’arriverais à ne pas tuer ? A juste boire sans en venir à tuer ? Je n’en savais rien. Et je refusais de prendre le risque. Pourtant, je ne savais encore combien de temps je tiendrais sans fauter. Ca me semblait tellement impossible. Impensable. J’en avais besoin. J’en avais envie. J’en demandais encore et encore quand je venais à vider une poche de sang.

Ce n’était jamais suffisant. J’en voulais toujours plus. Voir la peur dans le regard, sentir la vie s’échapper. Devenant un prédateur. Un tueur. Juste ce monstre que j’étais devenue. Alors je venais juste me perdre ici. Vidant les verres. Essayant de penser à autre chose. Cherchant l’ivresse jusqu’à ne plus tenir debout. Peut-être qu’en m’anesthésiants je finirais par l’oublier ? Je finirais par ne plus en avoir envie ? Par simplement me sentir comme avant. Comme à cet instant où je n’avais pas besoin de tout ça pour vivre. Pour survivre. Où j’étais encore humains et que l’idée même du sang humain me rendait malade. Ironique pour un mec qui voulait devenir toubib’. Mais après ce qui s’était passé avec Sven, le sang oui, il m’avait mis en horreur. Tout comme l’idée d’un jour faire du mal à qui que ce soit. Compatissant. Juste trop gentil, trop timide, incapable de blesser par simple compréhension. Aujourd’hui je voulais juste… Croquer dans son cou. A cette putain qui se trouvait là, à côté de moi. Elle et son stupide rire. Elle est son putain de cocktail de mes deux. Elle puait, son odeur venait me narguait.

Il remontait à loin, ce temps où je me serais juste sentie invisible. Là tout en elle me dégoutait, mais pourtant m’attirait. Je pouvais le voir pulsé dans sa jugulaire. Cette hémoglobine. Ca me donnait envie. Alors je les vidais. Ces verres. Un à un, pour ne plus y penser. Me décalant d’un siège pour ne pas craquer. Mais rien n’y faisait. J’avais faim, j’avais soif. J’avais besoin d’une clope. Délaissant finalement mon siège pour sortir pendre l’air. Essayer de m’aérer pour garder un peu de control sur mes émotions. Sur tout ce que je ressentais à l’heure actuelle. Effaçant comme je pouvais ces envies de meurtre. Je venais d’arriver, et je ne voulais pas me mettre dans la merde. Je ne voulais pas me faire traquer, ni même me faire punir. Je voulais juste qu’on me foute la paix. Qu’on m’apprenne à vivre avec et ensuite ? Ensuite on verra bien. Je pourrais tout aussi bien le faire. Aller les trouver, eux et leur foutu sort pour redevenir humain. Mais est-ce que ça tuerait la maladie ? Je n’en étais pas certains. Alors je ne voulais pas non plus prendre ce risque. C’était un dilemme permanent. Sans cesse. Entre ma conscience et mon inconscient. Mourir c’était naturel. Mais pas à 25 ans… Non. Je ne voulais pas mourir. Alors je trichais. Point.

C’était comme ça, c’était ma décision et je me devais de l’accepter. De vivre avec maintenant. Je pouvais le faire, je pouvais y arriver, je le savais, je le sentais. Fermant les yeux, tirant sur ma clope pour essayer de penser à autre chose. Pour ne pas m’emporter, pour ne pas me jeter sur la première personne que je croisais. C’est là où je t’ai vu. Si je savais que tu étais, on ne se connaissait pas, et j’ignorais même si toi tu m’avais déjà vu. Mais moi oui. Là, dans les couloirs du QG. J’étais observateur, du genre discret, ce genre de mec qui frôle les murs. Mais j’analysais comme je pouvais pour savoir où j’étais tombé. Prenant le risque de simplement venir m’agripper à ton poignet. Si on n’était pas de la même race, on était dans le même clan, et franchement, si je rentrais à nouveau là-dedans je le sentais, j’allais faire une grosse connerie. J’aurais peut-être pas dû sortir. J’aurais peut-être dû rester enfermer et attendre. Mais je m’étais dit que ça le ferait. Que j’y arriverais. J’ai eu tort je crois.

« Je sais qui vous êtes. J’ai… J’ai besoin d’aide je crois. Aidez-moi. S’il vous plait. Je suis un ami de Kyle, je vous ai vu dans les couloirs du QG. J’ai… J’ai faim… Vraiment. Je… Je vais tuer quelqu’un si je reste seul vous pouvez me croire. »

Ce n’était pas des menaces. C’était ce que je ressentais, comment je me sentais. Si je restais là, tout seul, j’allais vraiment finir par péter les plombs et par faire une connerie. L’odeur du sang, elle était partout, omnisciente, omniprésente. Et franchement je crois que je n’arrivais plus à me canaliser. Alors c’était peut-être osé, j’en savais rien, c’était surtout désespéré comme geste mais j’avais besoin de ton aide. Besoin que tu me tire de là avant que je ne fasse un truc du genre irréparable et crois-moi, je n’avais pas envie de ça…