Destiny ft Ethel

Je referme le dossier qui est sous mes yeux en laissant échapper un petit soupir. Je mets de l’ordre dans mes affaires et prends quelques notes. C’est un sujet intéressant à différents niveaux. J’attrape ma tasse de thé et plongeant mon regard dans le liquide, comme s’il allait pouvoir me donner la force de passer la prochaine heure avec un Lycan. D’accord, il n’a pas été fiché comme criminel, mieux, il a été volontaire pour devenir l’un d’eux, pour pouvoir mieux les faire tomber; c’est très louable de sa part. Malheureusement, maintenant qu’il est amnésique, c’est compliqué de savoir ce qu’il pense. A-t-il été endoctriné par d’autres Lycans ? Joue-t-il un rôle ? Les analyses faites sur son amnésie montre qu’il ne ment pas et qu’il y a un réel problème avec sa mémoire. Chose que je déplore lorsque je lis son dossier. Tout ça pour en arriver là ? Tous ces risques pris pour au final être enfermé comme tous les autres ? Le sujet du Rituel a été abordé, puisque toutes les Aberrations doivent la passer, du moins, c’est préférable. Mais est-ce que cela lui redonnera la mémoire ? N’est-il pas prématuré de le lui faire passer si cela réduit à néant son but principal ? Je ne cautionne forcément pas le fait qu’il reste Lycan, pourtant, objectivement parlant, c’est probablement la meilleure solution pour le moment. Et s’il s’avère qu’il ne se souvient réellement de rien après nos séances, alors il n’y aura pas d’autres alternatives.

Je me lève de mon bureau, attrapant ma tasse et le dossier. J’ai pris avec moi quelques informations qui pourront sans doute m’aider dans un premier temps. J’ouvre la porte et le vois, assis, attendant patiemment. Après plusieurs refus, il a décidé d’accepter que nous nous parlions. Je ne le prends pas mal, lorsqu’un patient ne veut pas me parler, l’étiquette “psy” n’est pas toujours très bien vue et beaucoup sont ceux qui pensent que nous ne servons à rien. Ces gens là ont simplement la chance d’aller bien et de ne pas avoir besoin de nous. C’est tant mieux.

J’inspire profondément et essaye de chasser de mon esprit deux-trois images qui me viennent immédiatement en tête en sachant qu’il s’agit d’un Lycan. C’est toujours la même chose mais j’ai appris avec le temps à ne rien laisser filtrer et à sourire légèrement.

« Bonjour monsieur Godwin. » Je m’avance vers lui pour lui tendre la main. C’est tout autant une thérapie pour lui que pour moi. Mais bien sûr, il n’en a pas conscience et c’est très bien ainsi. « Ethel Blackrain. Vous voulez bien me suivre ? »

Nous n’allons pas dans mon bureau mais dans une pièce à côté, avec une sécurité un peu plus présente. Rien d’oppressant, juste un bureau de gardien non loin de là. Je pourrais l’amener dans le mien mais je ne suis pas encore prête pour ça, encore moins pour un premier rendez-vous.
Dans la pièce se trouve une table ronde, des chaises et un canapé. Dans un coin, un petit meuble muni d’une bouilloire et tout le nécessaire pour une boisson chaude.

« Installez-vous où vous vous sentirez le mieux. » La table peut mettre une distance entre nous. Distance qui peut avoir différentes fonctions. S’il ne se sent pas en confiance, ce qui doit être le cas puisque c’est notre première rencontre, alors il voudra ne pas être trop proche, comme une sorte de bouclier invisible. S’il n’est pas encore totalement ouvert aux bénéfices de cette séance, alors il restera le plus loin possible, sans pour autant que cela soit conscient. Dans tous les cas, je respecterais son choix, sinon je ne lui aurais pas laisser la possibilité de décider. « Café ? Thé ? » Je demande en me dirigeant vers le coin de la pièce. « Voyez cette première séance comme une mise à l’aise. » J’ajoute naturellement, justifiant ma démarche. J’attends sa réponse avant de revenir vers lui, une ou deux tasses en main en fonction de sa réponse.

Je viens m’assoir à ses côtés, ni trop proche, ni trop loin. Juste ce qu’il faut pour se parler sans rentrer dans le cercle intime de l’autre. Pourquoi ne pas me mettre en face de lui ? Parce que ce n’est pas comme ça que je fonctionne. Je n’aime pas cette opposition qu’il peut y avoir dans un face-à-face. Et avec l’expérience, je peux dire que les patients sont du même avis. J’attends quelques instants, pour voir s’il veut prendre la parole ou non mais je suppose qu’il ne doit pas savoir par où commencer ou quoi dire. Aucune importance, les premières fois sont toutes plus ou moins les mêmes.

« Nous n’allons pas rentrer dans le vif du sujet aujourd’hui si vous ne le désirez pas. J’ai été mandaté pour vous aider à retrouver la mémoire mais je pense qu’il y a d’autres sujets à aborder avant ce processus. » Je marque une petite pause en portant ma tasse à mes lèvres, cela pour lui laisser le temps d’accepter ou de réfuter ce que je viens de dire. « Nous devons travailler à deux pour que cela fonctionne alors n’hésitez pas à me donner votre avis, vos ressentis; lorsque vous sentirez que c’est le bon moment. »

Pas immédiatement s’il ne le souhaite pas. Encore une fois, précipité les choses n’a jamais rien apporté de bons. Et dans ce genre de traumatisme, c’est d’autant plus vrai.

“Rien à cacher.” Cette affirmation, tout le monde me la donne avec une conviction profonde mais il y a toujours un secret, une part de sa vie que l’on ne veut dévoiler à personne. Encore moins à une psy payée pour écouter parler et prendre des notes. Je le comprends parfaitement et il faut l’accepter dès le départ sinon on rentre rapidement dans une confrontation et ce n’est jamais une bonne chose pour le patient. Il doit pouvoir se sentir en sécurité, ou tout du moins, ne pas se sentir agressé lorsqu’il vient à nos séances. On parle davantage librement lorsqu’on est détendu.

J’hoche donc simplement la tête, signe que j’ai entendu ces propos sans pour autant y répondre. De toute façon, sa réponse n’attend probablement aucune objection ou remarque de ma part. J’observe ce qui est écrit sur son corps, ce qu’il me montre volontairement et avec une spontanéité non feinte. Cela montre qu’il est réellement désireux de se souvenir. Les tatouages sont identiques aux photos que j’ai eu sous les yeux, transmises avec son dossier. Après sa prise de parole, la première chose à laquelle je réponds, c’est au sujet de sa défunte soeur.

« Je suis navrée pour votre soeur. » Et c’est tout à fait sincère. Même s’il ne se souvient pas d’elle, une perte reste une perte et cette nouvelle a forcément dû lui faire quelque chose. Même inconsciemment.

« Commençons par enfoncer des portes ouvertes, pour écarter toutes autres possibilités d’obtenir des informations. » Une petite gorgée de thé, j’oublie que je fais face à un lycan pour me concentrer sur la personne en face de moi, sur son amnésie qui lui gâche la vie, ou du moins, qui lui en vole une bonne partie -si ce n’est la totalité-. « Ne vous êtes-vous pas écrit une lettre, dans laquelle vous seriez plus précis que ces indices ? Avez-vous pu retrouver les coordonnées du tatoueur ? Il arrive souvent que l’on parle de ses motivations à se faire tatouer tel motif ou tel mot, peut-être se rappelle-t-il de vous ? » Rien n’est indiqué dans son dossier et même si cela ne rentre pas totalement dans le cadre de mon travail, c’est une piste à suivre si elle semble prometteuse.

J’ouvre alors le dossier que j’ai apporté avec moi et en tire plusieurs photos. Je sais, j’aurai pu prendre une tablette et les lui montrer dessus. Mais je n’aurai pas pu les lui laisser dans ce cas, alors que là, je peux le faire sans aucun problème s’il le désire. Je lui glisse la première d’entre elles. Une photo de remise de diplôme de police, toutes les jeunes recrues, dans leur tenue, le sourire aux lèvres sur tous.

« J’ai fais quelques recherches sur vous. Voici ce que j’ai pu trouver. » Je lui donne la ville et l’année de cette photo, observant son visage mais également le reste de son corps pour noter différentes réactions. De petits post-it sont collés sous les personnes avec leur nom et leur prénom. « Une de ces personnes vous dit quelque chose ? Un prénom ? » Si c’est le cas, j’essayerais de contacter cette personne en particulier, pour qu’elle me fournisse des informations sur mon patient et à long terme, peut-être pour qu’elle vienne lui parler. « Si ce n’est pas le cas, cela ne fait rien et ne cherchez pas à forcer votre mémoire. Je veux que vous vous regardiez et essayez de vous souvenir de ce que vous avez ressenti ce jour là. Lorsque vous avez décroché votre diplôme de police. » Je parle toujours d’une voix douce et calme, buvant quelques gorgées, par-ci par-là, plus par habitude qu’autre chose. « On oublie souvent que le corps possède sa propre mémoire, or les émotions sont de très bons indicateurs et peuvent faire ressortir des choses sans même le vouloir. »

Et je continue avec une nouvelle photo, plus ancienne. Celle d’un bâtiment avec la pancarte d’orphelinat apposée dessus. Cette fois-ci, je ne dis rien. Si je lui montre ce cliché, c’est pour une bonne raison, il le sait. Mais est-ce que cela va faire ressortir quelque chose ? J’ai réussi à obtenir une photo de lui et de sa soeur, lorsqu’ils étaient jeunes, à cet orphelinat et c’est la prochaine que je souhaite lui montrer, tout en sachant que cela pourra être compliqué à gérer pour lui. C’est pour cette raison que je veux d’abord voir comment il réagit face à ce bâtiment, si quelque chose lui revient ou pas du tout.

J’écoute avec attention la réponse du jeune homme, secouant la tête au moment où il me propose de me fournir les coordonnées du tatoueur en question. Je ne pense pas en avoir besoin, surtout s’il a déjà fait la démarche. Je doute que l’homme en question se souvienne davantage d’informations s’il m’a au téléphone. Alors autant ne pas perdre de temps en choses inutiles. Mais dans tous les cas, je note qu’il est coopératif ; c’est un bon comportement pour quelqu’un comme lui.

J’observe sa réaction, presque inexistante quand je lui montre les diverses photos. Visiblement, rien ne lui revient et cela ne m’étonne guère. Le contraire aurait même été étonnant dans le fond. Je lui laisse cependant le temps de toutes les regarder à son aise et cela semble ses fruits. J’hôche la tête lorsqu’il me révèle avoir été viré de la police.

« C’est exact. Il semblerait que votre comportement n’était plus en adéquation avec votre profession. »

Ce n’est pas un jugement de valeur, juste une information que j’ai pu obtenir en me renseignant sur lui et qui confirme ses dires. Il ne fait pas totalement fausse route, à défaut de se souvenir de quelque chose de plus précis.

« Plus précisément, votre rapport, concernant une Aberration n’a pas été pris au sérieux à l’époque des faits. »

Il faut dire qu’avant la Révélation, les individus qui pensaient -ou avaient vu- des créatures et osaient le raconter, étaient très souvent prises pour folles. La Révélation a au moins réduit légèrement les effectifs dans les établissements psychiatriques…
Je n’en dis pas plus pour le moment, attendant de voir s’il fait la démarche de poser des questions ou non. Après tout, s’il ne le veut pas, ce n’est pas à moi de lui imposer quoi que ce soit dans nos séances. Ce n’est pas comme cela que je fonctionne en tout cas.

Vient ensuite la photo de l’orphelinat. Elle ne semble -elle aussi- ne pas avoir d’effet sur lui. Probablement ne se souvient-il pas de ce bâtiment non plus. Je lui confirme mes sources en lui donnant le nom de l’établissement et que d’après le directeur de l’époque, il faisait tout pour protéger sa jeune soeur, au point de finir souvent à l’infirmerie.

La suite, je dois bien avouer que je ne m’y attendais pas forcément. Il a l’air d’avoir déjà réfléchi à son état. Je l’écoute sans l’interrompre, terminant mon thé au moment où il en vient à me demander mon avis. Je repose ma tasse non loin de mes dossiers avant de prendre la parole.

« J’en pense que c’est tout à fait naturel. Vous craignez que l’homme que vous étiez soit diamétralement opposé à celui que vous êtes aujourd’hui, c’est normal. Comme vous le dites si bien, vous avez une nouvelle vie et si elle vous convient, pourquoi risquer de la détruire pour un passé qui ne vous plaira pas ? » Je marque une courte pause, le temps qu’il réfléchisse un peu à ce que je viens de formuler et qui va dans son sens. « Alors dites-moi, Hayden, de quoi avez-vous besoin pour avancer si ce n’est pas votre passé ? » Car là est toute la question, on m’avait dit qu’il était désireux d’en apprendre plus sur qui il était auparavant, mais si ce n’est pas le cas, cela change quelque peu les choses. « Pourquoi m’a-t-on dit que vous vouliez en apprendre plus sur votre passé, si au final, vous avez peur de le découvrir ? »

Et encore une fois, je ne porte pas de jugement. Il est tout à fait naturellement d’agir comme il est en train de le faire. Dans un sens, je peux même dire que c’est “humain” comme réaction. Mais il doit réfléchir à tout cela et essayer d’y mettre des mots. Et s’il n’y arrive, alors je suis là pour ça.

Hayden finir par me donner le fond de sa pensée quant à tout cela. Je n’ai pas vraiment besoin de prendre des notes, ce qu’il me dit a du sens, j’ai déjà pu observer ce genre de comportement avec d’autres patients. J’écoute cependant avec attention ses explications car mon job n’est pas de mettre tous mes patients dans un même panier mais bien de leur fournir un suivi personnalisé. J’écoute sa vision de voir les choses et plus loin, ce qu’il semble vouloir pour son futur. Mais je ne suis pas ici pour lui donner la réponse, davantage pour l’aider à aller mieux psychologiquement et le cas échéant lui donner un avis, s’il le demande.

J’essaye de ne pas réagir lorsqu’il rappelle qu’il est un lycan; un homme avec une bête sauvage en lui. Une bête qui peut faire beaucoup trop de dommage autour de lui. Je prends sur moi pour ne rien montrer et encore moins la crainte que ces individus développent en moi.

Je finis cependant à sourire lorsqu’il pense être schizophrène et je secoue doucement la tête. Beaucoup de personne font cette erreur, souvent à cause de la répétition de cette même erreur. Et même si je ne suis pas ici pour faire des cours de médecine à mes patients, je réponds quand même, pour sa propre culture.

« La schizophrénie n’est pas ce genre de maladie. Il faudrait que vous entendiez des voix et ayez des hallucinations pour que l’on vous diagnostique cette maladie. Entre autre chose. »

Et d’après son dossier, il ne fait pas référence de ce type de résultat. Je ne sais pas s’il est du genre à vouloir que l’on corrige ses erreurs mais je trouve cela plus juste.

« Ce n’est donc pas votre cas. Je dirais que vous êtes simplement en plein dilemme. Mais je suis là pour vous aider à y voir plus clair. Du moins, nous allons essayer d’aller dans ce sens. »

Tout ne se passe pas toujours aussi bien mais je n’aime pas être pessimiste et Hayden est encore jeune pour que les chances soient de son côté.
Je marque une pause, rangeant certains papiers qui ne seront sans doute pas d’une grande utilité ; des documents sur son passé. Mais si la photo de sa soeur ne lui a rien révéler, alors ces infos moins importantes feront choux-blanc.

« Vouloir connaître votre passé tout en voulant rejeter la douleur ou toutes autres sentiments n va pas être facile à gérer. Je comprends parfaitement votre démarche et nous allons essayer d’y parvenir mais il va falloir que vous vous souveniez pourquoi vous faites cette démarche. »

Je marque une nouvelle pause, le temps de lui laisser un instant pour assimiler ce que je viens de lui dire car mes propos ont plus de portées qu’on ne pourrait le croire. Et il faut qu’il en prenne conscience maintenant ou même plus tard, pour l’aider à avancer.

« Après, il se peut que vous parveniez à différencier votre “vous” actuel et celui que vous étiez. Peut-être allez-vous le voir comme un individu extérieur à vous. Un peu comme si vous appreniez à connaître un inconnu. Je pense que c’est ce qui pourrait vous arriver de mieux dans ce que vous me dites. Mais rien ne dit que vous aurait cette “chance”. » Je mime le trëma avec mes doigts, histoire de minimiser ce terme et ce qu’il signifie. « Il faut que vous gardiez à l’esprit que vos souvenirs pourraient vous revenir, avec tout ce qu’ils impliquent. Etes-vous prêt à ce risque Hayden ? »

J’ai besoin de cette réponse pour pouvoir organiser nos prochains rendez-vous mais je sais également qu’elle n’est pas facile à obtenir. S’il ne me répond pas immédiatement, c’est tout à fait normal. Tout comme s’il voulait changer d’avis dans le futur, rien n’est figé dans le marbre.

Je dois bien reconnaître une chose, malgré son statut d’Abberation et à plus forte raison celui de lycan, ce patient reste très attentif à notre première séance. Il semble réellement intéressé par ce que je lui dis et par les potentielles réponses que je peux lui fournir. Mais avant d’aller plus loin dans nos séances pour que je puisse les organiser et ainsi l’aider, je dois d’abord connaître certaines choses qui ne sont pas inscrites dans son dossier : ce qu’il ressent de tout cela et ce que la suite va pouvoir impliquer pour lui. Je ne suis pas ici pour lui forcer la main mais pour l’aider à trouver son chemin. Et même s’il m’arrive parfois d’aiguiller mes patients, ils ont malgré tout leur mot à dire. Peut-être un peu moins en ce qui concerne les Abberations mais lorsque tout se passe bien, je n’ai aucune raison d’aller outre ses envies et besoins. Et je pense sincèrement qu’avec Hayden, nos rencontre se dérouleront bien. Il me donne à le penser en tout cas.

J’hoche la tête lorsqu’il m’expose ses craintes, elles sont tout à fait justifiées et je serais une charlatan si je lui disais le contraire.

« Honnêtement, je ne me souviens pas d’un cas médical qui relate ce genre de phénomène. Mais une chose est presque sûre; car rien ne peut vraiment l’être avec l’esprit; ce sera à vous de décider celui que vous voulez être. Même si vos souvenirs vous reviennent, vous êtes le seul à décider de ce que vous allez en faire. Vous allez peut-être vous souvenir de celui que vous étiez et les raisons que vous ont poussé à agir comme vous l’avez fait, mais au final, vous avez le recul de ce que vous êtes aujourd’hui. Et si jamais vous n’arrivez pas à gérer vos souvenirs, rien ne vous obligera à creuser davantage.  »

J’hoche de nouveau la tête à la suite de ses propos qui le font douter dans son choix. Il souhaite une vraie raison de passer le Rituel ? A part celle de ne plus être un monstre ? Si je n’étais pas si professionnelle, peut-être que je lui aurais répondu cela mais je le garde pour moi. Surtout en ayant lu son dossier. Et alors que je m’apprête à lui répondre, il reprend la parole.

« Après le Rituel vous passerez encore quelques temps ici, pour vous réhabituer à votre statut d’humain. Pendant cette période, je continuerai à vous suivre et si nous voyons que le CAA ne vous convient plus, vous n’y retournerait probablement pas. Quant à savoir ce qui arrivera à vos souvenirs, je ne peux malheureusement pas y répondre. Chaque individu réagit différemment au Rituel. »

Je sais que ce n’est sûrement pas ce qu’il veut entendre mais je ne suis pas ici pour lui mentir ou lui donner mauvais espoir. Ca ne serait ni professionnel ni juste pour lui.

« Dans un premier temps, je peux vous proposer que l’on se voit pour que je vous aide à y voir plus clair. Vous trouverez peut-être les réponses à vos interrogations lors de nos séances. Du moins, je suis là pour ça. »

Entre autre chose mais pour le reste, ce n’est pas ses préoccupations.