If I expected that {Aidan & Amélia]

Une fois n’était pas coutume, Aidan parcourait les rues de la ville une fois la nuit tombée. En même temps, c’était le seul moment où il pouvait sortir sans risquer de cramer au soleil. Il avait fini son boulot au bar de Joren, mais il n’avait pas envie de rentrer tout de suite. Il savait que c’était risqué, mais il ne voulait pas s’arrêter de vivre pour autant. Il lui suffisait d’être sur ses gardes et de rester prudent, voilà tout. Bien entendu, il ne se doutait pas encore de ce qui allait bientôt se passer. Pour l’heure il profitait simplement de l’air frais nocturne et du calme qui régnait en ville. Mais il savait pertinemment que ce n’était qu’un calme apparent et qu’il ne devait certainement pas être le seul vampire à errer dans les rues. Sauf que contrairement à la plupart de ses semblables, il n’était pas agressif et il n’attaquait pas les gens par plaisir ni même pour s’abreuver de leur sang. Lorsqu’il avait été transformé, Aidan s’était juré de ne jamais changer. Il ne voulait pas devenir un monstre assoiffé de sang. Il voulait rester lui-même, même si c’était bien plus difficile que prévu. Car la soif de sang était bien là…tous les jours, tout le temps. Il avait d’ailleurs bien failli commettre l’irréparable, un soir, derrière le bar de Joren. Si son meilleur ami n’avait pas été là pour l’arrêter, sans doute Aidan aurait-il tué l’homme qu’il avait attaqué. Il pouvait d’ailleurs s’estimer heureux d’avoir un ami comme ça. Il avait eu peur au début, sans doute avait-il même été quelque peu dégoûté, mais il avait fini par passer outre et il avait pleinement accepté Aidan. Au point de lui proposer de l’héberger et de lui proposer un travail, à l’abri des regards. Il risquait très gros et pourtant, il n’avait jamais hésité une seule seconde. De tels amis étaient rares et il fallait les garder à tout prix.

Depuis qu’il était devenu un vampire, Aidan avait perdu pas mal d’amis et de proches. Mais il l’avait fait par choix, en disparaissant de leurs vies pour ne pas les mettre en danger. Qu’il ait retrouvé Joren était dû au hasard rien de plus. Alors qu’il arrivait non loin d’un autre bar, il entendit des bruits de lutte. Alarmé, il s’approcha furtivement et resta tapi dans l’ombre pour assimiler la situation. Il y avait des types qui s’en prenaient manifestement à une femme. Sérieusement ? C’était une manie ici ou quoi ? C’était quoi, leur délire ? Quel était l’intérêt de s’en prendre à quelqu’un sans défense ? Et le pire…c’était qu’il s’agissait de simples humains. Ce n’était pas la première fois qu’Aidan était témoin d’une telle scène et ce n’était pas la première fois qu’il intervenait, peu importe le risque qu’il encourait lui-même. Il ne pouvait tout simplement pas rester sans rien faire face à une telle injustice. Alors, il sortit de sa cachette et se faufila derrière le type qui venait de frapper la jeune femme qu’il n’avait pas encore reconnue. Il l’attrapa par l’épaule et profita de la surprise pour lui asséner un puissant coup de point en plein visage, coup qui l’envoya valser à plusieurs mètres de là. Il ne cherchait même pas à cacher sa force. A quoi bon ? Le type atterrit donc par terre, inconscient. Il fit subir le même sort au deuxième type, évitant sans mal le coup qu’il s’apprêtait à lui porter. Restait celui qui tenait la jeune femme. Ce fut à cet instant qu’il la reconnut. Amélia. Son amie d’enfance. Il ne devait toutefois pas se laisser distraire. Le type fixait Aidan, un petit air de défi sur le visage. Un inconscient sans doute. « Tu me fais pas peur, espèce de monstre ! » Aidan ne dit rien et franchit la distance qui le séparait du type en un éclair, attrapa l’un de ses bras pour le serrer fort, très fort, jusqu’à le faire lâcher la jeune femme. « Dégage. »

Le type se mit à rire tout en frottant son bras endolori. Suicidaire, sans doute. Il se précipita sur Aidan qui esquiva simplement cette charge qui ressemblait fortement à la charge insensée d’un taureau, et le type percuta un poteau de plein fouet, tombant inconscient sur le coup. Quel idiot. Le vampire se tourna alors vers Amélia. Il aurait pu disparaître, mais il s’en sentait incapable. Elle était l’une de ses plus vieilles amies et il l’avait abandonnée il y a trois ans, sans la moindre explication. Elle lui avait manqué…et puis, elle venait d’être témoin de toute la scène. Elle n’allait certainement pas le laisser partir comme ça. « Tu n’as rien ? » Il voyait bien que son visage était un peu amoché, mais ce n’était pas dramatique. Si Aidan n’était pas intervenu cependant…ça aurait pu vraiment mal se finir. « Ça me fait plaisir de te voir… » Il esquissa un petit sourire avant de se raviser aussitôt. Merde. Dès qu’il souriait, il dévoilait ses canines bien trop longues pour être celles d’un simple humain. Bah… de toute façon, avec ce qui venait de se passer, il ne fallait pas être devin pour comprendre. Il craignait juste la réaction de son amie. Il la craignait beaucoup, même.