Au détour d'une rencontre ft Aidan

Rien ne va plus. En une fraction de seconde ma vie a tourné au cauchemar. D’ailleurs lorsque j’ai appris la nouvelle, je suis tombée dans les pommes. Heureusement, les agents qui nous ont prévenus étaient déjà partis. Ce que je ne comprends pas c’est cette réaction physique à cette annonce. Blérim a été enfermé à nouveau au Ribcage, je suis triste, j’ai envie de hurler et j’ai dû retenir toutes mes émotions devant les agents du Ribcage, mais cela n’aurait pas dû provoquer une telle réaction physique chez moi. Je n’ai jamais eu de telle réaction. Et comme si cela ne suffisait pas depuis quelques jours j’ai des nausées tous les jours. Elles sont aléatoires et souvent elles font suite au dégoût pour un aliment, mais je suppose que c’est la profonde tristesse qui m’a envahie suite au vide laissé par le départ de mon ami. Mon ami et bien plus !! Il a fallu des mois pour que nous nous rendions compte ou plutôt que nous nous avouions notre attirance mutuelle et voilà que nous n’avons pas le temps de commencer notre histoire que déjà nous sommes séparés par la force du destin. Je suis triste, désemparée, je ne sais plus quoi faire, où aller, quoi manger, comment vivre. C’est comme si tout était soudain dépeuplé. Je fais bonne figure lorsque je rencontre quelqu’un mais ce n’est pas toujours évident. Mon estomac se noue de plus en plus.

D’ailleurs, je n’en peux plus de faire bonne figure avec Poppy, même si au fond, je pense qu’il sait ce qu’il se passe et qu’il a lu en moi ma détresse. J’ai donc décidé de partir faire une balade nocturne en forêt. Certains diraient que ce ‘est pas prudent, d’autres que c’est le meilleur moment pour obtenir de la tranquillité. Pour ma part, la nuit m’apaise et je suis presque certaine d’être seule là où j’irai, près de la rivière. Je pourrai alors laisser éclater mes émotions.
Je me prépare le plus simplement possible en enfilant un jogging, un t-shirt et des baskets. Après un passage au toilettes où j’ai rendu tout mon repas du soir, je prends ma bouteille d’eau citronnée et je m’en vais, laissant tout de même un mot à Poppy pour ne pas qu’il me cherche. Au cas où.

Sur place, alors que le chemin a été plutôt calme, je m’effondre contre le tronc d’un arbre. Me laissant glisser contre l’écorce qui me gratte quelque peu le dos, les larmes s’échappent de mes yeux tel un torrent déchaîné par une montée des eaux. Pourquoi faut-il que le bonheur me soit retiré chaque fois que je suis sur le point de le toucher à plein main ? Pourquoi ? Pourquoi ce foutu gouvernement ne nous laisse juste pas en paix et ne s’occupe-t-il pas uniquement des criminels ? Pourquoi ? Soudain je me mets à trembler et je ne me sens pas bien, comme si j’allais à nouveau faire un malaise. Mais que m’arrive-t-il De rage je frappe le sol u poings, un poing désormais abîmé et ensanglanté.  Je suis même tellement prise dans ma propre tristesse, je suis brisée et mal que je n’ai pas entendu les bruits de pas derrière moi, ni même senti cette nouvelle odeur portée par la brise nocturne…

Cette sensation de vide en moi me tue à petit feu. Je ne comprends pas ce que mon corps fabrique mais il me met au plus mal ça c’est certain. Je suis perdue, je n’arrive même plus à méditer tellement mes pensées sont embrouillées et sans cesses actives. Je cherche des solutions qui n’existent pas vraiment et c’est terriblement frustrant. Cela ne fait que quelques jours qu’il est partit, qu’ils me l’ont enlevé et pourtant j’ai l’impression que cela fait une éternité. Je dors avec l’une de ses chemises la nuit et j’ai conservé un petit objet que j’ai retrouvé dans sa chambre avec moi. Je l’ai même mis en pendentif autour du cou. Bref, tout est au plus bas ces derniers temps et honnêtement je ne sais pas comment remonter la pente même si l’association pro-aberration m’aide à tenir le coup, au moins en surface. Elle me donne un but, un chemin à suivre.

Un chemin qui vient de croiser celui d’un autre. Il parle et je sursaute mais là où j’aurais auparavant fuit, je ne bouge pas. Je regarde juste le nouveau venu, incrédule. Il me dit quelque chose. Vraiment. Je n’arrive pas à le remettre pour le moment mais ma recherche mentale m’enlève toute politesse puisque je ne réponds pas. Puis franchement demander à quelqu’un qui pleure à chaudes larmes si ça va c’est un peu idiot. Ou très maladroit. Mais je ne lui en veux pas je sais que cette question est parfois juste un réflexe. D’ailleurs, ce garçon semble plutôt gentil puisqu’il me donne un mouchoir. « Merci » je dis simplement la voix grave et tremblotante.

« A moins que vous puissiez changer le monde dans lequel on vit je ne crois pas que vous puissiez faire grand-chose pour moi… mais c’est très gentil de votre part » je réponds un peu sèchement avec un sourire triste. Et je continue de l’observer, troublée par ce physique qu’il me semble avoir déjà vu quelque part. « Dites on ne se connaît pas ? » je lui demande alors. Peut-être qu’il s’agit juste d’un visage que j’ai croisé une fois au ranch pour un cheval malade ou encore l’un des clients de Joren vu que je me réfugie dans son bar chaque fois que je vais en ville.

J’essuie alors mon visage pour ôter les larmes qui demeurent, et je bois une grande gorgée dans ma bouteille d’eau posée à côté de moi. En regardant au loin, je sens la nature et je me rappelle qu’elle est ma maison, qu’elle seule a le pouvoir de renforcer mon cœur et mon âme et qu’elle seule peut m’aider à me sentir mieux. Enfin, il y a les amis aussi. Et pourquoi pas… Soudain je me lève et je m’éloigne de l’inconnu pour aller vomir. La poisse ! Il fallait que ça arrive ici ! Et chaque fois je mets mes nausées sur le compte de la tristesse et d’une mauvaise gestion de mes émotions sans me douter qu’il y a bien plus et ça je le découvrirai plus tard.

« Je suis désolée pour ça » dis-je alors à l’inconnu alors que je reviens à l’endroit où il m’a trouvé.

Au détour de cette rencontre, je me permets de lancer une phrase rhétorique qui trouve cependant entendeur. Qui aurait pu croire que la personne qui vient de me trouver dans un état pitoyable, serait un grand rêveur comme moi ? Honnêtement, je ne m’y attendais pas aussi je lève un sourcil de surprise face à son discours qui a même permis l’arrêt de mes larmes. « Non il faut y croire ! Il faut croire en nos rêves, il faut croire en un monde meilleur ! Sans nos rêves nous ne serions plus que des machines… je refuse de croire qu’un monde meilleur relève de l’impossible ! » je réponds alors avec conviction en me redressant. Ce qui me surprend aussi c’est que ce garçon au lieu de demander des précisions se contente de répondre comme si nous débattions d’un sujet entre personnes civilisées qui comprennent parfaitement ce dont on parle au moment T. Quoi qu’il en soit ce garçon a l’air d’être un grand rêveur et surtout quelqu’un de profondément gentil. D’autant qu’il me propose une épaule attentive sans même que nous ne nous connaissions. C’est vraiment charmant. « Merci vous êtes vraiment très adorable, mais ça ira, enfin je crois… » surtout que mon esprit est focalisé sur ce visage que je suis persuadée de connaître. Il y a quelques mois, je n’aurais pas eu ce type de réaction puisque je ne sortais pas. Je n’aurais pas pu trouver de ressemblance à qui que ce soit… Bref.

« Je sais ! Joren ! Tu travailles pour Joren ! Je suis Cassy, une amie à lui » dis-je alors en souriant en le reconnaissant. Mais oui c’était évident ! C’est le seul endroit régulier que je côtoie lorsque je vais en ville avec le Blue Moon. Et Joren m’avait parlé de lui, d’Aidan. Si je me souviens bien c’est un vamp… Mais pas le temps de continuer mes réflexions, j’ai envie de vomir. C’est horrible et terriblement mal poli mais je ne peux me retenir. Je me lève en catastrophe et m’éloigne autant que possible avant de tout lâcher. Je reprends mon souffle avant de revenir et m’excuser auprès du garçon.

« Non ne t’inquiètes pas, à part ces vomissements, tout va bien. Je suppose que le stress ne réussit pas à mes intestins. » a force de pleurer, d’avoir peur, d’être triste et que toutes ces émotions se mélange pour me faire sombrer dans une chute vertigineuse, j’ai des nausées. Il ne faut pas chercher plus loin. Et au lieu de me focaliser sur ce malheureux événement, je préfère lui sourire alors qu’il se présente. « Alors Aidan, c’est bien ça ! » Parfois j’ai une bonne mémoire tout de même ! Oui oui, je suis contente de le constater. « Enchantée » je réponds finalement en lui serrant la main. « Joren m’a souvent parlé de toi. » j’ajoute avec plus d’enthousiasme. J’imagine que mes yeux sont terriblement rougis, cependant je fais comme si de rien était. C’est plus simple à assumer comme ça et à camoufler quelque part. « Oh non, je n’ai pas peur, la forêt est mon domaine. J’aime la nature plus que tout et je lui offre toute ma confiance. Et puis au cas où j’ai ça…. » dis-je en ouvrant mon sac où se trouvent un pieu et une bombe au poivre… les classiques pour essayer de parer un maximum d’attaque surtout couplé aux bases que m’a appris Risa au Kempo. « Et toi, que fais-tu si tard dehors ? » je lui demande alors avec innocence sans penser à ce qu’il est…

Aidan & CassandraAu détour d'une rencontreOui, cette rencontre était de plus improbables, mais quelque chose lui disait qu’elle n’en serait pas moins agréable pour autant. La jeune femme en face de lui avait l’air en proie à un profond désarroi…mais en même temps, elle semblait partager les idées d’Aidan. C’était assez rare ces jours-ci, du coup, ça faisait vraiment plaisir. D’autant plus qu’elle semblait vraiment sincère. Ça aussi, ça se faisait de plus en plus rare, malheureusement. Et avec tout ce qui se passait, les gens devenaient méfiants les uns les autres, ils restaient dans leur coin par peur de ce qui pourrait arriver, par peur des éventuelles mauvaises rencontres qu’ils pourraient faire. « Wow. Je n’aurais pas pensé rencontrer quelqu’un qui partage autant mes idées ici ! » Aidan ne put s’empêcher d’esquisser un grand sourire, trop content d’entendre de telles paroles. Néanmoins, il venait d’exposer ses crocs à cette inconnue sans le vouloir. Si elle se mettait à crier ou à vouloir prendre la fuite, il comprendrait pourquoi. Mais elle n’en fit rien. Elle continua à lui parler normalement, comme si ça ne la dérangeait pas. Ou alors, elle n’avait pas réellement fait attention. D’ailleurs, elle finit par s’écrier qu’il travaillait pour Joren. Aidan fut surpris et la regarda un instant avec de gros yeux, dignes d’un merlan frit. Elle connaissait Joren ? Et elle l’avait vu dans son bar ? Pourtant, Aidan restait toujours en cuisine, ne se montrant jamais aux clients. Après tout, il n’y avait pas que sa vie en jeu, mais également celle de Joren. Il n’osait même pas imaginer ce qu’on lui ferait si on découvrait qu’il cachait et protégeait un vampire en fuite. Mais peut-être n’avait-il pas été si discret que ça et cette fille l’avait vu. « Quoi ? Tu connais Joren ? » La réponse allait de soi, mais sous le coup de la surprise, c’était la seule chose qui était sortie.

Mais il n’eut pas vraiment le temps de se remettre de sa surprise car la jeune femme se mit soudain à vomir. Inquiet, Aidan lui proposa de l’aide – aide qu’elle refusa évidemment. « Tu es absolument certaine que je ne peux rien faire pour toi ? » On ne savait jamais, hein. Nouvel étonnement lorsqu’elle lui avoua que Joren lui parlait souvent de lui. « Comment ça ? Il t’a dit quoi, au juste ? » Il avait évidemment confiance en Joren, mais toute cette histoire éveillait sa curiosité. Il lâcha ensuite un petit rire en voyant la bombe au poivre de la jeune femme. Elle devait savoir tout aussi bien que lui que si elle tombait sur un vampire hostile ou un loup-garou, sa bombe ne servirait pas à grand-chose. Mais il comprenait qu’elle puisse se sentir plus sûre. « Je comprends. J’adore la nature aussi. C’est si…apaisant. » Il esquissa un petit sourire et leva un instant la tête vers le ciel. « La nature est si belle qu’on peut parfois en oublier les horreurs de ce monde… » Sortant de sa contemplation et de sa réflexion au bout de quelques instants, il haussa les épaules à la question de son interlocutrice. « J’avais envie de prendre l’air, de me dégourdir les jambes. Et puis, je vis un peu la nuit donc… » Il ne faisait même plus semblant de vouloir cacher sa nature. Elle avait certainement remarqué ses canines et peut-être même que Joren lui avait dit. Si tel était le cas, elle devait vraiment être une personne de confiance. « C’est quoi, ton lien avec mon meilleur ami ? »


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[pardooon pour le gros retard ><]

Rencontrer quelqu’un au moment où les nerfs lâchent, rien de tel pour se ressaisir. Je n’aime pas faire preuve de faiblesse face à autrui parce que j’ai toujours ce moment post incendie qui me revient en tête quand je suis devenue la victime de mon sauveur.  Mais dans le cas présent je me sens bien. Une certaine douceur pure émane de ce garçon. De plus, nous semblons avoir les mêmes idéologies ce qui aide à se sentir plus détendue. Malgré tout, quelque chose me taraude. Plus je le regarde dans la lueur de la lune, plus j’ai l’impression de le connaître. Quand alors qu’il me parle des crocs apparaissent et la lumière se fait ! JOREN ! Enfin non ce n’est pas lui évidemment, mais c’est le garçon vampire qu’il protège, celui dont il m’a déjà parlé alors que nous mettions au point notre petite Résistance. Je m’empresse alors d’exposer mes conclusions pour avoir confirmation de mes pensées.

« Oui il a joué les princes charmants un jour et depuis je squatte un peu son bar,je m’y sens en sécurité. On est devenus amis avec le temps. » je réponds simplement avec un grand sourire avant de me remettre à vomir laissant même pas l’occasion à Aidan de réagir. Le pauvre, il n’est pas tombé sur la personne a plus délicate et en forme qui soit. Il est cependant très mignon à vouloir m’aider. Malheureusement, il n’y a rien à faire.  « Non ne t’inquiète pas, il faut juste que je prenne l’air et que j’essaye de me détendre. Disons que les choses sont compliquées ces derniers temps. » j’ajoute tranquillement avant de changer rapidement de sujet. En effet, au fond, j’ai peur qu’une situation se profile mais je ne veux pas y penser tout simplement car cela serait catastrophique et que ne saurais absolument pas quoi faire.

« Rien de spécial, que tu es son ami et qu’il te protège » je lui réponds avec un sourire équivoque. Je ne veux pas en dire plus car j’ai toujours peur qu’il y ait des oreilles indiscrètes pour nous écouter et nous sanctionner.  Mais je ne suis pas sûre que le jeune homme comprenne mon langage corporel.

Quoi qu’il en soit il semblerait que la nature ait le même effet sur nous deux alors je le rassure quant au fait que cela ne me fait pas peur d’être seule au milieu des bois. Au contraire. Cela me renvoie souvent à mon enfance lorsque j’étais tranquille dans mon clan, avec papa et maman et mes amis. Un temps qui me semble désormais bien lointain.  Il rit lorsque je lui montre ma bombe au poivre. Je suis bien consciente que contre un vampire ou un lycan cela ne ferait pas grand-chose mais finalement ce n’est même pas eux que je crains le plus actuellement. Paradoxal n’est-ce pas ?

« La nature est apaisante » je finis par conclure avant d’ajouter en réponse à son ultime question : «  Nous sommes amis, il me protège de mes propres démons aussi. C’est une personne bien. Je l’aime beaucoup. » dis-je le regard pétillant, consciente que des amis chers, c’est toujours très important et qu’il faut savoir les garder près de soi et cultiver l’amitié. « Tu peux me faire confiance, on œuvre tous les deux pour un avenir meilleur ! » j’ajoute alors pour donner de la matière, à demi-mots, à Aidan afin qu’il comprenne qui je suis. « Tu sais, une part de mon état est dû à l’enlèvement de l’un de mes amis par le Ribcage. Il a dû y retourner car c’est un lycan. Ce n’est donc pas moi qui vais te faire du mal. » j’ajoute alors, sans plus aucune équivoque. A l’exception faite que celui que je nomme ami, dans mon cœur est assimilé à « grand amour ».  Et je retiens une larme.

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