Une rencontre au sommet ft Nell

Cela fait combien de jours ? Honnêtement même si mon cerveau se décide à les compter, j'ai décidé d'arrêter. Je commence à me sentir vide en un sens, comme si plus rien n'existait. C'est bizarre cette sensation, c'était exactement la même quand grand-père est mort et qu'il a été décidé qu'on resterait ici. Mais il y a autre chose, un sentiment d'angoisse permanent qui se superpose. Comme si les choses n'allaient pas dans le bon sens. Je déteste ces sensations, c'est comme si mon esprit voulait me dire quelque chose, mais que je n'arrivais pas à le déchiffrer. Ces derniers temps en plus, on est plutôt occupé avec ce vol de grande envergure. Je me demande bien si nos parents ont prévus de nous faire déménager cette fois-ci encore. Généralement quand on obtiens un contrat de ce genre, on finis toujours par faire nos valises sans nous retourner. Et il m'incombe de faire trois tonnes de papier pour prouver que notre départ était prévu d'avance, blablabla. Pourtant, je n'ai pas envie de partir. Il y a quelques jours de cela, j'ai pris soin de lancer une recherche sur plusieurs choses qui me paraissaient étrange et voilà qu'un résultat est tombé : Grand-père n'était pas étranger à cette ville et mes parents non plus. Je ne sais pas ce qu'ils nous cache à mon frangin et moi, mais je n'aime pas cette situation. Et je n'aime pas non plus l'idée qu'on enferme des gens dans un truc appelé Ribcage. Sérieusement, ce sont des animaux ou quoi ? On pourrait presque en avoir l'impression, c'est dérangeant. Mais il y a tellement d'autres choses qui ne vont pas.

Mon esprit divague encore et toujours, je me force à lui donner une direction. J'ai dormi toute la journée d'hier pour pouvoir marcher cette nuit. La nuit est plus calme, plus douce, plus tranquille et tous nos coups se font de nuit. J'ai eu le droit au repérage quand j'ai commence à poser des questions auxquels mes parents ne voulaient pas nous donner de réponses. J'ai poussé le vice, un peu trop loin, mon vieux s'est énervé, il m'a interdit de chercher autre chose. Sérieusement ? Tout le monde dans cette foutue famille sait que quand on m'interdit un truc, je m'empresse de le faire ! C'est ma marque de fabrique. Cependant, ils ont l'air d'avoir peur, alors pourquoi rester ici ? Toutes ces questions me torturent l'esprit et m'empêche de réfléchir correctement. Comme je dois repérer les lieux, j'ai décidé de marcher à l'aveuglette pour trouver un endroit qui me permettrait de voir un peu tout. J'ai déambuler pendant un petit moment jusqu'à découvrir cette tour. Je ne me suis pas fait priée en me dirigeant vers elle. Elle semble s'élever au dessus de tout et étrangement, j'ai besoin de cette hauteur. Je monte les escaliers sans trop me soucier du vertige. Je n'y suis pas sujette et heureusement vu les acrobaties que je dois faire pour mon boulot. Je finis par me retrouver en haut. L'air frais de la nuit fouette mon visage doucement et je me pose sur l'un des murets, les jambes dans le vide admirant le paysage.

Perdue... C'est ainsi que je me sens ces derniers temps. Entre mes parents qui ne semblent pas vouloir nous expliquer ce qu'il se passe, mon frère qui fini par se désintéresser de beaucoup de chose et prendre ses propres décisions et la rencontre avec Hayden. Je dois bien avouer que je ne sais plus comment tout gérer. J'ai l'impression de ne plus savoir qui je suis, ce que je suis. Et puis ce don cool avec les animaux, est-ce qu'il aurait un rapport avec ces aberrations et ces altérations dont on arrête pas de parler ? Honnêtement, je me demande tellement de choses que je ne sais plus où donner de la tête. Mais il y a une chose que je comprends encore moins, c'est cette impression d'être chez moi ici. C'est flippant, mais dés l'instant où mon pied s'est posé dans cette ville, j'ai eu l'impression d'être de retour à la maison. Alors ouais, je suis totalement timbrée, ça tout le monde le sait. Je divague -vague...- sans me soucier des autres autour de moi. Mon esprit est un vrai fouillis, comme si des milliers de personnes venaient et posaient des questions dans tous les sens et encore, quand je suis seule, ça va. Dés que je discute avec quelqu'un ça fuse à toute blinde. Je ne sais pas pourquoi mon esprit fait ça et je me sens de plus en plus différente sur un point fondamentale, comme si … Je laisse tomber cette réflexion, c'est la faute du vieux ça. Me hurler dessus pour une question aussi simple que pourquoi franchement, ça ne lui ressemble pas. Les voir sur les nerfs tous les deux, c'est tellement inhabituel que ça me perturbe.

Un soupire passe mes lèvres alors que je m'assois sur le rebord, le dos collé à l'un des murets, une jambe dans le vide et l'autre à plat sur le mur. Les gens pourraient presque croire que j'ai envie de me suicider si seulement il y avait quelqu'un. Mon regard se porte finalement sur le ciel qui n'est pas encore éclairé par la lumière vive du soleil, pourtant, j'entends des pas dans les escaliers. Tiens, tiens, je ne suis visiblement pas la seule qui ait envie d'une pause par ici. Je regarde la nouvelle arrivante. Vraiment jolie, si les fille c'était mon truc, je crois que je pourrais tomber amoureuse d'elle. Elle est réellement magnifique. Je la regarde un instant alors qu'elle ne m'a pas vu, d'un autre côté, je me suis coincée dans l'angle mort de l'escalier, truc de voleur. Moins on me voit, mieux je me porte. Je me contente de la détailler un instant, jusqu'à ce qu'elle se penche. « Faites gaffe, c'est quand même hyper haut. » Dit la fille qui est carrément assise dessus et à moitié dans le vide. Bon d'accord mes conseils on repassera. « Mais vous arrivez juste à temps, dans une petite vingtaine de minute, le soleil devrait se lever, ça fera de très belle photo. » Je souris doucement, à moins qu'elle bouge, elle ne peut pas me voir où je suis. Mode fantôme ouhhhhh. La politesse exigerait que je me montre, mais je n'ai pas envie de bouger. Assise ici, j'ai l'impression que je peux laisser mes pensées divaguer comme si de rien n'était et j'ai vraiment besoin de ça ces derniers temps. Et puis, ça me permet aussi de regarder la ville de haut et de faire mon repérage. D'une pierre deux coups comme qui dirait.

J’ai un mauvais pressentiment, comme si quelque chose de sombre allait arriver. Cette chose, je suis presque sûre de savoir ce que c’est : le retour au Ribcage de Blérim. Chaque jour qui passe, je me demande si je ne vais pas avoir un agent sur le pas de la porte m’annonçant la mauvaise nouvelle. Nous ne sommes pas censés aider les Aberrations, mais il a vécu des mois sous notre toit à vivre avec nous, nous aider aussi bien au ranch qu’avec les chevaux…une amitié est née entre nous, une profonde amitié. Peut-être même plus vu ce qu’il s’est passé la dernière fois. Alors je ne cesse de penser à ce jour où sa puce le trahira à nouveau.

C’est pourquoi, aujourd’hui, j’ai voulu essayé de penser à autre chose en envisageant une surprise pour mes deux plus proches amis : Risa et Blérim. Je veux de l’espoir et du positivisme ! Parce que sans eux, je serais probablement toujours au point mort et je ne vivrais pas la vie qu’il m’a été donné de vivre. C’est triste en un sens, mais d’un autre côté, cela m’a permis de faire de très belles rencontres.

En haut de cette tour qui donne une vue imprenable sur Bristol, l’air fouette mon visage et secoue mes cheveux de gauche à droite. Il ramène également un parfum assez doux et fruité. Je ne me rends pas compte, d’abord, que quelqu’un est là et m’observe, moi-même concentrée sur la scène qui se joue sous mes yeux. Un ciel oranger qui s’élève, la nuit faisant lentement place au jour, le crépuscule à l’aube. Je souris alors, un peu bêtement. Je ferme les yeux et visualise des moments passés qui m’ont plu.. quand soudain une voix retentit.

Je sursaute en jurant… » Oh merde ! Qui est là ? »

Je ne vois pas la personne à qui appartient la voix féminine que je viens d’entendre et qui m’a tellement surprise dans ma sérénité que j’ai manqué une glissade en me retournant vivement. Mais je ne la vois toujours pas. Je l’écoute me parler en essayant d’apercevoir sa silhouette.

« Oui je sais, c’est pour ça que je suis là » je réponds en montrant l’appareil photo un peu comme un appât ! Mais pas besoin je l’ai enfin trouvé dans l’obscurité de l’entrée !

« Bonjour ! Je suis Cassandra ! » dis-je alors enjouée pour me présenter. « C’est un peu dangereux comme position, non ? » je demande pas très certaine d’avoir envie de savoir. En tout cas, la jeune femme est magnifique, vraiment c’est une beauté digne d’un catalogue de lingerie fine ou d’une marque chic. Et puis elle a l’air détendue contrairement à moi. « Vous vous cachez ? » je finis donc par demander, en retournant vers le bord du mur, là où je vais pouvoir prendre de magnifiques photos. Par expérience, je sais que le temps passe vite et je ne voudrais pas louper la fenêtre pour la prise de photos, même si je parle en même temps. Après tout, c’est une réputation qui existe de par le monde : les femmes savent généralement bien faire deux choses en même temps. Et heureusement !

« J’étais loin d’imaginer qu’il y aurait quelqu’un ici si tôt le matin ! Ravie de vous rencontrer en tout cas ! » j’ajoute pour lancer la discussion. Car oui, cette parfaite inconnue me donne l’occasion de me surpasser en prenant moi-même contact avec quelqu’un que je ne connais pas. Dépasser mes limites pour un jour être fière de la nouvelle Cassy que je serai.

Assise sur le muret, mon regard se perd dans le ciel étoilé au dessus de moi. Je me demande depuis combien de temps je n'ai plus fait ça ? Regarder le ciel comme s'il n'existait rien de plus beau et en cet instant c'est le cas. J'aimerais tellement me défaire de tout ce qui se passe dans ma tête, dans ma famille, à Bristol. Avec la famille, on fait gaffe, le fait d'être confiné ici nous empêche de nous enfuir si jamais cela devenait craignos. Alors les contrats sont effectués avec minuties et expertise. Le souci c'est qu'on en prend pas énormément, non seulement parce que mon frère fait cavalier seul ces derniers temps, mais en plus parce que mes vieux se retrouvent totalement angoissé pour quelque chose que je ne comprends pas. Sans compter le fait que j'ai l'impression d'être à ma place ici, comme si autre part, ça n'aurait pas été le cas. Je ne comprends pas en fait, il y a tellement de chose dans cette petite tête que si tout continue comme ça, j'ai l'impression qu'elle va exploser. Je me secoue doucement alors que j'entends une personne arriver. Posté derrière l'entrée, dans l'obscurité, elle ne peut pas encore me voir, mais je la vois. Je souris doucement lorsqu'elle se penche et je ne peux m'empêcher de la mettre en garde, manquant le fait que ça aurait très bien pu être de ma faute si elle s'était retrouvé en bas. Je grimace un instant. « Personne, juste une petite voix, comme pour Pinocchio. » Un léger sourire orne mes lèvres, je ne ferais pas un bon effet en tant que conscience, avec tout ce qu'il se passe dans ma tête, ce serait problématique pour la personne qui m'aurait sur le dos.

Je secoue de nouveau la tête et lui parle finalement du coucher de soleil. Je souris alors qu'elle ne m'a toujours pas vu. « Vous avez bien anticipé, j'espère que vous pourrez faire plusieurs photo, le lever de soleil d'ici est réellement magnifique. » Et je l'avais expérimenté de nombreuses heures en vérité. Il m'arrive souvent de me retrouver ici pour penser, pour éviter de penser aussi. Bien évidemment comme c'est super facile, je vous raconte à quel point ça m'aide hein... On va dire que pas du tout est une réponse logique, mais au moins, j'adore être ici, c'est déjà une bonne chose. Et voilà que mon esprit repart sur les chapeaux de roues alors qu'elle me donne son prénom. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle reprends tranquillement la parole. Ah ça y est elle m'a repéré. Il faut dire que je ne lui ai pas réellement facilité la tâche. « Dangereux ? Non pas vraiment. Je suis une maîtresse de l'équilibre. » Un léger rire pour lui montrer que c'est une blague... Ou pas en fait, mais elle n'est pas obligé de savoir. « Quand on est détendu, rien n'est plus simple que de se poser ici. Et puis si je me mettais autre part, je ne pourrais pas voir autant de chose, ce serait dommage. » Ma voix est mélodieuse, mais surtout mystérieuse, et c'est peut-être pour cela qu'elle me pose sa question suivante. « Se cacher est un terme enfantin. Disons que je fais en sorte qu'on me remarque moins et que je puisse voir tout. » Tout ça fait un brin prédateur quand même, je devrais éviter de ce genre de remarque qui fait flipper.

Je finis par me poser sur la terre ferme, délaissant le muret pour me diriger vers la jeune femme. Ma démarche est féline et son se rend compte qu'en fait, je ne mentais pas pour ce qui est de l'équilibre. Ma souplesse est un fait, je ne suis jamais arrivé à le cacher. Peut-être est-ce les entraînements, ou alors est-ce à cause du métier que je fais discrètement, ou alors dû à ma petite taille. Après tout, personne ne pourrait montrer de la force brute avec un mètre soixante de haut non ? Autant montrer de l'agilité. Je me demande cependant ce qu'elle fait ici. Elle m'a montré son appareil photo, mais j'ai l'impression que ce n'est pas tout. Je m'approche tranquillement, espérant ne pas lui faire peur avec ma façon d'avancer, prudente et curieuse à la fois. Sa phrase m'arrache un autre sourire. C'est pour cela que je me méfie. Il n'y a personne à cette heure-là d'origine. Pourtant, sans être empathe, je me rends compte qu'elle n'a rien de méchant et que je pourrais peut-être lui faire confiance. Bien évidemment pas sur tout, mais au moins sur la préméditation de cette rencontre. Voilà que je deviens comme les vieux et que je me méfie de tout. Depuis quand bordel ? Entre mon frangin qui déteint sur moi et m'a presque fait sauter sur Hayden et voilà que maintenant je me méfie de la moindre personne qui fait quelque chose d'inhabituel. Ce n'est pourtant pas comme si je n'avais pas l'habitude de ça. L'inhabituel c'est un peu ce qui m'arrive tout le temps.

Le temps d'arriver non loin d'elle, j'ai récupéré l'usage de mon cerveau et surtout j'ai mis de côté l'inquiétude des vieux qui déteint sur moi. Sérieux, ça va pas le faire. « Il n'y a personne d'origine. Je m'applique à y venir plusieurs fois par semaines. » Pas parce que je n'ai à faire hein, soyons correct. J'ai plein de truc à faire comme... comme... Okay je vais pas précisé ce que j'ai à faire, mais voilà, je le fais... ça dérape de nouveau, je le sens, ça crains. « Je viens souvent ici pour réfléchir. Tout est tellement calme et puis le ciel est si lumineux quand il ne fait pas gris. On peut voir de nombreuses choses. Je crois que les fous d'astronomie serait ravie de venir ici, je me demande d'ailleurs pourquoi je ne les vois jamais. » Peut-être parce qu'ils viennent le soir et pas le matin cruchote. Oh ça va hein, c'est bon ! Et voilà que je recommence. Je finis reprendre la parole ne laissant pas à mon cerveau le temps de repartir dans des circonvolutions débiles. « Vous faites un album de lever de soleil ? Ou vous avez autre chose en tête ? » Moi je fais un repérage vu des airs pour un casse si vous voulez savoir. Bah oui Nell, belle entrée en matière. Tiens d'ailleurs... « Oh euh, je ne me suis pas présentée, je m'appelle Nell. » Un léger sourire et je me pose épaule contre le muret mon regard tourné de nouveau vers le ciel avant que celui-ci ne s'éclaircisse de trop. J'ai toujours adoré les étoiles, ouais, j'aime la nuit et les étoiles.

Je rigole lorsque la personne qui me parle évoque une petite voix comme dans un dessin animé Disney.  Je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle cela me fait rire mais c’est le cas et c’est bon. Cela fait quelques jours que l’angoisse a pris le pas sur la joie de vivre. Malheureusement j’ai l’impression que l’alternance de ces deux émotions est inévitable chez moi. Enfin, si je suis ici aujourd’hui et à cette heure c ‘est pour ramener un peu de légèreté dans cet avenir bien sombre qui se profile depuis quelques semaines.   Je souris donc à la demoiselle qui vient  de parler même si je ne l’ai pas encore repérée. Au moins, elle est avenante et elle me donne envie de sourire également. C’est un bon début non ?

« C’est ce que je me suis dit quand je cherchais un endroit pour avoir un beau panorama avec le lever de soleil. Et puis je dois bien avouer que je voulais aussi un endroit calme qui ne serait pas bondé de monde, un peu hors du temps, hors de la vie de la ville. Et ici, cette tour me semblait réunir tous les critères. »

Et pour le moment elle était dans le cadre de mes espérances. Restait à voir ce pourquoi j’étais venue et saisir l’instant.  Et quand enfin je la repère, je ne peux m’empêcher d’essayer de la photographier. Il faut dire que la position qu’elle a et surtout la hauteur à laquelle elle se trouve son impressionnante. Aussi je la crois lorsqu’elle me dit être une maîtresse de l’équilibre car même moi, malgré ma souplesse je ne m’aventurerai pas dans un tel lieu.  Je note tout de même que sa voix et sa place donnent l’impression qu’elle souhaite se cacher. De quoi ? Aucune idée ! En tout cas, lorsque l’on essaye de fuir des sentiments cela ne fonctionne pas vraiment. C’est ce que j’ai essayé de faire ces derniers jours pour me protéger, mais il n’y a rien à faire. Enfin …

La demoiselle finit par sauter à Terre et me rejoindre. Je suis admirative de sa démarche féline. Elle a le pas si léger qu’elle pourrait passer inaperçue.  Elle possède une douceur sur le visage qui donne presqu’envie de la materner, de la câliner.  Elle a également ce petit brin de malice dans le regard qui m’inspire confiance. Il est rare, pourtant, que je ne doute pas au premier regard. Cela dit un doute à la première rencontre ne scelle pas le destin de la relation entre deux personnes. La preuve en est avec Blérim. J’ai eu peur de lui j’ai douté de lui, malgré tout je me sentais en sécurité quand il était là et à partir de cette analyse j’ai commencé à essayer de lui faire confiance, puis on a fini par coucher ensemble. C’est dire si notre relation a bien évolué !

Et je pense que même si notre discussion s’arrête aujourd’hui au départ de l’une ou de l’autre sans plus d’échanges, je la reverrai avec plaisir. Cette fille sait assurément me faire rire. La preuve elle en rajoute une couche avec les férus d’astronomie. «  Ils viennent surement le soir quand la nuit vient de tomber et restent jusque vers 2h voire 3h du matin… Mais cela me donne envie de venir observer les toiles. Elles nous en apprennent parfois beaucoup sur nous-même. » j’ajoute. Les indiens utilisent beaucoup la lecture des étoiles pour se repérer dans le temps notamment.  Poppy m’a appris à les observer comme moyen de méditation et d’introspection.  Il a mis de la beauté aussi dans l’observation des étoiles en attribuant une à chacun de mes proches partis dans l’incendie de Reversa.

« Hum je souhaite faire un cadeau à deux de mes proches amis pour les remercier de leur soutien et de leur présence sans faille. » J’ai un petit sourire qui naît en songeant à Risa et Blérim. « J’aimerais leur faire un montage photo même si j’ai aucune idée de comment m’y prendre. Je m’atèle déjà à réunir les éléments. »

Je dois bien avouer que je n’ai aucune compétence particulière en informatique et que je ne suis pas du tout sûre du rendu final mais bon qui ne tente rien n’a rien. « Oh ce n'est pas grave ! Enchantée ! Et du coup vous êtes là pour réfléchir Nell ou pour autre chose ? »

Je vois une lueur au loin pointer le bout de son nez, aussi j’enlève le cache de l’objectif de l’appareil photo et je commence à prendre mes repères pour viser au mieux. « Dites, je pourrai vous prendre en photo près du lever de soleil ? » je demande finalement à Nell. «  Je pense que vous devez être extrêmement photogénique. Evidemment je vous donnerai la photo une fois développée. » Si elle voulait découvrir des choses sur moi, elle sait désormais que j’aime beaucoup la photo.

Mon regard se porte sur la jeune femme qui a eu la même idée que moi aujourd'hui. J'avoue que mon attention pour ce lieu n'est pas désintéressé aujourd'hui, alors que d'origine, je suis du genre à venir ici pour réfléchir, ou alors m'éloigner de ma famille qui agit un peu trop étrangement ces derniers temps. Il y a tellement de choses auxquelles je devrais penser, auxquelles je pense et auxquelles je ne devrais pas penser. Tellement de choses... Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que j'écoute patiemment sa réponses à ma phrase. Un sourire étire mes lèvres. Elle est différente des gens que je côtoie tous les jours. Je peux presque entendre un sourire dans sa voix. Son corps n'est pas tendu prêt à m'attaquer au moindre problème. Et la douceur qui caractérise ses traits coule vers moi doucement comme si elle voulait m'enlacer et chasser toute cette mélancolie qui me caractérise. « Effectivement, elle semble réunir tous vos critères. » Je finis par m'approcher d'elle. Parce que d'une, ce n'est pas très polie de rester dans l'ombre alors que moi je la vois. Et de deux, parce qu'elle m'intrigue. Il est rare que les gens m'intrigue. J'ai vu tellement de chose depuis ma plus petite enfance. En tant que voleuse on m'a formé pour détecter les mensonges et autres, plus facile pour distinguer ceux qui veulent vous entuber. Mais la gentillesse pur est quelque chose qui me dépasse un peu. Comment peut-on encore trouver des gens réellement gentil dans ce monde où tout se monnaye ? C'est cela qui m'intrigue.

Je ne peux m'empêcher cependant de faire un trait d'humour sur les férus d'astronomie. Ceux-là, je les comprends encore moins, enfin peut-être que j'évite de les comprendre, ou que je ne tente pas de les comprendre ? Probablement tout ça à la fois et bien plus encore honnêtement. Comment comprendre quelqu'un qui ne parle que d'étoile, même quand le jour se fait. "Hého, les étoiles sont partis, tu peux toi aussi la mettre en veilleuse" J'imagine que ça la foutrait mal hein ? Ouais, j'imagine bien. « J'imagine. Après, ils viennent quand ils veulent. Je ne suis cependant pas certaine d'en apprendre plus sur moi ou sur elle, car mis à part le fait qu'elle brille, c'est tout ce que je vois. » Nouvelle pointe d'humour, j'espère qu'elle ne le prendra pas mal, mais je n'ai pas l'âme d'une philosophe. Trop terre-à-terre, trop scientifique. C'est ce que me dit souvent mon frangin qui lui est constamment dans la lune. Peut-être que lui devrait aller s'occuper des étoiles, ce serait plus efficace... Je secoue la tête et reprend la parole, me montrant alors curieuse. « Oh c'est une jolie attention. » Je souris doucement. Personnellement, je n'ai pas d'ami. Des connaissances oui. Mais j'évite de m'attacher trop fermement aux gens. S'ils apprenaient qui je suis, je ne suis pas certaine qu'ils apprécieraient réellement ce que je fais pour gagner ma vie. Après tout est relatif hein quand on voit le bordel dans cette ville, j'ai l'impression d'être dans la norme.

« Eh bien, disons que j'ai souvent besoin de réfléchir. Mais aujourd'hui, je venais aussi pour la détente. C'est tendu entre ma famille et moi ces derniers temps. » Probablement parce que je demande des réponses à des questions auxquelles ils ne veulent pas répondre et que ça me met les nerfs à vif. On m'a interdit de chercher, mais que fait Nell quand on l'interdit de faire quoi que ce soit ? Eh bien elle le fait quand même ! Dix euros à l'heureux gagnant qui a donné la réponse exacte. J'y peux rien, on m'a élevé en me faisant mépriser les règles d'origine et si d'habitude j'écoute ma famille, il y a quelque chose d'étrange depuis qu'on est arrivé ici qui me dit que si je veux des réponses, je vais devoir les chercher moi-même. J'ai bien tenté de soudoyer mon frère, mais à croire qu'il a perdu ses couilles depuis qu'il a trouvé un harem à séduire... En fait ça doit faire sacrément mal, j'imagine même pas si on venait à tenté de m'arracher les seins. Oula... ça y est je divague encore... Non la blague a déjà été faite et elle était déjà pourris. Je me réveille quand la jeune femme parle de me prendre en photo. « Euh, désolé mais je vais devoir décliné. Je n'aime pas trop être prise en photo. Sauf si vous me prenez de dos, dans ce cas-là je ne dirais rien. Mais... » Je la regarde doucement et reprend tranquillement.

« Quand j'étais jeune, un type qui disait m'aimer m'a prise en photo et a l'a retouché. Il l'a envoyé comme si j'étais nue. Depuis je me méfie. Pas que vous allez faire la même chose, mais je préfère éviter quand même. » Et même si ce n'est pas seulement pour ça, c'est une des raisons. Je me souviens encore des quolibets et des regards salaces que j'ai reçu en arrivant au collège un matin. Le vieux a été furieux contre moi. Personne n'était censé voir nos images. C'est à partir de ce moment-là qu'il nous a retiré de l'école et nous a fait l'école à la maison. Je crois que mon frère m'en veut depuis ce temps-là, mais lui, toutes ses petites-amies prenaient des photos de lui... Pfff à croire le vieux imagine que je suis plus facile à manipuler que le frangin... En fait ça craint ! Je peux cependant comprendre en ce qui concerne notre boulot, ce serait vraiment mal avisé de laisser une possibilité de nous reconnaître. « Par contre, je peux vous aider pour le montage photo. » Je souris doucement. « Enfin je ne suis pas photographe, mais informaticienne, donc je pourrais vous aider à concocter votre petit truc pour vos amis. Je suis certaine qu'ils vont apprécier votre geste. » Ce serait dommage que ses amis n'apprécient pas quand même. « Personnellement je ne fais pas de photo, mais j'aime bien créer de mes mains. Je faisais toujours plein de petit truc à mon grand-père. Il adorait ça. » Un léger sourire triste se pose sur mes lèvres. Il me manque tellement celui-là. Il m'apprenait tellement de chose que j'ai l'impression d'être seule maintenant. Moment nostalgie, merci !

Nous parlons de cette Tour comme d’un lieu sacré. C’est assez étonnant alors que je ne la connaissais pas quelques jours avant. J’ai fait des recherches pour atterrir ici, pour avoir le meilleur angle de vue possible pour un lever de soleil sur Bristol. Tout simplement parce que je veux faire mon montage photo pour celui que j’aime et celle qui est comme une sœur pour moi. Sans eux, je ne serais actuellement pas grand-chose. Et il faut dire que je ne suis pas déçue car le lieu semble réunir tous les critères recherchés.

Au fil de la discussion, la jeune femme s’approche de moi et sort de l’ombre. Je dois dire qu’elle est magnifique et que j’imagine beaucoup une photo d’elle dans le lever du soleil. Surtout avec ses longs cheveux roux. Enfin, je lui souris alors qu’elle acquiesce sur la convenance du lieu. Puis la conversation dérive vers les férus d’astronomie. J’aurais pu en être une. Je connais quelques constellations, quelques étoiles et quelques légendes amérindiennes, c’est tout. Je n’ai jamais développé mes connaissances dans ce domaine. Cela dit la réflexion de Nell me fait doucement rire. « Clairement vous n’êtes pas fan d’astronomie ! » je déclare avec le sourire. Et elle a tout à fait le droit. Alors je finis par lui répondre sur les raisons de ma présence. C’est beaucoup moins amusant mais très sincère. Et je la remercie d’un signe de tête pour ses mots qui me touchent et me rassure. Une jolie attention, c’est ce que j’espère leur offrir à défaut de faire quelque chose de magnifique de par mes lacunes en graphisme. Mais peut être que d’ici là je trouverai quelqu’un qui saura m’aider sur ce point de détail. Pour le moment, je renvoie la balle à Nell. Cette fille à quelque chose d’aérien dans sa manière d’être. Le pas lger, l’allure féline, le regard attentif et circulaire… je pense qu’elle a le souci du détail et qu’on ne peut pas facilement la surprendre. Elle est intrigante je dois bien l’avouer.

« Oh rien de grave ? » Mais je peux comprendre ça. Personnellement je n’ai plus de famille à proprement parler mais celle que j’ai gagné dans mon malheur est toute aussi parfaite que ma famille biologique. Alors j’essaye de ne pas ressasser le passé et d’avancer. C’est ce que je fais à grands pas ces derniers temps d’ailleurs. La preuve, je suis là, en dehors du ranch, en train de parler à une parfaite inconnue et mon cœur ne bat pas la chamade. Quelque part je suis vraiment fière des progrès effectués. Et en parlant d’avancer, j’ose même demander des services aux gens désormais. Comme cette photo qui me fait de l’œil depuis que je l’ai en face de moi. « Oh de dos ce serait parfait, en fait c’est votre cascade de cheveux sur votre silhouette féline qui a attiré mon attention. Sur un lever de soleil cela doit être magnifique. Et il y a l’avantage qu’on ne vous reconnaîtra pas. Vous serez l’inconnue de la Tour. » Je souris avec une énergie qui m’a un peu échappée ces derniers temps. « Mais je comprends tout à fait au vue de ce que vous me raconter, votre méfiance. Il y a vraiment des pervers de partout. Vous savez, pour ma part je suis phobique du toucher et agoraphobe à cause de tarés notamment, or je suis là et je vous parle avec aisance en plus, donc je ne peux que comprendre l’effet que ça fait et votre refus. »

Entendre ce genre de récit ou encore apprendre que des jeunes femmes ont été violées dans les faits divers ou tout autre crime d’ailleurs me touche au plus profond car quelque part, voir toute cette horreur brise un peu de l’espoir que j’ai en la race humaine et non humaine d’ailleurs. J’ai envie de croire qu’il y a du bon en chacun de nous, tout comme je laisse toujours une seconde chance même quand on a fait du mal, mais il y a des gens qui sont condamnables dès le début… je le reconnais.

« C’est vrai ? Vous feriez ça pour moi ? » je demande avec de grands yeux ronds surpris par cette proposition. « Ce serait tellement génial ! C’est amusant, il fallait que je tombe sur une informaticienne alors que je me disais justement qu’il faudrait que je trouve quelqu’un doué en graphisme pour m’aider. » Je souris de bon cœur cette fois et en profite pour attacher mes cheveux. Une légère brise se lève et les fait voltiger dans tous les sens. Ce serait tout de même dommage d’en voir un en plein milieu d’une magnifique photo non ? « Oh c’est génial ça ! je ne suis pas très manuelle. J’aurais bien aimé leur fabriqué un bracelet ou quelque chose de ce style malheureusement je n’ai aucune imagination pour ce genre d’attention. Même pour les photos j’ai trouvé l’idée par hasard. C’est triste… » Oui parce que du coup je loupe pleins d’occasions d’offrir des cadeaux faits mains. « Mais peut être que vous auriez une idée à me suggérer pour leur offrir un petit cadeau ? L’une est ma meilleure amie, c’est une vraie sœur pour moi et l’autre c’est l’homme dont je suis tombée amoureuse . » dis-je finalement avec un sourire triste.

C'est calme ici. L'air ambiant est largement plus respirable que là-bas, enfin j'en ai l'impression. Ces derniers temps, c'est comme si j'étais oppressée. Je ne sais pas si c'est bien compréhensible, mais voyez, c'est comme quand on veut retirer les pépins d'un melon. Pourquoi le melon ? Parce que j'adore ça ! Enfin bref c'est pas le sujet. Si vous voulez enlever les pépins, faut l'ouvrir en deux et les retirer tranquillement, ça évite d'abîmer le melon et manger vraiment du melon au lieu de la purée de melon. Ahem ! Ma tête à moi, c'est un melon, qu'on a pas coupé en deux, mais dont on essaye d'enlever quand même les pépins. Vous comprenez maintenant ? Okay c'est pas grave on passe à la suite. Quoi ? Pas de suite ? Pas de comparaison foir... Quoi, foireuses c'est un peu fort de café quand même hein ! Okay on se recentre, tout va bien. Je reviens dans la conversation quand elle déclare que je ne suis pas fan d'astronomie, un léger sourire se pose sur mes lèvres. « Ce n'est pas que je ne suis pas fan. Les étoiles pour moi sont pareil à mille gemmes scintillantes. Je n'ai pas envie d'en savoir plus sur elle, je veux juste qu'on me laisse la possibilité de rêver et d'imaginer ce que je veux sur elle. » Un nouveau sourire. « Les astronome sont trop terre à terre. Ils ne voient jamais qu'au delà du scientifique et je trouve ça dommage. » J'ai envie de rêver, envie de redevenir cette petite fille pour qui tout est possible. J'ai encore envie d'être dans ces moments où j'avais l'impression d'être importante pour quelqu'un. Ou encore de ces moments où je pouvais tout inventé ou tout vivre. Ouais, j'ai encore envie de ça.

Mais ce n'est pas possible la réalité rattrape tout, tout le temps. Personne ne sait arrêter le temps malheureusement. C'est bien triste, par moment, j'aimerais pouvoir m'arrêter sur un moment et en profiter au maximum. Mais il ne faut pas rêver, ce n'est pas comme ça que le monde marche et c'est bien pour ça que ma famille et moi, ces derniers temps. On est en désaccord. « Non, rien de grave. On s'éloigne juste un peu les uns des autres, ça s'arrangera. » Je lui fais un sourire rassurant, mais dans ma tête, rien n'est moins certains. Mes parents sont tellement occupé à je ne sais quoi, qu'ils nous oublient. Mon frère vis sa vie sans se soucier le moins du monde de ce qu'il se passe, et moi... Moi j'aimerais des réponses et je n'en ai pas. J'ai commencé à chercher, mais c'est comme pour Hayden. Les pistes semblent se tarir au fur et à mesure que je fouille et je n'aime pas ça. J'ai l'impression qu'on me cache quelque chose de gigantesque et ça me mine sérieusement le moral. Ils ont de la chance que je sois professionnelle, mais il n'empêche que mon besoin de satisfaire ma curiosité devient pressant. On fini par détourner la conversation sur une photo de moi. Je finis par lui expliquer pourquoi je n'ai pas envie de finir le visage sur une photo et sa réponse me surprend un instant. Une silhouette féline ? L'inconnue de la tour. « C'est étrangement amusant. » Je souris avec douceur et commence à grimper sur un des murets, non loin du coucher de soleil, mais dans le bon angle pour qu'on ne voit pas mon visage. Le vent joue doucement avec mes cheveux, les balançant à un rythme régulier.

« Merci de comprendre. D'autre ne le ferait pas. Ils en viendraient à dire que ce n'était pas si grave, juste une histoire d'adolescent. Juste une envie d'ennuyer quelqu'un. Je ne crois pas que ce soit ça. Je crois qu'il y avait réellement matière à faire mal. Dommage pour eux, je suis plus solide qu'ils ne l'étaient. » Bien évidemment en tant que génie de l'informatique, je ne m'étais pas gêné pour démonter sa photo en tant que le hackeur Keys. Démontrant par quel procédé débile il avait crée cette image de toute pièce. J'avais même fait circuler de plein photo de lui torse nu, les vrais photos non retoucher, celle où on voyait nettement qu'il n'avait rien de l'athlète qu'il voulait bien montrer. Cruel hein ! Peut-être, mais à cause de lui, j'étais interdite d'école et ça, pour quelqu'un comment moi dont l'amour de l'apprentissage était aussi élevé, c'était inacceptable. Aujourd'hui, je me dis que je n'aurais pas dû montrer mon talent en tant que hackeur, mais à l'époque, je n'étais qu'une gamine et j'avais besoin de me venger. « Comme ça c'est bon ? » Je m'étais bien installé comme tout à l'heure, mais de façon à ce que le vent pousse mes cheveux vers l'avant et cache mon visage. Un jeu de miroir en somme. Un léger sourire j'attendis qu'elle prenne sa photo et une fois redescendu sans dommage, je lui proposais mes services d'informaticienne. « Bien sur, c'est mon boulot d'informaticienne de faire ce genre de chose. Et puis pour une fois, ce n'est pas barbant, c'est quelque chose d'amusant. Je ne vais pas manquer ça. » Petite maline hein ?

Eh ouais qu'est-ce que vous vous imaginez, c'est qu'il y en a là-dedans. C'est pas parce que je suis petite que le cerveau est vide non mais, je vous venir ! Et je ne suis pas blonde... Enfin... Non, je suis rousse là ! « Non ce n'est pas triste, ça viendra au fur et à mesure. Vous savez on peut devenir manuel du jour au lendemain, il suffit de se donner les moyens. Bon d'accord au départ ce n'est pas toujours flagrant qu'on a du talent, mais d'autre fois, on finit par se surprendre. » Je m'étais surprise plus d'une fois et en bien autant qu'en mal en fait en y repensant. Je secoue la tête en me souvenant de mon passage sculpture, franchement quoi qu'il se passait, ne me demandait jamais de façonner de l'argile ou autre. Une quiche serait plus douée que moi. « Humm pour l'homme, je lui créerais bien un bracelet de cuir particulier. Le cuir symbolise la force, la longévité, le fait d'en faire des bracelets qui peuvent se fermer, boucler la boucle en quelque sorte crée le lien d'attachement. Vous pourrez y attacher d'autre petite chose, comme un métal, par exemple le cuivre qui symbolise la douceur, ajouter à cela une plante et le bracelet est unique et démontre beaucoup de chose. » Je souris doucement. J'en avais créer un pour mon frère, un bracelet qui signifiait que je serais toujours là pour lui, il ne l'avait jamais quitté. Je me demande s'il le met encore aujourd'hui. « Pour votre meilleure amie, disons que tout dépend ce qu'elle aime. »

Je comprends tout à fait le point de vue de Nell concernant les étoiles et c’est justement pour cette raison que j’aime les observer et que j’aime également les histoires amérindiennes. C’est l’espoir qu’elles donnent qui me plaît particulièrement. Mais c’est aussi pour cette raison que je disais qu’on apprend à se connaître en observant les étoiles. Dans le sens où elles nous amènent généralement à réfléchir sur la vie telle que nous la connaissons et le futur tel que nous l’imaginons.  « Je suis d’accord avec vous. Personnellement, je trouve que les étoiles nous amènent à nous repositionner au sein de l’univers et donc à réfléchir sur nous-mêmes. Mais c’est pour leur pouvoir sur l’imaginaire que je les apprécie. Je ne connais rien à la science des étoiles. » j’ajoute en souriant pour lui expliquer plus clairement que j’ai rien de l’astronome typique.  « Vous avez l’air d’être une rêveuse comme moi » je conclus. C’est vrai elle a l’air d’avoir autant la tête en l’air que moi et d’avoir autant d’espoir. Je me sens moins seule soudain.

Au final, je n’ai jamais été vraiment seule. Peut-être quelques jours. Car j’ai des gens merveilleux qui m’entourent mais si le Grand Incendie m’a bien appris quelque chose c’est que l’on peut se retrouver seul du jour au lendemain sans même avoir eu l’occasion de dire au revoir aux êtres aimés.  C’est pourquoi … « J’espère que tout va s’arranger. S’il y a bien une chose que l’incendie m’a appris c’est qu’il faut vivre chaque instant avec les gens qu’on aime comme si c’était le dernier et même si c’est parfois très compliqué car on peut nous les enlever du jour au lendemain sans même avoir la chance de réparer les erreurs ou de dire une dernière fois qu’on les aime. »  Je sais cette tirade est d’un tragique… mais également d’une réalité qu’on ne peut réfuter.

D’ailleurs à force de parler de famille ainsi que de la raison de notre présence ici, j’ai eu cette vision, la photographie parfaite de Nell. Je ne suis pas une experte en photo mais j’aime beaucoup apprendre à jouer avec les ombres et les lumières, avec les formes et les textures.  Et cette photo au fond, elle pourrait très bien convenir dans une maison familiale et chaleureuse. Car à mon humble avis, elle exprimera une certaine paix mais aussi le parfait mystère qui émane de cette personne. Un mystère attractif. Deux choses qui au fond ont tout à fait leur place dans une maison, dans une famille car nous avons tous des mystères qui nous entourent, des secrets plus précisément, malgré tout la famille nous rappelle ce cocon dans lequel on se sent bien, on se sent libre et non jugé. Oui je sais je pars un peu loin parfois, mais c’est moi et je ne changerai pour rien au monde !

Enfin, tout ça pour dire que je suis contente de voir qu’elle me fait confiance alors qu’elle-même me remercie pour ma compréhension. La vie est ainsi faite. Nous devrions tous être tolérants, altruiste, compréhensif. C’est ce qui fait que le monde pourrait être bien meilleur et que les gens différents de nous pourraient être acceptés comme ils le devraient. Sans jugement de race, de couleur, de force ou autre.

« Quand bien même qui sommes-nous pour juger l’effet d’une situation sur quelqu’un ?  Un jeu pour certains peut être une torture pour d’autres. C’est normal je pense que d’être compréhensive à votre égard ; Nous devrions tous l’être envers autrui et surtout apprendre à ne pas juger ce que l’on ne connaît pas. » Je souris tout en l’observant grimper avec appréhension. Je ne sais pas pourquoi mais ça ne me rassure pas de la voir perchée de la sorte ! « Parfait ! » et comme pour lier la parole au geste je prends la photo. Et même plusieurs pour être sûre d’en avoir au moins une parfaite ! « C’est bon merci ! » et lorsqu’elle redescend nous enchaînons la discussion. Je lui montrerai la photo à la lumière du jour, il fait encore trop sombre pour bien voir.

Pendant que je prends les photos du lever de soleil, je la remercie vivement pour l’aide qu’elle me propose. Une informaticienne c’est vraiment une aubaine dans ma situation. Et puis si en plus elle est manuelle c’est parfait ! Elle saura me donner des idées. D’ailleurs je ne m’arrête pas à ce simple échange et lui demande des idées concrètes pour Risa et Blérim. J’entends bien ces idées, cependant l’utilisation de cuir n’est pas du tout dans mes principes alors : « L’idée du bracelet me plaît énormément mais est-il possible de modifier le cuir pour un autre matériau ? » En tout cas elle me donne des idées car je connais aussi des plantes qui pourraient ajouter du cachet au bijou juste parce qu’elles sont réputées pour apporter la fortune ou encore repousser les mauvais esprits. « Pour Risa, je sais parfaitement ce que je vais lui offrir et grâce à vous je vous remercie énormément ! » En me parlant de plantes, elle avait fait germer l’idée. J’allais fabriquer le signe infini avec des couronnes de plantes pour Risa.

Mais ma curiosité me pique un peu plus et j’ose alors aller plus loin dans mes questions. «  Et vous, avez-vous quelqu’un avec qui vous partagez votre vie ? » Si elle ne veut pas répondre, elle sait désormais que je suis quelqu’un de conciliante. Mais ce genre de détail m’évoque beaucoup de chose et me redonne espoir. C’est peut être très étrange mais savoir que les gens ne sont pas seuls me donne du baume au cœur, surtout depuis que j’ai décidé de me lancer dans le vrai monde et de partir à la rencontre d’autres âmes.

On a pas la même vision des faits, mais après, je sais parfaitement qu'on ne peut pas être pareille, ce serait trop étrange de toute façon. Au fond, ça ne me dérange pas de voir les choses d'une façon différentes. Elle pense que les étoiles nous amènent à nous repositionner, je pense qu'elles nous servent d'échappatoire, d'un moyen de nous plonger dans quelque chose de différent que ce que notre quotidien nous permet. Après nous sommes d'accord sur l'imaginaire, j'ai toujours l'impression d'être plus moi-même sous les étoiles, comme si mon esprit cessait de partir à droite et à gauche et qu'il arrivait pour une fois à se concentrer sur autre chose que tout ce qu'il se passe autour et tout ce qui pourrait passer. Un sourire naît sur mon visage quand je l'entends reprendre la parole. « Les rêves sont une réalités dans laquelle tout est possible et tout est imaginable et réalisable. C'est pour cela qu'il est aussi facile de s'y promener et de s'y perdre. » Un léger sourire, oui, j'ai tendance à me perdre, dans mes pensées surtout, comme si nous étions plusieurs dans cette tête qui est la mienne. Je n'ai rien d'une schizophrène que ce soit clair, j'ai juste tellement de chose dans la tête, que parfois faire le tri reviens à plonger tête baissé dans un océan plein de banc de poisson et de ne pas voir à travers... Ouais l'imagine est pourris, mais je ne suis pas très douée pour les images et le reste hein, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a et si ça ne vous plaît pas, c'est du pareille au même.

Okay, voilà que je m'engueule de nouveau avec moi-même, ça commence à devenir une habitude. Je me demande si les génie ont tous ce genre de problème... Je devrais rester devant mes ordinateurs et gérer ça uniquement, ça permettrait à mon cerveau d'arrêter de divaguer et de penser à trois mille choses en même temps. Sauf que je ne pourrais pas rester tout le temps devant le pc, je me connais. J'ai besoin d'air, de la nature, c'est comme c'était une obligation, il faut que je sorte. Bah de toute façon j'ai toujours mon parcours d'entraînement dans le jardin pour me permettre de me défouler et de m'entraîner bien évidemment. Merci de la précision, on repassera hein !! La discussion part totalement sur autre chose. Je hausse un sourcil quand elle évoque un incendie. « L'incendie ? » Je ne peux pas m'empêcher de poser la question. « Désolé, je ne suis pas d'ici, je ne suis pas au courant de tout. Je... » Je me tais parce que je me sens con. Je finis par passer à autre chose, ma famille, au moins, je la connais. « Oh vous savez, dans ma famille c'est toujours comme ça. Parfois on se prend la tête pour un truc, ensuite on se parle moins durant un temps et finalement on se retrouve comme des couillons. » Surtout quand il s'agit d'affaire de vol en fait. Au fond, on est assez disparate surtout depuis que le frangin et moi on est adulte en fait. Chacun fait sa vie de son côté, sauf quand on a un contrat. Ce qui arrive moins souvent ces derniers temps parce que les vieux font d'autres trucs qui leur prennent énormément de temps. En y repensant, je n'ai toujours pas trouvé d'indice sur le pourquoi du comment on a fini par atterrir ici.

Mes pensées filent directement vers tous les indices que j'ai à ma disposition tout ce que mes vieux ont laissés filtré comme infos. Il va falloir que je fasse quelque chose, si j'utilise cette algorithme, couplé à celui-là ça devrait donner quelque chose d'intéressant qui pourrait me permettre de... Je m'arrête alors que la conversation continue et qu'elle me propose une photo. Aussi mon esprit met une alarme danger que je ne peux ignorer et je finis par lui dire ce qu'il en est et la remercie pour sa compréhension. Ses paroles m'étonnent, beaucoup m'ont trouvés ridicule quand je me suis mise à m'énerver pour ça. « Je ne sais pas, mais je me souviens clairement que certains m'ont dit que j'abusais, que ce n'était rien, juste un jeu d'enfant. » Je me souviens très clairement d'un autre jeu d'enfant quand nous avons déménager et de cette jeune fille qui a finit par sauter d'un toit pour éviter qu'une vidéo d'elle ne soit diffusé. Est-ce aussi un jeu que de condamné quelqu'un de la sorte ? Je ne pourrais imaginé la terreur qu'elle a dû ressentir. Je secoue la tête un instant, pensant à autre chose. Dit donc mon cerveau partait plus dans tous les sens avec Hayden, comme s'il avait tendance à alimenter ce petit côté hyperactif. Ahh ce brave Hayden, il est... Oula non, on ne part pas dans cette objectif, c'est pas une bonne idée, stop, retour en arrière, prend la pose, voilà c'est bien comme ça, tu te concentres, tu te concentres.... Foutu cerveau qui cherche toujours à foutre le bordel dans ma caboche, ça crains ! Elle finit par me poser une question étrange. Des idées, c'est pas ça qui me manque, mais je ne connais pas ses amis, ça risque d'être compliqué. Je hausse les sourcils quand elle me parle de modifier le cuir par autre chose... « Eh bien j'imagine que oui. Du tissu ou autre pourrait être utilisé. Je ne sais pas trop, tout dépend ce que vous envisagez comme autre matériaux en fait. »

Même si je ne comprenais pas pourquoi elle ne voulait pas du cuir, je n'allais pas la juger. Chacun son truc. « Oh mais je vous en prie. Je n'ai pas fais grand chose, vous savez. Mon cerveau fourmille d'idée en tout genre et ce tout le temps. Pour certains c'est improbable, pour mon médecin, j'ai un cerveau hyperactif et pour les grand du monde, je suis un génie donc c'est tout à fait normal. Je ne sais pas ce qui est normal, mais ce qui se passe là-dedans n'a rien de classique. » Je souris en me tapotant la tête et reporte mon attention sur le ciel qui se lève doucement. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle reprenne la parole et certainement pas pour la question qu'elle me pose. Quelqu'un ? Avec qui partager ma vie ? Je rougis en pensant à Hayden, mais non, il ne vie pas avec moi. Il a déjà bien assez à faire avec toute cette histoire de mémoire qu'il doit combler. « Eh bien, disons qu'avant j'avais mon jumeau, mais lui aussi commence sa vie. Ce qui fait que je vie seule. Ce n'est pas si mal au fond. » Surtout quand on a des trucs à cacher comme moi. « Et puis l'intimité et autre... Ce n'est pas quelque chose que j'ai déjà expérimenté, donc bon. » Ah bah super tu te rends compte de ce que tu viens d'avouer cruchote... Je me tais un moment et reprends l'air de rien. « Pourquoi vous partagez votre vie avec quelqu'un vous ? » J'ai le droit de poser ce genre de question hein ? Je suis restée trop loin du monde, la faute au vieux ça, va falloir que je change un peu histoire d'être plus dans le coup sinon ça risque d'être catastrophique.

Les rêves sont à peu près tout ce qu’il nous reste à nous les Altérations et les Aberrations. Parce qu’au-delà de ses rêves, les humains qui dirigent ce monde nous ont ôté notre droit à la vie et surtout à la liberté. Ils nous haïssent et ils nous jugent selon notre race, ne distinguant même plus le bien du mal. Alors oui les rêves sont importants car dans le monde actuel ils sont ce qui fait avancer la plupart des êtres hors du commun. Car oui, à mes yeux nous ne sommes pas des choses abjectes mais bien une phase de l’évolution humaine qui devrait être respectée au même titre que l’humain lambda. Mais tout ça, tout ce que je pense à ce sujet je ne peux l’évoquer avec une inconnue telle que Nell. Elle pourrait aussi bien être des nôtres qu’être un agent du CAA par exemple. Alors je me dois de rester assez évasive.  Je me contente donc d hocher la tête pour acquiescer ses dires puis nous dérivons sur une toute autre discussion.  La famille notamment. Je me rends compte cependant, que j’ai évoqué un évènement de ma vie que je n’aurais pas dû  mettre sur la table avec une inconnue. C’est mon côté gaffeuse qui ressort souvent lorsque je me perds dans mes pensées. L’avantage c’est que je réfléchie plutôt vite et que je parviens souvent à trouver la parade idéale. « J’avais oublié que vous n’étiez pas d’ici désolée. En 2010 il y a eu un grand Incendie de forêt à Réversa… On dit que ce sont des dealers qui avaient une plantation de cannabis qui y auraient mis le feu avant de se faire prendre. Le problème c’est qu’il y a eu des dommages collatéraux et j’y ai perdu mon père et ma mère. » Merci la version officielle diffusée pendant des jours dans les médias alors qu’en réalité il s’agissait d’un bien plus sombre dessein. Mais pour Nell, je pense que ça suffira et au pire elle pourra vérifier par elle-même dans les articles qui doivent encore facilement se retrouver.  Je souris finalement et conclus « Du moment que vous vous retrouvez c’est le principal. On ne devrait pas laisser les querelles stupides et les mensonges gâcher des liens familiaux. Ils sont bien trop précieux et fragiles pour ça. Enfin, ce n’est que mon avis qui est surement bien trop tronqué pour être objectif. » Quoi ? C’est vrai j’aurais probablement des soucis avec ma famille s’ils étaient toujours là et je serais probablement à mille lieues d’imaginer que je peux les perdre dans la seconde mais pour le coup c’est quand on perd tout qu’on se rend compte de ce type de détail trop tardivement. Notre famille n’est pas éternelle.

Tout ça me fout passablement le cafard, je dois bien l’avouer. Alors parler de photos est comme une libération de mon esprit qui réfléchit de toute manière bien trop à la seconde.  Je suis horrifiée par l’histoire de Nell et je comprends tout à fait ses réticences à vouloir être prise en photo c’est pourquoi je lui propose un compromis qu’elle accepte pour ma plus grande joie. « Les gens sont stupides. Il ne faut pas les écouter. Si pour vous ce n’était pas un jeu et que vous l’avez mal vécu c’est que cela n’en était pas un. Point. Je ne vois pas pourquoi tergiverser. Il est des émotions et des sentiments que l’on doit respecter tels qu’ils sont. Honnêtement si vous me disiez que le viol que j’ai subi n’était qu’un jeu d’enfant je vous cracherai à la figure pour le manque de respect envers la personne que je suis. Peut-être que vous auriez dû faire la même chose à ces idiots ! » Oui c’est le genre de propos qui m’agace. Une femme n’est pas un objet ! Elle mérite le même respect que l’on donne aux hommes, à nos aînés, à nos parents…  « Soyez vous-même Nell et n’oubliez pas que vous seule connaissez vos limites. Ne les bafouez pas. » lui dis-je comme un conseil bienveillant.

Et pendant que je m’emballe je prends de multiples clichés. Je dois bien avouer que j’ai hâte de les développer et de les exploiter car la lumière donne un rendu magnifique. Et puis lorsque Nell et sa silhouette sont sur la photo, c’est presque magique ! C’est étonnant le charisme qu’elle dégage. Enfin, je suppose qu’il y aura toujours des gens plus doués que d’autres dans chaque domaine.  D’ailleurs, le montage photo n’est clairement pas mon domaine, je suis donc ravie de a proposition faite par la jeune femme que j’accueille avec un grand remerciement.

D’ailleurs alors qu’elle me fait part de son don manuel, je lui demande conseil. Je suis bien consciente qu’il n’est pas évident d’en donner lorsque l’on ne connaît pas les personnes visées, mais sa vision extérieure est bien plus précieuse qu’elle ne le pense car elle me donne des idées. Le seul hic à mes yeux c’est le cuir mais comme elle m’indique que cela est possible je changerai de matière. Quant au cadeau pour Risa il est déjà tout trouvé.

« Et bien pour moi vous êtes un génie tout simplement ! Je trouve ça gratifiant et optimiste ! »j’ajoute en souriant. « Bon par contre cela doit être bien fatiguant d’avoir le cerveau sans cesse en ébullition. Vous dormez ? » Et là c’est mon côté proche de la nature et des plantes quis e réveille. Poppy m’a appris pleins de remèdes amérindiens et mes parents m’ont enseigné les bases de la médecine elfique alors je ne peux pas passer à côté de certaines choses. C’est tout simplement dans mon sang.  Et en parlant de proches, je demande à la jeune femme si elle partage sa vie avec quelqu’un tout simplement parce qu’elle m’a parlé de sa famille mais pas d’un compagnon. Oui je sais je saute du coq à l’âne mais au fur et à mesure que nous parlons certaines de ses paroles se graves dans ma mémoire et je peux aisni faire des retours en arrière. Et puis avoir quelqu’un avec soi peut également avoir de multiples vertus thérapeutiques. On peut plus facilement être massés par exemple ! Enfin c’est un autre sujet…

« Oh je vois. Je suis désolée pour votre frère. Ca ne doit pas être facile de se séparer de son jumeau. On dit que les liens sont tellement forts qu’ils peuvent se ressentir à distance… » dis-je la tête dans les étoiles avant de revenir dans le présent et de répondre à sa question. « Hum moi c’est compliqué. Je vis avec la personne qui m’a adopté après la mort de mes parents et une autre personne, un migrant que l’on a récupéré à la maison pour une brève période. Sinon, comme toi je n’ai jamais expérimenté de relation particulière avec un homme… » MENTEUSE ! Grosse menteuse ! Mais c’est pour le bien commun.  « Oh pardon je vous ai tutoyé ! je suis désolée. » finis-je par m’excuser quand je me rends compte de ma bourde. Un peu honteuse je me cache derrière mon objectif pour capturer un nouvel instant. « Oh tiens et si nous nous échangions nos coordonnées pour que je te donne les photos ? »

Finalement, j'ai bien fait de me retrouver ici, à ce moment. Pour une fois qu'un contrat me permet de rencontrer quelqu'un de sympa et qui ne soit pas un autre voleur en manque de sensation, c'est franchement agréable. Parce que soyons honnête, les seuls que j'ai rencontrés sont des types bouffis d'arrogance qui ne pense qu'à leur profit et qui n'en ont rien à foutre du reste. Je ne dis pas qu'on ne pense pas au profit, mais il y a des limites à tout quand même. J'écoute patiemment son explication sur l'incendie de la forêt de Réversa. Encore quelque chose sur laquelle il va falloir que je fasse des recherches. Parce que si l'explication est plausible, il n'empêche qu'elle soulève énormément de questions, toutes plus diverses les unes que les autres. Je mets donc dans l'agenda de mon esprit de chercher tout ce que je pourrais trouver sur un incendie en 2010 et sur Réversa. Ce n'est pas la première fois que j'entends ce nom en plus, il revient dans beaucoup de conversation ces derniers temps et il sonne étrangement en moi, à chaque fois. Rien de mieux pour aiguiser ma curiosité maladive. « Je suis navrée pour vous. Ça n'a pas dû être évident de tout reconstruire. Je n'imagine pas perdre mes parents. » Même si ces derniers temps j'ai l'impression très nette de les perdre sans trop savoir pourquoi. Les choses changent, elles doivent changer, j'en suis consciente, mais certains changement ne me plaisent pas du tout. D'un autre côté, je ne peux rien y faire, si ? Non... Si ? Non... et voilà c'est reparti ce cerveau se barre en cacahuète c'est vraiment n'importe quoi.

« Oh oui, on se retrouve. Après c'est la famille hein. Y'a toujours des hauts et des bas, des choses qui ne se passent pas exactement comme on veut. On s'engueule et puis on regrette. C'est un tout je dirais. » La famille c'est être confronté à toute sorte de choses, bonnes, mauvaises. Des choses qui ne nous plaisent pas, d'autre qui ne nous dérangent pas. C'est beaucoup de chose, un tout complet qui fait qu'on a l'impression parfois que tout s'effondre lorsqu'une pierre tombe de l'édifice. Mon grand-père était cette pierre et depuis sa disparition, c'est comme si notre édifice s’effritait, lentement, mais sûrement. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, mais personne en me laisse faire, comme si je n'étais qu'une pièce rapporté, que je n'avais rien à faire dans cette famille et je crois que c'est ça qui fait le plus mal. Mais ces derniers temps, mes émotions sont exacerbés sans que je n'en comprenne réellement la cause. Cette ville est étrange, vraiment trop étrange très franchement. Mais bon, je ne peux faire qu'avec de toute façon, ce n'est pas comme si j'avais réellement le choix. Partir d'ici n'était plus une option depuis que la ville était fermé. Enfin je peux très bien me faufiler en tant que voleuse, mais j'ai besoin de réponse et je les aurais ! « Viol... Oh mon dieu. Les gens sont de vrais catastrophe et non je ne pourrais pas dire que quoi que ce soit, qui arrive à qui que ce soit ne soit qu'un jeu d'enfant. Nous avons tous nos sensibilités et nous ne prenons pas les choses de la même façon. » Mais je ne peux clairement pas lui avouer ce que j'ai fais pour me venger.

« En tout cas, je me suis venger sans qu'il ne comprenne comment. » J'aurais pu dire que c'était amusant de voir leur tête, mais en fait, je n'ai rien vu parce que le vieux m'avait déjà consigné à la maison avec interdiction de retourner dehors. La semaine d'après on déménageait de nouveau. Un soupir fini par passer mes lèvres alors que la discussion continue tranquillement sa route. Un nouveau sourire s'étend sur mes lèvres quand elle parle de génie et je ne peux m'empêcher de l'ouvrir cette fois. « Oh génie, je me pose là. 165 de QI et des études en trois ans. J'ai obtenu mon diplôme d'informatique en un temps record et ensuite j'ai commencé à bosser. » Je m'arrête un instant pour me rendre compte de l'absurdité que je dis. Certes, je suis un génie, j'ai bien ce QI, mais commencé à bosser aussi jeune, c'est étrange... Sauf pour nous en fait, mais je ne peux décemment pas parler de l'entreprise familiale. J'ai bien fait de m'arrêter avant que ça n'empire. Franchement, il serait peut-être temps que j'arrête de blablater pour ne rien dire. Stupide Nell, stupide ! Même si elle est gentille, je ne la connais pas, il ne ferait pas bon de faire confiance à quelqu'un pour se retrouver dans l'embarras par la suite hein ! « Fatiguant c'est certains, mais étrangement oui, je ne dors pas si mal que ça. Il m'arrive de rester quelques nuits debout, mais je crois que c'est parce que j'ai besoin de réponse, alors je m'oblige à bosser. En dehors de ça, mon sommeil est parfait. » Sauf quand un certain loup les envahit. Je secoue la tête un instant et la discussion reprend tranquillement.

C'est amusant cette façon qu'on a de se parler comme si on se connaissait depuis longtemps. Ça fait du bien, de pouvoir discuter avec quelqu'un sans se prendre la tête. Très honnêtement je n'aurais jamais cru que j'en serais capable au départ. Avec cette timidité maladive qui me caractérise et ce cerveau qui part en vrille à chaque occasion. « Oh vous savez, on grandit et ça n'a pas été si compliqué que ça. Mon frère et moi, on est plutôt différent. Mais je dois bien admettre que parfois sa présence me manque énormément. » On a beau être différent, on a toujours été complice, mais depuis qu'on est ici... Je ne sais pas, les choses ont changés. Je me sens perdue une nouvelle fois, mais je chasse les mauvais pensées et souris quand elle reprend la parole. « Eh bien, ça nous fait un point en commun. » C'est étrange et en même temps, je peux comprendre, la timidité n'aide pas dans le relationnel. « Oh il n'y a pas de problème. Je ne me formalise pas pour si peu. Si vous... tu savais combien de client me tutoie. Je ne suis plus à ça près. » Et je serais une belle andouille de me prendre la tête pour ce genre de chose. « Ah oui, c'est une riche idée. » Riche idée mon cul et tu vas donner quoi, ton adresse personnelle, pour que tout le monde sache où la voleuse loge. Mais t'es débile ma pauvre fille... Mais ça suffit ouais. Je lui donne mon adresse mail professionnelle, celle dont je me sers pour mon boulot officiel. « En tout cas, dés que vous avez besoin, il ne faut pas hésiter. Pour votre montage photo et j'espère que vos idées seront récompensés par vos amis. » Parce que parfois on avait pas toujours le bon timing ou la bonne idée, mais je ne doutais pas que ça plairait. Je finis par reporter mon regard vers le ciel, qui s'éclaircissait au fur et à mesure, les couleurs qui jouent sur ce bleu sont réellement magnifique et je comprends pourquoi j'aime les lever de soleil plus que les coucher.

Elle n’imagine même pas à quel point c’est compliqué de perdre sa famille, son peuple même. Je suis tombée bien bas. M’enfin, je ne peux pas parler du peuple des Elfes alors je m’en tiens à la version de mes parents uniquement. Rien que ça est assez pour justifier une profonde tristesse de toute manière. Donc je souris timidement pour acquiescer ses mots. Elle ne croit pas si bien dire ! La famille est quelque chose de très important, on s’identifie à nos parents lorsque l’on est petit, on se construit en fonction d’eux, on apprend leur règles qu’on met souvent en application par la suite, ils sont tout simplement notre pilier. Ceux qui nous forgent, qui nous montrent le chemin. La famille est un pivot de notre vie important qu’on le veuille ou non. Notre psychologie toute entière est fondée autour de la famille. Alors quand on la perd, soudainement ou petit à petit, la torture est la même. Plus ou moins longue, c’est tout.

« Oui les hauts et les bas c’est dans toutes les familles, le tout est de savoir ranger sa fierté pour renouer avec les siens, même si je sais que ce n’est parfois pas facile. En tout cas je vous enverrai de bonnes ondes pour que vos liens se resserrent. »

Je ne parle pas de religion car ce n’en est pas une. Juste une communion avec Mère Nature qui me permettra d’envoyer des ondes positives. Malheureusement, c’est une science inexacte et on ne sait jamais si nos volontés sont prises en compte à un moment donné. Et puis la famille aura toujours ses bons côtés et ses mauvais côté quels que soient nos efforts.

Je ferme les yeux et j’expire alors. Penser à ce mot « mauvais » me rappelle tout ce que j’ai ressenti lorsque j’ai été violée. Le désir de vengeance était alors ardent puis Poppy m’a appris que la vengeance n’est pas une fin en soi et qu’après il se peut que l’on ne se sente pas mieux. Lae mieux est le pardon, s’il est possible. Obtenir des réponses quelques années plus tard peut également aider. Alors j’avoue que lorsque Nell me parle de vengeance je grimace et je reste silencieuse. C’est une notion scabreuse à mon humble avis.

Heureusement, la discussion continue sur un tout autre sujet. Je rigole lorsque la jeune femme se vante concernant son intelligence. « Ohh ma dame ! » dis-je en lui faisant une révérence. « Je ne peux rivaliser avec mes études en temps et en heure sans avance, sans retard et mon QI probablement dans la moyenne. » dis-je en souriant encore. « En revanche je suis ravie d’apprendre que vos nuits se passent bien, j’aimerais qu’il en soit de même. » En effet, pour ma part j’ai tendance à être insomniaque car mes rêves sont trop souvent peuplés de souvenirs navrants et cauchemardesques. Mais bon pour le moment, j’ai trouvé du réconfort en m’endormant parfois auprès de Blérim. Ses bras réchauffent mon cœur et me rassurent.

Avoir quelqu’un à la maison qui nous permet de nous sentir mieux c’est un luxe dont je profite pour le moment. Je ne sais pas combien de temps il va durer malheureusement. C’est pourquoi lorsque Nell me dit qu’elle s’est éloignée de sn jumeau, je ne peux que comprendre le sentiment de vide qui s’est installé en elle. J’imagine qu’il en serait de même de mon côté si je me retrouvais seule du jour au lendemain. « je comprends » je réponds simplement. En effet je comprends ce manque. J’ai vécu celui de mes parents… Puis pendant que nous sommes dans la confidence, je lui mens sur le fait que je n’ai jamais eu de relation. Je m’en veux mais à la fois je ne peux pas me permettre d’être interrogée sur Blérim. Il est assez en danger comme ça et je crois que je le protègerais même si cela devait me coûter la vie tout simplement comme je le ferais également avec Poppy, Risa… parce qu’il est de ma famille, comme eux désormais. Et je suis fidèle envers mes amis et ma famille.

Enfin, ce n’est pas tout mais le soleil est désormais levé et j’ai fait une vingtaine de photographies, peut-être plus. Nous avons également eu le temps d’échanger sur des idées de cadeaux et sur le montage photo. C’est pourquoi je propose à Nell que nous échangions nos coordonnées. Pour ma part, c’est très simple, je me balade toujours avec des cartes de visite … logique étant donné que je suis Palefrenière. Je lui en tends donc une où elle peut trouver mon adresse, mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse courriel. « Je pense que le mieux sera d’échanger tout le nécessaire par courriel, n’est-ce pas ? »

Je regarde l’horizon et le ciel coloré avec un grand sourire. « Je ne sais pas pour toi, mais j’ai bien envie de profiter encore de l’heure matinale et de la tranquillité pour faire un peu de méditation. » Mon cœur est désormais plus léger après cette discussion avec une parfaite inconnue toutefois très sympathique. J’aimerais la remercier mais lorsqu’il s’agit d’être démonstrative je suis parfois bien maladroite et je ne sais pas vraiment quoi faire. Alors je me mets simplement en tailleur sur le sol frais en pierres, silencieusement.

Les choses n'auraient pas pu être plus étrange au fond. Non seulement se rencontrer au sommet de cette tour désertique a une heure aussi proche du lever de soleil, mais en plus se rendre compte qu'on a un caractère plutôt en commun. Le plus étrange c'est de se dire qu'elle avait besoin de quelqu'un pour un montage photo et que je suis l'une des personnes qui peuvent l'aider. Le destin hein... Ouais, je sais pas trop, j'y crois moyennement quand même au destin. Je veux dire par là, que ça peut être beaucoup de chose hein, sans pour autant paraître si destiné non ? Ouais okay, c'est pas forcément hyper clair dans ma tête non plus, autant se l'avouer, mais je crois plutôt qu'on a eu la chance de se rencontrer et qu'on aurait très bien pu ne pas se rencontrer si ma famille était au top ces derniers temps. Je hausse les épaules pour moi-même alors qu'une nouvelle fois je me suis perdue dans mes pensées... à croire qu'il n'y a pas qu'Hayden qui me fait partir dans tous les sens. « Ranger sa fierté... C'est, comment dire. Ce n'est pas une question de fierté dans notre famille. » Nous ne sommes pas réellement conventionnel, mais je ne peux pas décemment expliquer en quoi de toute façon. Je finis par hausser les épaules. « De toute façon entre nous, ça s'arrange toujours quoi qu'il arrive, donc ce n'est pas un problème. » Je souris doucement.

La famille, c'est un monde à part du monde réel, un monde complexe. Aucune famille ne fonctionne de la même façon qu'une autre et on va dire que la mienne fonctionne encore moins classiquement. Un sourire étire doucement mes lèvres au souvenir passé avec ma famille. C'est étrange de voir de ce qu'on peut se souvenir tout de même. Ces petits souvenirs qui restent et vous font sourire parce qu'ils sont ce que vous avez vécu de mieux dans votre enfance. La discussion se poursuit inlassablement et elle finit par sortir le mot génie qui m'a toujours fait sourire vu que je suis l'une de ces enfants surdoué. Ce que je finis par dire. Ce n'est pas pour me vanter, pour moi, ce genre de chose n'est qu'une information pourtant le ton de la jeune femme et sa révérence me laisse sans voix. Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Je n'aurais pas dû dire ça c'est ça ? D'un autre côté, ce n'est qu'une information comme une autre, je ne vois pas ce qu'il y a d'en rire. Bah de toute façon ça m'arrive à chaque fois que je donne ce genre d'information, je devais me taire. Je rebondis quand même sur ce qu'elle dit. « Je suis navrée que vos nuits ne se passent pas foncièrement bien. » Un léger sourire et on repars sur le domaine familiale. Je n'aime pas trop m'étendre sur ma famille. Tout simplement pour éviter de donner des connexions. Mais mon frère... C'est mon frère, je l'aime plus que tout et c'est sa présence qui me manque le plus au fond. Parce que j'ai l'impression avec le temps, que ce lien qui nous a unit si longtemps se romps.

Ce n'est pas que ça me fait peur. Il faut bien grandir, évoluer, changer. Il le faut pour ne pas rester ensuqué dans un passé qui n'est que cela : passé. Le souci c'est que je n'ai pas envie que ça change du tout au tout. J'ai aussi envie de passer du temps avec lui, de lui parler de ce qui ne va pas, de lui parler de ce qui va. De lui demander s'il a des infos sur cette ville, sur ce qu'il se passe. J'ai envie de tellement de chose que ça en devient étrange. Je n'ai jamais ressenti ce genre de besoin avant, c'est comme si mon cœur savait que j'allais finir par les perdre, et donc je tente tant bien que mal de ramasser les liens qui nous lie pour les consolider d'une manière ou d'une autre. C'est ridicule a bien y repenser, mais c'est moi. On finit par repartir sur quelque chose de plus léger, plus calme. C'est d'autant mieux parce que cette histoire de famille, commence sérieusement à me faire tourner chèvre. Un léger sourire. « Oui, je suis bien plus à l'aise avec l'informatique. Donc effectivement par courriel, ce sera parfait et comme ça. Et puis ça permettra d'être plus rapide dans nos échanges. » Vu que ces derniers temps, je suis collée à mes ordinateurs. Ce n'est pas comme si j'avais réellement le choix. Il faut trouver des ouvertures, vérifier les systèmes de sécurité, faire en sorte que rien ne puisse perturber le vol et bien évidemment, pirater les bases de données pour être efficace et sans bavure. Ouais, ça fait toujours beaucoup de chose pour la petite hackeuse que je suis.

Je lui donne donc mes coordonnées emailique. Ça ne se dit pas, mais je trouve ça amusant de créer des mots. Et puis si vous n'êtes pas content, c'est pareil hein, on va pas tergiverser quinze mille fois pour un foutu mot. Mon regard se porte sur ce ciel, rose-orangé par un soleil qui pointe timidement le bout de son nez. Au final, le jour se lève tranquillement et voilà que je suis toujours sur cette tour. Mon voyage ici devait passer inaperçu. Bah j'imagine que personne ne pourrait s'imaginer que ma famille va cambrioler un endroit, juste parce que je viens sur cette tour. Je tourne la tête vers Cassandra quand elle reprend la parole. « Oula, la méditation très peu pour moi. Ce n'est pas mon genre. » Je suis plus à pousser mon corps dans ses retranchements pour m'assouplir etc... « Mais effectivement l'heure matinale est plaisante. Je vais plutôt en profiter pour rêvasser de nouveau. Ouais, c'est bien rêvasser. » Et ça me ressemble plus ces derniers temps. Un dernier sourire et je me rassoie sur le muret. Mon dos collé à morceau de mur, une jambe dans le vide, l'autre posée et le corps qui penche un peu vers le vide comme si j'allais tombé. Ainsi assise, comme si tout était normale, je laisse mon esprit vagabonder à aise.