Lori Sanders - Have to integrate the shadow within or die.

Arrivée en retard à mon premier rendez-vous chez le zulu de la caboche. Charmant. Vraiment. Il va déjà pouvoir me psychanalyser juste par mon retard. Et à qui il va reporter mon suivi? À Big Brother, le C.A.A.. Tant pis. Mais tu peux toujours lui péter la figure sur sa belle table en vitre et prendre une léchée de sa confiture cervicale avant de la filer douce? … La ferme! Avec une main sur mon ventre, je me concentre sur ma respiration. Inspire… Expire... Ne la laisse pas te contrôler Loz. Si tu cèdes, tu retournes au trou. Non pas le trou, tout mais pas ça. La porte du Doc se dresse devant moi comme un tyran. J’essuie mes mains moites sur mon jeans avant d’ouvrir la porte et d’afficher mon plus beau sourire pour affronter Goliath.

« Bonjour, Lori Sanders. Je suis désolée de mon retard. » J’espère que ma main tendue n’est plus moite lorsque le Doc me la sert. « Bonjour Madame Sanders, prenez place. Est-ce que vous désirez un verre d’eau? » Ma voix légèrement enrouée par ma nervosité a dû me trahir. « Oui, ça me ferait plaisir. Merci. » Je m’installe sur le fauteuil qui semble être celui de ses patients. Combien de personnes à pleurer et accuser leurs parents d’être les coupables de leur vie merdique sur ce fauteuil? Sans doute des centaines vu le nombre de bouquins dans sa bibliothèque et la murale de diplômes derrière son bureau. Le Doc me tend un verre d’eau avant de prendre place dans le fauteuil devant moi. Malgré la pression qui me retient d’intervenir et de prendre parole, le silence qui pèse fait basculer mon raisonnement. Et je brise la glace de cette première rencontre. Accusez mon impulsivité sur ce cas, une tête brûlée ne se refroidit pas si facilement. Même après le Ribcage. Et même après le Rituel. « Excusez-moi docteur, mais je ne suis pas très familière avec les visites chez le psy. De quoi vous voulez parler? Avez-vous des questions suite à l’épluchage de mon dossier? » Je prends une gorgée, histoire d’humidifier mes lèvres séchées par l’angoisse. Je fumerais volontiers une clope au lieu de tout ça. On ne peut pas faire cette rencontre dans une ruelle crade? Je me sentirais déjà plus familière dans cet environnement. C’est trop propre ici. Trop spic & span. Le Doc de son côté ne bronche pas à mes questions, il n’esquisse même pas un sourire amusé ou je ne sais quoi. Je distingue plutôt de l’empathie et de la chaleur. Est-ce que je devrais croire à cette impression? C’est un expert. Un expert du langage corporel, des notes aigües dans la voix quand un sujet nous dérange. Un expert qui peut très bien envoyer les signaux qu’il faut pour rassurer une personne afin qu’elle se dévoile à lui. Oh non Monsieur. Je ne suis pas née d’hier. Des gentils-pas-nettes, j’en ai vus, connus et été vaincue. Non merci, je ne tomberai pas dans le panneau. Il prend enfin la parole. « Nous pouvons discuter de ce que vous voulez Madame Sanders. C’est notre première rencontre et si vous voulez parler de la pluie qu’il fait dehors. Soit. Nous parlerons de la pluie. Je sais que nos visites vous sont obligatoires. Je ne tiens pas à vous obliger des sujets qui ne vous plaisent pas. » Oh mais c’est qu’il joue le triple jeu. Soit. Comme il dit. Nous parlerons de tout et de rien. Je suis moi-même une experte à ce jeu.

Février 2017 – Cellule d’isolement

La louve en moi a encore fait un dernier ravage. Elle n’est pas du tout contente de mon arrangement avec le C.A.A.. Je vais passer le Rituel dans 1 mois. Je vais mourir ou redevenir humaine. J’en peux plus de cette vie de merde. Je lèche les écorchures sur mes doigts créées par la furie lupine qui tente désespérément de s’enfuir en se creusant un trou dans la cellule capitonnée. J’ai lâché prise. La coopération n’a jamais été un fort entre nous deux. Si seulement j’avais pu travailler en harmonie avec l’esprit du loup, nous aurions pu accomplir de grande chose… Au lieu de ça, nous avons semé la tristesse et la mort autour de nous.

J’ai perdu mon père à cause de mon désir d’être transformée. Le pauvre, il pensait me surprendre en train de batifoler dans les bois quand j’avais 16 ans et au lieu de cela il s’est fait attaquer par mon ami en panique. Au début, je lui en voulais à mort. J’aurais préféré qu’il ne m’épargne pas comme mon père pour que je ne vive pas avec la culpabilité. C’est moi qui voulais être transformée. C’est moi qui ai demandé à mon ami. C’est aussi moi qui a pris rendez-vous dans la forêt à côté de chez moi. Mais après des années à ne pas pouvoir contrôler l’animal en moi, je comprends parfaitement que les erreurs irréparables arrivent même aux plus pures d’entre nous. Je n’ai pas l’audace de croire que j’étais blanche comme neige non plus. Personne ne l’est. Je suis encore atterrée par le décès de mon père, et je le serai toujours, mais je pardonne mon ami. Je suis même heureuse que ma mère ait pris peur de moi et m’a fui pendant mes derniers moments en liberté. Elle était heureuse un certain temps quand j’ai commencé mes études en médecine. Elle a désenchanté assez vite lorsque j’ai été renvoyée à cause de ma crise en cours de dissection. Les organes sanguinolents avaient eu raison de moi et la louve a pris le contrôle de la situation. Ils ont réussi à me mettre à terre avec des sédatifs pour m’empêcher de dévorer les organes et d’attaquer mes compagnons de classe par la suite.  Encore une chance que nous étions à Reversa lorsque cela s’est produit. Le monde savait comment réagir et vite.

C’est pourquoi j’ai cru bon de m’entourer de gens partageant la même condition que moi. Une meute où je serais en sécurité. Du moins, où je serais entourée de personnes sachant se défendre si la louve prendrait le contrôle sur moi. Cela a marché plus ou moins pendant 8 ans. Jusqu’au jour où je me suis enfuie de la meute. Pourquoi je ressasse le passé comme ça? Est-ce que je suis en train de faire ma biographie avant de mourir? Je confesse tous mes péchés pour être pardonnée par l’aumônier? J’essuie une larme qui glisse sur ma joue. Assise dans le coin de ma cellule d’isolement, recroquevillée sur moi-même, je dois bien paraître pour ce que je suis. Une folle alliée qui se parle à elle-même pour passer le temps. Fuck la meute. J’aurais dû être enchainée 24/7 à une bête plus féroce que moi. Trouver mon opposé. Un grand baraqué qui aurait pu me briser en deux. Bref. J’ai tué ce soir-là. La louve a assouvie sa bestialité. J’ai commis l’irréparable. La meute voulait me protéger et cacher l’affaire. Continuer d’excuser mon incapacité à dompter la bête, à la maîtriser ou tout de moins faire une avec elle. Mon combat datait depuis trop longtemps pour que je nage encore contre-courant. Le matin même, je me dénonçais à la police de Reversa. Ils savaient pertinemment qu’aucun humain n’avait pu infliger les blessures de la victime. Ils savaient que seule une bête dénouée de remords et empathie avait pu lacérer et charcuter chaque membre de la jeune femme. Ils savaient. Et ils n’ont pas pris le risque d’emprisonner la bête dans une cage en béton et acier avec plein d’humains, aussi peu soient-ils des enfants de cœur. Sans plus de délicatesse, j’ai été mise en isolement avec le moins de contact possible. Certes, la sécurité d’autrui était préservée… Mais au prix de ma santé mentale. Je peux jurer que la bête se matérialise à l’extérieur de mon corps et m’attaque. Elle m’injure, me mord, me frappe. Si ce n’était de mes facultés de régénération, je serais morte depuis longtemps.

Le dévoilement n’a pas vraiment changé ma situation, mis à part que je peux sentir des odeurs différentes que celles des humains. Dans mes périodes de faim insatiable, je me concentre sur les prédateurs au lieu des proies. Cela calme mes envies bestiales. Avec mon instabilité qui s’est accru en isolement dans la prison de Reversa, ils n’ont pas pris la chance de me lâcher lousse dans le Ribcage. Cet endroit n’était pas assez pour ma furie intérieure. J’attaquais tout sur mon passage. Une colère incontrôlable me possède et avec tous ses contacts qui m’étaient privés auparavant, les stimuli étaient trop importants pour que je garde le dessus sur la bête. Après deux-trois visites aux cachots, ils ont réalisés que pour une bombe à retardement comme moi, il n’y avait que l’isolement pour me contenir et empêcher un effet de dominos parmi les résidents du Ribcage.

Mais là, j’en peux plus. Cet état dure depuis trop longtemps. Il faut que ça cesse. Dans un mois, je sors d’ici. Morte ou vive. Rien à foutre. J’ai déjà essayé de m’enlever la vie en isolement, mais le peu de moyens à ma disposition et ma capacité à guérir grâce à mon amie lupine n’ont pas aidé la cause. Je me retrouvais plus affamée après coup. Et je dois manger avec mes mains à présent. Fini les ustensiles. Ce n’est pas fait pour les animaux comme moi de toute façon. Oui, dans un mois, je quitte mon trou. Coute que coute. Tiens pendant que j’y pense, je gratte sur le plancher de béton mi-griffes mi-ongles. Du sang perle du bout de mes doigts. Tant mieux, le trait en est plus marqué. Il me reste 29 jours, et c’est fini.

Pseudo et âge: Abigaheyl, encore fin vingtaine pour 1 an, Haha!

Comment as-tu connu le forum?L'ancien forum que je faisais du RP à fermer ses portes et des partenaires de RP m'ont finalement dévoilée où ils disparaissaient!

Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire?Le PV de Lori!!!!

Depuis combien de temps fais-tu du RP?Depuis une dizaine d'année durant des vagues d'inspiration.

Fréquence de connexion:Je me connecte très souvent, mais mes réponses sont lentes à cause de mon IRL bien rempli.

Un commentaire?J'adore l'idée du forum et surtout le PV de Lori! J'ai vraiment hâte de finir la fiche pour jouer avec vous.