Sujet: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 12:33
Blerim Dhimitër Troshani Avatar: Finn Jones
Lycan - Rise and fall
Statut: Détenu dans le Ribcage... Du moins, jusqu'à ce que cet incendie n'oblige les dirigeants à évacuer les lieux, vers mi-octobre. Le voilà désormais temporairement accueilli par quelqu'un en ville... Retrouver un minimum de liberté, aussi infime soit-elle, est un réel soulagement, après ces longs et terribles mois qu'il a passés au Ribcage. Mais ça ne durera pas éternellement, et Blerim en est bien conscient. Alors la question s'impose : ne devrait-il pas tenter de s'enfuir, quitter carrément l'Angleterre, ou mourir en essayant ? Retourner se cacher dans les fins fonds des forêts des Alpes albanaises, là où personne ne le trouverait. La tentation se fait de plus en plus forte, mais pour l'instant, le loup est toujours là, la peur au ventre, l'âme en miettes.
Âge: 28 ans.
Métier: Aucun, pour le moment. Avant la Révélation et tout ce qui a suivi, il était aide-cuisinier dans un restaurant italien à Réversa. Ça n'a duré que quelques mois. Avant son arrivée en Angleterre, il était un trafiquant d'armes, drogues et prostituées, membre malgré lui d'un réseau criminel albanais, obligé par son oncle à devenir son bras-droit, à devenir un monstre alors qu'en réalité il n'était qu'un gamin. Mais, bien entendu, il n'était pas un criminel officiellement , non : il "travaillait" à l'époque dans un garage à Tirana, qui était l'un de leurs QG's.
Lieu de naissance: Le jeune homme est né à Valbona, un petit village perdu dans les Alpes albanaises, dans le nord du pays, le 17/11/1989.
Particularité: Ancien trafiquant d’armes, drogues et prostituées en Albanie, où il est recherché pour le meurtre de son oncle. Son vrai nom est Dushkan Ermir Ujkani, mais il se cache derrière une fausse identité depuis juillet 2016, lorsqu'il a débarqué en Angleterre à la recherche de sa petite sœur, Drita, que son oncle tyrannique avait envoyée dans un réseau de prostitution, afin de le punir... Mais son arrivée à Bristol eut de lourdes conséquences pour le jeune homme; il ne s'attendait vraiment pas à devoir passer plusieurs jours à l'hôpital, inconscient, alors que dehors, la quarantaine était instaurée à Réversa et Bristol, le secret du surnaturel ayant éclaté sans que le blondinet ne s'en doute le moins du monde. En effet, en débarquant dans la ville maudite, gravement blessé à Bristol lors d'un feu croisé avec les trafiquants qui avaient sa petite sœur, il était loin de se douter qu'il y en avait d'autres comme lui. Et qu'il descendait lui-même de Réversiens ayant fui le pays pour aller se cacher en Albanie, plus de 120 ans auparavant...
Opinions: En arrivant en ville pour la première fois, en parfait étranger qu'il était, le nocturne ignorait tout à propos du fonctionnement particulier de Réversa et du passé sombre de cette dernière. Ainsi, il était on ne peut plus neutre, mais surtout, très méfiant envers les autres. Mais, au fil des mois, il avait rencontré des gens, de plusieurs races. Il avait rencontré d'autres lycans, même des femelles lycanes - chose qu'il croyait impossible, puisqu'il n'y en avait jamais eu dans sa famille, en Albanie. Petit à petit, Blerim s'était plutôt bien installé en ville, avec un boulot et un appart' plus ou moins miteux. Loin de son oncle, loin de son réseau criminel qui voulait lui faire la peau. Il était, certes, coincé ici à cause de cette quarantaine temporaire, mais il avait enfin un peu d'espoir. Et, quelque part, il se sentait à sa place, même s'il se tenait à l'écart de la meute réversienne, toujours aussi méfiant. Sauf que, voilà, la Révélation a tout gâché. Il ne sait pas vraiment qui a glissé l'info et toutes ces preuves aux journalistes, mais le fait est que le secret a éclaté. Et la réaction des dirigeants de la Couronne et de ceux de Bristol ne s'est pas fait attendre. Les créatures étaient des monstres, des cibles à abattre. Réversa devait être effacée, les habitants - les humains surtout - devaient être évacués. La purge avait commencé, sans que lui ne puisse s'enfuir à temps, malheureusement. Pas la peine de hurler, pas la peine de se débattre, les mains qui l'agrippaient étaient fermes, les tasers trop puissants pour qu'il ne puisse leur foutre une bonne raclée pour tenter ensuite de s'enfuir loin d'ici. Alors qu'est-ce qu'il peut bien en penser, hein ? Il est dégoûté. Détruit. Il n'a même plus la force de se battre, il est devenu docile, de peur qu'on le tue, ou pire... qu'on lui fasse subir tous ces tests, encore et encore. Leur pantin. Brisé. Tout comme tant d'autres "aberrations" ou "altérations". Oui, avec des guillemets. Parce que pour l'Albanais, ce sont ces soi-disant "humains" les vraies aberrations. Des gens sans cœur, sans âme, qui n'essayent même pas de leur donner une chance. Qui ne veulent que les détruire, un par un, de la façon la plus douloureuse possible.
Révèle-toi
Il fut un temps où ce jeune lycan a été jeune, justement. Jeune, avec tout ce qui va avec. Des rêves plein la tête, l'espoir de devenir quelqu'un, de rendre fier sa famille, de les aider. L'espoir de goûter au bonheur. Mais aujourd'hui, après plusieurs années où il a laissé la noirceur de son oncle et de ses affaires sordides pourrir son âme, Blerim ne se sent plus si jeune, à vrai dire. Loin de là. Il est fatigué mentalement, désabusé. Pire, pendant ces dernières années, il est devenu violent, méfiant, froid, amer, solitaire. Torturé. Sa conscience l'accuse souvent, le pointe du doigt sans la moindre pitié. Mais c'est normal, il le sait. Impossible autrement. Il est devenu un monstre, au fil des années. A franchi des limites qu'il n'aurait jamais dû. La violence le berçait, l'embrassait sournoisement, le ravageant de l'intérieur. Un feu qui le dévorait, qui devenait chaque jour plus fort, impossible de l'éteindre. S'il a gardé quelques qualités, comme son caractère déterminé et débrouillard, le Balkanique a surtout appris à devenir impitoyable, intimidant, manipulateur. Devenir celui que Dardan voulait qu'il devienne. Au point que ce masque qu'il portait pour cacher sa peur, il ne peut plus le retirer. La violence fait partie de lui ; entre l'humain et le loup, c'est à se demander lequel est le plus féroce désormais. Cela dit, l'homme peut faire preuve de douceur, d'humanité, de loyauté. Enfin, pour la douceur et l'humanité, il a juste oublié comment faire, à force d'être obligé à jouer le rôle du méchant... Il aimerait redevenir le gentil garçon qu'il était auparavant, mais il est brisé, et il le sait. Dans le fond, l'étranger a peur, surtout. Peur de ce qu'il est devenu, peur de l'avenir qui l'attend... Peur de ne plus jamais pouvoir être un homme normal, d'être devenu, tout simplement un monstre désormais. Lors de ses premiers mois en ville, entre juillet et décembre 2016, l'Albanais avait cru pouvoir se redresser, mener une nouvelle vie. Tourner le dos aux ténèbres, devenir un type bien. Mais avec son emprisonnement au sein du Ribcage et tout ce qu'on lui a fait subir là-bas, il n'a pas pu. Non, son côté sombre a repris le dessus, tous ses progrès ont été détruits. Il n'est que colère. Oui, quand il se sent vivant, c'est la colère qui le brûle, qui le déchire silencieusement. Mais, quand il se laisse abattre par la tristesse et la résignation, conséquences de ces nouveaux abus subis dans ce huis-clos, c'est le vide. L'impression d'être mort sans pour autant l'être. Jeune loup piégé par la vie, attendant l'arrivée inexorable de la faucheuse. Est-ce vraiment trop tard pour lui ? Seul l'avenir nous le dira.
Confie-toi
Jusque-là allongé, plongé dans un sommeil profond, le lycan ouvre soudainement les yeux. Le cœur battant à tout rompre, il se redresse légèrement, regardant autour de lui, cherchant à comprendre où il est exactement. A présent assis sur un lit, le jeune homme ne reconnaît pas cette chambre. Il se sent confus, perdu. Dans ses yeux, on peut aisément lire son inquiétude. Il ne sait pas où il est. Pire, il ne se souvient même pas... de son propre nom. Sa respiration devient de plus en plus saccadée, tandis que la fatigue cède sa place à la peur. Les yeux clairs du Balkanique se posent alors sur un grand écran plat qui ne semblait même pas être là une minute auparavant. Celui-ci s'allume tout seul, le faisant sursauter légèrement. Le loup n'est pas quelqu'un de facilement impressionnable, mais aujourd'hui, il sent que quelque cloche sérieusement. Qu'il est en position de faiblesse. Peut-être est-il en danger, peut-être qu'on l'a drogué et kidnappé. A vrai dire, il n'en sait rien. Pourtant, il aimerait vraiment comprendre. Mais il n'y arrive pas, tout simplement. Comme si sa mémoire avait été effacée.
Son regard continue alors d'observer l'écran. Soudainement, un visage, son visage, surgit sur ce dernier, le fixant d'un air intrigué. Le même air que celui que lui-même affiche en ce moment. On dirait que, plutôt qu'un écran, c'est comme... une sorte de miroir. Qui sait, peut-être y a-t-il une caméra cachée quelque part en train de le filmer. Les sourcils froncés, l'Albanais regarde à nouveau tout autour de lui, à la recherche du moindre indice pouvant l'aider à comprendre ce qui se passe. Sauf que, tout à coup, une voix retentit. Tournant vivement la tête vers l'écran, l'étranger se rend compte que ce visage qu'il croyait être le sien est en fait celui d'une autre personne. Son sosie... Ou son jumeau, allez savoir. Quoi qu'il en soit, cela commence sérieusement à le faire flipper.
« Est-ce que tu m'entends ? »
Qui qu'il soit, il parle sa langue, apparemment. C'est à la fois rassurant et inquiétant, mais la créature essaye tout de même de garder un air impassible. Ce n'est pas évident du tout, puisqu'il se sent complètement dépassé, mais le lycan fait un effort. D'une voix moins assurée qu'il ne l'aurait voulu, le jeune homme lui répond :
« Oui. »
« Comment tu t'appelles ? »
Le loup hésite, avant de reprendre la parole. Sa respiration s'accélère à nouveau, malgré lui.
« Je ne sais pas. Je me souviens pas. »
Son sosie le toise d'un air sévère.
« Si, tu le sais. »
« Et toi, t'es qui ? J'ai un jumeau et j'étais même pas au courant ou quoi ? Qu'est-ce que tu veux de moi ? »
« Non, je ne suis pas ton jumeau, tu n'en as pas. Ton seul frère, c'est Arbën. Et ta petite sœur, quant à elle, s'appelle... »
Le Balkanique l'interrompt soudainement, frappé par un souvenir.
« Drita. »
Son coeur s'accélère à nouveau. Sa mémoire commence à revenir petit à petit.
« Et tes parents ? »
« Agnesa et... Ermir. Agnesa et Ermir Ujkani. Oui, c'est ça. »
« Très bien ! Tu vois, c'est pour ça que je suis là... Pour t'aider à te rappeler qui tu es et d'où tu viens. »
Confus, le jeune homme passe une main dans ses cheveux, tout en cherchant à mettre de l'ordre dans ses pensées, qui partent en ce moment dans tous les sens. Toujours aussi intrigué, le lycan pose à nouveau son regard sur l'écran plat.
« Mais toi, t'es qui ? »
« T'as pas encore compris ? Tu sais qui je suis ! Dis-moi quel est mon nom... et tu te souviendras alors du tien. »
La créature hausse un sourcil, avant de détourner son regard. Qu'est-ce que l'autre veut dire par là ? Une pensée étrange traverse l'esprit de l'Albanais, mais... C'est impossible. Ça n'aurait aucun sens. Et pourtant, le loup décide de tester cette théorie. Silencieux, puisant dans ses souvenirs enfouis, il fixe l'écran pendant de longues secondes. Enfin, un léger sourire se dessine sur la bouche de l'homme. Son jumeau qui n'est en pas vraiment un l'imite, le regardant d'un air légèrement amusé.
« Ça y est ? Tu sais enfin comment je m'appelle ? »
« Oui. Je crois que oui. »
« Lève-toi alors. Allez, approche. »
Moins effrayé maintenant, le jeune homme le fait. Il s'arrête juste devant l'écran, curieux, attendant des instructions.
« Vas-y, dis mon nom et touche l'écran. »
« Dushkan. Dushkan Ujkani. »
Alors que son prénom résonne comme s'il était à l'intérieur d'une énorme caverne, le lycan se fait tout à coup... engloutir par l'écran. Eh oui !
« Ah, enfin ! Maintenant que tu te souviens de ton nom, raconte-moi tout ce que tu vois, Dushkan. Il est temps de reconstruire ta mémoire. Parce que tu vas en avoir sérieusement besoin... »
~~~
La forêt. Les grands arbres. Les montagnes enneigées. L'eau limpide et cristalline du fleuve. Les sons et les odeurs de son enfance... Sans s'en rendre compte, Dushkan est chez lui pour la première fois depuis de longues années. Comment est-ce possible ? Le lycan prend une longue inspiration, remplissant ses poumons d'air frais, avant d'expirer tout aussi longuement. Un léger sourire nostalgique s'installe sur ses lèvres, tandis qu'un sentiment agréable lui réchauffe le cœur. Son incompréhension lui semble de plus en plus futile, au fur et à mesure que ses pas le guident sans qu'il n'ait à réfléchir. L'Albanais avance calmement, contemplant le paysage magique qui l'entoure.
C'est ici que le jeune loup a grandi, dans les montagnes du Nord de l'Albanie, et plus précisément dans le Parc Naturel de Valbona. Sa famille, la famille Ujkani, vivait dans un petit village presque perdu dans cette vallée, entourée par la Nature vierge et parfaite des Alpes albanais. Apaisé, le Balkanique s'assied sur un grand rocher et profite de la vue magnifique sur le fleuve Valbona et sur la forêt, comme il le faisait dans le temps. Maintenant qu'il a arrêté de se poser des questions, il est suffisamment serein pour repenser à son enfance. Peu à peu, les souvenirs refont surface, le faisant sourire.
« Tu te souviens de ton enfance, Dushkan ? »
Le lycan hoche lentement la tête, l'air pensif.
« Oui. »
« Tu veux bien m'en parler ? »
Le regard de l'Albanais parcourt la vallée, alors que quelques secondes s'écoulent jusqu'à ce qu'il reprenne la parole.
« Nous vivions tous les cinq dans une maison pas très grande au cœur de la vallée. Moi, mes parents, mon frère aîné et ma petite sœur. Nous étions une famille d'agriculteurs. La vie n'était pas forcément facile, mais nous étions heureux. Moi, j'étais heureux, en tout cas. Mes parents étaient des gens bien, des gens honnêtes et travailleurs. »
« Les habitants du village avaient pourtant peur de vous, non ? »
« Peur ? Peur, je sais pas... Mais certains se méfiaient de nous à cause de la réputation de mon grand-père, oui. Tu sais, ujk, ça veut dire loup en albanais. Notre nom de famille, ce n'est pas le fruit du hasard. Depuis plusieurs générations, les gens se doutaient que certains membres de notre famille pouvaient se transformer en loup. Un loup pas comme les autres... Beaucoup plus grand, beaucoup plus fort et féroce. Mon grand-père était un loup-garou. Mon arrière-grand-père en était un également. Et moi aussi, bien entendu. »
« Donc, tout le monde dans ta famille n'est pas comme toi ? »
« Non. Mon père n'était pas un loup-garou. Mon frère n'en est pas un non plus. En fait, hormis dans ma famille, je ne pense pas qu'il y en ait d'autres. Je ne saurais dire pourquoi. Dieu n'a choisi que ma famille, et il n'y a que certains d'entre nous qui deviennent des loups-garous en grandissant... Je respecte ça. »
« T'es fier d'être un loup-garou ? »
« Oui, j'en suis fier. Je ne vois pas ça comme une malédiction, tu sais. Bien au contraire. Je pense que si je n'étais pas un loup-garou, je ne verrais, je ne sentirais pas le monde aussi... intensément que je ne le fais. Ma vision, mon odorat, ma force, ça m'aide énormément dans la vie de tous les jours. Après, c'est vrai que tout n'est pas rose, qu'il faut d'abord apprendre à maîtriser le loup, l'empêcher de faire du mal aux autres... Mais désormais j'en suis capable. Je ne peux pas t'assurer que je n'ai jamais blessé personne, mais aujourd'hui je me contrôle. »
Dushkan se relève, avant de s'étirer nonchalamment. Ça fait bizarre de parler de tout ça à voix haute... Le Balkanique n'en a pas l'habitude. Plus depuis un moment, du moins. Pourtant, il se rend compte que ce n'est pas vraiment désagréable de s'ouvrir un peu, de partager ses pensées avec quelqu'un... Ça change. Lorsqu'il rouvre les yeux, le lycan est à l'intérieur de la maison où il a grandi. Celle-ci est vide, abandonnée depuis des années. Le jeune homme fronce les sourcils, surpris. Puis il comprend pourquoi la maison est vide, habitée seulement par des rongeurs, des araignées et d'autres insectes en tout genre. La voix de l'autre se fait alors entendre à nouveau, le tirant de ses pensées.
« Dushkan ? Dis-moi ce que tu as sur le cœur. Il le faut. Pour ton bien. »
Le jeune loup soupire, avant de sortir de la maison. Il a sérieusement besoin de prendre l'air. Revivre certains souvenirs est assez douloureux. Revoir ce paysage lui a d'abord rappelé de beaux souvenirs, mais voir maintenant cette maison comme ça, abandonnée et presque en ruines, lui fait maintenant l'effet inverse.
« Mon père... Il est mort d'un arrêt cardiaque quand j'avais 15 ans. Tout est devenu beaucoup plus compliqué suite à ça. Surtout que mon grand-père est décédé quelques mois plus tard lui aussi. On l'a tué alors qu'il était sous forme de loup. J'en étais choqué. Peut-être même plus que pour mon père. Car mon grand-père était un loup, contrairement à lui. Invincible. On le craignait depuis des décennies, personne n'osait dire quoi que ce soit contre Bekim Ujkani. Puis soudain... on l'a tué. Comme ça. Les gens qui l'ont fait s'en réjouissaient, je m'en souviens encore. Mon frère et moi, on ne savait pas encore si on allait devenir des loups-garous nous aussi, et on ne savait pas non plus si on devait être en colère ou si on devait avoir peur. La règle numéro un dans notre famille, c'était de garder le secret à propos de notre particularité, de ne pas s'exposer bêtement. Finalement, on a décidé de se taire, de faire profil bas. »
« Puis t'as découvert que tu étais un loup-garou aussi. »
« Oui. Un an ou deux plus tard. Mais je m'en doutais déjà, en fait. Mon grand-père m'avait un jour dit que quand un membre de notre famille était prédestiné à devenir un loup-garou, la personne en question était souvent très malade pendant une bonne partie de son enfance. Et ça avait été mon cas, contrairement à Arbën ou à mon père. Comme j'y avais survécu, cela voulait dire que j'étais assez fort pour devenir un loup-garou. »
Le regard de Dushkan s'élève vers les montagnes. Plus que jamais, le jeune homme se rend compte que cet endroit lui a terriblement manqué. S'il n'avait pas été forcé de partir d'ici, peut-être que tout aurait été différent... Valbona lui rappelle toujours son innocence perdue, la douceur d'un foyer, la joie propre à la jeunesse.
« Tu ne parles que de ton grand-père, de ton arrière-grand-père... Mais il n'y avait pas de femme capable de se transformer en loup dans ta famille ? »
« Non. Du moins, je n'en ai jamais entendu parler. Peut-être qu'il n'y a que les hommes qui peuvent devenir des loups... Comme je t'ai dit, ce n'est pas moi qui fais les règles, et j'accepte ça. »
Le lycan hausse les épaules, avant de se mettre à marcher lentement, s'éloignant de la maison abandonnée.
« T'as dit que la situation s'est compliquée suite à la mort de ton père et à celle de ton grand-père. Qu'est-ce qui s'est passé après cela ? »
Soudain, l'Albanais relève la tête et reconnaît la silhouette imposante d'un homme qu'il ne connaît que trop bien. Il cille, surpris et mal à l'aise.
« Oncle Dardan. »
Alors que l'homme marche dans sa direction, Dushkan s'apprête à lui parler, avant de comprendre que ce n'est qu'un mirage. Fronçant les sourcils, il regarde autour de lui pour être complètement sûr que personne ne le suit.
« Parle-moi de ton oncle, Dushkan. »
Le loup hésite un peu. Il n'a guère envie de parler de cet homme. Mais, au fond, il le faut. Il fait partie de son histoire. Pire, il fait partie de lui. Le Balkanique reprend la parole, d'une voix amère.
« C'est le frère aîné de mon père. Lui aussi est un loup-garou. C'est un homme qui en impose, depuis toujours. Déjà quand j'étais petit, les gens avaient peur de lui, de son simple regard. Mon père a toujours dit qu'oncle Dardan ressemblait beaucoup à mon grand-père, y compris au niveau du loup. »
« Tu avais peur de lui toi aussi ? »
Tendu, Dushkan fait une pause, avant de répondre à la voix.
« Evidemment. En même temps, c'était dur de ne pas avoir peur de lui. Oncle Dardan a toujours été quelqu'un de dangereux, et pas que sous forme de loup. Quiconque le défiait en souffrait les conséquences. Alors quand il a décidé de nous emmener vivre à Tirana, on l'a pas défié. Et puis, j'avais juste 16 ou 17 ans... Je venais de me transformer pour la première fois et je n'avais plus personne pour me guider. Alors je me suis dit que ce ne serait peut-être pas plus mal d'avoir quelqu'un pour m'apprendre à vivre avec ma nature. D'un autre côté, il avait pas mal d'argent également, contrairement à nous, et ça comptait aussi. On s'est donc contentés de le suivre sans se plaindre, tout simplement. »
Le jeune homme interrompt son récit, le visage fermé. L'Albanais passe une main sur ses paupières. Il se sent soudainement fatigué, dégoûté. Des souvenirs de plus en plus insupportables assaillissent son esprit, le torturent.
« Continue. »
Le jeune homme se racle la gorge, avant de reprendre, d'une voix rauque.
« Mon oncle s'est marié avec ma mère quelques mois plus tard. Il n'avait jamais accepté qu'elle ait choisi mon père, qui n'était pas un loup, plutôt que lui. Et maintenant que mon père était mort, il voulait absolument qu'elle devienne sa femme. Ma mère ne voulait pas, je n'étais pas aveugle. Il l'a pratiquement obligée, parce qu'elle lui était redevable. Parce que nous lui étions redevables. Je m'en veux tellement de n'avoir rien fait... »
La voix ne dit rien pendant quelques secondes, avant de revenir à la charge.
« Qu'est-ce qui s'est passé après ? Il a fait du mal à ta mère ? »
Dushkan serre la mâchoire. Il a mal rien que d'y penser. Les yeux humides, le loup ne cille pas.
« Oui. Il était violent. Possessif. Arbën a tenté d'intervenir une fois, mais Dardan lui a foutu une raclée. L'a humilié devant tout le monde. Moi, j'étais plus fort que lui, j'étais un loup, mais... J'avais peur. Et je voulais surtout protéger ma petite sœur. Drita était trop jeune et fragile pour supporter tout ça. Alors je l'ai laissé faire... Deux ans plus tard, ma mère était morte et Arbën était parti en Italie. »
« Pourquoi tu n'es pas parti en Italie avec ton frère ? »
« Ma sœur avait encore l'âge pour aller à l'école et je ne voulais pas qu'elle arrête avant l'heure, comme Arbën et moi l'avions fait. Et puis, mon oncle voulait que je devienne son bras droit, vu que j'étais un loup comme lui. Je n'ai pas pu lui dire non. Encore une fois. Mais crois-moi, si j'avais su ce qui m'attendait, ce qu'il m'allait faire devenir, je serais parti. »
~~~
La voix ne dit rien. Le jeune loup attend quelques secondes, mais rien. Puis le ciel gronde, le jour s'assombrit, la pluie tombe. Les montagnes disparaissent et Valbona cède sa place à une bien plus grande ville, illuminée par les lumières nocturnes : Tirana. Même si tout cela l'étonne et le dépasse complètement, Dushkan reste de marbre. Peut-être qu'il commence à s'habituer à ces bizarreries, tiens. Mais, au fond, il n'a pas vraiment le temps d'y penser. L'Albanais reconnaît cette rue. Cette maison. Le regard du lycan se fait plus dur, voire même colérique. C'est ici que vivait son oncle. Son QG, ou du moins, l'un d'entre eux.
« Dushkan ? »
Le Balkanique frissonne. Cette voix. Ses lèvres tremblent, ses poings se serrent rageusement. Le jeune Ujkani se retourne, mais il n'aperçoit personne. D'ailleurs, la rue semble être déserte.
« Dushkan ? Sais-tu à qui appartient cette voix ? »
Un sourire narquois se dessine sur sa bouche, tandis que son regard passe au jaune. Son loup déteste autant cette voix que l'humain. Déjà que souvent ils sont souvent sur la même longueur d'ondes, mais là, c'était impossible de ne pas l'être, puisqu'ils ont tous les deux souffert aux mains de cet homme impitoyable et cruel : Dardan Ujkani. Dushkan sait que c'est sa voix ; il la reconnaîtrait parmi des milliers.
« T'es caché ? T'as peur que je te tranche la gorge comme tu le mérites ? »
« Du calme, gamin. C'est moi. Ton guide. »
L'Albanais renifle avec dédain. Entendre son reflet lui parler était bizarre, mais au moins cela ne lui tapait pas autant sur les nerfs. Bordel, pourquoi la voix avait-elle changé ? Pourquoi fallait-il qu'il entende la voix de son foutu oncle maintenant ? Dire qu'il avait des envies de meurtre était un euphémisme.
« Allez, entre, Dushkan. T'as encore la clé, et surtout, t'as besoin de réponses. »
« Si c'est vraiment toi, change de voix. Je ne veux pas l'entendre lui. »
« T'es sûr ? Ça pourrait t'aider à te rapp... »
« Putain, j't'ai dit que je ne voulais plus entendre CETTE VOIX ! »
En colère, le lycan attrape une pierre, qu'il balance violemment... pile contre une fenêtre de l'autre côté de la rue. Casser une fenêtre en pleine nuit n'était pas vraiment son but, mais le fait est que la créature est en colère. Et un lycan en colère... vous savez.
« Mais qu'est-ce que tu fais ? Ce n'est pas encore le moment d'émerger ! »
Dushkan n'a aucune idée de ce que la voix raconte, mais au moins ce n'est plus celle de son oncle. Le jeune homme soupire.
« Vite, dépêche-toi ! T'as peu de temps maintenant ! »
« Peu de temps pour quoi ? »
« Pour trouver des réponses ! »
Le Balkanique lève les yeux au ciel. Mais quelles réponses ? Il se souvient désormais de son enfance, de sa famille, de son départ à Tirana à cause de son oncle... Il se souvient même de ce qu'il a été obligé de faire là-bas, une fois devenu le bras droit de Dardan. Alors quoi ? Mais enfin, si la voix insiste tellement, c'est probablement parce que quelque chose lui échappe encore. Quelque chose est toujours enfoui dans sa mémoire. Soit, il va entrer dans cette maison. Si c'est un effort réellement nécessaire, il va le faire. Le lycan enfonce alors une main dans sa poche, où il trouve effectivement des clés. Les sourcils froncés, Dushkan s'en empare, avant de se diriger vers la porte principale de la grande villa. La porte s'ouvre. Même pas besoin d'utiliser la clé. Le regard clair de l'homme est toujours aussi intrigué. Cette histoire de clé était juste une façon de le convaincre d'avancer alors ?
« Sans déconner. »
Le loup entre lentement dans la maison, méfiant. Tout est resté comme lors de la dernière fois qu'il a mis les pieds ici. En fait, il se souvient d'être venu ici quelques semaines auparavant, fou de rage. Mais maintenant qu'il y pense... il ne sait pas ce qui s'est passé ensuite. Le jeune homme referme la porte derrière lui. Ses sens lui indiquent qu'il n'y a personne à l'intérieur de la maison. Il y a juste une odeur particulière... Cependant, Dushkan n'a pas le temps de l'identifier, puisque son "guide" revient à la charge, avec des questions.
« Tu t'en souviens, Dushkan ? »
« De quoi ? »
Le lycan avance de quelques pas, regardant autour de lui.
« De ce que tu as fait avant de quitter l'Albanie. »
L'Albanais s'arrête, tout en fronçant les sourcils. Il ne comprend pas ce que la voix veut dire par là.
« Avant de quitter l'Albanie ? De quoi tu parles, là ? »
« Tu ne t'en souviens pas... Eh merde. T'aurais pas dû briser cette fenêtre. Maintenant, on n'a pas assez de temps pour y aller en douceur. Je suis désolé, Dushkan. Je te souhaite bonne chance. »
« Bonne chance pour quoi ? »
Les secondes s'écoulent. Rien. La voix ne répond rien, visiblement partie pour de bon. Pourquoi l'a-t-elle fait venir ici ? Et en fait, de quoi exactement faudrait-il qu'il se souvienne, là ? Le lycan est de plus en plus nerveux, rongé par une frustration grandissante. Un énième soupir las s'échappe de sa bouche, juste avant qu'un énorme écran plat ne s'allume tout seul. Eh oui, encore une fois ! Dushkan se demande s'il va se faire engloutir par celui-ci comme cela a été le cas tout à l'heure. Sauf que non, rien ne se passe. Sur cet écran, il voit juste son oncle, attaché à une chaise. Quelqu'un vient de lui balancer un lourd coup de poing en pleine figure. Le jeune homme étire un léger sourire satisfait. Voir cet enfoiré saigner lui fait plaisir. Il ne sait pas qui vient de le frapper, mais qui qu'il soit, il ne fait rien que lui-même n'ait jamais eu envie de faire.
Monsieur ? Monsieur, est-ce que vous m'entendez ?
Cet écho ? D'où est-ce que ça vient ? Hum... Pas de l'écran, apparemment.
Il a ses papiers sur lui. Il s'appelle... Blerim. Il est Albanais.
Dushkan fronce les sourcils en levant les yeux vers le plafond, ne comprenant toujours pas d'où ça vient. Qui est ce Blerim ? Aucune idée. Si ça se trouve, c'est un voisin qui s'est réveillé à cause de la fenêtre qu'il a brisée il y a quelques minutes. Bref, ce n'est pas important. Le regard de l'homme se dirige donc à nouveau vers l'écran. Et c'est là qu'il reconnaît l'homme qui était en train de frapper son oncle.
« Pitié, Dushkan. Tu n'es pas obligé de faire ça. »
« Non... Mais j'en ai envie. »
Le Balkanique ouvre la bouche, choqué. Il l'a fait. Il l'a tué. Pile au moment où il se voit égorger froidement son oncle, avant d'enfoncer frénétiquement son couteau plusieurs fois dans sa poitrine, l'écho de ces voix lointaines se fait à nouveau entendre. Dushkan a du mal à croire que c'est vraiment lui qui a tué son oncle. Que ce sourire sadique sur ce visage presque défiguré par la haine et recouvert de sang est vraiment le sien. Sauf que, peu à peu, les images qui défilent sur cet écran commencent à débloquer des souvenirs jusque-là bien cachés dans un coin sombre de son esprit. Plus les secondes passent et plus le Balkanique se rend compte qu'il a vraiment tué son oncle. Qu'il y a pris plaisir. Qu'il a mis le feu à cette maison avant de la quitter avec plusieurs documents falsifiés que Dardan lui avait préparés au cas où la police leur poserait des ennuis.
Vous comprenez ce que je dis ? On va vous aider, Blerim. Tenez bon, l'ambulance arrive.
On lui parle en anglais. Il ne comprend pas tous les mots, mais il a compris le message. Le loup ne sait toujours pas d'où viennent ces voix qui lui parlent d'ambulance, mais ce qu'il réalise, c'est que c'est à lui qu'on parle. Blerim, c'est lui. Blerim Troshani. L'identité derrière laquelle il se cache depuis qu'il a brutalement tué son oncle. Dushkan se rapproche de l'écran, où ce visage au regard fou le toise. Son visage. Qu'est-ce qu'il est devenu ? Est-il devenu pire que son oncle, plus froid, plus cruel encore ? Son propre reflet lui fait peur. Et pourtant, il le touche du bout des doigts, lentement.
« Je suis désolé. »
La terre tremble. Et puis, enfin, comme attendu, l'écran l'engloutit pour la dernière fois. Il sent une main serrer la sienne.
Tenez bon, Blerim. Vous n’allez pas mourir.
***
Réversa, fin juillet 2016 - deux jours plus tard
Quand le lycan se réveille, le blanc autour de lui agresse ses yeux clairs. Le Balkanique grimace. Il est à l'hôpital. Cette odeur ne laisse pas de place aux doutes. Qu'est-ce qui s'est passé ? Son arrivée en Angleterre était censée être plus... discrète, on va dire. C'est raté. Blerim – puisque c'est l'identité qu'il présentera dorénavant aux Réversiens, autant l'appeler ainsi – se redresse légèrement dans son lit, avant de regarder tout autour de lui, méfiant. La chambre est vide. Le jeune homme ne sait pas combien de temps s'est écoulé depuis qu'il a perdu connaissance. En réalité, il a dormi pendant deux jours, se réveillant parfois pendant de courtes périodes, mais toujours sous l'effet des sédatifs, d'où ce trou noir dans sa mémoire. L'Albanais sait juste qu'il a failli crever, vidé de son sang. Heureusement qu'il a réussi à entrer en ville juste à temps pour s'écrouler dans une rue où il y avait du monde, sinon il serait certainement mort.
L'étranger jette un œil à sa blessure. Visiblement, on a pris soin de lui pendant qu'il était dans les vapes... Et tant mieux. Parce que là, il ne compte pas rester une seconde de plus dans cet hôpital. Après avoir passé une main sur ses paupières, Blerim commence à se débarrasser de tous ces trucs qu'on lui a planté dans son bras. Plus besoin de ça maintenant, merci. Le loup a besoin de réponses, ça oui. S'il se souvient de son passé, des crimes qu'il a commis en tant que bras droit de son oncle pendant presque huit ans et des raisons qui l'ont poussé à prendre une nouvelle identité et à quitter son pays natal, le jeune homme ne sait pas vraiment quelle est la ville où il se trouve à présent. Pire encore, il ne se doute même pas de la mise en quarantaine qui a été instaurée à Réversa, mais aussi à Bristol, pendant qu'il dormait comme un idiot à cause de sa blessure et des médocs qu'on lui avait filés pour soulager la douleur et éviter qu'une transformation n'ait lieu involontairement.
Il y a deux jours (ou plutôt, la veille, dans sa tête encore un peu confuse), il était à Bristol, suivant des pistes qui menaient, ou du moins l'avait-il espéré pendant des semaines, à sa petite sœur disparue depuis des mois. Tout ça, c'était de la faute de son foutu oncle. Mais... Quelque part, c'était aussi de sa faute à lui aussi si Drita avait disparu, perdue, comme tant d'autres jeunes femmes que Dardan et son réseau de trafic humain faisaient disparaître, les envoyant partout en Europe, venues d'Albanie et d'autres pays de l'Est. Son oncle était vraiment un monstre qui ne savait pas ce que c'était que la pitié. C'était un homme qui n'avait plus aucune once d'humanité en lui. Enfin, le Balkanique n'est même pas sûr qu'il en ait jamais eu un jour, au fond. En tout cas, Blerim ne regrette pas de l'avoir tué. Même si ça implique qu'il doive cacher sa véritable identité désormais. Non, il a tué une ordure, un homme qui ne méritait pas de vivre, un homme qui n'aurait jamais dû être venu au monde.
Un homme qui l'a corrompu. Qui l'a tué, tout en le gardant en vie pendant toutes ces années. Le lycan avait 19 ans lorsque Dardan l'a pris sous son aile, en tant que son bras droit. Tout comme lui, l'adolescent était un lycan, et un Ujkani. L'héritier idéal, vu que Dardan n'avait pas d'enfant. Au fond, il ne pouvait qu'accepter, presque à contrecoeur. Plus par peur qu'autre chose. Désireux de protéger sa petite soeur et de faire en sorte qu'Arbën puisse mener sa petite vie sans trop de problèmes... Dushkan avait même cru, sans doute trop naïf, que le fait que son oncle soit un loup-garou pourrait l'aider à mieux vivre avec son propre loup, à mieux le contrôler. Mais non, ce que Dardan lui a appris, c'est à devenir un monstre. A diriger d'une main de fer ses affaires. Son oncle était un trafiquant assez connu en Albanie, et probablement en Europe, que ce soit en termes de drogue, d'armes ou de prostituées. Mais cet homme était également assez influent, suffisamment pour soudoyer la police locale et tuer dans l'œuf la moindre tentative contre son petit empire illégal.
A ses côtés, le jeune Albanais a beaucoup vu, beaucoup appris. Ça ne lui a jamais plu. Parce que ça ne lui correspondait pas. Il n'a jamais voulu devenir un criminel, un trafiquant, un tueur. Un violeur, même. Tout ça le dégoûtait tellement. Et pourtant, le lycan l'a fait, et son âme en porte les stigmates maintenant. Mais ne pensez pas qu'il n'a jamais essayé d'y échapper. De s'en éloigner. Il a essayé de résister. En vain. La pression de son oncle et de ses autres bras droits était juste trop forte pour qu'il puisse le faire. Ils pouvaient tous le tuer d'un moment à l'autre, et il le savait. Il n'était personne, il n'avait rien, sa vie ne valait rien. Il n'avait pas grand-chose à leur offrir, à part ses services, sa fidélité. Et pire encore : sa dignité, qu'il devait sacrifier par la même. Le Balkanique n'oubliera probablement jamais sa première fois avec une fille. Rien de si étonnant au final, pourrait-on dire... Mais là, ce n'est pas vraiment l'acte ce dont il se souvient le plus. Non, il se souvient surtout des regards et des sourires pervers de son oncle et ses potes, qui lui avaient dit de "vérifier si leur marchandise était de qualité", pendant qu'il s'exécutait, terrifié, mort de honte, de culpabilité. Il se souvient de la honte. De la culpabilité. De son estomac qui n'a pas tenu longtemps, juste assez pour être seul et donner libre cours au dégoût qui le marquait au fer rouge. Il bossait avec son oncle depuis quelques mois à peine ; et ce jour-là, une partie de son âme est morte. Après cela, même tuer pour la première lui a semblé moins compliqué à gérer qu'il ne l'aurait jamais pensé. Dushkan a appris à devenir froid, cruel, impitoyable. Le parfait reflet de son oncle.
Cependant, il n'était pas son oncle. Alors, au bout de quelques années, l'Albanais a décidé de stopper Dardan. Il n'en pouvait plus. Ces centaines de jeunes filles qu'ils avaient trompées, qu'ils avaient attirées dans leurs filets pour ensuite les obliger à se prostituer, à partir n'importe où en Europe, loin de leurs familles, très souvent rendues accros à la drogue par leur faute... Cela lui pesait sur la conscience. Car il en avait bien une, malgré son détachement apparent. Il avait une sœur, qui était juste une jeune fille, comme tant d'autres qu'ils avaient brisées, arrachées à leurs parents, à leurs amis, à leur bonheur, à leur pays... Il ne pouvait plus supporter ça. La drogue, les armes, ça passait, mais la traite des femmes, c'en était trop pour lui.
Sauf que personne ne s'en sortait indemne quand on défiait Dardan Ujkani. Mais même s'il le savait, le jeune homme a osé, faisant foirer volontairement le transfert de plusieurs dizaines de femmes vers la Grèce. Son oncle n'a rien dit, comme s'il ne lui en voulait pas. Comme s'il tolérait cette erreur. "T'es qu'un gamin irresponsable, Dushkan. Il serait temps que tu deviennes enfin un homme et que tu montres que tu as vraiment les épaules pour devenir mon successeur. Je commençais à croire que c'était déjà le cas, mais apparemment j'avais tort." Voilà ce qu'il lui avait dit, avant de hausser les épaules et de lui tourner le dos, l'air de rien. Le lendemain, Drita avait disparu. Le jeune Ujkani l'avait cherchée partout, mort de peur, le cœur meurtri. Il avait merdé, il avait fait la plus grosse connerie de sa vie. Il avait défié son oncle, et celui-ci s'était vengé sur sa petite sœur, qui n'était qu'une adolescente qui aspirait à une vie meilleure, où son talent, son travail et son honnêteté seraient récompensés. Dushkan avait tout gâché sur un coup de tête. Alors qu'est-ce qu'il a fait ensuite ? Il s'est ravisé. Il s'est excusé vis-à-vis de son oncle, lui a demandé de le pardonner, de le punir lui. De ramener Drita, de l'épargner. Non, pas elle, non, s'il vous plaît, pas elle ! Mais c'était trop tard. Elle était déjà loin. Et son oncle s'était assuré qu'on s'acharne particulièrement sur elle. Qu'on la fasse souffrir les conséquences de l'acte de son frère si protecteur.
D'abord anéanti par la nouvelle, puis fou de rage, le jeune loup a fini par feindre l'apathie totale. Comme si rien ne s'était passé. Il préférait se faire oublier, endormir les soupçons de son oncle, faire ses preuves à nouveau. Pendant deux longues, très longues semaines. Puis il a attendu le bon moment pour prendre son oncle par surprise, alors qu'il était tout seul dans son QG. Enfin, pas tout seul... mais après qu'il eut tué tout le monde dans cette maison, ça a été le cas. Et voilà, la suite, vous la connaissez déjà : Dushkan l'a poignardé plusieurs fois, savourant sa vengeance, sa brutalité, sa folie meurtrière. Mais, après cela, après qu'il ait réussi à quitter l'Albanie, les autres alliés de son oncle ont évidemment pris le relais et décidé de venger la mort de leur chef. Leur but ? Tuer le jeune loup aussi sauvagement qu'il n'avait tué Dardan.
Ainsi, pendant les semaines qui ont suivi cet incident, ils ont cherché à retrouver le jeune homme, qui, de son côté, faisait de son mieux pour suivre les pistes menant jusqu'à sa petite sœur. S'il pouvait encore la sauver, il le ferait. Il a donc tué tous ceux qui ont essayé de se mettre en travers de son chemin, sans la moindre pitié envers ces salopards. Puis, finalement, il est arrivé en Angleterre, passant d'abord par Londres et enfin, Bristol. Là-bas, les alliés de son oncle l'ont retrouvé, avant qu'il n'ait pu découvrir où était sa sœur ou si elle était toujours en vie. S'il a abattu certains d'entre eux, l'un de ces abrutis a réussi à lui tirer dessus, dans l'abdomen. Sachant pertinemment qu'il ne ferait pas le poids face à eux, le Balkanique s'est contenté de s'enfuir loin de la ville, marchant pendant des heures, se vidant peu à peu de son sang, de plus en plus faible, jusqu'à ce qu'une autre ville, qu'il ne connaissait pas du tout, se présente à lui. Une fois l'étrange étape de la douane passée, il pouvait enfin se laisser choir au sol, épuisé. Avant de se réveiller donc dans cette chambre d'hôpital, qu'il quitte aussitôt pour aller chercher sa sœur en ville. Sans se douter qu'il va devoir rester ici pendant des mois, jusqu'à ce que la situation empire encore plus, pour lui et pour les autres Nocturnes. Ou Aberrations, comme on les appelle désormais...
***
Bristol, décembre 2017
Cela fait un an. Un an déjà que le secret a éclaté. Que le gouvernement britannique a pris les choses en main, mettant toutes les créatures dans le même panier, les traitant comme des monstres. Non, pire, comme des merdes. Le regard de Blerim se perd dans le vague, alors qu'il est debout devant la fenêtre, observant les passants dehors. Un an s'est écoulé et la vie ne s'est pas arrêtée. Non, le temps a continué à s'écouler, la vie des simples humains chanceux également. Tandis que lui, il était prisonnier dans le Ribcage, malmené par des scientifiques, soumis à des expériences douteuses. Tiraillé par la peur, par la douleur, physique et psychique. Si toutes ces années passées aux côtés de son oncle ont été terribles, ces quelques mois passées en captivité, aux mains de ces monstres aux blouses blanche, ne l'ont pas moins été. Non, bien au contraire. Ils ont réussi à le briser. A réduire à néant son espoir, son envie de vivre.
Ils ont même réussi à déterrer ses pires secrets. Ils savaient qui il était. Qu'il n'était pas Blerim, mais Dushkan. Proie acculée, vulnérable, le lycan a dû tout leur dire. Ce qu'il avait fait, et pourquoi. Parler de la situation de sa sœur, de ses recherches inutiles qui visaient à la retrouver pour ensuite la sauver. Ils en savaient trop sur lui maintenant, donc autant leur dire toute la vérité. Emprisonné, il ne pouvait pas la sauver... Mais eux, si. Ils en avaient les moyens. Elle, elle était innocente. Elle n'était qu'une jeune humaine, victime d'un monstre sans cœur. Son propre oncle. Finalement, au bout de quelques semaines, les expériences se firent un peu plus rares. Un peu de répit, moins de peur. Juste la tristesse. La tristesse profonde de savoir qu'elle était morte. Par sa faute. Il avait failli à sa tâche, et c'était quelque chose avec laquelle il devrait vivre jusqu'à la fin de ses jours sur Terre. Mais au moins, l'incertitude était finie. L'espoir aussi, malheureusement, mais les faux espoirs ne servent à rien, de toute façon.
Blerim Dhimitër Troshani. Contre toute attente, il a pu garder cette identité. Les autorités albanaises avaient réussi à remonter jusqu'à lui, le reliant au meurtre de Dardan, mais les autorités britanniques n'avaient visiblement pas envie de le refiler aux Balkaniques comme ça. Ainsi, un accord a été passé, il y a de cela quelques mois : il leur racontait toute la vérité, il baissait les bras et se laissait faire. Les laissait le tuer à petit feu.
« C'est dans ton intérêt de collaborer avec nous. Fais-le, et tu n'auras pas à faire face à la justice albanaise, Dushkan. Ou tu préfères Blerim ? A toi de voir celui que tu veux être dorénavant. Tu es non seulement une aberration, mais aussi un sale trafiquant et un assassin. T'as de la chance d'être toujours en vie, t'sais. Mais pas sûr que les autorités de ton pays soient aussi clémentes en lisant un bon dossier de notre part leur expliquant la menace que tu représentes, pas vrai ? Ils trouveraient rapidement une façon de te tuer avant-même que tu n'aies terminé ta première nuit en taule. Alors que nous... On veut juste t'aider. Te rendre humain. Le choix est vite fait, non ? »
Un long silence pesant s'installe entre les deux hommes. Quelques secondes plus tard, le jeune homme reprend la parole, d'une voix tremblante.
« Je... J'accepte. Mais... Trouve ma sœur... S'il vous plaît... Moi, je m'en fous, mais elle innocente. Humaine... Pas Aberration comme moi. Trouve ma sœur... et je fais comme tu veux. »
Il avait les larmes aux yeux en prononçant ces paroles ce jour-là. Et il les a aux yeux maintenant, en repensant à cette conversation. En repensant à elle. Au fait qu'il n'a pas su la protéger. Au fait qu'il... aurait dû mourir à sa place. Sauf que non. Il est toujours en vie, malgré tous ses crimes, malgré tous les risques qu'il a pris depuis son arrivée en Angleterre. Malgré la quarantaine, malgré son emprisonnement au Ribcage. Malgré cet incendie qui a ravagé les lieux et poussé les dirigeants à libérer temporairement les détenus. Il est toujours en vie, malgré tout ça. Portant le poids de la culpabilité sur ses épaules. Tellement de regrets. Tellement de larmes. C'est pire que la mort, ça. Mille fois.
Hors-jeu
Pseudo et âge: Shadow Dancer, 25 ans. (aka Harald, Alexeï, Frederik, James, Ian, Lorens, Damian et donc Blerim. P'tain, on dirait un schizo )
Comment as-tu connu le forum? J'ai passé cinq belles années sur l'ancêtre du forum :potte:
Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire? Cet univers de fifou, voyons o/ Et la nostalgie, sisi
Depuis combien de temps fais-tu du RP? Six ans déjà d'âge mental xD
Fréquence de connexion: Tous les jours normalement, mais je serai probablement moins présent le week-end ^^
Un commentaire? It feels good to be back Vous m'avez manquéééééééé
Dernière édition par Blerim D. Troshani le Lun 25 Déc - 16:27, édité 19 fois
Edana J. May
Avatar : Anna Speckhart Autres Comptes : Rhea A. Bishop / Gaïa O'Callahan Missives : 3121 Livres en banque : 4643
Feuille de personnage Citoyenneté: (4/20) Don: Songs of the Day: Paint it black ~ Rolling Stones ♦ In Chains ~ Shaman's Harvest ♦ Evil Ways ~ Blues Saraceno ♦ Sick Like Me ~ In this Moment ♦ Who we are ~ Imagine Dragons ♦ Raise Hell ~ Dorothy ♦ Who did that to you? ~ John Legend ♦ Knocking on Heavens door ~ Raign ♦ The Conflagration ~ Stone Sour ♦ Whore ~ In this Moment
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 12:36
Et avec Bléblé en plus (je plussoie ce changement d'avatar :pinlove: )
* fais la danse de la joie, dépose des cookies en offrande, bisoute et repars bosser... xDDD *
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 12:52
Merciiiiiiiiiiiii Edaaaa
Ouiiiii, Bléblé is back, prêt à massacrer les verbes - et pas que (Et content que le choix te plaise, au passage xD)
*dévore Edachou des yeux pendant sa danse de la joie - bah quoi, c'est Blerim -, attrape les cookies, bisoute aussi... Et s'en va lire les annexes plutôt que d'aller bosser /sbaff/*
Dernière édition par Blerim D. Troshani le Mar 19 Déc - 15:42, édité 1 fois
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 14:01
T'es tellement beau toi
Bienvenue à la maison JOTEM
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 14:03
Welcooooome
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 19 Déc - 15:39
@Ellis A. Rhodes : Merciiiiiiiii, mon vampirou ténébreux (j'savais que ton humanité n'allait pas tenir longtemps, je le savais ) Tu pues la mort, mais j't'aime quand même, you know it
@Connor O. Burton Cocoooo' Content de te retrouver aussi Et ouiii, on va adorer se détester, je le sens
Par contre, je ne sais pas encore si Bléblé est en cavale ou s'il était au Ribcage pendant tout ce temps Faut vraiment que je fasse le tri dans mes idées, là
Bon, sorry guys, va falloir attendre encore un petit peu En ce moment, j'ai du mal à trouver du temps pour me poser et écrire quelque chose de potable - mais bon, ce n'est pas très étonnant, je suppose
Mais promis, je m'y mets après les fêtes
EDIT : Bah finalement, j'ai eu une inspiration soudaine et j'ai terminé la fichette
Edana J. May
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Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 26 Déc - 18:50
Pauvre Bléblé
Eda va le reprendre sous son aile, impossible autrement! xD
Tout est bon ** ça fait du bien de le revoir en tout cas, j'ai hâte de voir ce qu'il lui arrivera dans le futur mwahahahaha (pauvre Drita quand même...)
Je te laisse le guide de validation
FÉLICITATION Tu es des nôtres, t'as fini ta fiche comme les autres !
Le petit guide du nouveau !
Hey bravo pour ta validation ! Tu as su déjouer les pièges de la fiche et construire un personnage jouable parmi nous ! Donc déjà bravo !
Viens jeter un coup d’œil au Comptoir de Bristol qui t'expliquera comment avoir des points et surtout comment les utiliser pour faire évoluer ton personnage ! C'est également là que tu pourras faire tes demandes de rang personnalisé et de création de lieu(x).
Tu pourras Flooder à volonté par ici et créer ton forumspring .
Le staff est à ta disposition en cas de besoin !
Enfin, le plus important : Amuse-toi bien
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Mar 26 Déc - 22:12
Je l'ai encore torturé comme un grand, hein Mais ouiiiii, qu'elle le prenne sous son aile, il en a bien besoin (Et pour Drita... je ne sais pas encore si elle est effectivement morte ou pas *mystère* )
Bref, merciiiiiiiiiiiiiii
Kyle A. Lewis
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Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Ven 29 Déc - 18:40
Oh que ouiii mon gros louloup !!! En plus j'ai mes deux personnalités tu pourras choisir qui tu veux pour venir t'enquiquiner in rp ! xD
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Ven 29 Déc - 23:31
Owiiiii @Kyle A. Lewis Bah, ils ont été tous les deux renfermés au Ribcage et ils sont tous les deux des lycans, donc ça fait déjà deux points communs assez importants xD Bref, je viendrai te quémander un lien, that's for sure, mon Divine Ruler
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Sam 30 Déc - 16:19
Je fais un tour pour rattraper mon retard, alors je te le redis ici officiellement : bienvenue Ravie que tu ais craqué !
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Sam 30 Déc - 16:50
Thanks again, ma spectrounette adorée
Content être de retour aussi
PS : Il nous faudra un p'tit lien
Invité
Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II Sam 30 Déc - 17:31
Oui, on voit ça dès que je reprends le RP !
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Sujet: Re: Blerim D. Troshani ~ Albanian Nightmare vol. II