Eléonore Swann - Humaine à don [Terminé]

Eléonore est une femme douce et fragile. Il ne faut pas s'y tromper, elle possède une grande force morale mais elle n'en a la plupart du temps pas conscience. Elle peut déployer une énergie folle lorsque quelque chose la motive ou attise son intérêt. Nul ne saurait alors la distraire ou la convaincre qu’elle se trompe. Eléonore est une femme de parole, jamais elle ne trahira ses serments, c'est donc une femme sur laquelle on peut se fier les yeux fermés. Elle possède un grand sens moral qui s'encombre assez mal de l'injustice et elle tient à garder son intégrité morale autant que possible. Elle a un sens aigu de l’honneur et du dévouement. Elle fait confiance difficilement cependant, et n'est pas spécialement quelqu'un de sociable. Elle met du temps avant de se dévoiler, d’être elle-même. Elle semble ignorer l'attrait de ses appâts sur la gent masculine et n'est pas une femme qui joue de séduction. Elle a tendance à être assez têtue, ce qui lui porte souvent préjudice. Lorsqu’elle a décidé quelque chose, rien ni personne ne pourrait la faire changer d’avis. Elle est rancunière, quand quelqu'un l'a blessé ou lui a manqué de respect, elle tire définitivement un trait sur lui. En revanche, elle ne cherche pas spécialement la vengeance car elle reste un cœur généreux. Elle aura seulement tendance à rompre les ponts avec la personne qui l'a trahi. La jeune femme est très secrète, elle ne se livre pas facilement, elle a tendance à aimer garder son jardin secret et ne pas évoquer ses états d'âme avec n'importe qui. L’humaine est quelqu’un d’altruiste, elle cherchera toujours à aider son prochain. Elle ressent beaucoup de compassion pour son prochain, même en ce qui concerne les Aberrations. Elle ne les connait pas, peut-être ne sont-ils pas aussi terribles qu’on le dit ?

Le bureau sentait comme toujours la violette et la sueur. Drôle de combinaison. Le tableau représentant… quoi d’ailleurs ? Un cerveau ? Oui, ça devait être ça. De toute façon, dans le cabinet d’un psy, ça ne pouvait qu’avoir un rapport avec le cerveau, non ? Elle s’installe dans le profond fauteuil de cuir tandis qu'Eléonore s’étend sur le sofa. Ce sofa sur lequel elle s'allonge depuis plusieurs semaines maintenant. Mais on ne plaisante pas avec le CODEC, elle doit jouer le jeu, elle n'a pas spécialement le choix. La seule chose qui lui reste, c’est son boulot. Oui, danser et se dévêtir n'est absolument pas ce dont rêvent les petites filles mais c'est tout ce qu'elle sait faire. Ca et son don. Alors, elle ne peut pas faire autrement, non. Même si elle estime qu’on devrait la laisser tranquille. Elle ne représente pas une menace. Elle en a marre de revivre ça. Elle veut passer à autre chose. Mais il paraît que pour passer à autre chose, il faut revivre ça… A devenir tarée comme raisonnement. Elle soupire.

Alors Eléonore, de quoi voulez-vous parler aujourd’hui ?

Rentrer dans son jeu, même si elle n’en a aucune envie.

Et bien, j’imagine que tout histoire a un commencement et que c’est lorsque tout est terminé qu’on repense à la façon dont cela avait commencé…

****** Réversa – 1992 *****

L'odeur était forte. Une odeur de sueur et d'autres choses moins recommandables. Elle entendait des cris. Des hurlements. Cela lui faisait peur. Elle ne comprenait pas. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Elle n'en avait aucune idée mais quelque chose n'allait pas. La petite Eléonore avait 5 ans seulement. Une petite fille gentille et douce, avenante. Qui était née dans une misère noire. Elle avait pourtant une forme d'innocence, une fleur au milieu des ordures. Elle habitait avec sa mère, n'ayant jamais connu son père. Un homme absent, n'existant que dans son imagination. Elle se l'était toujours représenté grand, blond avec des grands yeux noisette. Un colosse. Rêve d'enfant. Car Eléonore était une rêveuse. Elle pouvait rester des heures le regard dans le vide, à sombrer dans ses rêveries. Elle se racontait des histoires merveilleuses, extraordinaires. Elle était une princesse d'un conte oublié. Elle était une guerrière. Dans sa tête, tout était possible. Elle pouvait partir loin, très loin de chez elle.

Pour l'heure, la petite Eléonore était sur le pas de la minuscule maison de sa mère, dans un quartier mal famé de Réversa. Elle écoutait les cris, les hurlements. Son coeur battait fort, si fort. Il paraissait vouloir sortir de sa poitrine. Ces cris l'effrayaient. Il arrivait quelque chose à sa mère et elle ne pouvait rien faire. Strictement rien. Allait-elle mourir ? Elle frémit à cette pensée. Sans sa mère, elle n'avait plus rien. Plus personne. Soudain, les cris cessèrent. Eléonore retint son souffle. Elle entendit la porte s'ouvrir. Elle n'osa se retourner, craignant de découvrir le corps de sa mère couvert de sang. Finalement, elle prit son courage à deux mains et retourna la tête, mais son regard ne rencontra qu'un homme. Un homme petit, laid et brun. Il souriait. L'air satisfait, il lui adressa un clin d'oeil en lui caressant rapidement la tête puis s'éclipsa. Ce fut alors qu'Eléonore aperçut sa mère dans l'embrasure de la porte de la chambre, qui comptait les billets verts que l'homme lui avait donné. Elle lui adressa un maigre sourire fatigué puis murmura :

Viens, Elé, je t'offre une glace ?

*********
Vous avez toujours vécu à Réversa, c’est bien ça ?
Oui. J'y suis née et y ai vécu.
Très bien. Dites-moi comment vous en êtes venue à exercer votre profession. Est-ce là que vous avez rencontré Clément ? Et que vos pouvoirs se sont déclenchés ?

Eléonore respire en fermant les yeux. Tant de souvenirs remontent. D’ordinaire, elle les aurait enfouis comme elle fait d’habitude. Mais si elle veut être en règle avec le CODEC, elle doit jouer le jeu. Alors allons-y franco.

***** Réversa – 2004******

La nuit était noire et sombre. Pleine de terreurs pour les gens du commun. Mais également plein de plaisirs pour les gens qui savent les dénicher. Eléonore enfile sa tenue. Paillettes et strass. Elle se maquille. Se regardant dans le miroir, elle a l'impression d'avoir apposé un masque sur son visage. Elle n'est plus elle-même. Elle n'est plus la jeune fille timide et réservée qui craint les créatures de la nuit qui habitent à Réversa. Elle est une autre. Cela a quelque chose de libérateur et en même temps pas. Elle fait avec. Elle termine de se préparer, puis elle s'avance, dans l'obscurité. Dans la nuit noire. Et soudain, la lumière fuse sur elle, l'éblouissant. Elle est sous le feu des projecteurs. Elle se met alors en mouvement. Les sifflements l'entourent mais elle ne les entend pas. Elle ne les entend plus. Qui sont-ils, ceux qui sont à ses pieds alors qu'elle s'enroule lascivement autour de la barre de pool-dance ? Elle l'ignore. Vampire ? Lycan ? Qu'importe. Elle danse et se dévêtit pour eux, quels qu'ils soient. Après tout, cela vaut mieux que de coucher avec eux, comme sa mère. C'est ce soir-là, après sa danse dans la salle principale qu'il est venu. Encore. Il la réclamé, elle. Et pas une autre. Comme il fait tous les soirs depuis 5 jours. Elle monte donc à l'étage dans les salles de danse privées. Mais alors qu'elle s'apprête à faire son boulot, il l'arrête.

Non. Je veux te connaître. Toi. Et ton corps. Mais seulement si tu veux de moi.
Qui êtes-vous ?
Je m'appelle Clément. Je suis musicien.

Il s'était emparé de ses lèvres et elle s'était offerte à lui cette nuit-là. Alors qu'elle s'endormait, elle avait pour la première fois, fait un rêve très étrange. Elle suivant Clément et c'était des éléments de son passé. Elle ne comprenait rien et c'est avec le temps qu'elle avait fini par se rendre compte qu'elle ne dormait plus. Elle se nourrissait des rêves des autres...

********

Clément a été l’amour de votre vie.
Si vous le dites…
Ce n’est pas moi qui le dis, c’est vous. Vous me l’avez confié, vous l’avez oublié ?
Non, je ne l'ai pas oublié.
Si nous enchaînions ?

La gorge d'Eléonore se serre. Elle sait ce qui lui vient à l’esprit immanquablement lorsqu’elle pense à Clément. Elle doit le faire. Elle doit en parler. Elle doit le dire. Elle serre les dents, une boule énorme s’enfonçant dans sa gorge. Elle respire profondément pour desserrer l’étau qui comprime sa poitrine.

****** Réversa – 2013******

La journée avait été épuisante. Eléonore s’était installée avec Clément, et ils avaient un petit garçon âgé de 5 ans, John. Un petit ange aux cheveux noirs. Magnifique, doux et gentil. La prunelle de leurs yeux. Eléonore et Clément n’avait pas beaucoup de temps, la jeune femme était devenue serveuse dans un bar, Clément ayant insisté pour qu'elle cesse le srip-tease. Cette journée-là, elle savait qu’ils fêtaient leur 7ème année de mariage. Elle avait hâte de rentrer serrer son mari et son fils dans ses bras. Elle était enfin arrivée. John était chez son copain et Clément ne tarderait pas à rentrer, il était allé le chercher en voiture. Il n’arriva jamais… Elle entendit son portable sonner. Elle décrocha, sourire aux lèvres en reconnaissant le numéro de Clément.

Bonjour, mon amour ! Tu as récupéré John ?
Elé…

La ton de voix la glaça littéralement. Clément… pleurait ?! Elle n’avait jamais de sa vie vu  son mari pleurer. Il se passait quelque chose de grave… Elle n’entendit que les débuts de sa phrase. John… Accident de voiture… Hôpital… Etat critique… Elle lâcha le téléphone et s’effondra de douleur au sol. John est mort un samedi matin… Et son mariage avec lui.

********

Quand vos pouvoirs se sont manifestés, lors de votre première nuit avec Clément puis après, vous voyiez des choses avez-vous dit ?

Eléonore se contenta de hocher la tête.

C'est-à-dire ?

Elle soupira. La psy était en cheville avec le CODEC, elle n'allait pas la lâcher. Autant se mettre à table tout de suite.

J'ai commencé à voir des choses... Lorsque je dormais, je faisais des rêves ou des cauchemars qui ne collaient pas. Je me rendais compte que ce n'étaient pas les miens... Je pouvais avoir accès aux rêves des autres, y être plongée, comme si c'était moi qui rêvais mais je me voyais de l'extérieur. Et puis, petit à petit, j'ai réussi à les modifier.
C'est-à-dire ?
Je pensais très fort à un objet et il se matérialisais sous mes yeux. Puis, ce fut un paysage et enfin je me rendis compte que je pouvais modifier le rêve en lui même. Cela m'épuisait dans les premiers temps. Mais c'était fort utile. Je réussis à calmer les cauchemars de Clément avant que nous ne nous soyons séparés. Ca ne marchait malheureusement pas sur moi-même...
Pourquoi êtes-vous revenu à Bristol avant la chute de Réversa ?
Réversa est l'endroit où je suis née. Et l'endroit où j'ai vécu toute cette horreur. J'ai voulu me ressourcer et donc m'enfuir. En finir avec tout ça. Je suis arrivée juste à temps pour ne pas voir la fin de cette ville.
Et votre rapport aux Aberrations ?
J'ai vécu à Reversa les premières années de ma vie, je connaissais naturellement l'existence du surnaturel. Je sais que les Vampires et les Lycans sont des monstres.
Pardonnez-vous à Clément ?
Jamais je ne pourrais lui pardonner.
Pourquoi ?
C’est de sa faute si John est mort. S’il était allé le chercher comme prévu, jamais tout cela ne serait arrivé.
Il était allé chercher un cadeau et de quoi faire un bon repas pour votre anniversaire de mariage.
Vous croyez vraiment que je préfère qu’il ait pensé à notre anniversaire de mariage plutôt que mon fils soit en vie ???
Ce n’est pas ce que j’ai dit. Bien. Autre chose à évoquer aujourd'hui ?
Non.
Très bien. On se dit donc à la semaine prochaine.

Eléonore se lève et quitte les lieux. Tout n'est pas encore fini...

Pseudo et âge: Juju, 30 ans

Comment as-tu connu le forum? J'y étais avant (Mary O'Connor)

Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire? Moi-même :)

Depuis combien de temps fais-tu du RP? Depuis une quinzaine d'années (ça me rajeunit pas, snif)

Fréquence de connexion: 5/7

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