Surrender || ft Edana

Tel un étranger, je navigue entre ces corps qui ne représentent rien à mes yeux las de ce monde que je n'ai que trop contemplé. Et je n'avance que dans le seul et unique but de te retrouver, endurant la présence de tous ces aliénés qui m'empêchent et m'empêcheront toujours de trop penser. Aucune logique à cette danse effrénée que nous nous efforçons tant bien que mal d'encore jouer, seul cette absolue survie qu'il nous faut préserver et cette illusion que l'on doit sauvegarder. Ils ne doivent pas nous voir, se contentant de nous penser chétifs et noirs, plus obscure qu'une ombre mais tout aussi frêle qu'une tache d'encre s'effaçant en un buvard, engloutit par ce monstre assoiffé qui veut encore et toujours plus que ce qu'il ne peut absorber. Attends-moi, je serais bientôt là. Et d'ici peu, elles voleront alors toute en éclat, leurs cages maudites en lesquelles ils pensaient pouvoir asservir les rois. Je me prête à leur petite mascarade, courbant le dos face à leur flingues et pensées morbides qui en la cavité misérable de ce qui leur sert de boite crânienne, toutes une à une face à moi se prosternent tapis en l'ombre de notre douce haine. Ils ne savent pas que nos retrouvailles marqueront pour eux mille siècles d'interminable peine. Alors qu'ils me traînent oui et qu'à tes pieds ils me gouvernent, je ne serais jamais que le sombre cavalier qui en la noirceur de ton âme attend de te sacrer son éternelle reine. Et ils rugissent les ordres que ces glorieux braillards beuglent à mes oreilles, comme si la surdité faisait parti de mon nouvel éveil. Imbéciles, que je mémorise pour un jour, pouvoir jubiler au-dessus de vos charmantes petites têtes que je prendrais un malsain plaisir à dévisser de sur vos deux pathétiques petites épaules.

Et plus je me rapproche et plus je te ressens qui à mes sens se raccroche. Combien de temps, combien de mois, combien de semaine, ont-ils usé afin de mieux nous séparer? Combien de jour, combien de nuit, combien d'instant ne nous ont-ils déjà que trop volé? Combien d'heure, combien de minute, combien de seconde allons nous leur faire payer? Et elles te caressent inlassablement toutes mes sinistres pensées qui te bercent comme elles ont pu depuis si longtemps te manquer. Et plus mes pas s'enfoncent en l'édifice sécurisé, et plus tu les sens en ton cœur peser de leur noirceur que dans quelques minutes tu ne pourras t'empêcher de savourer. Un souffle et je suis là, un battement de cœur et je suis tout à toi, perpétuellement enchaîné à nos âmes damnées de cet infâme que nous continueront toujours à représenter. Je finis par la terrasser, cette ultime distance qui se brise pour mieux nous laisser nous recomposer. Un dernier ordre que je ne relève pas est craché d'une bouche que je ne désir même pas, tandis que je reste là, suspendu à tes seules lèvres qui m'appellent et m'ordonnent de crever les cieux et broyer l'enfer. La porte se referme et tu l'entends véritablement cette fois, mon souffle qui s'écrase en le vide de cette pièce austère qui nous perds en l'écho de notre insaisissable univers. Je suis là, je suis las, mais jamais de toi. Alors viens, rejoins-moi et laisse-moi savourer ces miettes que ces chiens nous ont accordé. Un pas après l'autre, je me dirige automatiquement vers toi, répondant à ton silencieux appel, te prends en mes bras et te soulève doucement, assouvissant ce besoin que ton cœur contre le mien à l'unisson martèle. Ils ne comprennent rien. Ne comprendront jamais rien et demeureront éternellement brisés contre les récifs de notre amour luciférien. Te reposant doucement et embrassant ton cou, je te murmure alors :

- Miroir miroir que je ne pouvais embrasser, dis-moi qui est la plus brillante étoile de ta destinée?    

Te serrant davantage en mes bras et te gardant tout contre moi :

- Parait que je commençais à te manquer.

Combien de temps, combien de mois, combien de semaine, ont-ils usé afin de mieux nous séparer? Combien de jour, combien de nuit, combien d'instant ne nous ont-ils déjà que trop volé? Combien d'heure, combien de minute, combien de seconde allons nous leur faire payer? Et elles me caressent inlassablement toutes tes sinistres pensées qui me bercent comme elles ont pu depuis si longtemps m'alimenter. Car je suis là, je suis las, mais jamais de toi.

- Non… Et surtout, je me contre fous d'ici.

C'est alors que sans plus de cérémonie, je me penche davantage vers toi t'embrasse sans gène ni honte aucune. Pourquoi se cacher ou même perdre un seul instant de ce temps que nous n'avons jamais réussi à maîtriser? Baiser chaleureux qui vient te remémorer telle une promesse oubliée que tu es humaine, vivante et en mon cœur seule et unique souveraine malgré tout ce qu'ils ont pu te faire encaisser, ou tout ce que tu penses avoir perdu et qui t'aurait à mes yeux destitué. Jamais. Saisissant ta main invalide tout en déposant mon front contre le tiens, je te souffle doucement afin de te rassurer :

- Ça va aller.  

Ils ne vont pas tarder à payer…  

Que tu peux lire en mes pensées. Tu sens que je t'en ouvre encore plus grand la porte qu'à l'accoutumé, te permettant de t'y promener à ton aise afin que tu puisses y récupérer les informations que tu brûlerais d'aborder. Je te montre ce que j'ai pu voir de l'extérieur, ainsi que les informations que j'ai pu en glaner. Le déclin approche, le chaos ne cesse de tambouriner à leur arrogantes portes, mais ils ne savent pas encore sous quelles formes vont se présenter les monstres téméraires venus pour les dévorer. Je te souris alors, observant l'air de rien ta chambre, puis faisant quelques pas afin de voir ce que cela faisait d'être toi :

- Charmant, très sobre et épuré comme tu peux aimer…  

Avant qu'Éris ne donne plus signe de vie, on a étudié les sécurités et l'agencement du bâtiment ainsi que ses alentours … Peu importe ce qui viendrait à t'arriver, on aura toujours de quoi te sortir de là…

Je souris un instant, hume l'air rendu par ta présence vibrant, puis détaillant encore les lieux, me dirige vers la fenêtre qui, j'en suis sûr, est rapidement devenu ton lieu d'évasion préféré :

- Banale mais intéressante…

Je me retourne vers toi

- La vue.

Si je pouvais t'emmener avec moi, t'extirper de ces quatre murs indignes de toi, je t'emporterais sur le champ et te ferais oublier tout de leur misérable procès, justice aveugle et pathétiques lois. Tes yeux las semblent retrouver au fil des minutes qui passent un peu plus de leur originel éclat, et plus je demeure là, et plus je te laisse t'abreuver en le silence de nos âmes en émoi. Je ne sais pas quoi faire de plus pour te permettre de garder espoir et te faire oublier les sanglots que tu étouffes, seule, en ton oreiller lorsque vient à s'écrouler sous tes paupières le voile sinistre du soir. Je me contente alors te demander :

- Comment ça se passe pour toi ici? On te traite bien? T'as plus l'air brisé que réparé…

Et on en est tous là je crois… Chacun d'entre nous, on a tous perdu quelque chose au combat, des moments, je me demande bien pourquoi tout ça ? Ya que Faye et moi qui nous en sortons pas trop mal et qui demeurons encore stables. Mais à quel prix, toi t'es là, et moi, je suis partout et nulle part à la fois. Dis-moi ce dont t'as besoin? Dis-moi ce que t'attends de nous, de moi? Qu'est-ce qui se passera si ton procès devait mal tourner? Je jure devant Dieu que si ça venait à arriver, je les ferais tous brûler.

Donne-moi quelque chose à laquelle me raccrocher avant que je ne fasse tout exploser et que je ne t'embarque loin de ta patrie de dégénéré. Je me demande encore à quoi aurait pu ressembler nos vies si seulement tu avais accepté… La nature de ce lien qui nous a toujours lié, de partir et abandonner ce foutu pouvoir qui t'a trop de fois mené en des rivages dont j'ai bien failli ne pas pouvoir te ramener, d'être autre chose que la machine parfaite et sans accroc que ta mère a derrière elle laissé. Si t'avais pu accepter, ouais, si seulement t'avais pu accepter de véritablement vouloir vivre plutôt que de crever. On aurait déjà eu le monde à nos pieds.