It's been a while | Alina

Tout avait changé. Tout était différent. Il avait survécu. Il avait souffert. Il avait atrocement souffert, mais il avait survécu. Le Rituel était légitime. Il en avait déjà eu la preuve quelques semaines plus tôt, lorsque, sans le savoir, il avait fait la rencontre d’une jeune femme anciennement vampire. Cela ne l’avait pas empêché d’être mort de trouille lorsque vint son tour. Il avait revu son frère juste avant et son frère l’avait prévenu que ce serait tout sauf agréable. Malgré tout, Aidan ne s’était pas attendu à souffrir à ce point. C’était sans doute encore plus douloureux que lors de sa transformation en vampire. Ce Rituel, il n’avait jamais voulu le passer, mais on lui avait forcé la main. Un peu. Car au fond, il avait fini par se résigner. Après les récents événements qui avaient ébranlé la ville et toutes les communautés qui y vivaient, plus rien n’était pareil. Et Aidan avait merdé. Il avait sacrément merdé en tuant un humain, sous le coup de la rage. Il s’en voulait. Il s’en voudrait sans doute jusqu’à la fin de ses jours, même si, au fond, c’était surtout la faute de ceux qui s’étaient mis à tirer dans le tas. Sans ça, jamais Aidan n’aurait perdu le contrôle. Néanmoins, il était bien trop facile de rejeter la faute sur les autres. Peu importe le déclencheur, c’était ses crocs qui avaient percé la peau de cet humain, c’était lui qui l’avait vidé de son sang. Alors, il ne s’était plus montré aussi réticent envers le Rituel. Certes, il savait qu’il perdrait sa force, sa vitesse et tous les aspects positifs qu’apportait la nature de vampire, mais au moins, il ne risquerait plus de tuer quelqu’un comme il l’avait fait.

Voilà deux semaines qu’il avait passé le Rituel. Deux semaines qu’il tentait de se réadapter à une vie d’humain. C’était beaucoup moins évident qu’il ne l’avait cru au départ. Après tout, il avait passé la majeure partie de sa vie comme humain et seulement près de quatre ans comme vampire. Et pourtant. Les premiers jours furent les plus difficiles. Il avait mal partout et son corps semblait rejeter toute nourriture au début. Jusqu’à ce qu’il finisse peu à peu à se réhabituer à un fonctionnement plus normal. Depuis, il avait redécouvert les plaisirs de la nourriture, même si ce qu’on lui servait au Centre n’était certainement pas de la grande gastronomie. En fait, il avait surtout hâte de sortir de là pour manger de la pizza. Et autant de chocolat qu’il le voulait. La pizza lui rappela Alina qu’il avait rencontrée alors qu’elle allait justement chercher une pizza. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu’il profitait de son énième petit bain de soleil à travers la fenêtre de sa chambre. Ça, par contre, c’était bien cool. C’était même très agréable de pouvoir à nouveau sentir les rayons du soleil sur sa peau sans avoir peur de prendre feu. En même temps, c’était bizarre. Parfois, il se réveillait et avait un violent mouvement de recul en sentant le soleil sur sa peau. Avant de se souvenir qu’il ne risquait plus rien. Il se demanda si Alec avait bien réussi à contacter Alina et à lui dire ce qui s’était passé. Il n’avait eu aucune nouvelle depuis, ignorant totalement ce que la jeune femme avait traversé de son côté.

Il commençait à faire des projets pour quand il pourrait enfin sortir. Ça l’aidait à tenir, à positiver. Parce que ce n’était vraiment pas facile. Parfois, il se sentait carrément déprimé et restait dans son coin, en silence. Lui, d’habitude si bavard, si sociable. Il avait un peu l’impression d’avoir perdu une partie de lui-même. C’était vraiment étrange et désagréable comme sensation. Mais il s’y ferait. Il n’avait pas le choix. Faire des projets l’y aidait. Il pourrait reprendre ses études pour enfin concrétiser son rêve et devenir journaliste. Il pourrait. Mais ça lui semblait encore si loin. Soudain, on vint le chercher pour l’emmener en salle de visite. Apparemment, quelqu’un était là pour le voir. Alec ? Mais lorsqu’il arriva dans la salle, ce ne fut pas son frère qu’il vit, mais une tignasse rousse qu’il aurait reconnue entre mille. Alors, Alec avait réussi à transmettre le message. Et elle était venue. Elle était là. « Alina… ? » Il avait encore un peu de mal à y croire car depuis leur toute première rencontre, ils ne s’étaient pas revus. Ils avaient échangé des sms, mais c’était tout. Il avait l’impression qu’elle n’était pas tout à fait comme dans ses souvenirs, mais c’était sans doute dû au fait que précédemment, il la voyait à travers des yeux de vampire. Après être resté planté au même endroit comme un idiot pendant quelques longues secondes, il finit par esquisser un grand sourire et s’avancer vers elle. « Quelle bonne surprise ! Alec t’a transmis le message, j’imagine ? » Il était vraiment heureux de la voir. Tellement heureux qu’il aurait pu la prendre dans ses bras. Mais en avait-il seulement le droit après une seule rencontre ? « Comment tu vas ? » Qu’elle soit venue le touchait vraiment et il sentit les larmes lui monter aux yeux. Merde. Il était tellement émotif et sensible depuis tout ça. Il se trouvait pas mal pathétique.

Il n’aurait jamais imaginé finir là un jour. Pas comme ça, pas dans ces conditions. Il était perdu, il ne savait plus vraiment qui il était. Enfin…si. Mais il allait devoir redéfinir toute sa vie, recommencer à zéro. Il y avait énormément de points positifs à tout ça, mais pas que. Il avait encore du mal à se réhabituer à une vie d’humain. Combien de fois s’était-il surpris à penser que telle ou telle chose serait plus facile s’il était encore vampire ? Un réflexe, sans doute. Et puis, au fond, il n’avait pas été un vampire si longtemps que ça. Il pourrait certainement se réadapter plus facilement que ceux ayant passé plusieurs décennies, voire siècles, sous forme de vampire. Ça n’en restait pas moins difficile pour autant. Son monde avait été chamboulé pour la deuxième fois. Et ce qu’il avait vu, ce qu’il avait vécu ce jour-là resterait sans doute à jamais gravé dans son esprit. Il voulait pourtant oublier…oublier qu’il avait tué quelqu’un dans le feu de l’action, qu’il avait été incapable de se contrôler, alors qu’il s’était toujours très bien débrouillé depuis le début. Trop bien, même. Il aurait cette mort sur la conscience jusqu’à la fin de sa vie, il le savait. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça. Il avait de la visite et pas n’importe laquelle. C’était Alina. La jolie rousse qu’il avait rencontrée avant que tout ne parte en vrille. Celle qui était passée par la dure épreuve du Rituel avant lui. Il l’avait deviné, finalement. Sans doute que ça les rapprochait d’autant plus. Elle pourrait probablement l’aider à trouver des réponses aux questions qu’il pouvait se poser, elle pourrait l’aider à se réadapter. Car la réadaptation dans ce centre était une chose, celle à l’extérieur en serait une autre.

Heureux de voir la jeune femme, il ne put contenir son émotion, même s’il se retint de la prendre dans ses bras. Finalement, ce fut Alina qui prit cette décision pour lui, venant le serrer doucement contre elle. D’un seul bras. Que diable lui était-il arrivé ? Il garda cette question pour lui, profitant de cette brève étreinte qu’il lui rendit, fermant un instant les yeux tout en essayant de retenir encore ses larmes. Lorsqu’elle se recula, il sentit le rouge lui monter aux joues. Sérieusement ? Agacé contre lui-même, il détourna le regard un instant, alors que la jeune femme avoua qu’elle s’était inquiétée pour lui, tentant même de faire un peu d’humour. Aidan esquissa un petit sourire un peu triste. « Désolé…Je n’avais pas vraiment l’intention de disparaître de la circulation. » Une chose était sûre, à cet instant, il n’était plus vraiment ce jeune homme souriant et blagueur qu’Alina avait rencontré auparavant. Il le redeviendrait sans doute…mais pour l’heure, il n’avait pas le cœur à ça. Pas du tout. « Il va falloir que tu te trouves un nouveau garde du corps… » Il fixa le sol un instant. Il détestait être comme ça, il détestait se sentir ainsi. Il devrait être content d’être toujours en vie et d’avoir la possibilité de sortir de cet endroit, libre. Pourtant, il n’y arrivait pas. Pas après ce qu’il avait vécu, pas après la souffrance qu’il avait traversée. « Je sais. J’ai deviné que tu avais écrit cet article. » Il lui adressa un petit sourire. « C’est sans doute ce qui m’a aidé à tenir et à surmonter cette épreuve. » En partie, oui. Si Alina avait survécu au Rituel, si elle avait réussi à s’en sortir, il le pouvait aussi.

« Je suis tellement perdu… » Il s’avança vers le mur le plus proche et se laissa glisser au sol, ramenant ses jambes contre lui. « Tu…as mis combien de temps avant de te réhabituer à une vie… normale ? » Il se doutait bien que c’était très subjectif, mais il était curieux. « Mais n’essaie pas de dévier le sujet. Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu étais là…pendant l’attaque ? » Peut-être que ce n’était qu’une coïncidence, même s’il n’y croyait pas vraiment. « Je… » Il ne put retenir une larme de couler le long de sa joue alors qu’il se remémorait ce jour maudit. « J’ai tué quelqu’un. Je l’ai vidé de son sang. » Le dire à haute voix, le dire à quelqu’un d’autre – outre son frère – lui faisait quelque chose. Il eut un violent pincement au cœur et se sentit à nouveau submergé par la culpabilité. « J’ai toujours réussi à me contrôler. Toujours. Mais je suppose que je me croyais trop fort. » Il poussa un soupir et essuya cette maudite larme. « Tu m’as vraiment manqué, tu sais. » Ça n’avait aucun rapport, mais peu importe. C’était la vérité. Il s’était attaché à elle plus qu’il ne l’aurait cru et en très peu de temps. Certaines personnes laissaient une forte impression dès la première rencontre et Alina en faisait sans conteste partie.

Perdu. Perdu. Il était comme un chaton perdu depuis qu’il avait passé le Rituel. Un chaton perdu qui ne savait pas quoi faire, qui se sentait en plus misérable la plupart du temps. Bien entendu, le fait d’être redevenu humain lui permettait de redécouvrir certains plaisirs simples de la vie sur lesquels il pensait avoir tiré un trait à jamais. Mais à l’heure actuelle, c’était bien la seule chose positive qu’il y voyait. On l’avait obligé à passer le Rituel, on ne lui avait guère laissé le choix. Et Aidan avait été tiraillé. Tiraillé parce qu’il avait tué quelqu’un et qu’en redevenant humain, ça ne se reproduirait pas. Néanmoins, il perdait aussi une partie de lui. Il avait fini par accepter sa nature de vampire, il avait essayé de faire au mieux pour aider les autres avec ces nouvelles capacités. Il avait pu notamment sauver Alina de ses agresseurs. Et d’autres encore. A présent, il ne le pourrait plus. A moins de se mettre à s’entraîner sérieusement. Et encore. Il ne pourrait jamais rien faire contre un vampire ou un loup-garou. Il était redevenu une proie. Alors oui, il le vivait assez mal et physiquement, il se sentait faible, épuisé et en proie à bien trop d’émotions d’un coup. Et puis, il avait surtout envie de sortir de cet endroit. Il n’en pouvait plus et pourtant, il n’avait pas le choix. Il devait rester encore quelques temps. Il avait l’impression d’être en cage et ça ne lui plaisait absolument pas. Il détestait le gouvernement, il détestait ceux qui travaillaient au Ribcage, ceux qui s’étaient montrés aussi violents envers les Aberrations et qui continuaient à le faire. Ce n’était pas juste. Pas juste du tout. Voir Alina lui faisait du bien, se confier à elle aussi. Après tout, elle était très bien placée pour le comprendre, pour l’aider à surmonter tout ça. « Tu dis ça pour me faire plaisir. Je ne pourrais jamais te protéger contre un vampire ou un lycan, maintenant. » Il détourna le regard, comme s’il avait honte. Et au fond, il se sentait sans doute un peu honteux, en effet. Il avait la possibilité de démarrer une nouvelle vie, de ne plus être confronté à la soif de sang en permanence, il n’avait plus besoin d’avoir peur de perdre le contrôle…et pourtant, la situation lui déplaisait.

Finalement, il questionna la jeune femme sur sa propre situation. Comme il s’y était attendu, ça n’avait pas été facile pour elle. « Quoi ? Personne n’est venu te voir ? Mais…comment ? Pourquoi ? » Ça lui faisait mal au cœur de savoir qu’Alina avait été seule pour traverser cette épreuve. Alors oui, il s’estimait chanceux de pouvoir compter sur elle, mais aussi sur Alec. Il n’était pas seul et comme elle l’avait si bien dit, c’était peut-être ce qui lui permettrait de se remettre plus vite. Il l’espérait, du moins. Il fut néanmoins choqué d’apprendre qu’elle avait été là au moment de l’attaque. « Pourquoi ? Pourquoi avoir pris de tels risques ? S’il t’était arrivé quelque chose, je… » Il se tut. Il ne voulait pas envisager le pire, d’autant plus qu’Alina s’en était sortie. Amochée, mais vivante.
Aidan se sentait idiot, faible, impuissant. Et il ne cessait de repenser à ce qui s’était passé, à ce qu’il avait fait. Il ne put s’empêcher de verser une petite larme, se maudissant de sa propre faiblesse face à Alina. Maudite fierté qui ne servait de toute façon plus à rien. « Je n’ai jamais considéré ça comme exceptionnel…Mais je suis désolé que tu aies dû traverser tout ça. Si on s’était connu avant… » Alors quoi ? Il aurait pu l’aider ? Mouais. Rien n’était moins sûr. Il sentit le rouge lui monter légèrement aux joues lorsque la jeune femme posa sa main sur son visage, l’obligeant à la regarder. Oui. Il était vraiment perdu. Toutes ses émotions se mélangeaient. Son cœur battait la chamade face à cette proximité. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Il finit par esquisser un petit sourire, puis posa sa tête contre l’épaule d’Alina. « Physiquement… ? Je suppose que ça va. Mais c’est vrai que j’ai l’impression de vivre au ralenti. J’apprends à redécouvrir mon corps. C’est étrange… après tout, j’ai quand même passé la majeure partie de ma vie en tant qu’humain… Alors pourquoi c’est si difficile ? »

Il poussa un petit soupir et, sans vraiment s’en apercevoir, il glissa sa main vers celle d’Alina pour la serrer doucement. Le geste paraissait naturel. Il resta ainsi un petit moment, sans prononcer le moindre mot, profitant simplement de la présence de la jeune femme. Elle était apaisante. Elle lui faisait du bien. Elle le réconfortait. Il en avait presque oublié où ils se trouvaient. Il en avait presque oublié qu’ils étaient sans doute observés en ce moment-même. « Merci d’être là… » Une phrase pour rompre le silence. Puis, il releva la tête et plongea son regard dans celui d’Alina. L’instant d’après, ses lèvres se posèrent contre celles de la jolie rousse et il l’embrassa.

Aidan se sentait en confiance avec Alina. Pourtant, ce n’était pas comme s’ils s’étaient souvent vus auparavant. Ils n’avaient même pas eu de rendez-vous ou de truc du genre. Malgré tout, il ressentait cette connexion inexplicable entre eux. Et surtout… il l’appréciait beaucoup. Vraiment beaucoup. Sans doute avait-il eu un petit coup de foudre pour elle le jour où ils s’étaient rencontrés. Sinon, comment expliquer les battements effrénés de son cœur dès qu’il posait les yeux sur elle ? Son cœur… Ça aussi, il devait s’y réhabituer. C’était étrange de sentir à nouveau ce truc battre dans sa poitrine, alors qu’il ne l’avait plus fait depuis plusieurs années. « Ne t’en fais pas, je ne baisse pas les bras. J’essaie juste de me faire à tout ça, d’accepter cette nouvelle réalité. » Il n’avait jamais été du genre défaitiste. Il avait toujours vu le bon côté des choses et c’était peut-être ce qui l’avait toujours différencié des autres vampires et des autres personnes en général. Toutefois, après ce qui s’était passé, positiver semblait plus difficile. Il essayait pourtant. Il essayait de se raccrocher à toutes ces choses qu’il allait à nouveau pouvoir faire et vivre une fois sorti d’ici. Il se raccrochait à ses proches, à ces gens qui étaient là pour lui. Comme Alina. Comme Alec. Comme Joren. Il n’était pas seul et c’était le plus important. Ça m’empêchait sans doute de devenir fou et de ressasser en permanence ce qui s’était passé ce jour-là.
En fait, il savait pourquoi il se sentait si proche d’Alina. Elle avait vécu la même chose que lui. Du moins, en partie. Elle aussi avait passé la Rituel et, elle aussi, s’était éloignée de tous ses proches jusqu’à disparaître de leur vie par peur de leur faire mal. Aidan hocha doucement la tête. « Je comprends. J’ai fait pareil, à vrai dire. Mes parents croient sans doute que je suis mort… Mais je ne voulais pas leur infliger ça, je ne voulais pas les mettre en danger. Avant que j’atterrisse ici, Alec me croyait mort aussi. Et j’ai revu mon meilleur ami par hasard… Il… » Il sentit les larmes lui monter aux yeux. L’émotion et la réalisation de la chance qu’il avait. « Il m’a accepté, il m’a offert un toit, il m’a donné une chance. » Son meilleur ami était un mec en or, il n’y avait pas de doute là-dessus. Pas étonnant qu’il ait eu un mini crush sur lui lorsqu’ils étaient plus jeunes. Mais ça, il le garderait sagement pour lui.

Le jeune homme se sentait outré de ce qui était arrivé à Alina. Ça ne faisait que confirmer cette haine qu’il éprouvait pour le gouvernement. Gouvernement auquel il allait devoir obéir bien sagement une fois sorti. Ça le dégoûtait. Mais pour l’heure, il n’y était pas encore, alors chaque chose en son temps. « L’important, c’est que tu t’en sois sortie. » Il lui adressa un petit sourire avant de lui faire part de ses doutes, apprenant qu’elle aussi avait eu du mal à se réhabituer. Aidan poussa un petit soupir. « De toute façon, chaque condition à ses avantages et ses désavantages. Je sais que certaines choses vont me manquer, mais… je ne peux rien y faire. » Il haussa les épaules, mais au fond, il se sentait frustré. « Tu sais, j’ai passé presque tout mon temps à détester ce que j’étais devenu. Pour autant, je n’ai jamais voulu passer le Rituel parce que j’avais peur que ce soit un piège. Et puis… au moment où j’avais enfin accepté, où j’étais enfin en paix avec moi-même… » Il se tut, la gorge nouée. Non, il ne devait pas penser à ça. En fait, à cet instant, c’était surtout ce qu’il avait subi durant le Rituel qui lui faisait mal. Y penser le mettait dans tous ses états, alors il essaya de balayer ces pensées. Ce fut donc presque naturellement qu’il finit par embrasser Alina. Une envie qu’il avait depuis longtemps. Le silence qui suivit n’était pas vraiment gênant et puis, la jeune femme ne s’était pas enfuie après l’avoir giflé et traité de goujat. Elle avait les joues légèrement rouges, ce qui lui donnait un air absolument adorable. Ses joues à lui n’étaient pas mieux, d’ailleurs. Lorsqu’Alina reprit la parole, il s’était attendu à tout, sauf à ça. Il était si surpris qu’il se mit à rire comme un con.

« Dévorer une énorme pizza ! » Comme si leurs pensées étaient liées. La pizza était un peu le symbole de leur rencontre et puis, Aidan adorait ça avant. Depuis qu’il était redevenu humain, il avait tellement envie d’une bonne pizza. Le temps était long, bon sang ! « Si tu veux…on en mangera une ensemble. » Était-ce sa façon à lui de demander Alina à un rendez-vous ? Sans doute. Le jeune homme se passa une main dans la nuque et lâcha un petit rire gêné. « Je suppose que ce sera un…date. » Il se tourna enfin pour la regarder dans les yeux. Elle était si belle… Il leva une main pour balayer une mèche du visage de la jeune femme, puis il déposa un nouveau baiser sur ses lèvres. Un petit baiser chaste, voire timide, trop timide comparé au précédent. « Est-ce que… » Il détourna le regard, gêné, les joues rouges. Quel idiot ! Ceux qui les surveillaient devaient bien se moquer d’eux, tiens. « Quand je serai sorti d’ici…tu accepterais de…de… sortir avec moi ? » Bon sang, Aidan ! Tu as quel âge ? 16 ? Il se sentait si con qu’il avait juste envie de disparaître au fond d’un trou.