"make me wanna die" connor

Tourner en rond, j'étais en train de tourner en rond. La nuit venait de tomber, la sortie était possible pour moi. J'allais finir par tourner en rond. Il n'y avait rien à faire, rien d’intellectuellement intéressant d'ailleurs. Rien de stimulant, rien qui puisse me sortir de cette torpeur. La folie m'avait quitté lorsque l'éternité m'avait à nouveau embrassé, mais ici, en cet instant, j'avais l'impression qu'il n'y avait guère plus de raison que mon âme pouvait l'accepter. Mon corps était tendu, prisonnier d'une réalité lui échappant totalement. Prisonnier d'une prison voulant nous détruire. L'horloge affichait le temps, mais chaque minutes glissaient sur moi, arrachant à mon âme une raison qui ne trouvait échos ici. Nous pousser à la faute, étais-ce ça l'idée. Nous détruire, nous briser, et observer la chute nous propulsant vers une humanité terne et sali ? J'avais déjà accepté une fois, je ne le ferais pas une deuxième. Je refusais de réitérer l'erreur, de refaire la même bêtises. L'amour n'était pas un lien justifiant le sacrifice d'une éternité de sérénité. L'opposition ne devait pas se contraindre à la mortalité lorsqu'elle pouvait offrir l'éternel. Ne plus faire de pas vers l'autre, assumer la mort et la côtoyer. Il n'y avait rien de mal à laisser l'obscurité vous embrasser si les démons de votre âme peuvent s'en voir soulager. Avançant dans le cours, j'observais la folie d'une captivité embrasser peu-à-peu ceux dont l'avenir serait compromit. La mort les attendait tous au tournant. Soit car ils auraient refusé de se soumettre, soit car l'humanité les embrasserait à nouveau, les faisant tomber dans les affres de la mort, celle que l'on ne voulait pas épouser.

Fixant les portes de sorties, les gardiens, je rêvais d'une seule chose, planter mes crocs dans leurs jugulaires, les saigner à blanc, les tuer uniquement pour les tuer. L'ultime instant de folie avant le retour à la raison. Mais nul folie ne devait me coûter la vie. Je ne voulais pas finir ici, je voulais parcourir à nouveau le monde, le découvrir, voir combien il avait changer. Je ne pouvais pas accepter d'y mettre fin ainsi. Le suicide ne devant pas être une solution. Et puis, soudain, quelqu'un me bouscula, ne bougea pas d'un millimètre je fixais toujours les portes, me contentant simplement de souffler, la mâchoire fermée, « On prend le temps de s'excuser quand on ne sait pas avancer. », ami, ennemi, allier, tortionnaire. Je m'en fichais pas mal. Le fait est que je n'avais l'esprit, ni la patience pour ça en cet instant, je voulais simplement partir, quelque soit le prix, l'engagement à produire.  

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Sur quoi de mieux pouvais-je tomber que cet homme ? Un spectre, à n'en pas douter, déjà par l'odeur, puis par l'arrogance. Il arpentait bien souvent les lieux à la recherche d'une victime à ramener sur terre sans doute. Sa réponse m'arracha d'ailleurs un sourire. Avais-je prit le temps de m'excuser auprès de chaque victime que j'avais tué. Il ne fallait pas rentrer dans certains jeu avec moi, je n'avais jamais été aussi serein qu'en étant redevenu vampire, le seul soucis étant que la captivité commençait lentement à me rendre fou. Pourrais-je un jour dépasser tout ça ? Regouter au calme d'un monde sans soucis ? Je n'en savais rien, mais les mecs comme lui n'allait guère m'aider. « J'ai même déposé des fleurs sur leurs tombes... », soufflais-je avant qu'il ne me dépasse en m'invitant à garder le silence sauf si je souhaitais passer le rituel. Un rire sombre sortit alors de ma gorge. Passer le rituel ? A qui d'autre aurait-il pu proposer ça ? Personne, il était bien en train de me demander à moi de reprendre mon calme pour accepter une vie de souffrance. « Je l'ai déjà passé ton rituel, la vie que l'on m'a rendu m'a fait comprendre qu'il n'y aurait rien de plus jouissif, rien de plus bon que le sang d'un humain coulant dans ma gorge. Une façon bien plus efficace de se rendre vivant. », je jouais sans nul doute avec ma vie, avec la mort aussi. Mais je n'allais pas le laisser croire ce qu'il voulait et si il pensait que j'allais le suivre pour lui faire passer l'envie de me maintenir ici, il se trompait. Je ne me laisserais pas avoir, je ne le suivrais pas, même pour son plus grand plaisir. « Et je suis un peu trop vieux pour entendre les conneries d'une erreur de la nature… », il était une création, tout comme moi. Et je doutais qu'il tienne sa place après cela. Le fixant donc, je devais reconnaître qu'il avait une belle carrure, mais je n'étais pas impressionné, je ne ressentais pas la douleur au même stade que lui.

Glissant mes mains dans mes poches, j'attendais que l'orage se déchaîne, j'attendais de voir ce qu'il pourrait bien faire contre moi. Attaquer ? Au vu du nombre de vampire et de lycan, il risquait forte de le regretter. Je n'avais pour ma part aucune envie de rentrer dans son jeu, l'insulter était mon activité principale entre nous. Et je n'allais pas devenir quelqu'un d'autre pour ses beaux yeux.

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« Enchanté. », soufflais-je simplement lorsque j'entendis mon nom raisonner dans l'espace. En générale, on évitait de donner envie à un humain de redevenir vampire. On s'assurait qu'il ne perde pas tout. J'avais eu une opposé, une femme pour qui j'aurais tout donné, mais du jour au lendemain, en redevenant humain, elle avait disparue de mon coeur, elle avait laissé un trou béant. Continuer, j'avais essayé, mais j'étais incapable d'aimer une femme avec autant de fougue quand elle n'était plus dans mon coeur. Quoi qu'il en soit j'avais énervé le spectre qui finit par me faire à nouveau face, tendu, nerveux. Je sentais son coeur battre plus fort, non pas de peur, mais de rage. Il y avait quelque chose chez ce mec qui m'échappait entre nous. Je ne savais ni quoi, ni pourquoi ca m'intriguait autant, mais il y avait une corde sensible. Je devrais mesurer mes paroles ? Arquant un sourcil, je finis par sourire, non pas de joie, ni de bonheur, mais d'arrogance. Il n'y avait pas plus intéressant qu'un homme perdant le contrôle. Qu'un homme se retrouvant à devoir menacer pour se faire craindre. « Tu te défends comme un enfant, c'est mignon. ». Certains ici pouvait me faire rentrer dans les rangs d'un seul regard, simplement car il avait un charisme, une prestance, mais lui... J'avais l'impression de le voir se débattre dans un monde qu'il n'aimait pas plus que ça, étant à la recherche d'une réponse d'une vérité. Il était blessé, comme je l'avais été, je savais reconnaître cette rage, cette haine. Mais à cause de quoi ? A cause de quoi ? C'était là la question. Je n'en savais rien. Je n'avais pas la main sur l'origine de tout ça et ça m'intriguait bien plus que je n'aurais voulu le reconnaître. Peut-être était-il plus intéressant qu'un simple chien du gouvernement.

« Tu devrais éviter de t'emporter comme ça devant des monstres comme nous, il pourrait nous prendre l'idée de comprendre ce qui te rends si nerveux. », et l'indication sous-jacente, d'en jouer, de faire vibrer à nouveau cette corde sensible et douloureuse. Bien évidemment je n'avais que des suppositions en cet instant, mais c'était déjà bien assez pour représenter une menace. Entre nous, je savais que je jouais avec ma vie, qu'il aurait les moyens de me faire tomber, mais il ne me faisait pas peur. Le moment venu je mourrais sans doute, mais je ne partirais pas seul. La folie pouvait-être une douce compagne...

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« Ne te sous estimes pas, tu as un charme certain. », continuais-je sans chercher à revenir sur mes mots pour lui faire plaisir. Il avait des excès signification, et quand je lui fis remarquer, il m'assura du contraire, il était plutôt dans un bon jour. Vraiment ? Pendant combien de temps ? Il m'assura que je ne voulais pas le voir dans un mauvais, j'en étais certain, mais j'étais du genre curieux, incapable de me retenir quand on me tirait une perche. Je risquais de me faire mal ? Sa petite tirade me fit rire, mais il était surtout temps de voir ou je pouvais taper. Ou je pouvais faire mal ? « Tu connais un des gros points communs entre vous tous ? Les justiciers ? », soufflais-je non pas pour le retenir, loin de là, mais pour percevoir une réaction. Connaitre son ennemie c'était savoir comment l'affaiblir. Je n'étais pas mauvais dans le fond, j'avais même été parfaitement charmant, serviable et gentil pendant des dizaines d'années. Mais le soucis lorsque l'on vous mettez en cage, c'était bien que vous finissiez par l'oublier. La haine ne cessant de grandir, l'agressivité se nourrissant de vous alors que le monde semblait vous tuer à petit feu. « Il y a un trou béant quelque part dans vos vies. », aussi béant que celui que j'avais eu dans la poitrine lorsque j'avais réalisé que le monde cesserait de tourner pour moi. Qu'il n'y aurait plus de sens, de cohérence. Et qu'il me faudrait me reconstruire dans un monde fermé ou les gens bien pensant ignoraient tout du monde. Tous de ce qui le composé. Nous n'étions que des créations humaines dans le fond, et nos père fondateurs cherchaient à refermer les griffes sur nos vies.

« Alors rentrez bien et au hasard, saluez votre compagne pour moi… », je ne souriais pas, non, il y avait bien une défiance dans la voix, mais j'étais neutre, je ne semblais pas jubiler, car je n'avais pas encore toutes les cartes en main. Je jouais à un jeu particulièrement dangereux, je le reconnaissais, mais il allait mettre un peu d'action dans ma vie et je n'étais pas fondamentalement contre entre nous. Je m'ennuyais, il me distrayait de plus en plus. Se croire au dessus des lois, du monde car nous étions la loi était bien facile, en assumer les conséquences beaucoup moins. Les spectres pouvaient bien mener leurs vies, mais entre nous, ce n'était pas des mecs comme ça qui allait me donner envie de redevenir humain une nouvelle fois. Pourquoi les satisfaire quand l'effort le plus primaire de respect n'était pas maintenu. Je vous le demandais bien .

Il n'était pas un justicier donc. Cela confirmait ce que je pourrais être amené à penser. Qu'il y avait une perte dont il voulait venger la mémoire. Restait à savoir quoi et comment. Il voulait partir, je voulais vérifier mon hypothèse était la bonne. Saluer une compagne ? Il n'y manquerait pas, sauf qu'il s'était arrêté, qu'il me regardait, il attendait donc une réaction venant de chez moi. Serais-je censé la connaitre ? Ou avait-elle était victime d'un vampire et il espérait avoir ici une réponse ? Si il ne m'avait pas fixé comme si le moindre rictus pouvait définir de mon propre avenir, je n'aurais pas eu envie de jouer à nouveau avec cette flamme mais là. Je me voyais très mal retenir l'envie de creuser plus loin. Souriant donc doucement, je le défiais du regard avant d'hausser nonchalamment des épaules pour finalement reculer d'un pas. J'étais curieux de voir jusqu’où il pourrait aller sur un doute. Et je voulais voir jusqu'où je pourrais aller sur une intuition. « La chaleur d'une femme m'attendant à la maison me manque, je dois le reconnaitre. », sur plus d'un point je disais vrai, et j'avais vécu de nombreuses années ainsi. A rejoindre une mortelle à laisser sa chaleur me prendre, me rendre plus humain avant que je n'y cède pour finalement perdre mon esprit, mon âme et toute conscience des choses. Et puis, si sa femme était morte, elle ne devait plus produire beaucoup de chaleur entre nous.

Reculant encore d'un pas, je glissais mes mains dans mes poches, ne perdant pas mon sourire alors que je souhaitais des choses que je ne pensais pas au spectre. « Profitez bien. », il ne restait plus qu'à savoir si il abattrait ses cartes maintenant ou si il attendrait encore un peu. Pour ma part, jouer sur une ambiguïté m'allait parfaitement, d'autant que si c'était ce que je pensais, il y avait de grande chance que je connaisse qui aurait pu faire, ça, ou si c'était plus récent, le corps aurait pu passer dans ma morgue. Quoi qu'il en soit, j'étais curieux, il occupait une journée dont l'acide ne ferait que pleuvoir sur mon âme. Il était une occupation comme une autre. Une occupation légèrement dangereuse, mais loin d'être sans intérêt, connaitre des failles était toujours intéressant, il ne fallait pas sous estimer cet aspect.