Alina Kane

"Très bien, Miss Kane, parlez-moi un peu de vous. Comment vous décririez-vous ?"

Je crois que c'est la question que je déteste le plus. Je peux parler de mon passé, de mon histoire sans aucun soucis. Mais parler de moi, de mon caractère... Les introspection c'est vraiment pas mon truc. Mais apparemment, je suis obligée d'y passer. Et malheureusement, ce n'est pas la première ni la dernière fois. Quoique, cette fois, si je pouvais garder ce psy pendant un petit moment, ça m'arrangerait. Au moins, ça m'éviterai de me répéter, encore et encore. Bon et bien, quand il faut y aller... Je soupire légèrement, tout en réfléchissant. Par où je commence habituellement ?

"Je... Je suis désolée, j'ai toujours du mal à parler de moi, donc je ne sais jamais vraiment quoi dire, ni comment le dire. Il se peut que mes tournures de phrases soient... Bizarres. Je me décrirai comme une jeune femme plutôt enjouée au quotidien. Les épreuves que j'ai subies m'ont endurcie, mais me font aussi voir la vie du bon côté. Je suis en vie, à nouveau humaine, donc je dirai que tout va bien. Je suis optimiste, et du coup les petits problèmes du quotidien n'en sont pas vraiment. Tout a une solution. Si on part de ce principe, rien n'est insurmontable. Je crois qu'on peut dire que je suis une battante. Pourtant, je n'étais pas comme ça avant. Oh, je peux paraître assez réservée au premier abord. Mais c'est surtout que je suis méfiante. On ne sait jamais sur qui on peut tomber... Mmh... Je dois continuer ? Vous voulez mes défauts aussi ?"

Il rigole.

"Vous en avez ?"

"Evidemment, comme tout le monde. Personne n'est parfait. Même pas vous je suis sûre. Bon bah du coup... Je suis assez de mauvaise foi. Je déteste admettre mes torts. Je pense que je peux être un peu trop protectrice envers ceux à qui je tiens. Même un peu trop envahissante... Mais je ne le fais pas exprès, dans un sens, j'ai toujours peur qu'il leur arrive quelque chose... Mmh... Il doit certainement y en avoir d'autres que j'oubli, ou que je ne veux pas m'avouer, mais je ne sais pas lesquels, désolé..."

"C'est déjà très bien ne vous inquiétez pas."

” Bonjour Miss Kane. C’est votre première séance depuis votre sortie du Ribcage, c’est bien ça ? C’est la première fois que nous nous voyons donc. Parlez moi de vous, s’il vous plait. Racontez-moi votre histoire, que je comprenne bien tout. Commençons par le commencement. Quel est votre premier souvenir d’enfance ? ”

Je regarde l’homme qui se tient en face de moi. Assis de l’autre côté du bureau, dans sa grande chaise en cuir, qui me semble bien plus confortable que la mienne. Ses mains sont croisées, jointes, appuyées sur le sous-main, en cuir lui aussi. C’est marrant, il a exactement le physique qu’on pourrait s’imaginer pour un psychologue. Un remake du grand Sigmund. Une barbe blanche, plutôt bien taillée, et une moustache assortie, cachent un sourire qui se veut amical. Ce sourire qui cherche à mettre en confiance la personne en face. Ses yeux bleus me fixent intensément. Mais étrangement, ils ne me mettent pas spécialement mal à l’aise. Il faut dire que les psy, ça me connait depuis maintenant quelques mois. J’ai appris à parler, à me confier à des inconnus. J’ai appris à leur faire confiance. Et puis, je sais bien qu’il le fallait, que c’était - et que c’est toujours - pour mon bien. Je réfléchis un instant. Mon tout premier souvenir ? Peut-être… Ah non, je sais !

“ De mémoire je devais avoir quatre ou cinq ans. Ce n’est pas grand chose, rien d’extraordinaire, mais je souviens d’une journée en particulier. Une journée au bord de la mer, avec ma mère. Il s’est mis à pleuvoir tout à coup, alors je nous revois courir aussi vite que possible vers la voiture, en éclatant de rire. La pluie ne nous a jamais fait peur pourtant. Je crois que ma mère ne voulait pas que je tombe malade. “

“ Seulement avec votre mère ? Où était votre père ? “

“ Je n’ai jamais connu mon père. Ma mère m’a raconté qu’il l’avait quittée en apprenant la grossesse. Il n’a apparemment jamais tenté de nous revoir, et je n’ai pas non plus cherché à le connaître. Nous étions bien toutes les deux. “

“ D’accord, je comprends. Diriez-vous que vous avez eu une enfance heureuse, donc ? “

“ Oui, bien sûr. J’ai eu une enfance tout à fait comme une autre. Ma mère m’a donné autant d’amour que si j’avais eu un père, et j’étais son seul enfant, alors nous avions une relation privilégiée. Evidemment nous avons eu quelques disputes. Comme je l’ai dis, j’étais une enfant comme les autres, et surtout une ado comme les autres. Mais oui, globalement j’ai vraiment été heureuse, même si certains moments ont été plus durs que d’autres… “

“ Pouvez-vous m’en dire plus sur ces moments difficiles ? “

“ Oui… Le premier a été la perte de ma mère. J’avais vingt-et un ans. C’était un déchirement, je ne pouvais pas vivre sans elle. Nous étions fusionnelles, et je me retrouvais seule. Mes amis étaient là, mais je ne les voyaient pas. Comme on dit, seul le temps guérit les blessures. Mais il ne les referme pas. Le temps passe, la dépression aussi. La douleur s’estompe petit à petit, même si la peine sera toujours là elle. Je crois que je suis passée par toutes les phases du deuil. J’ai appris plus tard que ce n’était pas une simple agression en pleine rue qu’elle avait subi. Elle avait été la victime d’un vampire. Je connaissais évidemment déjà l’existence de ces êtres surnaturels. J’ai toujours vécu à Reversa, j’ai grandi parmi les légendes urbaines. En tant qu’humains, nous savons que le danger est partout. Mais ça n’empêche pas de leur en vouloir.”

“ Evidemment… Vous avez dit ‘le premier’ en parlant de moment difficile. Il y en a eu un autre ?”

“ Quelques années plus tard… Alors que le temps avait fait son boulot sur la perte de ma mère. Alors que j’avais retrouvé une vie plutôt tranquille. Je devais aller en centre-ville, retrouver des amis pour une soirée tranquille dans un bar. Sauf que je n’y suis jamais arrivée, ce soir-là. Un vampire m’est tombé dessus. Il aurait pu me tuer, comme ma mère quelques années auparavant, mais il a paniqué. C’était un jeune vampire, qui ne savait pas trop ce qu’il faisait. Il a arrêté avant de me tuer, et a décidé de me transformer pour me sauver la vie. Quel mal lui en pris… J’aurai tout souhaité, sauf devenir l’un des leur. Mais je n’eut pas le choix. Le mal était fait. Me voilà à vingt-six ans, jeune vampire. Me nourrir me dégoutait, mais je n’avais pas le choix. Celui qui m’avait transformé m’a appris tout ce que je devais savoir. Je vivais entourée de vampires, au manoir. Ce n’était pas forcément le plus simple… La plupart du temps, je restais dans ma chambre. ”

“ Comment avez-vous vécu ces années en tant que vampire ? Si je compte bien, vous êtes restée une vampire pendant… Quatre ans ?”

“ A peine, oui. Entre trois ans et demi et quatre ans. Franchement ? Je crois pouvoir dire que ça a été les pires années de ma vie. Je ne me suis jamais faite à cette condition, et je crois que je ne m’y serai jamais faite. Le Rituel a été ma délivrance.”

“ Ah, justement, j’allais y venir. Pourquoi ne pas avoir passé le Rituel avant ? Il me semble qu’il existait même avant qu’on ne vous transforme en vampire, non ?”

“ Oui… Je connaissais son existence mais j’avais peur. Et si ça ne réussissait pas ? Et je n’étais pas sûre de pouvoir endurer à nouveau la souffrance de la transformation. J’ai essayé de me faire à l’idée que j’étais maintenant vampire. Mais finalement je n’y suis jamais parvenue. La possibilité de redevenir humaine restait dans ma tête. Quitter cette vie tant détestée. Je me suis proposée, au bout de trois ans. Enfermée au Ribcage, je ne souhaitais vraiment pas y rester.”

“ Vous vous souvenez du Rituel en lui-même ?”

“ Comment oublier… Attachée sur cette chaise dure et froide. Entourée de personnes qu’on ne connait pas, et qui, franchement, mettent vraiment mal à l’aise. Boire le sang ne m’a pas dérangé, cette fois-ci. Je savais que c’était pour la bonne cause. J’espérais que ça n’allait pas louper. Je me souviens de l’attente, pendant que le sang agit. Ce silence pesant, ces regards posés sur moi, attendant la moindre réaction de ma part. Je ne savais même pas où poser mes yeux. Et puis c’est arrivé. La douleur qui précède la première convulsion. Une douleur incommensurable. Je ne sais pas combien de litres de sang j’ai vomi, mais je ne pensais même pas en avoir autant… Euh… Désolé, je passe les détails si vous préférez… Enfin oui, je m’en souviens parfaitement… La douleur, on ne l’oublie pas. Jusqu’à l’épuisement, jusqu’à l’évanouissement.”

“ Combien de temps vous êtes-vous évanouie ?”

“ Aucune idée… Tout ce que je sais, c’est que j’ai du rester endormie un long moment, vu qu’apparemment je commençais à inquiéter l’équipe médicale… Mais le Rituel a fonctionné, je me suis réveillée péniblement, toute engourdie, mais en tant qu’humaine. Il m’a fallu du temps pour me réhabituer à cette vie que j’avais quitté il y a quelques années. Je me sentais soudain faible. Le moindre mouvement me paraissait très lourd. J’étais lente. La lumière m’éblouissait. Je suis restée, je crois, quelques semaines à l’hôpital. J’ai un peu de mal avec la notion de temporalité, désolé. Tout me parait encore fonctionner au ralenti.”

“ Qu’avez-vous pensé de la Révélation ? Comment avez-vous réagit ? Vous étiez encore une vampire à ce moment là, non ?”

“ La Révélation… Oui, j’étais encore une vampire. Mais je crois que finalement, c’est aussi ce qui m’a poussée à passer le Rituel. Je ne voulais pas être une vampire aux yeux de tous. Si la chasse aux nocturnes doit se faire, ce devait être sans moi. Du moins, pas de ce côté là.”

“ Vous avez quitté le Ribcage il y a peu du coup, c’est bien ça ? Vous avez prévu quelque chose pour votre réinsertion ?”

“ Oui, c’est bien ça. Cela va faire… Deux semaines que je suis sortie. Ils m’ont gardé pas mal de temps, j’avais du mal à me faire à ce nouveau changement, finalement. J’ai pu me trouver un petit appartement la semaine dernière, grâce aux économies que j’avais fait, et à l’héritage de ma mère. Maintenant, il va falloir que je m’installe petit à petit, et surtout que je me trouve un travail. Je ne sais pas encore vraiment ce que j’ai envie de faire, mais je vais trouver. C’est la priorité numéro une.”

Je lui souris doucement, et il me répond de la même façon. La réadaptation n’est pas simple. Mais je ne regrette pas d’avoir passé le Rituel. Je suis une humaine, pas une vampire. Je suis une battante, je sais très bien que j’aurai un travail et un logement dans peu de temps. Je ne me laisserai pas abattre.

Pseudo et âge:  Tala, 26 ans

Comment as-tu connu le forum? Je ne sais plus… XD

Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire? Vous me manquiez trop !

Depuis combien de temps fais-tu du RP? ... 13 ans ou un truc du genre

Fréquence de connexion: Bonne question… Je squatte le pc de mon copain, donc ça peut être très variable xD

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