Enfin je te retrouve ft Nell

Qui l'aurait cru, j'étais fâché contre lui, après ce qui s'était passé à notre première rencontre, j'avais bien l'intention de l'éviter plus que tout et de ne jamais le revoir. Après tout, il s'est barré sans rien dire, une fois que j'ai trouvé son adresse, il m'a carrément jeté et je dois bien avoué que, même si je ne le connaissais pas depuis longtemps, je me suis carrément sentie comme une merde ! Ouais, c'était pas la première fois, je l'avoue. Bien évidemment, ça ne marche jamais comme je veux de toute façon. La dernière fois que ce genre de chose s'est passé, mon père nous a déscolarisé avec mon frère. S'il savait que j'ai encore créer des problèmes, je me demande bien ce qu'il dirait. Parce qu'après tout maintenant, Hayden est dans la confidence... Merde, en fait ça crains comme pas possible tout ça. Oh et puis je m'en fou. Fallait bien que ça arrive à un moment hein. Après tout, ma mère ne faisait pas partie de l'entreprise avant. Je secoue la tête et reprend la conversation. Je souris quand il dit que je suis son héroïne. C'est peut-être un peu trop quand même, mais ça ne m'empêche pas de sourire comme une idiote. On finit par parler d'un rendez-vous et sa réponse me donne le sourire une fois encore. « Oui, ça va changer et ce sera la première fois que je ferais ce genre de chose ! » Une première fois, encore une. Je me sens différente ces derniers temps, grâce à lui en grande partie. Je finis par le soigner avant de le traiter d'idiot. Je vous jure les hommes !

Je secoue la tête tranquillement alors que je finis par parler de mon frère. C'est dingue comme je peux toujours faire référence à lui. Il est tout ce que j'ai de plus cher dans ce monde. On a grandi ensemble, appris ensemble, on est inséparable, enfin... on était inséparable, jusqu'à ce qu'on arrive à Bristol. Au fond, il me manque. J'ai eu l'habitude de vivre avec lui toute ma vie et depuis qu'on est arrivé ici, on a tous pris un appartement, je me sens seule sans lui, sans ses remarques toujours présentes, sans sa cuisine au goût horrible et sa tendance à laisser traîner ses fringues dans la maison. Combien de fois est-ce que je lui ai râler dessus, que je lui ai balancé ses fringues dégueulasse en pleine tête juste parce que ça me gonflait, mais au fond, c'était notre rituel et maintenant... Mon appartement est très propre, quasiment aseptisé, rien ne traîne, tout est en ordre. Ça manque d'un frère pour mettre le bordel partout ! Je soupire un instant et souris. « Ne lui dit jamais ça par pitié ! Il a déjà assez le melon comme ça. » Mon grand-frère, mon aîné de quelques minutes à peine. Et un gosse invétéré mais qui me manque plus que n'importe qui d'autre. Ça crains faut que je pense à autre chose. Mais voilà les choses sont différentes avec Hayden. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais il est là. J'essaie d'être positive de faire de mon mieux, mais cette situation... C'est totalement différent d'avec mon frère et je ne sais pas comment me comporter.

« Oui je sais que tu n'es pas ce garçon. Mais j'ai toujours l'impression que je vais faire une erreur et que ça ne va pas aller. Je sais comment me comporter avec mon frère, mais avec d'autres hommes... J'y arrive pas. » Je ne suis pas douée pour parler avec les gens. Je suis très souvent sur mes ordinateurs à chercher des informations, diverses et variées. À regarder des plans, à craquer des systèmes. C'est mon domaine. Je n'ai jamais été en contact avec le monde. Trouver des choses à faire, des sujets de conversation, c'est pas ce pour quoi je suis la plus douée. Je soupire un instant, et comme je ne veux pas m'étendre sur le sujet dudit garçon, je préfère poser une autre question. Cependant, rien que l'idée qu'il puisse me répondre me fait totalement court-circuité le cerveau. Alors au lieu de l'écouter comme je l'aurais fait d'origine, je finis par me lever et me diriger vers la cuisine, récupérant thé et café, faisant chauffer l'eau. Du calme Nell, tout va bien se passer, je te l'assure. Okay, restons calme. Je finis par revenir avec un plateau et à peine arrivée, il capture ma main et m'approche de lui. Mon cœur bat un peu plus rapidement et ses mots me percutent douloureusement. J'ai l'impression de lui avoir fait mal, le souci c'est que... je baisse la tête vaincue et finis par reprendre. « C'est pas de toi que j'ai peur, mais de moi en fait. » Bizarre n'est-ce pas ? Avoir peur de soi-même, est-ce que c'est un signe de folie ? Ou alors tout autre chose ?

Ce n'est pas de la folie, c'est juste un signe du fait que je me connaisse plutôt bien. « Tu sais, toute ma vie j'ai vécu avec ma famille. Les relations avec les personnes extérieures sont interdites. Oh, mon frère a bien eu de nombreuses filles, il passe de fille en fille sans s'en soucier, aucune d'elle n'entre réellement dans sa vie. Mais moi, je ne suis pas comme ça. Alors je suis toujours resté en arrière en quelque sorte. » C'est compliqué à expliquer, mais au moins, je ne le regarde pas, je peux parler. « Je me suis dis qu'en restant en dehors de toute relation, je n'aurais aucun souci. Parce que je suis incapable d'être avec quelqu'un sans lier de lien. J'ai fini par m'exclure du monde et je fais ça depuis des années. Je suis douée pour repousser les gens, mais les inviter chez moi, leur parler, être intime... ça me fiche la frousse. Je ne sais pas faire et j'ai peur de tout foiré chaque fois que j'ouvre la bouche ou que je fais un pas, ou même que je pose une question. J'arrive pas à avoir confiance en moi. Quand il s'agit de bosser, je sais toujours exactement quoi faire, en dehors du boulot... Je ne sais plus comment me comporter. » Je secoue la tête doucement. « Je suis désolé. » Pour ne pas être normale en quelque sorte. Pour toujours partir en vrille, pour réagir au quart de tour. J'ai l'impression de ne pas être faite pour les relations très honnêtement et ça, ça me fait encore plus peur.