Jupiter ♦ Les promesses sont de simples murmures oubliés.

Cœur meurtri, cœur sanguinaire. Tu n’as pas toujours été cet homme froid et imposant, cet homme meurtri et blessé qui ne laisse rien transparaître. Non, tu n’as pas toujours été ce vampire avide de vengeance et de justice, obligé de se cacher, de fuir ses émotions. Autrefois, tu étais cet homme amoureux d’une humanité si fragile, d’une femme bien trop douce…Tu étais ce vampire qui prônait la douceur et la bienveillance, tu étais ce sourire charmeur et taquin, ce regard avide de sentiments et de tendresses. Cet homme est mort avec elle…Mystérieux, tu vis avec cette blessure cuisante, cette blessure ardente. Tu nourris cette haine jour après jour, tu rêves de mettre ce monde à feu et à sang. Oui, esprit sauvage, esprit embrumé, aveuglé. Tu crèves un peu plus chaque jour, tu te laisses aller vers cette noirceur qui est tienne. Tu veux venger sa mort, tu veux cesser de souffrir encore et encore. Franchise qui déborde de tes lèvres, mystère ambulant qui anime tes iris de vampire. Loyauté inscrite dans tes veines, quand tu offres ton âme, tu ne l’offriras qu’une seule et unique fois. Peur des blessures, tu fuis à présent toutes émotions qui pourraient raviver la flamme et pourtant, au fond, tu aimerais juste redevenir celui d’avant. Oui, tu aimerais te relever, marcher de nouveau fièrement. Et t’es instable, t’es intenable. Tu ne te laisseras jamais enchaîner, tu ne te laisseras jamais attacher. Non, toi, tu as besoin d’être libre, tu as besoin de pouvoir avancer sans jamais plus avoir à reculer. Jamais gris, toujours blanc ou noir, il n’y a pas de double mesure, pas de contrefaçon. Et tu te battras et tu feras face aux dangers sans jamais craindre de succomber, car au final, la vie éternelle n’est rien sans amour, sans un but précis.

Regarde-toi… Oui, regardes l’homme que tu es devenu. Tu es là, assis sur des marches alors que l’obscurité caresse ton visage, t’englouti entièrement. Seules tes iris brillent, seules celles-ci indiquent ta présence dans la nuit. T’as le cœur meurtri alors que, doucement, tu repenses à vos moments, vos baisers, vos caresses. Tes yeux se baissent. Depuis quand n’es-tu plus humain ? Depuis quand n’as-tu pas eu ce sentiment de fragilité, d’humanité ? Ton regard se tourne vers ta droite, cette place où autrefois, elle était sagement assise, te faisant sourire, rire. Elle n’était pas ton opposée, mais seigneur que tu l’aimais. Enfant de la classe moyenne, tu n’as jamais eu grand-chose à dire sur ta vie, simple, naturelle. Tu étais un jeune homme comme un autre et ce, jusqu’à ce que tu le croise lui. Lui et cet air envoutant, lui et ses idées, ses promesses. Tu as aimé l’écouter, tu as aimé ce qu’il te proposait. La vie éternelle…Il t’a juré que tu aurais une meilleure vie, une vie bien plus convenablement, bien plus addictive. Et toi, rêveur, envouteur, tu as accepté. Oui, tu rêvais de changements, tu rêvais de liberté et ce, à n’importe quel prix. Il t’a transformé, cet homme aux cheveux dorés, il pensait que tu serais différent des autres. Solitude grandissante en lui avec les années, tu n’étais qu’un jouet, qu’un de plus, qu’une envie de tuer ce sombre gouffre en lui. Abandonné après plusieurs mois, lâché dans la nature avec tes instincts, tes envies meurtrières…T’as pas compris comment ça fonctionnais et ça t’a blessé, mais t’as avancé. Oui, t’as avancé parce que tu le devais, parce que tu le pouvais. Tu n’as pas sombré, du moins, pas entièrement. Après plusieurs mois, tu te souviens avoir croisé son chemin. Il t’a pris sous son aile, voyant en toi un fils, un homme brisé, un vampire tourmenté perdant pieds. Et il t’a aidé, sans lui, t’aurais sûrement succombé. Oui, t’aurais sûrement flanché…Il a été ton modèle, lui, lui qui t’a poussé à aimer cette femme fragile, cette humaine au regard azure. Il t’a aidé à préserver ta douce humanité, cette tendresse qu’elle éveillait en toi. Elle était ton navire, il était ta bouée. Et t’as grandi, croisant quelques fois son opposé à lui. Tu n’avais pas besoin d’être jaloux, tu l’avais elle, elle ton oxygène, ton paradis sur terre. Son rire, ta plus belle mélodie, son parfum cette odeur que tu peine à retrouver. Elle savait. Oui, elle savait ce que tu étais, qui tu étais mais elle t’aimait. L’amour rend plus fort à deux…Supplications de la transformer, tu n’acceptas jamais, aimant la voir vieillir, prendre de l’âge. Comme une fleur éternelle, elle n’en devenait que plus belle, que plus merveilleuse. Et pourtant, cette Révélation a tout foutu en l’air. Cris, larmes. Elle a essayé de te protéger, elle a essayé de s’interposer au prix de sa douce vie. Tu te revois encore hurler devant son corps en chute libre, devant son dernier soupire. Elle ne sera plus, elle ne sera plus jamais. Et toi, tu as fini par crever. Ce jour-là, t’es mort, littéralement. Tes doigts se crispent, tes poings se serrent, ta gorge te brûle. Tu ne les as pas vu arriver, perdu dans tes pensées monstrueuses, le cœur en peine. Tu aurais dû être vigilent…T’as pas eu le temps de bouger que déjà, tu fus enlevé, tirer, traîner vers cet endroit où tu devras être fait prisonnier. Ils ne t’enlèveront pas ta liberté, jamais…