Charity work | Charlie

Faire des heures d’intéret général alors qu’on ne se souvient pas pourquoi ? C’était quand même assez cocasse. Et pourtant, c’est ce qu’il arrivait à la rouquine. Depuis septembre, elle avait retrouvé son humanité, mais avec une mémoire défaillante. Une première dans les effets du rituel. Cela ne semblait pas réversible. Alors elle était là ce soir, dans les rues de Bristol avec une association qui distribuer la soupe populaire. Sous bonne garde de Monroe, un des agents du gouvernement chargé de surveiller la distribution. En ces temps agités, avoir de la protection ne semblait pas être du luxe.

Puis il devait aussi ramener les fautifs au bercail. Ce dernier avait une certaine rancune auprès de Cassandre. Elle l’aurait attaqué et mordue quand elle était une louve. Mais ce temps était révolu. Mais l’homme n’avait pas oublié lui et il lui faisait bien sentir, qu’elle ne devait pas déconner parce qu’il n’hésiterait pas. Ce soir, on l’avait mis au tampon. Un magnifique moyen pour elle d’avoir de l’encre partout, mais c’était un détail. En plus cette fichue encre ne s’enlevait pas au premier lavage. Cela aurait été trop simple sinon.

“ votre poignet s’il vous plait ?”
“Pourquoi faire?” demanda l'homme perplexe.
“ Je dois vous tamponner.”

“ Pourquoi ?”

“Parce que c’est comme ça... sans tampon, ils ne vous donneront rien. J'sais c’est bizarre. Mais c’la règle.”

Elle non plus ne voyait pas l’intérêt de ce processus, surtout cela pouvait être mal ressenti par les bénéficiaires. On les marquait pour avoir le droit à de la soupe, c'était presque humiliant. Mais c'était aussi un moyen de les compter et de leurs montrer que les autorités ne les oublient pas. Cassandre trouvait que c'était une étrange méthode, mais elle n'avait pas le loisir de la contredire ou de se révolter contre elle. Elle tamponna l’homme et attendit le suivant.

Aider le nécessiteux avait au moins le mérite de la sortir de Ribcage, de pouvoir avoir un contact avec la vie réelle et d’autres gens. Parce qu’on pouvait facilement tourner en rond là-bas, et surtout tombée sur les mêmes personnes. La diversité voilà ce qu’il lui manquait. Bon avec la soupe populaire, on ne pouvait pas dire non plus qu’elle était en contact avec la population la plus glorieuse de la ville. Mais c’était pas mal d’aider, puis elle n’avait pas le choix. Elle tamponnait les gens, leur donnant accès à de la nourriture chaude. Apparemment la bouffe n’était pas digne d’un restaurant gastronomique mais ce n’était pas non plus immonde. C'était basique, ça tenait au corps et surtout c’était chaud. Puis cela permettait aux gens de se rencontrer, de parler.  

Quand elle entendit son prénom, elle fut surprise. Ses sourcils se froncèrent. Quelqu’un qui la connaissait. Cette voix ne lui était pas inconnue non plus. Mais pour le moment elle n’avait pas resitué avec quelle personne elle n'allait ni d’où elle la connaissait. Sa mémoire était en vrac, il lui fallait du temps d’acclimatation.  

“Non. Je suis capable de tamponner toute seule.”
 
Oui, elle s’en fichait partout. Mais c’était sa tâche donc elle l’assumait et n’appréciât pas qu’on puisse insinuer qu’elle avait besoin d’aide. Il y avait toujours une pointe d’orgueil chez la rouquine.  

“Des souvenirs lointains...d’une autre vie.”    

En vrai, cela faisait une éternité.  Pour l’instant, elle n’avait toujours pas repris la musique. Cela lui manquait un peu, mais pas trop. Elle ne voulait pas y penser, à quoi ça servirait à part de remuer le couteau dans la plaie ? Elle eut un rire moqueur à la demande de l’homme.  

“Je ne suis pas libre de mon temps. Le cerbère à ma gauche veille au grain et doit me ramener au bercail, sous peine de me changer en passoire pour son plus grand plaisir. Mais c’est bientôt l’heure de ma pause repas, je crois.”  

On leur accordé une trentaine de minute de pause, pour partager le repas avec les nécessiteux. D'habitude elle ne la prenait pas. Mais peut être que ce soir, elle ferait une exception.  

“Et je n’ai plus d’instruments, je suppose qu’ils n’ont pas survécu à la folie ambiante.”    

Haussant les épaules, face à ce triste constat, qu’elle avait assimilé depuis un moment. Mais cela la peinait toujours. Mais elle n’avait pas les moyens de changer ça, pour l’instant. Il lui semblait se rappeler que cet homme était son ami. Elle n’arrivait cependant pas à se départir d’une certaine méfiance. Dans ce monde de fou, c’était dur de répérer les personnes fiables.  

“ Alors Charlie, tampon ?”