L'histoire s'écrit chaque jour un peu plusft Baxter

**Invité**

Assise sur cette chaise inconfortable dans cette salle bondée, je me sens oppressée et inquiète. Les douleurs en bas de mon ventre s’accentuent de plus en plus et m’inquiètent tout autant. J’ai peur de perdre la petite, peur que tout le stress engrangé ces derniers mois ne se répercute sur la santé de la petite, peur que la naissance soit avancée ou se passe très mal… Autant dire que plus je suis angoissée et plus j’ai mal. Je sais qu’il s’agit d’un cercle vicieux mais j’ai besoin d’être rassurée. J’ai besoin que l’on me dise que ma grossesse, au moins elle, se passe bien. En attendant, je me ronge tellement les ongles qu’il ne va bientôt me rester plus que la peau à rogner.

Enfin, la gynécologue me reçoit dans son bureau. La première chose qu’elle note, ce sont mes cernes foncés sous les yeux. Des cernes résultant d’un manque profond de sommeil et de nombreuses crises de somnambulisme. Je me suis pourtant maquillée essayer de camoufler le désastre, mais visiblement, cela n’a pas eu trop d’effet. Voilà alors qu’elle me fait l’échographie tant attendue. Tout va bien et la petite grossie très bien. Je me force à manger pour qu’elle ait tous les nutriments nécessaires alors je suis contente de ce constat. Et, finalement, je ressors de la consultation avec une ordonnance pour de la kinésithérapie visant à soulager le bas de mon dos sans cesse douloureux de par le poids que j’ai accumulé et l’ordre d’aller me faire une séance massage, détente dans la prochaine semaine. Je ne savais même pas qu’un tel programme spécial femme enceintes existait ! A moi de me renseigner désormais !

Désormais sortie de l’hôpital je me dirige vers le Blue Moon pour un café décaféiné comme je les aime. Le café est plus proche que le bar de Joren et j’aime bien alterner entre les deux. Je suis à pieds car je voulais faire de l’exercice mais j’ai vraiment trop mal. Je marche lentement et je vois alors rapidement la rivière et des bancs accueillants. Malgré le froid de l’automne, il fait beau alors je profite de ce moment pour aller me reposer et essayer de respirer le bon air frais de la rivière. La nature a ce pouvoir impressionnant sur moi et recharge mes batteries rapidement généralement.

J’aimerais me recroqueviller sur moi-même, mais au lieu de ça je suis assise sur ce banc dur et froid, droite comme un « i » pour laisser la place à mon ventre. Comme si ce n’était pas lui qui dictait mes positions ! Tsss… Je resserre mon manteau autour de moi et me met à fixer la rivière. Le son de l’eau qui coule m’apaise et m’emmène presque dans un autre monde, plus paisible. Depuis cette fameuse lettre, je n’ai pas laissé éclater ma peine comme lorsque Blérim a été envoyé au Ribcage. Comme si je n’avais plus assez de larmes comme si mes forces étaient presque épuisées. J’ai juste envie de me réfugier dans un endroit chaleureux, ou dans des bras accueillants. D’autant que voir Risa et Joshua m’a fichu un vrai coup. Je n’arrive pas à me raisonner. Je suis réellement heureuse pour eux et en même temps une jalousie qui me culpabilise me ronge. Ils se prennent la tête avec un lien qu’ils ont du mal à accepter au lieu de vivre pleinement ce qu’ils ont quand je suis à côté et que j’ai tout perdu… Je peux comprendre Joshua car il ne connaît pas toute l’histoire mais Risa… Enfin, il faut vraiment que je me ressaisisse et que je reprenne conscience, le monde ne peut rien pour moi, on ne peut pas revenir en arrière et mes amis ne sont pas responsables de mon malheur. Parfois, j’ai juste envie de me gifler et de me hurler dessus.

Je fronce les sourcils en repensant à tout cela lorsqu’au loin, sur la rive d’en face, je vois une chatte avec ses chatons. Sans réel lien avec ce que je vois, je me demande alors comment je serais avec ma fille. Ma fille… c’est la première fois que je la qualifie de la sorte. Comme si soudain tout devenait réel. Comme si soudain je me réveille. Je caresse alors mon ventre, comme toute femme enceinte et murmure à Luana, lovée au chaud dans mon ventre : « Si ton père était là il serait déjà fier de toi. Toi et moi on va surmonter toutes les épreuves, tu vas devenir une magnifique petite fille puis jeune femme à l’image de ton papa… ».Puis un soupire s’échappe de mes lèvres alors que je reprends ma contemplation de la rivière.

L'histoire s'écrit chaque jour un peu plus

Cassandra & Baxter

Je me regarde dans la glace. J’ai vraiment une sale gueule en ce moment, avec mes cernes violacés et les marques qui restent de la raclée que j’ai pris l’autre jour. Foutu gorille ! Si je le croise à nouveau dans la rue, je vous jure que je lui ferai goûter ma férocité elfique cette fois-ci ! Mais bon, au moins je n’ai plus vraiment mal, c’est déjà ça. Les jours, les semaines se sont écoulées, et les blessures physiques ont guéri, plus ou moins lentement. Celles que l’on ne voit pas, par contre, sont bien plus douloureuses et ne semblent pas vouloir passer. Pire encore, certaines se sont rouvertes désormais, et je me demande si elles pourront se refermer réellement un jour... Pendant plus de huit ans, j’avais cru que je n’avais plus personne au monde. Que toute ma famille était morte dans cet incendie. Mais il s’avère que non, que tout le monde n’est pas mort. Oncle Alexander a survécu. Oncle Alexander mon cul. J’aurais dû l’appeler papa Alexander pendant tout ce temps. Parce qu’apparemment, c’était lui mon père, et l’abruti le savait en plus. Il le savait, alors que j’appelais tonton Alex et que je croyais qu’Ethan Sherwood était mon père. En réalité, il le restera toujours à mes yeux. Alexander n’est qu’un sale menteur qui a attiré ma mère dans ses filets... A moins qu’elle ne l’ait fait de son plein gré, ce qui ne serait pas mieux. Au final, qu’est-ce que j’en sais, moi ? Rien, bordel, absolument rien ! Toutes mes certitudes ont été balayées, et le seul qui peut encore répondre à mes questions, c’est lui. Sauf qu’il n’y a personne pour contredire sa version.

Quand je pense à Alexander, à Perséphone, Ethel ou à Anthea... je ne sais pas vraiment qu’est-ce que je devrais ressentir. Mon cœur balance entre la colère et la joie, entre le dégoût et la gratitude. Je déteste Alex pour mon m’avoir menti pendant toutes ces années, mais, en même temps, je suis content tout au fond de moi de le savoir en vie et d’avoir appris que j’ai des sœurs... Une famille. Mais clairement, ça a foutu le bordel dans ma tête, ça m’empêche de dormir la nuit, et ça a corrompu les souvenirs que j’avais de mes parents. Est-ce que ma mère aimait Ethan ? Est-ce qu’il savait, d’ailleurs, qu’elle l’avait trompé, que je n’étais pas son fils ? Si lui ne le savait pas, eh bien, ma mère devait le savoir, en tout cas ? Car selon Alexander, cela n’avait pas duré entre eux. Charlotte était malheureuse, le fait de ne pas réussir à avoir des enfants avec Ethan avait empoisonné son mariage et elle avait juste cherché de l’affection auprès de quelqu’un qui était seul aussi. Ce que j’aurais peut-être pu comprendre si elle me l’avait raconté, bon sang. Pourquoi ne m’a-t-elle jamais rien dit ? Ne me faisait-elle pas assez confiance pour me dire la vérité ? Les questions se multiplient dans ma tête et putain, c’est vraiment épuisant parfois. Pour ce qui est de renouer avec mes sœurs, que je connaissais déjà – Perséphone dans le clan, Anthea dans la Résistance contre les Anges – sans imaginer une seule seconde qu’on avait le même père, j’ai un peu peur, peur de les rejeter, ou de me faire rejeter. Les fausses illusions, je m’en passerais bien, hein. Mais je n’aime pas les mensonges. J’ai déjà rencontré Anthea, on a déjà pu parler, mais il me manque encore Perséphone. Elle a le droit de savoir elle aussi.

Aujourd’hui, c’est mon jour de congé, je n’ai rien d’autre à faire que penser à tout ça – et normalement, ça mène toujours à une grosse cuite et à une gueule de bois monumentale le lendemain. Je préfère donc prendre ma veste et sortir de chez moi, aller faire un tour. Pour une fois qu’il fait beau à Bristol, autant en profiter. J’aime bien cette ville, malgré le fait que je sois un elfe et que j’aie grandi dans un clan de la forêt. Au départ, j’ai eu un peu de mal à m’habituer à la vie urbaine, d’abord à Réversa, puis ici, mais j’ai su m’adapter, tant bien que mal. A Bristol, j’ai trouvé la paix, à un moment donné. Clairement, cette époque paisible est désormais révolue, malheureusement. Mais j’y ai aussi trouvé le graffiti, ma passion, ma façon de m’exprimer, ma vocation. Et le graff’ se porte très bien malgré les Aberrations, les Altérations et les Menteurs-Manipulateurs – c’est-à-dire, la Couronne & ses amis les membres du Conseil. D’ailleurs, je trouve même que la situation actuelle ne fait que motiver encore plus les graffeurs à s’exprimer, à dénoncer les abus, les injustices, les crimes qui ont lieu dans cette ville. Pour ça, je vous promets que vous pourrez compter sur moi aussi, parce que je ne compte pas m’arrêter.

Marchant pendant de longues minutes au rythme de la musique qui émane des écouteurs dans mes oreilles, je me dirige vers Harbourside. J’avoue que je ne trouve pas l’Avon aussi beau que la petite rivière qui traversait la forêt de Réversa, mais je ne peux m’empêcher de me sentir bien à proximité du fleuve. La Nature m’appelle, et même si elle est ici un peu trop contaminée par l’urbanisation, je trouve cet endroit reposant. Le seul hic, c’est que je ne peux pas graffer ici, en plein jour et aux yeux de tous, sans courir le risque de me faire chasser. Malheureusement, tout le monde n’est pas favorable au graff’, ou au vandalisme, comme diraient certains ignorants. Alors voilà, j’ai pris mon cahier et je me contenterai de dessiner un peu, même si ce n’est pas ma passion première. Je m’assois alors sur un banc, le regard rivé sur le fleuve, avant de tourner la tête pendant quelques secondes. Je commence alors à esquisser quelques lignes, quelques formes... Puis je tourne à nouveau la tête. J’ai comme l’impression que le visage de cette jeune femme me dit quelque chose... Une elfe, en plus, je sais qu’elle est comme moi. Mes yeux se posent sur la brune, mon cœur s’accélère. Sans déconner ! Je me lève vivement, les sourcils froncés, les larmes me montant aux yeux, et je me dirige vers la jeune femme d’un pas décidé, avant de m’arrêter juste devant elle.

« ... Cassandra ? Sans déconner... C’est toi ! »

Je pose une main sur ma bouche, avant de pousser un rire incrédule.

« C’est moi, Baxter ! Celui qui cassait les couilles à tout le monde ! »

Je rigole, mes yeux brillants de joie. Bordel, vous vous foutez de ma gueule ! Encore une revenante... Quand est-ce que ça va s’arrêter, hein ? Enfin, c’est une bonne chose de voir qu’il y a peut-être plus de survivants que je ne l’aurais cru, mais si ça continue, mon cœur va finir par péter un câble, je vous jure.

made by black arrow

**Invité**

Plus ma grossesse arrive à son terme et plus je pense au passé. Avant le Grand Incendie. Quand tout était normal et bien avec mes parents, avec le clan. Il y avait un climat de tension pesant, certes, le contexte géopolitique était déjà très incertain, certes, mais au moins nous étions tous ensemble. Je me suis rappelée aussi, il y a quelques jours, que mes parents avaient laissé un coffre à mon attention dans la banque de Bristol. Je me demande bien ce qu’ils ont pu y mettre dedans, mais un jour il va falloir que j’aille voir. Je repousse cet instant toujours un peu plus car j’ai peur de craquer. J’aurais tellement aimé que ma mère soit là et puisse m’accompagner durant ma grossesse. J’aurais tellement aimé avoir la joie de mettre au monde Luana au milieu de ma famille et de mes amis, organiser une fête de naissance comme nous avions coutume de le faire. Là, je devrais me contenter de la mettre au monde et me débrouiller seule pour l’élever, la voir grandir et traiter tous les problèmes aussi petits soient-il. Autant l’avouer, cela me fait terriblement peur. Malgré tout, elle est tout ce qui me reste de Blérim. Blérim qui a été le seul homme à avoir autant de pouvoir sur moi, Blérim qui m’a fait reprendre confiance, Blérim qui les mois passants s’est imposé à mon esprit et dans mon cœur, de manière si insidieuse que je ne m’en suis même pas rendue compte. Je l’aime … Je l’aime tellement ! Je n’utiliserai jamais le passé pour qualifier mes sentiments à son égard !

La vie est chienne quand on y pense ! Elle nous donne pour tout reprendre, sans cesse. Mais le pire, de nos jours c’est l’escalade de violence que l’on subit sans pouvoir réellement avoir notre mot à dire. Tout nous est imposé de ce Ribcage aux purificateurs en passant par le sérum et la puce. Nous ne sommes que des pions pour un gouvernement qui éprouve une haine sans nom et totalement injustifiée pour des créatures qui n’ont pas demandé à exister. Des créatures qui sont aussi des êtres humains, qui ont des droits dont le plus fondamental est celui de vivre libre et avec les mêmes droits que l’humain lambda. Après tout, tant que l’on ne sait pas si telle ou telle personne est un lycan par exemple, elle jouit des mêmes droits et devoirs qu’un humain. Alors pourquoi cela devrait-il changer une fois la lumière faite ? Pourquoi le simple fait d’être différent nous condamne à l’enfermement ou à la mort… La mort, celle qui doit nous prendre dès notre naissance. La mort cette notion qui coexiste avec la mise au monde d’un nouvel être voué à mourir. Sauf que nous devrions tous pouvoir mourir libre. Enfin, je soupire. Penser à tout cela ne fera pas évoluer notre monde et ne ramènera pas nos morts, nos familles, nos amis, nos proches…

Soudain je sursaute ! Tout s’est passé très vite mais cet homme qui vient se positionner devant moi sans crier gare et qui hurle presque mon prénom m’a surprise dans mes pensées. J’ai donc fait voler mon téléphone à sa figure tout en essayant de tasser un peu plus mes fesses au fond du banc. Evidemment ce n’est pas possible mais il m’a fait une sacrée peur !

« Baxter !? » j’interroge très étonnée. Sans crier gare je me redresse et je le serre aussi fort que faire se peut dans mes bras frêles. Je crois que je n’ai jamais été aussi contente de retrouver quelqu’un. Enfin si, j’étais dans le même état avec Zach. Mais Bax’ ! Bax ‘ ! C’est autre chose. Des larmes de joies coulent alors sur mes joues et quand je le lâche c’est avec un immense sourire que je l’accueille.

« Tu as survécu ! » Mes mains scrutent alors son visage comme pour vérifier qu’il est bien là et bien lui. « Comment ? Et qu’est-ce que tu fais depuis ? Qu’est-ce que tu es devenu ? »

Je n’en reviens pas ! Pourtant j’ai toujours été persuadée qu’il y avait d’autres survivants ! Mais je suis restée tellement enfermée dans mon monde dans mes peurs que j’ai oublié les recherches, j’ai préféré, surement, penser que tout le monde était mort. D’un côté c’était aussi la peur d’être déçue de e retrouver personne. La peur d’être vraiment la dernière.

L’histoire s’écrit chaque jour un peu plus

Cassandra & Baxter

D'un réflexe digne d'un super-héros de pacotille, j'arrive à attraper le téléphone volant avant qu'il ne me pète le nez. Bah dis donc, elle n'est pas contente de me voir ou quoi ?! Non, plus sérieusement, je crois qu'elle est surtout étonnée de me voir là. Ça fait combien d'années qu'on ne s'était pas vus, d'ailleurs ? Presque neuf ans, non ? Bordel...Tellement de choses se sont passées entretemps. De bonnes choses, et d'autres vachement moins bonnes. J’ai souvent merdé, je me suis plusieurs fois perdu, mais j’ai réussi à me rattraper. J'ai survécu, tant bien que mal. Et je suis toujours là. Oui bordel, je suis là devant Cassandra et je lui rends son étreinte lorsque la brune se lève d'un bond pour me serrer dans ses bras. Je pousse un rire heureux tout en lui caressant doucement le dos, puis je la regarde sans me départir de mon sourire quand elle se détache de moi pour mieux pouvoir observer mon visage.

« J'suis comme les mauvaises herbes, t'sais ! On se débarrasse pas de moi si facilement. »

Réponds-je avec un sourire espiègle, tout en essayant de digérer un peu mes émotions et de ne pas me mettre à pleurer à mon tour aussi. Bon, le fait qu’elle me tripote le visage comme ça me donne envie de rire, donc j’arrive à tenir. Mais il n’y a pas à dire, j'suis vraiment content de la retrouver, de savoir qu’elle est toujours vivante ! Par contre, si mon but était de me changer les idées en sortant de chez moi aujourd’hui, de ne pas penser aux révélations familiales... Eh bah, c'est raté. Encore une fois, je viens de découvrir que quelqu'un qui comptait beaucoup pour moi n'était en réalité pas mort, malgré ce que je croyais. Et du coup, je me demande... Est-ce que ça va s'arrêter là ? Est-ce que j'aurais dû rester à Réversa plutôt que de m'enfuir à Bristol ? Est-ce que j'aurais dû insister, poursuivre mes recherches pour retrouver des survivants du Grand Incendie ? Quelque part, je m'en veux de ne pas l'avoir retrouvée avant, Cassandra, mais aussi les Carlton. J'ai gaspillé des années avec la drogue, avec toutes les conneries que j'ai pu faire, alors que j'aurais pu tous les retrouver avant... Cela dit, je chasse rapidement ces pensées noires de ma tête, puisque la jeune femme me pose plein de questions. Des questions tout à fait normales dans ce genre de retrouvailles, mais douloureuses quand même. Je déglutis, avant de reprendre la parole. Je n’ai pas vraiment envie de lui raconter mes déboires.

« J’ai réussi à sortir de la maison à temps cette nuit-là. Pour mes parents, en revanche, c’était trop tard. » Je fais une courte pause, histoire de ne pas péter un câble en repensant à l’incendie qui a détruit ma forêt, ma maison, ma famille, et moi. « Puis je me suis enfui à Réversa, des Elfes citadins m’ont accueilli. J’y ai passé quelques années, avant de déménager à Bristol. Ça fait quelques années que je vis ici, et que je casse les couilles à tout le monde, évidemment. N’empêche que c’était plus marrant avant la Révélation... Depuis, les gens sont devenus encore plus coincés qu’avant ! »

Dis-je avec un sourire d’enfant terrible, avant de lui retourner ces questions à ma façon.

« Alors et toi, t’as trop mangé hier soir ou t’es bien enceinte ?! Félicitations, au passage ! C’est une p’tite Mary ou un p’tit Jack ? »

Mon regard s’est posé sur son ventre arrondi, avant de croiser à nouveau le sien, comme hypnotisé. C’est qu’elle a de beaux yeux, sérieux ! Même enceinte elle reste tellement canon, c’est fou ! MAIS, Cassy est comme une... grande sœur pour moi, donc ne vous faîtes pas des idées, oh ! Mais quoi, je ne suis pas aveugle non plus.

« Euh, on s’assoit ou tu préfères marcher un peu ? »

Maintenant que je ne suis plus concentré sur mon dessin, j’ai envie de bouger, surtout que ça m’aide à gérer mes émotions et à me calmer. Bouger ou rester tranquille... En fin de comptes, l’important c’est que je garde l’esprit occupé. Je l’ai appris lors de mon passage en désintox, et franchement, dès que je sens que la situation m’échappe et que je commence à angoisser, je tente tout de suite de trouver une façon de contrer ces idées noires. Mais je le fais en silence, sans que personne ne se doute de rien. La preuve, à présent je lui souris simplement, comme si tout allait bien. Sauf que non, mon équilibre est précaire, et toutes ces révélations me secouent comme un cocotier. J’inspire, j’expire. Puis je m’intéresse à elle à nouveau. S’occuper l’esprit.

« C’est pour quand, la naissance du bébé ? »

made by black arrow

**Invité**

Alors là ! Si j’avais pu imaginer ça ! C’est un coup à me faire tomber à la renverse. Autant dire que vu l’état de mon ventre, ce ne serait pas une bonne chose ! Mais non c’est mon téléphone qui se contente de prendre les commandes et de voler au visage de Baxt’ ! Eh bien oui il le fait tout seul ! non évidemment, c’est la surprise qui m’a fait faire un geste spontané. Puis un autre suit alors que je le sers dans mes bras. Ce…petit monstre… là… devant moi ? Je n’en reviens pas ma vue !Alors je lui tripote le visage histoire d’être bien sûre qu’il s’agisse bien de la personne à laquelle je pense. Au final nous sommes quelques survivants et même si je n’ai pas un seul espoir pour ma famille que j’ai vue brûler sous mes yeux, j’ai au moins l’espoir de retrouver une famille d’adoption. Car oui Baxter comme Zach étaient comme des frères à mes yeux, les frères que j’aurais voulu avoir. Je me suis toujours sentie à l’aise avec eux, dans mon élément. Et aujourd’hui encore, malgré tous les événements, malgré la distance et les années mon cœur bat à tout rompre à la simple vue de ce visage familier.

« Je suis trop contente » dis-je finalement avec entrain alors que quelques secondes plus tôt il se comparait à de la mauvaise herbe. En un éclair de seconde il m’a changé les idées. Et je le harasse de questions. Normal, nous en avons des années à rattraper !

Voilà donc qu’il me conte sa tragédie. Je peux voir l’émotion sur son visage. Aussi bon acteur soit-il, c’est une blessure laissée au fer rouge. Et je comprends tellement ce qu’il a vécu. Une larme roule sur ma joue, en signe de compassion. Mon empathie est bien plus exacerbée depuis que je suis enceinte. « Je suis tellement désolée pour toi » dis-je alors en le serrant à nouveau dans mes bras avant de déposer un baiser sur son front. « Je suis là désormais ! On va se reconstruire notre famille de cœur ! » je lui lance en signe d’espoir. Un espoir qui s’effrite de plus en plus à mesure que les mois passent, que les catastrophes s’accumulent et que le gouvernement nous enferme de plus en plus dans des cages tantôt visibles, tantôt invisibles.

Son ton d’enfant terrible parvient tout de même à me faire sourire, même lorsqu’il me demande, évidemment, si je suis bien enceinte. Je ris même de sa remarque. Fichu ascenseur émotionnel !

« J’ai mangé une autruche ! Regarde elle gigote là encore ! » dis-je en prenant sa main et la posant sur mon ventre là où le bébé bouge. C’est peut être bien la première fois que je fais cela avec quelqu’un. « Elle s’appelle Luana » lui dis-je alors pour répondre à sa question détournée pour savoir si c’est une fille ou un garçon. Elle est mon précieux, un petit être que je vais protéger quoi qu’il en coûte et surtout pour lequel je vais faire les plus gros efforts de ma vie !

« On marche si tu veux bien ! Et cesse de me dévisager de la sorte enfin ! Je suis sûre que ta petite amie ou femme ne serait pas très contente ! » je lance alors espiègle, histoire de savoir où il en est également de ce côté-là. J’aurais très bien pu poser la question de manière plus directe mais je trouve que ça se glisse mieux ainsi et je lui laisse également le choix de détourner la conversation si jamais il ne souhaite pas en parler. « C’est prévu pour fin janvier ou début février. A voir si elle se trouve bien au chaud ou si elle a hâte de découvrir le monde. »

Je soupire un instant. Mon ventre commence vraiment à être oppressant et ma respiration n’est pas toujours au top. Après tout il ne me reste plus longtemps avant d’être totalement délivrée de ce poids qui pèse déjà pas moins de quinze kilos ! Et puis, je ne suis pas dupe, nous nous ressemblons avec Baxter au fial. Je le vois très bien en train ‘essayer de gérer imperceptiblement ses émotions en adoptant une respiration lente et régulière. Alors, je lui prends la main, comme pour l’ancrer dans le présent et lui pose une autre question pour occuper son esprit, et le mien par la même occasion. Cela me rappelle mon propre travail pour accepter le toucher des autres. A noter qu’il fonctionne très bien étant donné mon comportement. J’ai dû apprendre cela dit… « Tu travailles alors maintenant ? Tu fais quoi ? Et tes passions ? » Après tout nous avons grandit et changé. Nous possédons également des zones d’ombres, la mienne résidant autour de la conception de Luana. Et lui alors ? Je me pose tellement de questions…

L’histoire s’écrit chaque jour un peu plus

Cassandra & Baxter

Cassy semble réellement contente de me voir, et ça me fait plaisir. Sa joie est authentique, son sourire est réel, et non pas forcé. J’en reviens pas qu’elle soit en vie elle aussi, et qu’elle soit si belle, et enceinte ! Pour une fois, la vie a décidé de me faire une belle surprise, plutôt qu’un coup de pute – pour une fois, bordel ! Les questions s’enchaînent, elle veut savoir comment j’ai survécu, évidemment. Je lui raconte, sans trop développer les détails, comment mes parents sont morts, contrairement à moi. Les détails sont moches, douloureux, et je n’ai pas vraiment intérêt à lui en parler. Je n’en suis pas fier, et je n’aime pas y penser. Car les plaies sont toujours là, béantes, même si les cache derrière mes sourires de connard et mes blagues pourries. Perdre ma famille, perdre Laurel, et me perdre moi-même en chemin... Ça a laissé des marques indélébiles, que je ne pourrai jamais effacer, et peut-être jamais guérir non plus. Alors je fais tant bien que mal, et j’avance. Un jour après l’autre. Certains sont vraiment compliqués, d’autres ça va. Aujourd’hui, ça ne va pas trop, mais retrouver Cassy m’apporte une certaine joie qui soulage ma peine. Je ferme les yeux lorsque l’elfe dépose un bisou sur mon front. Je serre la mâchoire, je ravale les larmes qui auraient coulé si je n’avais pas un effort pour les contenir. Je hoche la tête, un maigre sourire aux lèvres, quand elle me dit qu’on va se reconstruire notre famille de cœur. Peut-être bien.

Puis je redeviens moi-même et je lui demande, espiègle, si elle est bien enceinte. Elle rit, ce qui me fait sourire malgré moi. Avant que le sourire ne cède sa place à une bouche grande ouverte lorsqu’elle prend ma main, qu’elle la pose sur son ventre et que je sens un truc bouger là-dedans. « Roh putain ! Est-ce que... ? » Est-ce bel et bien la petite créature qui grandit dans son ventre ce que je viens de de sentir bouger, là ?! Je rigole, surpris d’avoir vécu cette expérience pour la première fois, avant de reprendre la parole, nettement plus enthousiasmé désormais, et de lui demander si c’est une fille ou un garçon. Et il s’agit bien d’une gamine, apparemment.

« Luana, c’est joli. Exotique, même. Tremblez bad boys, je sens qu’elle va botter des fesses quand elle sera grande ! »

Dis-je avant de pousser un rire amusé. Une nouvelle vie. L’avenir. Tout l’inverse de la mort, des regrets du passé qui nous hantent. J’suis content pour Cassandra. Je ne doute pas une seule seconde qu’elle fera une excellente maman. Je me souviens qu’elle a toujours été maternelle et protectrice. Elle était comme une grande sœur pour moi, même si on venait de clans différents. Les liens entre nos familles étaient la preuve que les différences de clan ne voulaient pas forcément dire que les gens ne pouvaient pas se lier d’amitié, voire plus. Je lui demande alors si elle veut bouger ou si elle préfère rester là. Bouger me semble une bonne idée, comme ça je serai occupé et mes idées noires n’auront pas le temps de me torturer l’esprit. Je bégaye un peu quand Cassy me dit d’arrêter de la dévisager de la sorte. Merde, je m’étais carrément perdu dans le bleu de ses yeux. C’est qu’elle a des beaux yeux, hein ! Ils semblent encore plus grands que dans mes souvenirs...

« Je... Bah, t’as de beaux yeux, qu’est-ce que tu veux ! Et puis, ce n’est pas comme si ma petite amie invisible était très jalouse, hein. »

Réponds-je en haussant les épaules, narquois. Je lui demande alors pour quand est prévue la naissance du bébé. J’étire un sourire en coin, avant de me pencher légèrement et d’approcher ma bouche de son ventre et de hausser légèrement la voix.

« Eh gamine, si tu m’entends : reste où tu es, t’es beaucoup mieux là-dedans ! »

Au moins, dans le ventre de sa mère il n’y a personne pour l’emmerder. Je soupire. Le monde autour de nous peut être tellement beau et tellement moche à la fois. Tellement cruel. Tellement ingrat. Je ne voudrais pas que la gamine le découvre à la dure, comme sa mère et moi. Vraiment pas. J’espère qu’elle aura plus de chance que nous, qu’elle sera plus épargnée. Qu’elle ne verra pas les gens qu’elle aime lui être arrachés et ses rêves partir en fumée. J’espère qu’elle sera heureuse. Et qu’elle rira aux blagues de tonton Baxter, tant qu’on y est. Je déglutis, chassant silencieusement mes fantômes. Je ne veux pas que mon pessimisme déteigne sur Cassandra. C’est une future maman, il faut plutôt qu’elle se sente heureuse et qu’elle en profite. La main de la jeune femme attrape alors la mienne, la serrant avec douceur. Je la regarde, légèrement surpris, mais je ne cherche pas à rompre le contact. Ça fait du bien, en réalité. Cela m’apaise et me réconforte. Je soupire, comme pour recracher ma nervosité. Puis elle me lancer plein de questions à nouveau.

« J’suis barman. Enfin, un barman au chômage depuis quelques semaines, mais ça va. J’en profite pour me reposer un peu. » Enfin, respirer... Graffer, boire et baiser à tout va. Ou sinon, me perdre dans mes idées noires, ce qui franchement n’est pas mieux. « Sinon, j’aime graffer aussi. Disons que je me suis découvert un certain talent pour le graffiti. Et puis, Révélation ou pas, Bristol est la ville parfaite pour ça, donc pourquoi pas ? Mais je ne suis qu’un amateur parmi tant d’autres, ce n’est rien de sérieux. »

Je hausse les épaules encore une fois.

« Et alors et toi, tu fais quoi dans la vie ? Et le père de la gamine ? Ce n’est pas un connard, j’espère ?! Si jamais il te brise le cœur, tu me dis et je lui pète la gueule, hein. Tu fais partie de ma famille de cœur, comme tu dis. »

Je dois être très crédible, hein, avec mon visage qui porte encore les stigmates de la raclée qu’on m’a foutue l’autre jour. Mais je le pense vraiment.

made by black arrow

**Invité**

Retrouvé les figures de mon enfance, de mon adolescence et même une partie de ma vie adulte est inespérée. Et pourtant, après Zack voilà Baxt’ ! Je me souviens de ces quatre cent coups et de sa joie de vivre. Cela me fait mal au coeur d’ailleurs, de voir les traits de son visage marqués par la tristesse. Malheureusement, c’est ce que l’histoire a fait de nous : des êtres marqués à vie. Malgré tout, nous nous devons de nous reconstruire, en hommage à nos proches défunts, décédés, bien souvent, pour sauver une minorité. C’est donc avec joie et gratitude que j’accueille Baxter et que je dépose un baiser sur son front tel qu’une mère le ferait avec son enfant pour lui exprimer son amour et son soutien.

Baxter me fait rire lorsqu’il me demande si je suis bien enceinte, même si cela se voit plutôt bien maintenant. Je rigole et finit par prendre sa main que je pose sur mon ventre alors que la petite bouge bien là dedans. Et sa réaction ne se laisse pas attendre. « Ahahaha oui c’est le bébé qui bouge ! Pas mes intestins qui dansent la lambada. » Je ne peux m’empêcher de m’extasier devant les réactions si enfantines et innocentes de Baxter. « Merci ! Mais, qui te dis qu’elle saura se battre, hum ? » je lance tout aussi amusée que lui. Avoir une telle discussion me fait un réel bien alors que ces derniers mois ont été bien sombres et se sont déroulés sous le signe de la tristesse et de l’angoisse la plupart du temps.

Quand Baxt’ me propose de marcher ou rester là, je lui demande de nous mettre en marche. J’ai besoin d’exercice. C’est parfois douloureux lorsque je ne bouge pas pendant un moment. Et puis ainsi nous pourrons profiter du cadre. Puis je note qu’il me dévisage depuis de longues minutes et m’en amuse histoire de glaner en même temps quelques informations. Je ne sais pas faire ça normalement apparemment ! Je souris parce que de toute façon, il semblerait que je ne sache faire que ça depuis que j’ai cet homme devant moi avant de le remercier. « Merci pour le compliment. T’es vraiment pas mal non plus tu sais ?! » je soupire avec exagération « Baxter sans personne dans sa vie ? Je suis fort étonnée. Je me souviens de toi comme d’un vrai charmeur. » je lance finalement en lui donnant une pichenette sur la joue.

« Hep hep hep ! Minute papillon ! Pas trop longtemps maman souffre quand même ! » je rétorque alors qu’il conseille à Luana de rester dans mon ventre. Mais je comprends tellement ce qu’il veut dire. Le monde est horrible autour de nous et tout devient incontrôlable. Quel avenir vais-je lui offrir ? Mais je vois que Baxt’ semble broyer un peu de noir alors je serre sa main. Lorsque j’étais pus jeune j’étais hyper tactile, cela ne le choquera sûrement pas. Aussi, pour continuer dans mon idée de penser à autre chose, je lance de nouvelles hostilités en lui posant tout un tas de questions.

Losqu’il m’explique ce qu’il fait das la vie, une chose fait tilt à mes oreilles. Le graffiti, selon ce qu’il fait, je pourrais peut être bien l’embaucher pour la chambre de la petite. Mais il y a tellement de types de graffiti, il faut que je lui… mais non il en est autrement. Baxt’ me pose à son tour des questions dont l’une parle de Blérim le père de Luana. J’essaye de restée de marbre, de ne pas montrer que cela me touche car je dois jouer la comédie sur l’histoire de la petite. Mais vais-je y parvenir ? A l’approche de l’accouchement, je pense de plus en plus à ce qui aurait pu être et… Non , je me redresse et réponds : « Il est décédé tu pourras rien lui péter. Et il m’a rendu heureuse Baxt’ t’inquiète pas. » je réponds. La vérité. « Sinon je suis palefrenière et nounou et je vis dans ce qu’il reste de forêt avec un indien expatrié que je nomme Poppy. Rien de bien transcendant comme tu vois. » S’il veut péter la gueule a un homme qui me brise le coeur j’imagine même pas s’il savait pour le viol. Mais ce sont des parties de ma vie qu’il vaut mieux que je garde ou que je dévoile plus tard. Il a l’air bien brisé par la vie aussi. « Tu n’auras qu’à venir à la maison un de ces quatre. En plus s’occuper des chevaux remonte le moral et apaise l’esprit. » je lui lance avec un grand sourire.

L’histoire s’écrit chaque jour un peu plus

Cassandra & Baxter

J’étire un sourire amusé, surpris d’avoir senti le bébé bouger là-dedans. C’est bien la première fois que j’ai une expérience pareille, tiens. Si elle frappe toujours aussi fort une fois à l’extérieur, elle risque de devenir une badass quand elle sera grande ! Je ne peux m’empêcher de blaguer là-dessus.

« Bah, c’est mon intuition qui me le dit. Intuition merdique, peut-être, mais on s’en fout. Et puis, on lui apprendra à botter des fesses, qu’elle veuille ou pas. Dans une ville pareille, c’est toujours un atout important. »

Dans n’importe quelle ville du monde, ce serait déjà utile, mais alors à Bristol... Enfin, surtout si les choses continuent sur la voie actuelle. En réalité, j’ai du mal à imaginer comment sera l’avenir ici. Si ça se trouve, Bristol aura disparu d’ici dix ou quinze ans. Ou peut-être pas. Mais en tout cas, je ne peux dire que je suis optimiste, hein. Avec des dirigeants corrompus et des Nocturnes enragés, ça ne peut pas bien se terminer. Je ne sais pas qui vaincra au final – le plus probable, c’est qu’il n’y ait que des perdants. Et le pire, c’est qu’on est coincés ici, bordel de merde. M’enfin, autant ne pas y penser et se contenter de faire face aux petits soucis de notre quotidien, tout en essayant de ne pas perdre la tête. Un jour à la fois, un pas après l’autre. Et qui sait, peut-être qu’il y aura un miracle – un vrai – et que les choses iront bientôt mieux. Est-ce que j’y crois vraiment ? Allons donc, vous me connaissez... Mais je peux essayer de faire semblant.

Nous nous remettons en marche, profitant du beau temps et de la brise agréable qui caresse nos visages. Penser à la situation politique actuelle ou à mes propres conneries de ces derniers temps n’est pas vraiment la chose à faire si je veux garder le sourire, alors je fais un effort pour me changer les idées. La compagnie de Cassandra m’y aide, tout comme la joie de l’avoir retrouvée après tout ce temps, elle et ses énormes yeux bleus. De très beaux yeux, je pourrais carrément me perdre dedans. Et non, oh, ce commentaire n’a aucun fond douteux, bande de pervers ! J’étire un sourire en coin lorsqu’elle me dit que j’suis pas mal non plus.

« Je sais. »

Dis-je en haussant un sourcil, faussement présomptueux. Enfin, y’a plus moche que moi, ça je le sais bien, mais je ne suis pas un Apollon non plus. J’suis plutôt du genre Apocon, voyez-vous – ou juste Con pour les ennemis et les emmerdeurs. Ensuite, l’elfe cherche à savoir si j’ai une petite amie, ce à quoi je réponds négativement. Cependant, cela semble l’étonner, vu qu’elle se souvient de moi comme d’un vrai charmeur. Je pousse un petit rire amusé suite à sa pichenette sur ma joue..

« Oh, mais tu sais, j’ai dit que j’avais pas de petite amie... Pas que j'avais personne dans ma vie. Au contraire, il y a plein de monde dans ma vie. »

Un vrai sourire de sale gosse couronne ma réponse. Bah oui, y’a plein de monde dans ma vie. Et dans mon lit surtout. Parfois littéralement même. Bah quoi ? On s’amuse comme on peut dans cette ville de merde. Pour ça que je me dis – enfin et à elle aussi – que Luana est bien là-dedans, et que rien ne presse. La réponse de Cassy m’arrache un sourire amusé. Bah, je comprends quand même, ça doit peser lourd, un bide comme ça. Ma main dans celle de mon amie, nous continuons de marcher et de parler tranquillement. Ce contact me fait du bien, m’aide à ne pas broyer du noir. Elle me pose de nouvelles questions, et je lui réponds sans aucun problème. Enfin, je ne lui raconte pas tous les détails de ma vie, surtout ceux qui ne jouent pas vraiment en ma faveur, mais je lui dit quand même ce que je fais et je lui avoue ma passion pour le graffiti. Ensuite, c’est à mon tour de lui poser des questions, notamment à propos du père de la gamine. En espérant que ce n’est pas un abruti de première, sinon il aura affaire à moi.

Le visage de Cassandra s’assombrit, comme lorsqu’un gros nuage gris vient cacher les rayons du soleil. Et ensuite je comprends pourquoi. Putain mec, t’es un vrai boulet. Je regrette immédiatement ma question et la façon dont je l’ai posée. Je suis vraiment navré, j’suis vraiment con. J’ouvre ma bouche pour dire quelque chose, n’importe quoi, mais je n’y arrive pas.

« Cassy... J’suis vraiment désolé. »

Dis-je, un peu honteux, avant de caresser son épaule avec douceur. Au moins, il l’a rendue heureuse, et ce bébé est une partie de lui qui restera avec elle, le fruit de leur amour. Mais je me doute bien que ce n’est pas pareil que de l’avoir à ses côtés, merde. En tout cas, la jeune femme reprend la parole et me raconte qu’elle est palefrenière et nounou, et qu’elle vit dans ce qui reste de la forêt avec... un indien expatrié, Poppy. Je hausse un sourcil, étonné, reprenant mon air de gamin amusé.

« Eh bah, ça a l’air sympa, tiens ! Je viendrai un de ces quatre, avec plaisir ! Surtout que j’adore les chevaux. »

Je m’arrête de marcher, et je serre sa main plus fort.

« Bordel, j’suis vraiment content de te retrouver, Cassy. »

Dis-je, avant de la prendre dans mes bras pendant de longues secondes – enfin, sans écraser le bébé là-dedans, évidemment.

« Ça te dit d’aller boire un café ? On a encore plein de choses à se raconter ! »

Et si elle a du temps, moi aussi j’suis complètement dispo pour qu’on continue à papoter encore pendant de longues heures.

made by black arrow

RP TERMINÉ!

**Contenu sponsorisé**

» Ashes | Thea & Baxter
» You need to calm down ⊹ Baxter
» Mr. Provoc' | Edana & Baxter
» Shit happens | Anthea & Baxter
» The truth | Ethel & Baxter