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Nous nous comprenons beaucoup trop, n'est-ce pas ? ♣ ft. Anthea Blackrain

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MessageSujet: Nous nous comprenons beaucoup trop, n'est-ce pas ? ♣ ft. Anthea Blackrain Nous nous comprenons beaucoup trop, n'est-ce pas ? ♣ ft. Anthea Blackrain EmptyDim 12 Juil - 23:58

 
Nous nous comprenons beaucoup trop, n'est-ce pas ?
           
Avec Anthea Blackrain.
Juin 2020, milieu de matinée.
Cathédrale de la Sainte et Indivisible Trinité, Bristol.
     
Personne n’aimait la pluie.
Les gouttes froides, malgré la saison estivale, filtraient à travers le coton sombre de son tailleur, coulaient le long de la colonne de son dos et mourraient au bout de ses escarpins salis par la boue. L’humidité collait à sa peau fine et blanche, plaquait ses cheveux courts dans la nuque et crissait dans ses hauts escarpins. Le chemin n’était pas agréable, voire même sacrément pénible – mais c’était un peu sa pénitence.
Mais l’odeur des larmes du ciel sur le sol herbeux et vert de Bristol offrait à ses visiteurs une ambiance agréable, à la fois morne et vivante, lourde mais vivifiante. Il fallait être fin connaisseur pour apprécier. Ou alors provenir des venteuses et pluvieuses terres d’Irlande et porter dans son sang la capacité de trouver dans le malheur une source de bonheur.
La grande dame était de ces gens-là. De ses fins doigts subtilement parés de discrets bijoux, Fionnuala poussa la porte de la cathédrale et se subtilisa à la pluie pour glisser dans la pénombre solennelle.
Immédiatement, sa main se porta au bénitier à l’entrée et l’elfe signa la croix. Vieux réflexes appris pendants les premières années de son mariage avec son cher Gareth, Fionnuala ne pouvait pas réellement se considérer comme une croyante : après tout, aux yeux de l’Église et de son Seigneur, elle était un être contre-nature, ce qu’elle avait apprécié et embrassé depuis bien longtemps ; pourtant, elle avait parfaitement su jouer la fille d’une famille irlandaise catholique, au point de se laisser prendre aux questionnements sur l’existence d’un être supérieur capable de pardonner en toutes circonstances.
Et puis, hasards de la vie, certaines figures l’avaient particulièrement touchée.
Ses fins talons claquant sur la vieille pierre de taille en auraient gêné plus d’un, mais la conseillère avait depuis longtemps oublié ce qu’était la honte de se faire remarquer. Peu lui importait que certaines grenouilles regardaient avec circonspection la présence d’une Elfe, Fionnuala leur rappellerait qu’elle était des signataires de la grande Charte sur la tolérance. Et qu’elle n’avait pas de comptes à rendre sur sa présence dans la cathédrale. Ceux-là étaient réservés à ceux qui n’étaient pas de ce monde.
Ses pas la portèrent calmement en direction de la nouvelle Chapelle de la Vierge, guidés par les reflets indistincts des vitraux sur le sol. La pluie n’empêchait pas la lumière de livrer son spectacle, plus doux que lorsqu’on laissait au soleil le premier rôle. La Passion du Christ, à n’en pas douter, dont Fionnuala traversait les scènes avec un poids toujours plus lourd sur le cœur, qu’elle cachait derrière un éternel sourire satisfait.
Rapidement, elle constata avec plaisir que ladite Chapelle était vide. On lui préférait le chœur. Soit. Fionnuala aurait droit à un rendez-vous privilégié avec la Sainte Mère et n’allait sûrement pas s’en plaindre.
Laissant dans son sillage des restes de l’hécatombe extérieur, l’elfe dépassa les différentes chaises d’osier disposés de part et d’autre de la cathédrale. Pour deux livres, elle alluma une pauvre bougie en plastique rouge, et se félicita un instant d’avoir fait une bonne action. Puis elle laissa ses yeux bleus traîner vers la Vierge, haute statue d’albâtre dans sa longue robe d’azur, son propre regard tourné vers le ciel comme les paumes de ses mains. Les deux mères se toisèrent un instant silencieusement, avant que Fionnuala ne soit secouée d’un petit pouffement de rire.

« Nous nous comprenons beaucoup trop, n’est-ce pas ? »

Oh, contrairement à son homologue divine, Fionnuala n’en était pas encore à tourner à jamais ses yeux vers le Ciel, implorant comme une pauvre matriarche désespérée qu’un miracle l’aide. Elle savait – voire même, espérait – que sa propre fille mutilée ne se relèverait pas de son cercueil : trois ans après, la prescription s’était abattue, et la réalité était de toute façon bien plus horrible. L’elfe n’était pas Mère du Christ – juste une mère qui avait encore deux garçons à aimer et à protéger.
Et pourtant, même en cherchant à se convaincre qu’elle valait mieux qu’une figure implorante, Fionnuala s’en alla s’asseoir seule sur l’une des chaises d’osier. Et elle admira, silencieuse, une figure aimante.

:copyright:️️️️️️ S a n i e
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