III. Les témoins ♦ Opposés

L'opposition est le lien le plus fort de la vie d'une personne. Et ce n'est pas étonnant puisqu'il signifie que deux individus partagent leur âme. Ils sont connectés, attachés, certains diraient enchaînés, de la manière la plus intime qui soit.

Quand deux opposés se rencontrent, un magnétisme les pousse l'un vers l'autre. Ils sont attirés vers cette âme jumelle dont ils ont besoin. En présence de son opposé, la perception paraît plus vive : le monde qui nous entoure prend une dimension nouvelle. Un sentiment d'apaisement nous envahit, comme si sa proximité éclipsait une tension que nous n'avions jamais remarquée.

A partir du moment où l'on rencontre son opposé, tout nous pousse à le revoir. Plus on le voit, plus on a besoin de le voir. Cercle vicieux ? Carrément. D'autant que moins on le côtoie, plus on ressent les effets du manque. L'opposition relève sans conteste de dépendance. Si on est habitué à le fréquenter tous les mois, rater un mois aura des conséquences qui s'alourdiront si l'absence se prolonge. Les effets de manque varient selon chacun et sa durée : morosité, distraction, mauvaise humeur, inappétence, fatigue, apathie, insomnie, agressivité, dépression...

Au contraire, le rencontrer régulièrement assure un certain bien-être et force psychologique. Les détenteurs de don auront plus de facilités à l'utiliser et la présence même de l'opposé l'affecte positivement (plus simple à gérer, plus puissant, contrecoup moins important). On peut user de son don sur son opposé, mais son action sera réduite d'une quelconque façon.

Les sentiments et émotions à l'encontre de son opposé s'avèrent beaucoup plus intenses qu'envers toute autre personne. Seulement, la relation peut se révéler de n'importe quel type : des opposés peuvent s'aimer comme se détester. Ressentir de la haine n'est donc pas impossible. Il se pourrait même bien que, sans ce lien, le haineux n'aurait pas éprouvé de sentiment aussi violent ! Pourtant, il reste dépendant (ce qui n'aide pas, avouons-le).

En prime, ils peuvent ressentir, d'une certaine manière, les émotions et douleurs fortes de chacun. Ils devinent, par exemple, de quelle humeur est l'autre, et cela s'affine au plus ils se connaissent mais cela restera général, imprécis. Quant aux émotions vives, on ne les ressent pas soi-même, on perçoit plutôt une impression, un peu comme si le lien s'éclaircissait ou s'assombrissait. Pareil pour les douleurs, sauf que dans ce cas c'est comme si on recevait une décharge électrique, imperceptible pour les anodines jusqu'à pénible pour les plus graves. La mort d'un opposé est une vraie souffrance.

On sait instinctivement retrouver son opposé et on ressent sa présence. Si on est à l'autre bout de la ville, on ne pourra évidemment pas dire à quelle adresse il se trouve, mais la volonté de le rejoindre nous y amènera sans que l'on sache où l'on va.

Son opposé peut être n'importe qui, on ne le choisit pas (hors-jeu oui, mais en jeu non). Il peut être un membre de sa famille, sinon il peut devenir ami, amant, rival, collègue, on peut décider de rester au stade de connaissances... Bref, il n'y a aucune règle sur cette question. Le perdre reste un événement traumatisant qui porte à conséquences. Celles-ci sont différentes selon chacun : troubles mentaux, dépression, instabilité, violence, angoisses...

Pour se découvrir un opposé, il faut avoir des ascendants Réversiens, directs ou non. Ainsi, des Bristoliens peuvent en avoir un – la différence, c'est que maintenant ils savent qu'un tel lien existe.

En fait, cet Opposé, c'est l'âme jumelle. Son âme est en parfait accord avec la vôtre. Mais il en existe d'autres aux affinités différentes avec votre propre âme. Disons que l'Opposé s'accorde à 100% tandis que les autres n'atteignent que 30, 55, 70%...

Les effets sont bien moindres et il n'y a pas de dépendance avec ces personnes. Le lien reste cela dit plus fort, étrangement intense. Dans le cas de la perte de son opposé, un tel lien peut servir de « bouée de sauvetage ». L'absence cruelle de ce dernier persiste, mais cette relation peut y substituer dans une moindre mesure. Elle peut éviter de subir de graves séquelles. Il peut arriver cependant que l'opposition était tellement fusionnelle qu'un « opposé de substitution » n'ait pas d'effets visiblement positifs.


Cas particuliers: Une âme jumelle naît chaque siècle pour les Vampires (quand la précédente a disparu). Ce n'est pas "automatique", sa venue peut prendre un an comme des décennies.

Les prisonniers de Ribcage bénéficient du droit de visite de leur opposé.

Les opposés d'Altérations non-recensées, détenues au Ribcage ou fugitives sont surveillés. Ils peuvent aussi subir une pression pour aider la CODECS à les retrouver.

Quant à ceux d'Aberrations détenues, c'est la CAA qui fait pression sur eux pour qu'ils poussent leur opposé à passer le Rituel. Ils sont également surveillés, de loin quand l'Aberration est sous contrôle, de près quand elle est fugitive.

Les opposés de membres du Conseil et de ses cellules (CODECS, CAA) qui s'avèrent être une Altération ou une Aberration ne peuvent pas être exécutées et les agents de la CAA doivent éviter à tout prix cette option. S'il s'agit d'une Aberration, elle passe le Rituel en priorité, volontaire ou non.