Not again! {Perségan}

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Not again !

Un simple entraînement, un simple test de nos limites. Notre sujet : Anonyme. Persé l’a maudit un peu plus tôt. Et je devais m’accaparer ce rêve, en devenir le réalisateur, le peintre, celui qui décide de ce qu’il va incorporer à ce tableau. Le pauvre a déjà subi assez de cette peur, mais peut-être qu’une part de moi a voulue aller plus loin, le terroriser encore plus, le faire paniquer, le torturer… Ce n’est qu’un vampire. Une de ces aberrations. De par sa nature, il est complice de sa mort.

Je l’ai sentie prés de moi. Persé. J’aurai même presque pu distinguer son odeur dans cette peur qui ne fut pas la mienne. Et tandis que je me transformais en tortionnaire pour m’attaquer à lui sur le plan psychologique et le forcer à parler d’un sujet lambda, je l’ai senti arriver : ce point de non-retour. Mais ma colère s’est nourrie de la détresse du vampire. Je l’ai franchie. Persé et lui ont tout vu. Si c’est une première pour le vampire, ça ne l’est pas pour mon amie, cette sœur d’arme.

Les murs ont pris une apparence qui me sont que trop familière. Ils se sont teintés de sang, ça et là. Ce couloir interminable. Je me retourne, pouvant voir le vampire. ” Tu bouges pas ! “ Il est dans mon sanctuaire maintenant. Dans ce lieu où je n’ai plus aucune emprise et spectateur de ma plus grand détresse. Je ravale ma salive, observant la porte menant à la cuisine. Je la franchis. Elle n’a pas bougé. Cette auréole ensanglantée autour d’elle, ces griffures sur son torse. Je me sens défaillir. Je m’approche d’un pas lent, comme par peur d’aggraver une situation qui ne peut l’être. Je m’agenouille dans le sang. Prés de ce corps sans vie.

Je le tire pour le serrer dans mes bras et souffle à son oreille ” Ne me laisse pas… Je t’en pries… “ Ma voix étaient rythmée par des pleurs. Jusqu’à ce que le corps finit par simplement disparaître, me retrouvant seul, dans cette mare de sang. Je ressens la présence du vampire mais l’ignore. La peur, la tristesse, la douleur… Ces sentiments ranimés, je ne ressens qu’une immense colère envers moi-même. Ça et… Mon poing qui se lève pour venir marteler mon visage encore et encore… Jusqu’à ce que je fusse extirper de mon sommeil dans un cri.

Je me retrouve au sol, en boule, pleurant et sentant mon visage endolori. Je devine que je me suis frappé réellement. Un immense froid subsiste dans mes veines. Je maintiens les yeux fermés. Je peux entendre de l’agitation autour de nous, mais je n’ai nulle confiance en ces employés du CAA. Hormis Persé qui elle seule est capable de comprendre ce qu’il vient d’arriver.

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Ils avaient encore besoin d'entraînement. La combinaison de leur don nécessitait encore exploration et expérimentation. Elle en avait conscience, comme de l'intérêt à poursuivre. Pourtant chacun de ces tests nuancait son avis sur leurs bienfaits. Mais Logan était seul juge, ce n'était pas son genre de présumer des forces et faiblesses d'autrui. Alors sans discussion, elle maudit ce vampire renégat à qui ses séances assuraient son anonymat auprès des autres prisonniers. La Spectre rejoignait ensuite son collègue dans la pièce d'à côté tandis qu'on l'endormait. Son tour vint et le subconscient d'Abel finit par l'aspirer et l'enchaîner. Elle se fondit en lui comme une âme prise au piège d'un démon, reclue au rôle de spectatrice impuissante. Elle voyait à travers les yeux sombres de l'homme, percevait ses terribles sentiments mais n'avait d'emprise sur aucun de ses sens. A chaque cauchemar, sa colère grandissait. A chaque cauchemar, Perséphone perdait davantage d'empathie pour ces créatures funestes.

L'ordre de celui qui possédait à l'inverse tout contrôle avertit d'un changement. Elle sentit le vampire perturbé, puis une fureur remonter à la surface. Le feu l'incendia aussi vite qu'il s'estompa. Troublée à son tour, elle ressentit une douleur qui lui était enfin personnelle avant de se perdre à nouveau dans celle d'un autre. Une détresse la submergea. Elle le sentit défaillir. De ses yeux, elle la vit. Logan s'était attiré une version corrompue de la malédiction, passant de bourreau à victime. Une version où il n'accomplissait pas le pire, mais revivait le pire de son histoire. Et Perséphone ne pouvait détourner les yeux car ils ne lui appartenaient pas. Elle ne pouvait pas non plus lui offrir la pudeur de ses sentiments ni l'isolement.

Les coups pleuvaient sur son visage. Et cette incapacité à agir. Comme à chaque fois, la Spectre tentaient de s'incarner, de lui parler, de l'arrêter. Si lui pouvait profiter de son don, la réciproque persistait à la narguer. Elle n'existait plus. Elle n'était qu'un esprit vagabond. Dépendante des organismes des autres : alors que le lien avec l'agent s'affaiblit, elle fut broyée par l'obscurité et recrachée dans la psyché d'un autre. Celui qu'elle avait quitté précédemment et subissait toujours l'effet du somnifère et des songes noirs.

Emportée et noyée sans prise avec le temps, Perséphone sentit soudainement des secousses. De plus en plus fortes. Rien qui ne venait du vampire, rien qu'elle n'aurait dû percevoir. La panique la submergea. Le réveil ne la calma pas : se redressant d'un bloc, elle eut besoin de vérifier ce corps qu'elle arrivait étrangement à manier, ces sensations qu'elle éprouvait, ce souffle qui la maintenait. Devant elle, un type qu'elle avait déjà vu... Le souvenir lui revint progressivement. Il prononça son prénom, formule magique pour ancrer son esprit au plan terrestre. Maintenant qu'elle pouvait décider où diriger son attention, elle observa la salle jusqu'au corps gisant au sol.

« Sortez tous. Allez chercher de la glace. », ordonna-t-elle alors qu'elle s'approchait de Logan.

Si elle retrouvait, jusqu'à présent, assez rapidement ses repères, ces situations lui apportaient la migraine la plus forte qu'elle avait expérimentée. Levée trop vite, elle oscilla avant de s'agenouiller près de l'homme. Un instant, un vertige la prit : son cerveau ne comprenait pas qu'il puisse voir cette figure alors qu'il était censé lui appartenir. En silence, et lentement notamment pour qu'il puisse anticiper le geste, la blonde posa une main glacée sur le visage meurtri. Confuse, elle regarda ce membre avec une sorte de curiosité. La seule certitude qu'elle avait consistait à veiller sur Logan.

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Not again !

J’entends sa voix si lointaine et pourtant si proche. Mon conscient mon subconscient ne se sont pas encore resynchronisés. Pourtant, rien qu’à son timbre de voix, mon corps se décrispe, et les tremblements se calment sans pour autant cesser entièrement. Je sais qu’elle veille sur moi. Elle seule peut comprendre. Elle seule ne me jugera pas alors qu’elle a tout vu. Je maintiens mes yeux fermés décrispant mon visage au contact de sa main. Pourtant les larmes envahissent encore mes joues.

Je tente de me rappeler ces exercices que j’ai appris pour apaiser mon esprit. Inspirer. Bloquer. Expirer. Faire le vide. Je réitère, encore et encore, jusqu’à ce que je sois apte à rouvrir les yeux sur ma partenaire. En tout cas, ouvrir correctement celui qui n’était pas proche des coups que je m’infligeais. L’effet stigmate va sans doute me laisser un bel hématome pendant quelques jours. ” Il faut que j’y retourne… “ Je lève le bras et pose ma main sur la table métallique servant de lit pour le vampire et tente de me redresser en ajoutant ” Je dois… Le chasser de mon rêve. “ Je le sais, il est coincé dans mes souvenir. Mais ma tentative de me relever est avortée par mon manque de sucre dans le sang et la fatigue. Je suis obligé de me maintenir contre le lit de fortune pour ne pas rechuter.

Je sais ce qu’elle va vouloir faire, mais c’est hors de question que je le laisse là. Je tente de me hisser jusqu’au niveau de la tête de ma cible. Mes jambes tremblent sous mon poids et je manque de chuter bien une ou deux fois avant de réaliser que je ne suis même pas en état de me déplacer… Alors m’infliger ça me tuera. Mais au fond, est-ce réellement un problème ? Peut-être, oui, lorsque je sais que je vais m’évanouir avant de pouvoir être dans son esprit. Les larmes coulent de nouveau en me demandant s’il prend son pied à me voir morfler. Je frappe son torse d’un coup de poing faible. Je relève ma tête vers le géant vampirique encore endormi ” Tu vas te réveiller, monstre ?! “ dis-je dans un hurlement. Mais il est bien trop endormi avec ce qu’on lui a filé, c’est peine perdue. Ma tête tombe contre le bras du mastodonte et je tourne mes yeux vers Perséphone, espérant qu’elle m’aide d’une manière ou d’une autre. Je dois être désespéré pour compter sur son aide à m’auto-détruire…

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Ce sentiment de dissociation l'étreignait encore tandis que Logan semblait bien réagir à son contact. Elle sentait ses larmes sur la paume de sa main, puis ses muscles bouger lorsqu'il respira méthodiquement. Normalement, elle l'aurait retirée pour lui faciliter les mouvements. Mais elle restait figée, à regarder cette main étrangère sur le visage qui, il y a quelques minutes, était sien. Si Perséphone avait émergé avec des réflexes et des réponses ancrées, le double effet de leur don avait ensuite perturbé ses repères. Lui affirmait qu'elle n'était pas une unité à part entière : une âme liée et prise au piège. Logan ouvrit les yeux, ou plutôt un œil, et son propre esprit plongea davantage dans le désarroi. Que voyait-il ? Que ressentait-il ? Que pensait-il ? Elle devrait le savoir. Ne recevoir aucune de ces informations la perturbait. La Spectre ôta finalement sa main, et recula alors que l'homme s'agitait. Fermer les yeux, balancer la tête, prendre une grande respiration. Non, elle n'était pas Logan, Logan n'était pas elle. Tu t'appelles Perséphone. Tes mains t'appartiennent. Reprends-toi.

Lentement, elle se releva. Pendant ce temps, son collègue s'agrippait à la table afin d'en faire de même. Son corps réclamait de l'énergie, mais tenait encore debout. La vue du vampire assommé rappela son existence à son esprit paumé : une autre de ses formes. Une autre cage qu'elle avait quittée. Des souvenirs oniriques l'assaillirent, mais elle les chassa. Ne pas se faire une nouvelle fois submerger.

« Il n'y est plus. »

L'affirmation ne dévia pas Logan de son objectif. Sans l'écouter, il essaya de surplomber le prisonnier Stevenson. Inutile de l'aider, elle n'y arriverait pas. Ils ne feraient que tomber à deux. Il était tellement persuadé de ce qu'il avançait, ressentait tant l'urgence de dégager le vampire de son souvenir que Perséphone se demanda d'où lui venait son assurance. Comment savait-elle qu'il avait tort ? A hauteur de la table, elle en profita pour s'y soutenir, arrivée trop tard pour empêcher le coup. Après avoir vérifié l'état d'Abel, ses yeux se tournèrent vers l'Altération.

« Qu'est-ce que tu fais ? Si tu réussis à le réveiller, il se passera quoi à ton avis ? Tu crois qu'on est en état de l'affronter ? » Sa voix pleine de reproche s'adoucit ensuite. « Ton souvenir s'est dissipé quand tu es parti. Il erre dans ses propres cauchemars. »

Allait-il seulement la croire ? Un agent ramena la glace demandée, remettant à plus tard les probables dénégations de Logan. La blonde lui tendit le coolpack.

« Mets-toi ça vite sur la tronche. » Elle le regarda avec insistance pour s'assurer qu'il le fasse, prête à lui plaquer lui-même s'il le fallait. « Fais-le et je demanderai qu'ils le ramènent. On sera certain qu'il ne souille pas sa mémoire. Et tu seras en sécurité, d'accord ? »

Elle avait besoin qu'il soit en sécurité. Son état, c'était sa responsabilité.

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