« i'm sick and i love it » ; elio

La beauté d'un Ange et l'âme d'un démon. Voilà ce qui me définit le mieux. Je n'ai que trop conscience de qui je suis, et je l'ai accepté voilà bien longtemps. A quoi bon lutter contre le mal qui me ronge... Alors qu'en l'acceptant, je me libère de toutes contraintes ; jusqu'à devenir le diable lui-même. Je sais ce que l'on pense de moi. Même parmi les miens, je sais que je peux faire peur à plus d'un ; mon ambition leur fait peur, bien que certains ne se l'avoueront jamais. J'ai été dévoré corps et âme par mon ambition dès mes premiers jours d'Ange. Oh, elle a toujours été là ; mais ma transformation l'avait décuplée. Parfois, je vois mon ambition sans bornes comme la soif de sang d'un Vampire nouveau-né. Sauf qu'eux apprennent à contrôler cette soif. Moi, je... Je ne suis plus rien, hormis elle. Je me sais intelligent, et cette intelligence a été aiguisée durant de longues années... Complétée par une propension toute prodigieuse à l'observation, et à la manipulation. L'Ange en moi n'avait fait que révéler les vieux travers que j'avais toujours cherché à contenir, lorsque j'étais simple humain. Je suis froid, je suis calculateur. Tout le monde le sait ; tout comme il est de notoriété publique que derrière mes beaux sourires et mon aspect mielleux, je suis un loup à l'affût.

Je n'ai aucun scrupules. Je crois même que j'avais fini par en ressentir du désespoir, de la détresse émotionnelle, fut un temps... Je... Le crois, oui. C'était pour cela que j'allais toujours plus loin, que je cherchais mes limites. Ne jamais les trouver avait été pour moi une grande frayeur, avant que je n'en comprenne la force. Avant que le reste de mes émotions ne s'éloigne juste assez de moi pour que je puisse voir le potentiel de ce manque cruel de scrupules. Moi qui avais pendant longtemps été plein de scrupules, étant humain, devenir Ange avait détruit ce défaut immonde. Je me rappelle de moi, avant. J'étais tellement en colère. Blessé. En rage et aux abois, plein de haine envers le monde entier. En pleine auto-destruction. Mais j'avais su me reprendre en mains, j'avais su me refouler correctement. Et devenir un Ange m'avait... Soigné. Ces maux n'étaient devenus que de lointains travers, enfermés dans une boite de Pandore scellée à double tour, tout au fond de moi. Et que jamais personne ne pourrait rouvrir. Pas même moi. C'est certain.

J'ai des rêves, aussi. Je crois que c'est la seule partie de mon ancien moi que devenir un Ange ne put tuer. Mais associé à mon ambition dévorante, mon côté rêveur me permet de voir plus loin. Ce côté rêveur fait de moi le visionnaire que j'ai toujours su être. Je suis mieux que les autres, plus vif, plus intelligent, d'une autre espèce. Je l'ai toujours su. Peut-être pourrais-je être considéré comme méprisant... Mais je n'en ai que faire. L'avis des autres a arrêté de m'importer il y a fort longtemps. L'enfer c'est les autres. Je me souviens encore de cette phrase, cette phrase que je me répétais en boucle fut un temps... Jusqu'au jour où j'ai décidé que l'enfer, ce serait moi. Et personne d'autre. Jusqu'au jour où j'ai décidé que si je devais souffrir, ce serait par ma propre main uniquement.

Mais tout au fond de moi, je sais qui j'ai été. Je me rappelle de tous les détails de cette vie. Et je sais que cette personne qui fut ne partira jamais vraiment. Que cette transformation a eu l'effet d'un Xanax permanent, d'un anesthésiant émotif... Mais que les émotions sont toujours là. Elles sont juste... Plus floues, plus vagues. Des bruissements à mes oreilles, contrairement au brouhaha qu'elles étaient avant. Peut-être que c'est moi, que je cherche à rassurer en me disant que cela ne changera jamais. Que rien au monde ne pourra me faire retrouver quelque semblant d'une Humanité dont je n'ai jamais voulu, d'une hypersensibilité qui était ma croix et ma malédiction. Alors je ne peux qu'espérer, et oublier. Et chaque jour devenir un peu moins humain, un peu plus monstrueux, pour essayer de m'éloigner le plus loin possible de celui que j'étais avant.

Je me rappelle encore de cette nuit fatidique. Je crois que c’est l’un des seuls souvenirs qui produit encore des émotions en moi ; un sentiment de.. De malaise. Je sens encore le regard de la créature sur moi. Je sens encore les sueurs froides dans mon dos, la chair de poule sur mes bras, et les poils de ma nuque qui s’étaient hérissés. Je me rappelle du silence, de cet horrible silence nocturne, uniquement brisé par les battements affolés de mon coeur. Ce long couloir aux allures vétustes, avec une une fenêtre, tout au fond… Et cette silhouette, qui se découpait en contrejour à la lumière de la lune, à travers la vitre. Je me rappelle très bien de cette chose vivante, face à moi, qui allait s’enfuir par la fenêtre lorsque j’étais arrivé.

Ce face à face dura certainement une poignée de seconde. Mais en mon âme, je l’avais vécu comme un instant séculaire. Et la créature s’était enfuie par la fenêtre, laissant des taches rouges sur son chemin, et sur l’encadrement de la vitre. Malgré son départ, le malaise que je ressentais ne voulait pas partir. Je savais qu’une chose horrible venait de se produire, bien que je n’en ai pas la preuve directe. Je partais en courant vers la chambre de mes parents, glissant à moitié dans les traces de sang frais sur le sol. Et ce couloir, ce couloir… Il me semblait si long. Sans fin. Ne regardant pas où j’allais, un cri de douleur m’échappa lorsque le monde tourna brusquement, et que mon crâne se cogna violemment au sol. Je venais me toucher la tête, grognant, avant d’ouvrir les yeux. J’avais glissé dans une flaque de sang devant la salle de bain. Mon corps en était taché. Mes mains étaient rouge, d’un rouge carmin. Je hurlais avant de me relever rapidement, reculant, poussant grande ouverte la porte de ladite salle de bain. 
Mon hurlement redoubla lorsque, face à mes yeux, mon père. Mort. Baignant dans notre baignoire, dans ce qui était très certainement un mélange d’eau et de sang. Ses yeux étaient ouverts, fixés sur le plafond. Je n’entendais plus mon propre hurlement inarticulé, alors que des larmes vinrent brouiller ma vue.

Je me rendais compte de la présence de ma mère en sentant ses mains sur mes épaules, en la sentant me forcer à sortir de la salle de bain. Je n’ai que peu de souvenirs de la suite de cette nuit. Le monde tournait au ralenti autour de moi, je ne comprenais ni n’écoutais les mots que l’on essayait de me dire. Je crois que la police est venue. Ils ont essayé de me parler, mais j’étais prisonnier de mon propre esprit. Devant mes yeux, se rejouait en boucle la terrible scène. Mon père avait été assassiné. Mon.. Mon… Papa.. Papa… Papa était mort. Et je n’avais rien pu faire pour le sauver de son meurtrier. De cette créature, cette silhouette, ce monstre… Des larmes de rage avaient remplacé celles de tristesse, et l’un de mes seuls souvenirs est celui de moi, encore petit garçon, en train de hurler aux policiers qu’un démon l’avait tué. Un vampire. Tout ce sang… C’était forcément un vampire. Un monstre.

Mais les flics avaient fini par convenir qu’il s’agissait d’un suicide. Ma parole perdu le peu de poids qu’elle avait pu avoir auprès de ma mère, de ma famille, du reste du monde. Des années durant, je fus uniquement le fils dans le déni, qui n’arrivait pas à accepter que son père s’était suicidé, tout simplement. Mais en mon fort intérieur, je savais que j’avais raison. Je savais que c’était un meurtre, qu’une créature de la nuit avait pris la vie de mon père. Je le savais. Et cela devint une obsession. Les années qui suivirent, ma vie se résumait aux créatures de l’occulte, à cette chose qui avait tué mon père. Je faisais des cauchemars sans fin sur cette nuit là. Des cauchemars où je courais dans un couloir sans fin, à peine éclairé par la blanchâtre lueur de la Lune. Des cauchemars où je courais pour échapper à une créature qui voulait me tuer. Une créature omniprésente, une ombre, dangereuse et menaçante par l’absence de son visage. Et plus je rêvais, plus j’étais obsédé par les Vampires. Obsédé.

Et ma mère, ma pauvre maman. Détruite par le décès de papa. Elle avait sombré dans l’alcool, et dans les médicaments… Pour essayer d’anesthésier la douleur. Pour essayer de ne plus sentir, ni ressentir. D’être enfin tranquille, loin de ces émotions parasites, qui passaient leur temps à la harceler. Elle avait réussi à se déconnecter de la réalité ; mais son esprit était son purgatoire. Alors, elle était là sans vraiment l’être. Et j’ai dû apprendre à me débrouiller seul, à m’occuper de moi seul. 
Et souvent, la nuit, alors qu’elle était endormie, j’allais dehors pour tenter d’apercevoir ces créatures nocturnes. Vampires, vampires, vampires. Il n’y avait plus que cela qui importait, plus que cela qui comptait dans mon esprit.


Mais le temps passa. Plusieurs années. Et finalement, ma mère retrouva quelqu’un. Et quelle douleur de voir que par amour pour un inconnu elle rayonnait de nouveau, et avait repris le chemin du monde réel. Quelle douleur de voir que malgré tout l’amour qu’elle prétendait me porter, elle ne l’aurait jamais fait pour son fils. J’étais jaloux, blessé, et méfiant, lorsque ma mère décida, lors d’une soirée d’hiver, de me présenter son amant. Qui pouvait bien être cette personne si spéciale qu’elle en avait réussi à sortir maman de ses propres tourments et démons ?
J’aurais aimé ne jamais avoir la réponse à cette question.

Je me rappelle encore de cette nuit fatidique. Je crois que c’est l’un des seuls souvenirs qui produit encore des émotions en moi ; un sentiment de.. De malaise. Je me rappelle encore le regard de la créature sur moi. Je me rappelle encore les sueurs froides dans mon dos, la chair de poule sur mes bras, et les poils de ma nuque qui s’étaient hérissés. Je me rappelle du silence, de cet horrible silence nocturne, uniquement brisé par les battements affolés de mon coeur. Ce long couloir aux allures vétustes, avec une une fenêtre, tout au fond… Et cette silhouette, qui se découpait en contrejour à la lumière de la lune, à travers la vitre. Je me rappelle très bien de cette chose vivante, face à moi, qui allait s’enfuir par la fenêtre lorsque j’étais arrivé.

J’aurais aimé ne jamais avoir la réponse à cette question.

Devant moi, dans le petit salon de notre appartement, se tenait le nouvel ami de ma mère. Devant moi, dans le petit salon de notre appartement, se tenait l’homme qu’elle aimait avec une passion proche de la folie.
Devant moi, dans le petit salon de notre appartement, se tenait un vampire. Je le savais. Je le savais. Cette certitude raisonnait en moi avec la puissance du savoir. J’écarquillais les yeux face à cet homme qui n’en était pas un, reculant d’un pas lorsqu’il tenta de s’approcher de moi pour me serrer la main.

Je le pointais du doigt en hurlant en boucle.

« VAMPIRE ! VAMPIRE ! C’EST UN VAMPIRE !!! COMME CELUI QUI A TUÉ PAPA »

« Elio, stop ! STOP ! Arrête de hurler !! - Elle haussa le ton, me stoppant net dans mon accès de panique. - Il est temps que tu arrêtes avec ça ! Ton père s’est SUICIDÉ, personne ne l’a tué. Il faut que tu arrêtes avec cette foutue obsession malsaine, merde !!! »

À ces mots, je partais en courant de la maison. En courant de toutes mes forces, dans la nuit ambiante, le plus loin possible de cette horrible mascarade ; de cet horrible cauchemar devenu réalité.
Mais au bout de quelques jours, je me savais obligé de revenir. La faim, le froid, et l’épuisement avaient eu raison de moi. Et puis… Et.. Et si je me trompais ? Et si c’était juste une réaction hostile, de la peur de voir ma mère tourner la page ? Elle avait peut-être raison.. Perdu comme je l’étais dans mes pensées, je me perdais dans les petites ruelles sombres de Bristol. Je voyais de plus en plus de taches rouges, au sol, sans vraiment y porter atten-

Je me stoppais net.

Je redressais brusquement la tête, les yeux écarquillés, face à un spectacle un peu trop familier. Une créature en train de sucer le sang d’une femme, qui semblait inerte. Aussi désarticulée qu’un pantin, pendant dans les bras de la chose. La ruelle était longue et étroite, éclairée seulement par la pâle lumière de la Lune. Je sentais les larmes me monter aux yeux. La chose, le vampire, finit par redresser la tête. Et je partais en courant, je courais, courais, sans jamais m’arrêter. Les larmes me brûlaient les yeux, la panique battant dans mes veines. J’avais raison. Toutes ces années durant, j’avais eu raison. Tout était vrai. Ces immondices, ces monstres nocturnes existaient vraiment. Ma mère était dans le déni mais moi je savais. Leur mascarade ne pouvait plus tenir à mes yeux.

Je courrais jusqu’à l’épuisement, m’arrêtant à l’angle d’une rue pour reprendre mon souffle. Je devais rentrer chez moi le plus vite possible. Je devais prévenir ma mère, il fallait qu’elle me croit !, pitié, par tous les moyens, il fallait qu’elle me croit. Je n’étais pas fou. Je n’étais pas fou… Cette simple pensée me soulagea. Cette simple pensée me retira un poids immense des épaules, un poids que je n’avais pas même conscience de porter. Je pris le chemin de notre maison avec un pas plus assuré que jamais. J’allais réussir à sauver maman. Même si je n’avais pu aider papa, au moins, maman serait en sécurité. Et jamais plus je ne la laisserai partir loin de moi.

Notre grande maison semblait vide, et éteinte. Perdue dans le noir et la nuit. Je fronçais légèrement les sourcils, sentant déjà en mon coeur un mauvais pressentiment ; quelque chose n’allait pas. Depuis la mort de mon père, je le savais, j’étais devenu par moments presque paranoïaque. Mais là… Il ne s’agissait que de mon instinct, qui me prévenait qu’une fois encore, quelque chose clochait dans cette maison. J’y entrais avec précaution, n’osant pas allumer la lumière du couloir. Une fois encore, seule la Lune éclairait la scène. Avec, je le pense, une certaine ironie.  

« M,Maman ? Tu es là ? »

J’avançais le long du couloir… Il était si long, ce couloir. Et si étroit. Mon coeur battait d’anxiété, tant les souvenirs étaient forts à cet endroit. Je continuais à regarder partout, mes grands yeux bleus écarquillés, mon corps prêt à fuir.

« Maman ? Maman ? »


Au détour du couloir, j’arrivais dans notre salon. Et je restais figé. Ma mère était seule, assise dans son fauteuil. Sa peau blanche l’était encore plus sous les rayons lunaires. Son corps était légèrement penché sur le côté, sa tête ne se tenant plus. Son regard était vide, ses yeux semblant fixer le sol. Le carmin du sang semblait si rouge, sur sa peau d’albâtre.

« MAMAN !! »

J’accourais vers elle, la touchant, avant de reculer en voyant tout ce sang. Une plaie profonde mutilait son cou. Quelqu’un hurlait. Je crois.. Je crois qu’il s’agissait de moi.


(…)

Je vidais rapidement mon verre. L’amertume du whisky me fit légèrement grimacer ; mais je me resservais rapidement, sans même y réfléchir. Mon sang était saturé d’alcool et de haine. J’étais seul, si seul… A la mort de ma mère, tout m’était revenu. La maison, l’argent de mes parents, la pitié des gens. Et je m’étais barricadé dans cette horrible maison comme dans une forteresse. Vivant presque uniquement de toute cette colère, de toute cette haine. C’était grâce à elle que je survivais.

J’avais suivi les pas de ma mère. Je m’étais réfugié dans tout ce qui pouvait m’anesthésier. M’aider à vivre les choses. Me rendre moins sensible. Faire que… Tout cela devienne supportable. Me faire oublier que je vivais dans la maison où tout ce sang avait coulé. Que je vivais dans la maison au long couloir, ce long couloir qui hantait mes cauchemars les plus terribles. Je ne pouvais plus rester ici. Je.. Je devais faire quelque chose. Tout m’avait été pris, impuissant que j’étais ; tous me croyait crier au loup. Mais non !, les monstres sont bien réels. Je pinçais les lèvres, serrant ma main autour de mon verre.

Les monstres sont bien réels, et il était temps qu’ils payent pour leurs crimes.

(…)

« Elio, putain, mais comment tu fais mec ? T’es encore dans le trio de tête de la promo ! »

Un léger sourire poli apparut sur mes lèvres.

« Je travaille beaucoup. C’est à la portée de tous. »

Je savais comment paraître humble. Normal. Gentil. Attentionné. J’essayais de m’entraîner à cacher cette haine qui me faisait vibrer, trembler, celle qui me faisait vivre. Et… Etrangement, je crois que j’y arrivais avec les plus naïfs d’entre nous. Je savais que je pouvais mettre facilement les gens mal à l’aise ; ils sentaient que je ne jouais pas franc-jeu, que je cachais quelque chose. Sans vraiment réussir à mettre le doigt dessus.
Après le décès de maman, j’avais décidé de reprendre mes études. L’argent de mes parents fut investi dans cet onéreux investissement, qui m’ouvrit les portes d’études de droit et de sciences politiques. J’appris au fil du temps à me cacher, de plus en plus et de mieux en mieux, au reste du monde. J’appris au fil du temps à masquer ce que je savais ne pas être considéré comme « normal », ce qui n’était pas considéré comme politiquement correct. Aux yeux de tous, j’étais juste un jeune homme talentueux. Un peu timide. Aux yeux de certains, je jouais un jeu en étant un fieffé menteur. Je ne pouvais les détromper, pauvres bougres qui se rendaient compte de la réalité. A vrai dire, je n’avais pas de temps à perdre. La moindre parcelle de mon énergie était investie dans mes études ; la haine était mon moteur, la seule chose qui m’empêchait de m’écrouler. Je ne pouvais perdre du temps. Je devais, devais, prendre ma revanche sur ces créatures. Je le devais.

Et un jour, on me donna enfin ma chance. Je venais de finir mes études, brillant, avec un très bon dossier. Je m’étais tué à la tâche, me rappelant jour après jour ce que je devais faire. Et pour quelles raisons je devais le faire.
Et un jour, on me donna enfin ma chance. Je pensais à une blague, au début ; une blague très élaborée. Un homme d’une soixantaine d’années rentra en contact avec moi à travers un de mes professeurs. Il travaillait pour un organisme qui semblait, selon les dires de mon professeur, très intéressé par mon dossier. Quelle ne fut pas ma surprise lors de notre entretien.

C’était la première fois depuis des années que j’entendais le mot « vampire » prononcé s sérieusement dans une conversation. Moi, je n’avais jamais rien oublié. Je m’étais servi de toute cette haine, de cette obsession comme moteur. Pour mener ma vendetta. Et cet homme parlait de ces créatures comme s’il les connaissait personnellement. Comme si… Elles étaient de vieilles connaissances. La première fois qu’il me parla de son projet, je crois bien que je m’étais mis à rire. Devenir un Ange ? Qu’est ce que c’était encore que ces conneries ?

« Vous ne devriez pas rire, Elio. Être un Ange vous donnerait accès à tout. Aux plus hautes sphères du pouvoir. 
- Je n’ai que faire du pouvoir. »

Il secoua négativement la tête à ces mots, comme si je l’avais déçu. Le vieil homme replaça correctement ses petites lunettes sur le haut de son nez, avant de reprendre la parole.

« Vous êtes plus intelligent que cela. Quels que soient vos plans, Elio, considérez ceci : vous n’aurez jamais plus de pouvoir, de moyens, qu’en étant un Ange. L’opération vous permet de devenir une meilleure version de vous-même. Vous pourrez alors avoir un vrai poids sur vos ambitions, loin des futilités de l’être humain. »

Ainsi donc, j’allais pouvoir me venger. Je fixais l’homme face à moi.

« Je vous écoute. »

(…)


Ainsi, j’étais devenu un Ange. J’étais devenu un Ange pour me venger, pour extérioriser toute cette haine, cette colère… Je restais pensif face à ces quelques faits. Je me rappelais vaguement de toute cette rage que je pouvais ressentir à l’égard des Aberrations. Mais… Les émotions me fatiguait plus qu’autre chose. Mon temps était précieux, et je n’allais pas le gâcher à poursuivre quelque futile vendetta que mon ancien esprit humain revendiquait.
Je me rappelais très bien de ma mère, de mon père, de cette maison du crime ; je l’avais rapidement faite détruire, d’ailleurs. Laisser des traces sur moi, donner des failles à mes détracteurs ? Jamais. Je me rappelais très bien de ma mère, de mon père, avec un lointain sentiment… oui… L’horreur ! Voilà, c’était cela. Je crois bien que je ressentais de la douleur. Mais une fois devenu Ange, les choses de ce monde m’ont apparu avec une clarté sans pareil. J’avais laissé les futilités du monde humain derrière moi. L’ambition avait tout rongé, dévoré, pareille à un cancer ; il ne restait plus qu’elle. Elle, et elle seule. Elle était la seule chose qui importait réellement. Mon ambition. J’allais prendre le pouvoir sur cette ville. Ils avaient créé un véritable monstre, bien plus dangereux que ces Aberrations, que ces Altérations. Ils m’avaient créé et croyaient me contrôler. Le loup était dans la bergerie.

Par moments, je me rappelle encore de ce long couloir. De la lumière blanchâtre de l’astre nocturne. De cette créature toute en jeux d’ombres.
Et je crois que cela me fait ressentir des choses. Je crois que je sens encore les poils de ma nuque se dresser, à l’évocation de ce souvenir.

Ce recruteur. Dans mes quelques instants d’humanité… Parfois… J’arrive à comprendre ce qu’il m’a fait. Utiliser mes émotions pour me faire agréer au programme. En sachant très bien qu’ils tueraient mon humanité, que je rentrerai dans le rang, et que je trahirai les causes et les combats de l’ancien Elio. D’Elio l’humain. Je sais qu’ils ont pris mon humanité. Je le sais.

Mais lorsque je me rappelle encore de ce couloir, et qu’il me fait toujours aussi peur… Je ne peux leur en vouloir.

Pseudo et âge: Greenleek, 22 ans

Comment as-tu connu le forum? Via House of Hell, autre forum de certain.e.s personnes du staff il me semble ? J'étais Jimmy dessus   C'est moi qui ai posté le message chez les invités concernant mes petites idées pour deux personnages !

Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire? J'avais arrêté les forums quelques temps, et là j'ai besoin de me relancer dans l'écriture et d'avoir un endroit pour décompresser, et ce petit forum au concept si beau me semblait parfait.

Depuis combien de temps fais-tu du RP? Une dizaine d'années environ !

Fréquence de connexion: Assez régulièrement, je dirais plusieurs fois par semaines voire plus tant que j'ai du temps libre comme en ce moment

Un commentaire? Aucun, si ce n'est que j'ai hâte de jouer avec vous tous et j'espère bien m'intégrer parmi vous