Save the futur with my pack (PV Cassandra)

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Save the futur with my pack.

Depuis quelques temps maintenant Bristol avait tourné au cauchemar. Cette ville autrefois si agréable à vivre, était devenue le centre de tensions permanentes entre humains et Nocturnes. A croire que les différents se répétaient comme à Réversa et que les humains n’avaient pas appris de leurs erreurs. Parfois Joren venait à en penser qu’il valait mieux tout quitter pour vivre une vie paisible au nord de l’Ecosse. Avec deux trois moutons, il était sûr de ne plus jamais avoir le moindre problème avec des Nocturnes et risquer sa vie pour une noble cause. Mais il ne pouvait tout simplement pas laisser ses amis derrière lui. Aidan, Chris, Ljena, Blerim … ils avaient tous besoin de son soutien.

Un couvre feu venait d’être instauré et parcourir la ville après minuit devenait une mission quasi impossible. Des miliciens rôdaient dans les rues, comme si Bristol subissait une guerre qui n’avait pas été officiellement déclarée. C’est pour cela qu’il devenait plus judicieux de s’organiser en pleine journée. Le groupe de pro-aberration squattait un petit studio appartenant au père de Joren. Avec la grande révélation, Bristol n’attirait plus que des touristes trop curieux, mais le flux d’étrangers s’était subitement arrêté. Peut-être la peur de croiser une aberration dangereuse rebutait les étrangers à venir en ville ? Qu’importe ce studio devenait le quartier général du groupe.

Ce groupe de pro-aberration fut monté par Joren et Cassandra. Il se rappelait encore de ce projet commun un peu fou. Après qu’elle se soit réfugiée dans son bar suite à une agression d’un homme un peu trop insistant, Joren avait fini par discuter avec la jeune femme. Ils avaient échangé longuement, de façon très ouverte et avaient fini par se convaincre eux même de façonner un monde meilleur. S’ils devaient compter sur l’action des politiciens, ils pouvaient attendre encore de nombreuses années avant que les mentalités ne changent. Pour l’heure, la situation était critique. Voire catastrophique.

En arpentant les rues de Bristol jusqu’au studio, Joren ne compta pas le nombre de milicien du CAA qui patrouillaient dans les rues. Les passants se faisaient fouiller, certains se faisaient arrêter de façon violente au beau milieu de rues passantes. La tension était palpable et étrange. Joren sentait une forme d’angoisse l’envahir. Et s’il se faisait prendre la main dans le sac ? Si quelqu’un le dénonçait ou le soupçonnait d’aider des Nocturnes à mener une vie normale ? Il finirait probablement en prison … ou pire.

Il passa la porte du studio et souffla lourdement avant de jeter ses clés sur le lit. Jerry et Josie étaient déjà présents. Jerry sortait tout droit du boulot. L’avantage pour lui, c’est qu’il travaillait avec la police criminelle et ça lui permettait d’avoir une bonne couverture. On le soupçonnait de rien, tant qu’il respectait ses horaires de travail et qu’il ne montrait rien de louche. Josie était une alteration. Elle évitait d’user de son pouvoir car bien trop repérable. Elle avait la possibilité de voir un bref instant ce que les autres voyaient. Sauf que l’hôte dont elle prenait possession ressentait une présence étrangère.

« Ca grouille de patrouilleurs dehors ! Bordel Joren, franchement, j’risque ma peau en venant ici en plein jour ! T’pouvais pas trouver un autre moment ?! » vociféra Josie.
« Calme toi Josie. Si tu veux attirer l’attention, tu es sur la bonne voie. On a du t’entendre à l’autre bout de la rue. » s’empressa d’intervenir Jerry.
« Je sais Josie … mais on n’a pas trop le choix. Le soir avec le couvre feu c’est encore plus dur. Mais si on veut agir, si on veut que notre groupe de résistant perdure, alors on doit faire comme ça dorénavant. »
« C’est facile pour vous deux, vous êtes humains ! Moi j’ai aucun papiers qui me dit que je … »

Joren sortit de son sac des documents avec une carte d’identité. Un large sourire aux lèvres se dessina sur son visage. Josie le considéra un moment sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait.

« Tiens. Ce sont tes nouveaux papiers. Eve ne peut pas venir aujourd’hui, mais elle a falsifié tes papiers à la Mairie. Tu es humaine sous le nom de Brittany Holloway. Et comme ça tu pourras commencer à trouver un boulot. »
« Brittany Holloway … c’est un nom de blanche ça. Elle pouvait pas trouver mieux ? »

Le jeune barman leva les yeux au plafond. Décidément, Josie était loin d’être une personne facile à satisfaire. Mais au moins, elle n’en démordait pas quand il s’agissait d’aider des Nocturnes fugitifs. Soudain la porte s’ouvrit. Jerry pointa son Glock 27 et le pointa sur la nouvelle venue.

« Ah c’est toi Cassandra … » dit-il avec un soulagement certain, tout en baissant son arme.
« Tu as la liste des fugitifs ? » s’empressa de demander Joren en se relevant vers son amie.

Ils n’avaient pas beaucoup de temps devant eux s’ils voulaient que les choses se passent comme prévues. Avec la milice qui rôdait, le plan allait probablement changer.

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La situation est dramatique. A mes yeux, plus le temps passe et plus nous sommes en danger. La vision du peuple se tronque avec les élucubrations du gouvernement, la peur gagne les rues alors que le danger n’est pas pire que celui que l’on rencontrait déjà avant. Le gouvernement veut nous faire croire que les créatures surnaturelles sont notre diable personnifié alors qu’elles ne sont ni mieux ni pires que les hommes dans leur globalité. Il y a des criminels chez les hommes et il y en a chez les créatures surnaturelles. Tout comme il y a des bonnes personnes des deux côtés.

C’est avec un nouveau plan d’attaque et de nouvelles normes de sécurité en tête que je décide de me rendre au QG de l’association que nous avons montée avec Joren. Grâce à lui, je peux enfin accomplir quelque chose de plus important que toute autre chose. Enfin, désormais, il y a également mon bébé qui passe avant tout mais ça, personne ne le sait encore. Il faut d’abord que je goupille tous les éléments comme il se doit.

J’espère juste que la réunion va bien se passer parce que je connais bien Joren mais pas les autres. Après je lui fais confiance, il m’a sauvé la mise et nous avons bien sympathisés depuis. Je sais également que c’est lui qui avait proposé à Blérim de dormir chez lui. Lui aussi il a voulu l’aider et quoi qu’on en dise, si j’ai décidé de m’impliquer dans ce projet, c’est pour le lycan et pour son enfant que je porte. Parce que je veux que ce bébé ait son père dans sa vie et que Blérim puisse vivre librement comme n’importe quel homme. Je veux que les cruautés du Ribcage soient dénoncées, et montrer aux gens qu’on ne craint pas plus un lycan qu’un homme. A la limite, si vraiment on veut faire quelque chose pour gérer la situation délimitons leur des territoires, mettons leur à disposition une aide adéquate, mais nous n’avons pas le droit de les enfermer sous prétexte qu’ils ne soient pas nés comme nous.

Quand j’arrive, après avoir vu avec effarement les patrouilles fouiller les gens aléatoirement, poser des questions, effrayer des enfants et des mères célibataires ou encore s’introduire dans les maisons sans aucun prétexte, j’en ai les larmes aux yeux. Sans réfléchir je toque et je rentre. Et c’est là que je vois une arme pointée sur moi. Automatiquement je lève les mains. « Hey oh ! Pas de panique ! »

Tout le monde est sur les nerfs et ça se comprends. Quand il baisse son arme je referme la porte et met mon doigt sur la bouche pour dire à Joren de se taire. Je décide alors de mettre de la musique à fond pour brouiller les pistes si les autorités essayent de nous écouter. Je dépose un baiser sur la joue de Joren et dis bonjour de la tête aux autres. Ils savent tous que je n’aime pas le toucher et que je l’accorde uniquement quand je me sens à l’aise et en sécurité.

« Les gars il va falloir être plus prudents que ça. Je crois que vous avez vu les rues comme moi… Alors j’ai pensé à deux trois choses. Déjà, il faudrait que l’on officialise nos rencontrent sous le thème d’une association plus « normale » du type association de photographie ou autre… ça permet de justifier nos réunions si on nous soupçonne de quoi que ce soit. Vous voyez l’idée ? Vous en pensez quoi ?»

Je profite d’une pause pour enlever mon manteau et le poser sur le dossier d’une chaise. J'évite par la même de répondre à une Josie dédaigneuse.

« Par ailleurs, nous devrions peut être trouver quelqu’un qui pourrait nous fournir un brouilleur pour atomiser toute tentative de mise à l’écoute. Et nous devrions également faire en sortes qu’aucun document papier ne soient trouvables au cas où nous serions découverts. »

Je dois bien avouer que je suis une personne qui a toujours appliqué le vivons cacher pour vivre heureux alors de me mettre soudain à découvert depuis quelques mois et de manière de plus en plus poussée et dangereuse me stress quelque peu. J’ai donc surement tendance à voir le mal partout et à vouloir nous protéger plus que de raison, mais j’ai aussi une forte appréhension d’atterrir au Ribcage dans le pire des cas. Et si l’on apprenait pour mon bébé là-bas, je ne préfère même pas imaginer ce qu’ils lui feraient.

"Oh et oui je l'ai ! " dis je finalement pour répondre à la première question de Joren.

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Cassandra n’avait pas tort. L’idée de l’association camouflée pouvait fonctionner. Des photographes amateurs qui se réunissaient pour le compte du journal local. Ca pouvait carrément le faire et Joren hocha vigoureusement de la tête lorsqu’elle émit son idée. Ils connaissaient tous deux un certain journaliste du nom de Joshua Peterson qui avait une certaine influence sur les tendances du moment. Après une agression houleuse contre un lycan hargneux en découvrant l’article accusateur de Peterson dans la presse, Joren avait réussi à raisonner le journaliste. Etant en lien direct avec lui, il pouvait toujours prétendre être photographe pour le journal de Bristol. La milice n’y verrait que du feu.

« Je pense que tu as raison Cassandra. Les rues ont été clairement renforcées par les membres du CAA et du CODEC. La police de Bristol ne gère plus rien … on est toujours en lien avec des affaires criminelles surnaturelles, mais depuis les derniers évènements, le CAA et le CODEC prend le dessus. Je crains que la plus grande discrétion sera de rigueur. Pour les brouilleurs, je peux t’en trouver facilement. » affirma Jerry d’un ton vindicatif.

Ils avaient une chance inouïe d’avoir dans leur équipe un membre de la police criminelle de Bristol. Même si Jerry risquait son poste et sa vie à chaque fois qu’il venait ici, Joren éprouvait une grande reconnaissance pour cet homme. Il lui accorda un large sourire avant de prendre la liste de fugitif que lui tendait Cassandra. Ils n’étaient pas nombreux dans cette organisation et la liste était bien trop longue. Donc le choix de sauver qui, où et comment était un véritable calvaire.

Bristol virait au cauchemar pour les Nocturnes et les Altérations. Mais ils avaient le droit de vivre comme des humains. De connaître le goût de la liberté et non de se terrer comme des planqués.

« L’informatique n’est pas forcément une source sûre non plus Cass’. On peut facilement pirater un ordinateur … à moins que … »
« A moins que tu connaisses un informaticien super qualifié pour protéger nos donnés en cas d’intrusion ? » suggéra Josie d’un ton dédaigneux comme elle avait si bien l’habitude de le faire.
« Exact ! C’est ça qu’il nous faudrait. Mais tant qu’on a pas une telle personne avec nous, il faudra fonctionner avec les moyens du bord. »

Joren posa la liste sur la petite table ronde du studio. Les quatre acolytes s’installèrent tout autour pour l’analyser. On y retrouvait des noms de personnes connues, des familles, des personnes de tout âge. Vampires, Lycans, Alterations … toutes les espèces y étaient. Leur devoir était bien simple. Créer de faux papiers pour donner la possibilité aux personnes nommées de retrouver un semblant de liberté. La tâche n’était pas facile. Les personnes se cachaient, où étaient arrêtées et emmenées au Ribcage. D’autres se fondaient déjà dans la population sous de fausses identités facilement repérable, donc dans des situations dangereuses. D’autres encore étaient recherchés pour des crimes, ou des agressions. La liste que Eve leur avait fournie était trop longue pour tous les sauver.

« On arrivera jamais à tous les mettre hors de danger. Nous ne sommes pas assez nombreux. On prendrait trop de risques. » marmonna Jerry d’une voix sombre.
« Oui mais l’objectif n’est pas de jouer les héros. Nous devons faire un choix, le plus juste possible, pour permettre aux personnes que l’on choisira de s’intégrer au mieux. Sans que la police ou la milice ne les suspecte. » insista Joren.

Son cœur était lourd. Ce n’était pas forcément juste pour les autres. Tout le monde avait le droit à sa chance. Josie secoua la tête. Elle n’avait pas l’air très enclin à jouer ce jeu là.

« C’est pas vraiment juste … pourquoi on devrait choisir des membres de cette liste alors qu’on pourrait commencer par nos proches ? Joren, tu pourrais fournir des papiers à Aidan pour qu’il puisse avoir un véritable travail et ne pas rester continuellement dans l’ombre. Jerry pourrait également sauver sa femme et revivre une vie normale. Si je trouve un travail correct, mes frères ne seraient plus obligés de rester cloitrés chez la vieille femme qui nous héberge. »

Elle n’avait pas tort dans un sens. C’était plus facile d’aider les proches que de simples inconnus. Mais Joren et Cassandra avaient déjà commencé le projet quelques semaines plus tôt. Le barman avait eu beaucoup plus de satisfaction d’aider une famille entière de lycan à retrouver leur vie d’avant, plutôt que de fournir des papiers à Aidan. Pour les vampires, la situation était plus compliquée.

« Josie on doit sauver ces personnes. Aidan, la femme de Jerry, tes frères … ils peuvent compter sur nous pour les protéger, les défendre, les cacher. Ces personnes là … elles sont parfois démunies, seules, à la rue. Elles sont trop effrayées d’être embarquées et menées au Ribcage pour raisonner correctement. Je pense qu’on devrait prioriser les familles … »

C’était dur de faire un choix. Pourquoi un lycan seul ne pourrait pas avoir plus sa chance qu’une famille de vampires ? Pourquoi la femme de Jerry devrait continuer à vivre dans une cave ? Mais c’était ainsi.

« Faire les papiers, falsifier la liste des Nocturnes à la Mairie, leur trouver un travail, un lieu de vie, faire en sorte qu’ils ne soient pas détectables, qu’ils réapprennent à vivre en communauté et non plus dans la crainte … bref tout ça prend du temps. Donc on ne peut pas tous les sauver. » finit par dire Joren la tête basse, les poings crispés.

Il aurait tant voulu faire plus. Mais faire d'avantage les mettrait tous en danger.

« Cass' tu as du nouveau de Peterson ? Tu sais par rapport à l'article sur le Ribcage ? »

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« Merci Jerry pour ton approbation. Effectivement, nous risquons tous gros ici, c’est pour ça qu’il faut penser aussi à notre sécurité. Parce que ce n’est pas en se faisant enfermés que l’on va aider qui que ce soit. Je créérai donc l’association et mettrai les papiers à dispositions pour que nous ayons tous les moyens de justifier.»

Je souris avec douceur. Je sais que Josie me trouve parfois trop mielleuse mais il faut aussi savoir parfois faire preuve d’un peu de douceur dans ce monde de brutes.

« Pour les brouilleurs, si tu peux nous en avoir c’est parfait. Mais fait bien attention à toi d’accord ? » C’est plus un ordre qui demande, mais Jerry le comprendra bien. « Oui Cassandra, ne t’inquiètes pas, je vous tiens au courant » finit-il par conclure.

Et voilà un sujet de clos. Jerry était un vrai atout et je lui étais franchement reconnaissante de nous aider. Heureusement, de mon côté j’avais aussi Risa qui pouvait me filer un coup de main sans réellement s’impliquer ouvertement. En tant que membre du CAA, elle pouvait difficilement faire plus, mais c’était toujours mieux que rien. Et surtout, personne ici ne savait qu’elle m’aidait. C’est une promesse que je me suis faite de ne jamais divulguer son prénom, tout simplement car elle est comme une sœur pour moi et que pour rien au monde je ne voudrais qu’elle soit impliquée ouvertement dans une telle chose. Tout cela pour dire qu’elle n’est pas innocente dans la constitution de la liste que je donnai à Joren. Elle était également composée de noms entendus au détour d’une conversation dans un bar, un café ou même de personnes rencontrées. Il y avait sur cette liste, par exemple, Aidan ou encore Selena et les familles de nos acolytes. Mais ça c’était une liste personnelle. Celle que je venais de donner à Joren était la liste fournie par Eve qui travaille au sein de la mairie.

« Pour l’informatique, je m’en charge. Je trouverai quelqu’un. Pour le moment on reste sur ce mode opératoire. N’empêche qu’il faut qu’on ait le moins de documents papiers possible. »

Joren pose alors la liste d’Eve sur la table et tout le monde est effaré par la longueur de celle-ci. Quand la discussion commence je ne fais qu’écouter les arguments des uns et des autres. Et je rejoins Josie qui parle d’aider les familles en premier.

« Jo ‘… si je peux me permettre, je rejoins Josie pour le coup. » je regarde la jeune femme qui semble étonnée par ma réaction et d’être suivie. Je pose alors sur la table ma liste de noms. « Ici, c’est une liste que j’ai créée moi-même au fil du temps avec les noms que j’ai entendu quand je sortais, de gens rencontrés ou encore donnés par des contacts… Il y a vos familles aussi dessus, Aidan également… Tout ça pour en venir au fait que si nous nous occupons de nos proches, nous n’aurons justement plus à les protéger et à nous « soucier » d’eux. Nous aurons donc plus de temps et d’énergie pour aider les autres. Ils pourront même nous aider une fois réhabiliter dans la société. Tu comprends où je veux en venir ? » je demande finalement en regardant Joren droit dans les yeux. « Soyons honnête Joren, nous serons plus efficaces si on sait que nos proches sont en sécurité même si nous ne sommes pas là…. »

Et qui dit esprit plus libre dit plus d’efficacité dans nos actions. Je suis parfois trop pragmatique, mais dans le cas présent il s’agit de perdre un peu de temps pour en gagner un sacré paquet par la suite.

« Non je n’ai pas de nouvelles concernant son article, mais je ne vais pas tarder à le cuisiner. »

Je vois que Joren est tendu, alors je décide de lui prendre la main. » Nous devons rester calme. A mon sens, on s’occupe de la femme de Jerry, de la famille de Josie, d’Aidan et de toute autre personne proche de nous puis nous commençons par aider ceux qui semblent être les plus faibles sur cette liste… ça vous va ? »

Mon cœur se serre. Car de mon côté je ne peux pas aider Blérim qui est enfermé au Ribcage déjà. J’ai une terrible envie de laisser éclater on chagrin mais le groupe ne doit pas savoir tout comme il ne sait pas que je porte son enfant. A cette pensée, d’ailleurs, je caresse mon ventre comme toute femme enceinte a tendance à le faire.

Bonjour!

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Ils étaient tous tendus à en voir leurs têtes. Mais Joren l’était tout particulièrement. Il cachait Aidan et Ljena dans sa colocation. Il connaissait plusieurs Nocturnes tels que Chris ou Blerim. Il n’avait pas spécialement peur pour eux. Un Nocturne savait se défendre. Il avait les armes pour contrer le CODECS ou le CAA … Mais Joren qu’avait-il ? Il n’était qu’un simple humain, sans réel pouvoir. Parfois il aurait voulu être un politicien pour pouvoir changer les choses. Mais au fond, il ne se sentait pas l’âme d’un véritable homme de puissance. D’un homme capable de pouvoir changer le monde par les simples décisions qu’il entreprendrait. Il n’était qu’un petit barman insignifiant dans cette ville. Alors qu’il aurait pu continuer ses études d’avocat et avoir plus de poids.

Parfois il regrettait de s’être écarté de sa famille, d’avoir voulu vivre sa vie. Tout aurait été plus simple au final. Il aurait pu protéger ses amis avec bien plus de poigne, sans se cacher … mais non, il devait agir en groupe, dans la pénombre, pour sauver des enfants, des vieillards, des innocents. Des personnes qui ne rentraient pas dans les cases de ce monde. Joren voyait que Cassandra essayait d’apaiser les tensions au mieux. Elle n’avait pas tort, tout comme Josie, mais Joren avait ce sentiment de culpabilité qui le rongeait. Il avait toujours eu tendance à faire passer les autres avant lui et ses propres besoins. Alors au fond, il était normal que de s’occuper des inconnus, des familles les plus précaires, plutôt que de ses amis ou des familles de ses collaborateurs.

Mais tant qu’Aidan n’était pas en lieu sûr, Joren n’aurait pas l’esprit tranquille, s’en était certain. Et Cassandra avait visé juste. Il inspira profondément, puis jeta un regard vers Josie et Jerry.

« Ok, tu as raison Cass’. On va d’abord s’occuper de nos proches avant de faire quoique ce soit. »

Un sourire de victoire se dessina sur les lèvres de Josie. Elle semblait avoir gagné une bataille, alors qu’il en était rien. Ils n’avaient encore entrepris aucune démarche et leur organisation pouvait être dissoute à tout moment. Les membres du CAA et du CODECs étaient réputés pour ne pas être des gens qui faisaient dans le sentimental. Joren passa une main dans ses cheveux avant de se reconcentrer sur la discussion.

« Il faudra demander à Eve de changer les données administratives concernant la femme de Jerry et de Aidan. Même de Josie et ses frères … Pour la femme de Jerry et les frères de Josie, je peux les mettre en relation avec Chris. C’est un Lycan de confiance qui peut leur apprendre à se contrôler. Histoire qu’ils ne flanchent pas une fois dehors et qu’ils ne grillent pas leur identité. Pour les vampires on devrait également trouver une solution. J’avoue que pour le moment à part les cacher, je n’ai pas d’idées en tête. »

Il avait Aidan, mais son ami n’était pas le vampire parfait. D’après ce que Joren avait vu, Aidan était loin d’être un vampire expérimenté. Et puis, il avait assez de problèmes actuellement pour lui donner une telle responsabilité. Le savoir en sécurité à la coloc et derrière les cuisines du bar le rassurait.

« Quelqu’un aurait une solution pour les vampires ? »

Joren jeta un long regard silencieux sur Jerry, Josie et Cassandra.

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J’ai la sensation que Joren doute parfois. Il se sous-estime et cela se ressent. Je crois qu’il est de mon devoir de renforcer sa confiance en lui et de renforcer sa force morale en le soutenant au maximum. Après tout l’idée est commune et nous devons être là l’un pour l’autre. D’autant qu’il s’agit d’une mission importante que nous nous sommes donnés. Surtout avec les changements rapides et radicaux que le gouvernement met en place petit à petit.

Le débat s’oriente sur qui mettre à l’abri en premier. L’altruisme de Joren l’amène à vouloir s’occuper des inconnus d’abord. Mais je le connais un minimum désormais et je crois que nous sommes tous pareils, tant que nos proches ne sont pas en sécurité, nous serons incapables d’être sereins pour le reste. Alors, comme je le souligne autant être en quelques sortes égoïstes dans un premier temps et s’occuper de nos amis et familles avant de gérer les inconnus : les enfants, etc… Plus que jamais nous devons être prudents mais l’administratif est la clef numéro un de notre mission. Alors avec perspicacité, Joren donne les directives.

J’espère sincèrement que nous pourrons aider des gens ainsi. Je me demande s’il ne va pas y avoir une épuration parmi les instances publiques dans les prochains mois. Ce qui nous compliquerait sensiblement la tâche si jamais des résistants sont découverts. Mais ne pensons pas à ce type d’avenir pour le moment. Je préfère sourire face à Joren qui reprend contenance et résume les prochaines opérations pour nos proches.

Néanmoins, s’agissant des vampires, à priori je n’ai pas vraiment d’idée. « Le problème avec les vampires c’est qu’ils ne peuvent pas avoir d’existence le jour. Alors à moins de trouver à tous une activité rémunérée et légale de niut et de prier pour que jamais aucune administration ne les convoque de jour, je ne vois pas vraiment ce que nous pourrions faire. Ou si commencer des recherches pour leur permettre de vivre le jour ? »

Mon commentaire n’est pas très constructif mais la réalité est là. Nous avons nos limites, des limites évidentes et extrêmement frustrantes. Par contre, à mon sens, il serait tout à fait possible de construire un réseau souterrain pour que tous les vampires puissent se regrouper, se soutenir et s’organiser afin de survivre au mieux à la bataille qui se joue en surface. Mais je ne sais pas, cette idée me semble incomplète.

Je suis las et fatiguée par cette grossesse mais je veux me battre. Aussi, la frustration de ne pas pouvoir apporter de solution à toutes les questions me ronge de l’intérieur. Je pense aussi inévitablement à Blérim. Blérim qui est déjà enfermé au Ribcage, privé de toute liberté. Je n’ai franchement pas envie que cela arrive aux gens qui me font face ni à leur proche… Mais imaginer que toute la population non humaine est menacée à chaque instant m’oppresse tellement que j’en ai le souffle court et la nausée.

« On ne pourrait pas dégoter un plan du réseau souterrain. C’est terriblement cliché mais ça me paraît être assez sûr pour le moment… surtout si c’est un dédale.»

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Honnêtement le problème des vampires était un véritable casse tête. Il n’était difficile pour le gouvernement de repérer les fugitifs. Il lui suffisait simplement d’inspecter chaque travailleur de nuit pour voir si un vampire clandestin ne s’était pas infiltré parmi les humains. Et c’était bien ça qui faisait le plus peur à Joren. Aidan n’était pas vraiment à l’abri. Du moins, pas totalement. Certes il avait une activité rémunérée qui lui permettait de vivre et d’avoir une certaine autonomie, mais en aucun cas ça faisait de lui un homme libre. Il vivrait toujours dans la crainte d’être démasqué et envoyé au Ribcage. Joren avait songé plusieurs fois à cette option. Avant d’être un vampire, Aidan était avant tout un humain. Peut-être que le Rituel aurait pu le guérir et lui rendre l’âme qu’il avait avant tout ce joyeux bordel ? Ou peut-être que ça le tuerait. Personne ne savait vraiment ce qui s’y passait. Et même si Joren était humain, il doutait que le Ribcage soit la solution. Non, ça ressemblait beaucoup trop à ces camps Nazis que l’on trouvait un peu partout durant la Seconde Guerre Mondiale.

Le jeune homme laissa échapper un soupire las, jetant un coup d’œil à ses amis présents. Josie ne pipait mot. Alors que d’ordinaire la jeune femme avait toujours un truc à redire. Toujours un pique à balancer, toujours une raillerie à siffler. Mais là rien. Comme pour signifier que leur situation était bien plus complexe qu’elle ne laissait le paraître. Jerry passa une main dans ses cheveux courts, puis se leva d’un bond.

« Pour le moment l’essentiel est de se couvrir. Je connais assez bien les rondes et le réseau de la police pour savoir quelle brigade part en patrouille dans quel secteur. On pourrait déjà se caler une sorte de planning. Certains endroits sont à éviter … Je pense que les réseaux souterrains sont une bonne idée. Il nous faudrait juste un plan, car là dessous c’est un véritable labyrinthe. »

Un maigre sourire se dessina sur le visage de Joren. Leur groupe était motivé à aider son prochain. Ils avaient chacun leurs problèmes, mais ça ne les empêchaient pas d’agir. D’unir leurs forces pour contrer un système complètement pourri.

« Il n’y a pas que la police ou les membres du CAA dont il faut se méfier. Certains citoyens de Bristol sont prêts à la délation. Beaucoup de personnes sont anti Nocturnes. Pas pour rien qu’on les appelle les Aberrations. J’pense vraiment qu’il faudra être super vigilants, surtout si on commence à emmener des gens sous terre. »

Passer par les bouches d’égout c’était une chose, mais mieux valait trouver une entrée un peu en dehors de la ville, plutôt que de prendre le risque de se faire repérer. Car passer par les souterrains de la ville était forcément vu comme un signe d’une activité illégale.

« Concernant les vampires je pourrai me renseigner auprès d’Aidan. Savoir s’il craint vraiment le soleil et à quel point. Jerry, je sais que ta femme vit dans la cave, mais il faudrait peut-être que tu commences à l’habituer à revivre au sein de ta famille. »
« C’est risqué tu sais … elle ne se contrôle pas toujours. J’ai peur qu’elle … »
Joren se leva et posa une main sur l’épaule du policier.
« T’inquiètes, j’ai quelques astuces à te donner … elle ne te fera aucun mal, ni à tes enfants. »

Le tout restait de planifier l’évasion de la femme de Jerry et emmener les petits frères de Josie rencontrer Chris. Joren se tournait vers Cassandra, un peu plus fier et rempli d’espoir que toute à l’heure.

« Et toi Cassandra ? Besoin qu’on escorte quelqu’un en particulier ? Il faudrait qu’on songe à tout planifier et de préférence le soir. Juste un peu avant le couvre feu. Repérer toutes les bouches d’égout de la ville qui donnent accès aux souterrains. J’pense que c’est une bonne idée ! »

Il gratifia la jeune femme d’un large sourire, comme pour lui dire merci.

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La situation est très compliquée et je suis certaine que l’on passe à côté de tas de détails importants. Je n’ai pas envie que nous nous précipitions mais il faut bien avouer qu’il faut se lancer à un moment. Cela me fait peur, terriblement peur. Après je n’ai pas beaucoup de proches et celui qui compte le plus pour moi est déjà enfermé au Ribcage alors pour le protéger lui, je serais plus du genre à vouloir tout faire péter que de le protéger puisque je ne suis plus en mesure de le faire. Je comprends donc tout à fait les inquiétudes de Josie et Jerry ainsi que celles de Joren. Joren qui semble démoralisé d’un coup. Alors, j’essaye de trouver des pistes pour lui redonner confiance et cela semble fonctionner. Tout le monde se réveil y mettant du sien pour apporter son soutien et ses idées.

Nous avons trouvé les souterrains pour les vampires. Reste maintenant à savoir comment organiser leur descente. Il faut également, comme le souligne Joren, trouver les plans des souterrains.

« On doit pouvoir trouver des plans dans les archives locales ou à la mairie mais cela ne sera pas pour ce soir Joren, j’en ai bien peur. »

Joren veut aider Jerry pour sa femme et ses enfants, et je trouve que c’est une bonne idée, il devrait se concentrer là-dessus, mais au lieu de ça, il me gratifie d’un sourire auquel je réponds, soulagée d’avoir pu l’apaiser, puis il me pose cette question, qui me fait littéralement craquer. Les émotions, cette terrible notion qui nous assomme pendant la grossesse. Quelques secondes d’arrêt et les sanglots éclatent, contre toute attente. Je me surprends moi-même et je pose instinctivement mes mains sur mon ventre. Moi qui ne dois rien dire. La nausée monte et j’ai l’impression que la nourriture que je n’ai pas ingérée va ressortir…

Je m’excuse alors et je pars m’isoler ans la pièce d’à côté. « Continuez sans moi, il faut que je m’isole un moment. Désolée vraiment. »

Dans la salle de bain, je m’assois sur le rebord de la baignoire. Je respire, prenant de grandes inspirations pour expirer longuement et retrouver mon calme et apaiser la nausée. Je ne veux pas vomir ici, je serais directement grillée. Que vais-je faire ? Discuter avec les autres me fait réaliser que je ne sais pas du tout quoi faire de ma situation actuelle plus que compliquée. Et si jamais cet enfant était avant tout un lycan ? C’est lui que je devrais protéger plus que quiconque. Je me laisse alors glisser sur le sol et prend ma tête dans mes mains laissant couler les dernières larmes avant de souffler un bon coup pour reprendre contenance.

Peut être que de tout révéler à Joren m'aiderait à y voir plus clair mais j'ai tellement peur de mettre quelqu'un dans la confidence que je me sens pétrifiée d'avance. D'autant que je ne suis même pas sûre qu'il soit au courant pour Blérim et moi.

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Le staff.

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Son sourire se figea d’un seul coup pour disparaître totalement. Cassandra venait de fondre en larmes devant lui, sans explications. Qu’avait-il bien pu dire ? Joren jeta un coup d’œil vers Jerry et Josie qui semblaient être aussi désarçonnés que lui. La jeune femme se précipita vers la salle de bain et claqua la porte derrière elle. Désormais, seule la musique résonnait dans le studio. Joren était embarrassé. Il avait beau se remémorer ce qu’il avait dit, il ne trouvait aucun propos blessant. Ou alors avait-il posé la mauvaise question ? Cassandra avait probablement déjà un ami Nocturne enfermé au Ribcage et qu’il était devenu impossible de le sauver. Il sentait le remord envahir ses tripes. Une main lourde et chaleureuse se posa sur son épaule.

« Tu devrais aller lui parler. On s’occupe du plan avec Josie » suggéra Jerry.

Joren hocha de la tête, puis pris une grande inspiration avant de rejoindre Cassandra. Il frappa à la porte de la salle de bain. Pas de réponse. Il attendit une minute, puis recommença.

« Cassandra ? Je peux entrer ? » dit-il d’une voix réconfortante.

N’entendant pas de réponse de la part de la jeune femme et seulement des sanglots, le barman tenta le tout pour le tout et posa la main sur la poignée de la porte. Celle-ci n’était pas verrouillée. Il pénétra dans la salle de bain. La pièce était étroite. Une baignoire était située dans l’angle et Cassandra se tenait agenouillée juste aux pieds des toilettes. Les larmes coulaient le long de son visage, finissant par s’écraser sur un carrelage sombre et froid. Joren prit place à ses côtés, puis porta instinctivement son bras autour des épaules de la jeune femme. Il savait qu’elle n’était pas du genre tactile, mais dans ce genre de situation un gros câlin valait mieux que des mots.

« Ca va aller … »

Joren n’était pas quelqu’un qui savait quoi dire, ni quoi faire dans ce genre de situation. D’ailleurs, il avait pour l’habitude de fuir lorsqu’il voyait quelqu’un pleurer. C’était probablement pour cela qu’il avait pour coutume de sourire à tout le monde, d’être le plus sympathique possible, pour ne jamais affronter les cris et les larmes. La voir ainsi lui serrait le cœur. Il déglutit péniblement et tenta le réconfort par la parole.

« Qu’est-ce qui se passe Cass’ ? C’est à cause de moi ? J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Ou tu veux peut-être qu’on remette la réunion à un autre jour ? »

Il se demandait aussi si s’engager ainsi dans une libération des fugitifs n’était pas suicidaire. Ils n’étaient ni des héros, ni du personnel qualifié pour ce genre de situation. Mais Joren se rappelait de l’histoire de son grand-père, résistant de la seconde Guerre Mondiale. Lui aussi, simple banquier, n’avait jamais résidé dans ce genre de situation. Et pourtant, il en avait sauvé des réfugiés, des juifs et des résistants. Alors pourquoi pas Joren O’donnell ?

Il prit le risque de relever le menton de Cassandra pour croiser son regard. Elle avait cessé de pleurer et paraissait enclin à parler.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-il doucement.

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Cette réunion était bouleversante, il faut le dire, mais la question de Joren a brisé toutes mes barrières. Le pauvre, il doit s'en vouloir tout en se demandant ce qu'il a bien pu dire... Mais s'il savait. En même temps, j'ai la sensation que je ne peux rien dire. Rien de bien tangible du moins et ce même si Joren est... Joren. C'est un ami que j'aime, vraiment. Il a été là pour moi dans un moment où je me sentais seule, désemparée et surtout sans défenses. Il m'a vue à nue...et non nue ! Je ne peux pas le laisser ainsi dans le doute, pourtant, alors qu'il est derrière la porte de la salle de bain, en train d'essayer d'entrer en contact avec moi, ma gorge nouée par les sanglots refuse de prononcer un seul mot. Je ne parviens même pas à dire une seule syllabe.

Il frappe, demande l'autorisation d'entrer mais rien ne sort de ma bouche. J'ai honte. Toutefois, s'il veut vraiment rentrer, la porte n'est pas fermée. Et c'est ce qu'il fait. Il me rejoint alors que je suis agenouillée sur le sol, les larmes ruisselant sur mes joues. Je ne sais pas tout à fait ce qu'il m'arrive, mais une chose est sûre la présence de Joren est bien plus apaisante que je ne l'aurais imaginée. Alors qu'il passe son bras autour de mes épaules, je l'enlace et m'agrippe comme une arapède à son rocher.

Puis alors que je me calme, je me détache un peu jusqu'à ce qu'il prenne mon menton dans sa main et me demande, les yeux dans les yeux, ce qu'il se passe. Je ne peux de toute manière pas le laisser penser qu'il est la cause de tout. « Ne t'inquiètes pas tu n'as rien fait de mal. » Je baisse la tête, quelques secondes, histoire de regrouper mes pensées et de les ordonnées. « C'est juste que... que la seule personne que je voudrais aider est déjà au Ribcage. Blérim. Tu sais, il vivait chez moi et du jour au lendemain ils me l'ont arracher. » Ce n'est pas comme si je ne m'y attendais pas, pas comme si nous n'avions pas évoqué cette éventualité. Mais quand la réalité confronte l'imaginaire il y a toujours des différences parfois fatales.

Je ne sais pas ce que Blerim et Joren ont échangé à notre sujet, ni même si mon ami est au courant qu'il s'est passé quelque chose entre nous, mais évoquer cela me fait du bien, me libère un peu. Mon cœur est toujours serré, la tristesse est toujours pesante, mais échanger l'information avec un ami m'apporte un certain soulagement. « Je me demande chaque jour comment il est traité et s'il va ressortir, si nous allons nous retrouver. Je prie mère nature pour qu'ils ne le torturent pas … et quand tu m'as posé cette question, je crois que toute la peine et la peur que j'ai enfouie sont ressorties d'un seul coup. Je suis désolée Joren. Je ne voulais pas …. » Non je n'ose toujours pas lui dire que je suis enceinte. Il le verra bien à un moment donné, c'est ce que je me dis pour me rassurer. Et là, oui là, je lui dirai ce qu'il en est.

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Blérim … le Ribcage. Mince alors ! C’est pour ça qu’il ne donnait plus signe de vie le bougre ! A peine eut-elle fini que Joren s’écarta. Une boule désagréable venait de se former dans son estomac. Comment l’avaient-ils retrouvé ? C’était impensable. Blérim avait toujours été quelqu’un d’ultra discret. Il était probablement l’homme le plus méfiant que Joren ait pu rencontré. Son teint était presque blême. Le jeune homme avait du mal à y croire. Savoir l’un de ses amis dans cette prison lui fendait le cœur. Les premières pensées qui vinrent à lui furent celle d’un héro. Inconscient et complètement fou, mais il aurait été prêt à trouver un moyen pour entrer au Ribcage et sauver Blérim. Mais la raison l’emporta sur la pulsion. Le Ribcage était un endroit hautement surveillé et quasi imprenable. Même s’ils décidaient de passer par les souterrains, comment sortiraient-ils du Ribcage sans se faire remarquer ? Surtout qu’ils n’avaient aucuns plans de l’endroit.

Il revint vers Cassandra et lui porta une main réconfortante sur l’épaule.

« Je ne savais pas pour Blérim … putain... »

Il poussa un long soupire, puis posa son dos contre le carrelage du mur et se laissa glisser au sol. Merde, merde, merde. Blérim faisait parti de ses amis Nocturnes en qui il avait accordé une totale confiance immédiatement. Il l’avait aidé, alors que le lycan faisait une attaque convulsive dans son bar. Joren comprenait la détresse de Cassandra et son explosion soudaine. Bien sûr qu’il ne lui en voulait pas. Il n’avait juste pas compris.

« Mince … »

Il passa une main embarrassée dans ses cheveux, puis porta un instant son regard sur ses pieds. En pleine réflexion. Une réflexion veine, car ses idées étaient embrouillées et focalisées sur leur mission du moment. Aider les Nocturnes de la liste.

« On trouvera forcément un moyen de le sortir de là. Blérim est un Lycan pure souche, il ne peut pas passer le Rituel. Du moins, de ce que j’ai compris, ceux qui passent le Rituel sont des Humains transformés. Mais les lycans nés n’ont aucune chance. Il faudra trouver une solution pour le sortir de là. Légale ou non … »

Joren se voulait réconfortant dans ses propos, mais en réalité il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer. Ni même s’ils pouvaient le sortir du Ribcage. Au fond de lui, il savait que c’était mission impossible. Mais son esprit occultait cette pensée. C’était son ami et il ne pouvait pas le laisser tomber. Il ne pouvait tout simplement pas baisser les bras en se disant qu’ils étaient impuissants. Même s’ils l’étaient complètement.

« Tu as déjà essayé de lui rendre visite ? Ca pourrait être un soutient pour lui, savoir comment il va, lui remonter le moral. Et comme ça on pourrait essayer de faire du repérage au Ribcage. Je dois t’avouer que je n’y ai jamais mis les pieds. Je suis juste passé en voiture devant. D’énormes murs de briques rouges surmontées de barbelés … et des caméras un peu partout j’imagine. »

Bon sang, comment allaient-ils faire ? Il voyait bien qu’il ne réconfortait pas la douce Cassandra. Sous leurs airs de résistants, ils étaient bien impuissants. Quelqu’un frappa à la porte. Jerry.

« Les gars … désolé de vous interrompre, mais je dois y aller. Je vais m’occuper de ma femme. Je n’aime pas l’idée de la laisser dans la cave trop longtemps toute seule. Je vous apporterai les brouilleurs comme prévu. A plus ! »

Cassandra et Joren le remercièrent d’un signe de tête. Josie s’éclipsa avec Jerry sans prendre le temps de leur dire au revoir. Elle était comme ça et personne ne lui en voulait. Après tout, elle était utile à la résistance. Joren se releva lentement et tendit une main à Cassandra.

« Ca ne sert à rien de se morfondre dans cet endroit glauque. Allez viens, on va sauver des vies … et on essaiera de rendre visite à Blérim. »

C’était moins que rien. Du moins, c’était mieux que de rester là à pleurnicher ou à tomber le cul par terre, tétanisé par le simple fait de savoir qu’ils n’étaient pas grand chose dans cet océan merdique.

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En parlant à Joren de Blérim, je me rends compte d'une donnée affolante : j'ai échoué. Je devais protéger Blérim, en l'accueillant chez moi il devait se sentir en sécurité et j'ai échoué. J'ai une soudaine evie de vomir mélange de ma condition et de mes sentiments profonds. Qu'est ce que je vais faire ! J'ai fait part de la situation à Joren mais il n'ai pas au courant pour les sentiments qui nous lient tous les deux. Je soupire pour décompresser alors que je vois mon ami blémir. Il doit très certainement encaisser la nouvelle. Après tout, ils sont amis. Alors qu'il pose un geste réconfortant à mon égard je dépose également ma main sur la sienne et la serre assez fort. Après tout, entre amis, nous nous devons de nous soutenir.

« Il ne peut pas passer le Rituel mais ils ne le libéreront pas non plus, pas avec le renforcement des règles de sécurités... Alors honnêtement Joren, je ne sais plus où trouver de l'espoir. »

Sauver d'autres personnes pourrait m'aider à voir une once d'espoir, certes, mais les autres ne sont pas lui. Perspicace n'est ce pas ? Quoi qu'il en soit, je vais me raccrocher aux bouts de ficelles, c'est certain. Quant à savoir si je lui ai rendu visite... « Non pas encore, je dois le voir la semaine prochaine. Je peux y faire du repérage. En revanche, il faudra que je me serve de ma mémoire, ils n'accepteront sûrement pas que j'entre avec un appareil photo ou un téléphone. »

Je sursaute quand Jerry nous dit au revoir. J'étais tellement dans ma bulle que j'avais oublié les autres. Quelle comparse pitoyable je suis ! Je m'excuse alors tout de même au travers de la porte. Ma voix n'est pas bien grosse, même lorsque je crie, mais je pense qu'il a tout de même entendu.

Finalement, Joren se relève et me temps la main. Cette homme possède une beauté et un charisme indéniable mais plus encore, il a toujours les mots qu'il faut et l'attitude qu'il faut. Du moins, lorsqu'il est en ma compagnie. Je saisie sa main et me relève. Je lui lance un sourire triste. J'ai réellement envie de sauver Blérim et de trouver une solution, mais nous ne la trouverons pas ici, Joren a raison. « Tu veux bien rester avec moi ce soir ? » je lui demande alors à tout hasard. Je n'ai pas envie de rester seule et de broyer du noir. En ce moment, je ne dos plus vraiment en plus. C'est comme si j'avais perdu tous mes repères.

Habituellement je n'aurais jamais osé demander ce genre de chose et Joren le sait maintenant, il me connaît assez pour deviner mes réactions. Du moins, la plupart d'entre elles. Tout comme il sait parfaitement qu'il y a bien plus que ce que j'ai bien voulu lui dire. Mais cela il le découvrira plus tard, peut être ce soir s'il reste avec moi...

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