Fight or die | Cassandre & Blerim

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Fight or die

Cassandre & Blerim

Ribcage, 2017

Le choc l'a transpercé, telle une épée. L'âme déchirée, il saigne, et pourtant on ne voit la moindre trace de sang. Juste son regard absent, vide, perdu dans ses souvenirs. Les souvenirs heureux qu'il a partagés avec Drita, sa petite sœur adorée. Le peu d'innocence qu'il lui restait dans sa vie, c'était elle. Et même ça, son oncle a réussi à lui enlever. Dardan lui a tout enlevé, l'a détruit, et pire encore, a détruit sa famille. Drita. Blerim l'a tué, son oncle. Apparemment, le Ribcage est au courant de tout, tout comme le gouvernement albanais. Visiblement, les hommes de Dardan, fidèles à leur ancien chef, ont tout fait pour qu'il paye pour ce qu'il a fait à ce dernier, faute de l'avoir trouvé. Protégé, ou isolé surtout, par la quarantaine à son arrivée à Réversa, puis par le Ribcage, les Albanais n'ont pas pu le trouver et le tuer, comme ils le voulaient sûrement. Alors ils ont trouvé un moyen de le dénoncer. Peut-être qu'ils passé un accord pour avoir l'immunité. Blerim, lui, n'en sait rien. Il sait juste qu'il a tout perdu. Sa vie, sa dignité, sa liberté, sa famille. Tout. Alors quand le Ribcage lui a proposé de le garder ici, dans cette prison où il n'y avait qu'eux qui le malmenaient plutôt que de le renvoyer en Albanie pour qu'on l'y juge et l'enferme dans une prison pourrie, il a accepté. Une prison ou une autre, c'était presque du pareil au même. Il était condamné à l'enfer, de toute façon. Sur terre et après sa mort.

Finies ces idées de rébellion. Finie cette rage qui le motivait à se révolter et à révolter les autres contre ce camp de concentration qu'était le Ribcage. Désormais, il n'est qu'une coquille vide, il n'a plus rien à perdre, hormis sa vie, ou ce qu'il en restait. Au point où il en est, ça lui est presque égal. Il n'a plus la force de continuer à se battre. Il veut juste rester immobile, ne pas parler, n'écouter personne. Dépérir lentement, subir cet enfer sans rechigner, parce que dans le fond, c'est tout ce qu'il mérite. Son châtiment. Le reste lui importe peu. Il s'enferme dans son mutisme, les heures passent, les jours aussi. Il ne va pas bien, et cela saute aux yeux de qui que ce soit. Mais il s'en fout. En attendant qu'on vienne à nouveau le chercher pour lui faire passer des examens et des expériences bizarres, il veut juste rester allongé dans ce canapé miteux tout en fixant le vide. Cependant, un bruit parasite vient le déranger, le tirer de ses pensées. Une voix féminine, que son cerveau prend soudainement pour celle de Drita. Sauf que non. Elle lui parle en anglais, et son accent est typiquement british. Ce n'est pas Drita. Drita est morte, son cadavre enterré on ne sait où, sans le moindre respect. Le cœur du blond se serre à cette pensée. Blerim s'allonge à nouveau dans le canapé, comme si de rien n'était.

« Seul. Je veux être seul. »

Dit-il d'une voix rauque, sans regarder Cassandre. La première femelle lycane qu’il n’ait jamais vue de sa vie. Mais aussi une amie dont il s'est rapproché ici, à l'intérieur du Ribcage, ce cauchemar où ils étaient tous les deux coincés, eux et leur loup respectif.

« Ma sœur est morte. Petite sœur... »

Nouveau murmure, faible, comme si le fait de dire ces mots à voix haute pouvait la tuer encore une fois.

***

Bristol, février 2018

Cette ville est grande, trop grande. Il y a beaucoup trop de monde à Bristol. Les habitants locaux, les étudiants, les curieux qui viennent pour en savoir plus sur les Aberrations et Altérations. Trop de monde. C'est pratiquement impossible de suivre sa trace, de tenter de la retrouver à l'odeur. Confirmer que ce n'était pas un mirage. Drita. Il l'a vue, au milieu de la foule, début janvier, devant la Cathédrale, lors que cette manifestation a dégénéré. Des anti-Aberrations, des stupides humains qui ont eu la bonne idée de lancer des pierres, des fumigènes et des pétards, semant la panique, nourrissant le chaos. Et l'empêchant surtout de retrouver Drita, ou la femme qui lui ressemblait. Néanmoins, son espoir infime est devenu plus fort, une flamme qui continue aujourd’hui de brûler au fond de lui. Elle n'est peut-être pas morte finalement. Et il se peut qu'elle soit toujours à Bristol. Au départ, quand il a débarqué en Angleterre, c'était justement parce qu'il savait que les hommes de son oncle l'avaient emmenée jusqu'ici. Après, avec la quarantaine, le lycan n'a jamais pu se déplacer à Bristol pour voir si c'était vrai, mais de toute manière, les détectives privés qu'il avait engagés pour la chercher dans cette ville ne l'avaient jamais retrouvée. Et les mois s'étaient écoulés ensuite, jusqu'à ce qu'on lui dise qu'elle était morte. Mais... Et s'ils lui avaient menti ? Blerim vibre de joie rien qu'à l'idée de retrouver sa petite sœur, en vie, et de rage, dès qu'il repense aux paroles des abrutis du Ribcage, foutus manipulateurs.

En cet après-midi gris de février, le lycan a quitté son nouveau domicile près de la forêt, où Cassandra et Poppy l'ont accueilli suite à l'incendie, il y a quelques mois. Le Balkanique a eu envie de rendre visite à Cassandre, de prendre de ses nouvelles. Désormais qu'il a un semblant de liberté et un nouvel espoir au fond de lui, la force de se battre est revenue, l'envie de vivre également. Alors il ne faut pas qu'il s'isole trop. Non, il faut qu'il renoue le contact avec les quelques amis ou alliés qu'il a, histoire qu'ils se serrent les coudes. Après quelques recherches plutôt poussées, le lupin a enfin réussi à trouver l'adresse de la lycane. Le voici maintenant, toquant à sa porte. Celle-ci finit par s'ouvrir quelques secondes plus tard.

« Salut. C'est moi, Blerim. »

Dit-il, avant de s'approcher de la lycane pour déposer un bisou sur sa joue. Un geste impensable il y a quelques mois, quand il ressemblait plutôt à un fantôme.

« Tu vas bien ? J'ai bonnes nouvelles... Je crois. »

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Ribcage, mars 2017

Profitant d'une éclaircie dans le ciel anglais, la lycane essayait de sociabiliser un minimum. Enfermée depuis quelques semaines, elle tournait déjà comme un lion en cage. Mais il fallait qu'elle prenne sur elle. Patience. Son mantra n'avait que peu d'effet. La colère et l'envie de tout défoncer étaient fortes. Le temps passait longuement ici. Il y avait peu de chose à faire. La liberté était entravée, ainsi que les activités possibles. Depuis peu, Cassandre avait été choisi pour faire partie des aberrations testés en laboratoire. Idée rebutante, mais elle avait comme l'impression de ne pas avoir le choix. Après tout, elle était le cas assez rare d'une aberration atteinte de cécité, cela valait le coup d’œil pour eux.

Les tests avaient commencé ce matin. Conduite dans une pièce puant le détergent médical, la louve s'était retrouvée ligotée à une table froide pendant des heures. Temps pendant lequel on lui fit des prises de sang et on lui injecta des produits inconnus dans le corps. Une sensation détestable qui la faisait se sentir horriblement mal, encore plus que d'habitude. En partie nauséeuse, à la sortie du labo, elle s'était posée dans un coin pour respirer l'air frais et profiter du soleil. Deux aberrations s'étaient assis à coté d'elle, l'entrainant dans leur conversation. Même si Cassandre écoutait plus qu'elle ne parlait, cela ne l’intéressait pas. L'entrée dans le Ribcage ne l'avait pas rendu plus sociale qu'elle ne l'était au contraire, supportant la présence de peu de personne auprès d'elle.

D'ailleurs Cassandre rentra et se mit à chercher un de ces rares amis lui aussi enfermés ici. Le souvenir de leur rencontre la faisait sourire, ce n'était pas tout les jours qu'on rencontre des types nus dans les bois, et heureusement. La rouquine finit par retrouver la trace du slave. A mesure qu'elle avançait vers lui, elle pressentait quelque chose. Elle ne saurait pas dire quoi ni pourquoi mais l'humeur du slave était étrange.

« Blerim, ça va ? »
« Seul. Je veux être seul. »
Ah. Cassandre s'arrêta un instant. Tournant sur elle même, elle ne partait non, elle alla juste repousser la porte de la pièce dans lequel ils étaient. Ainsi ils seraient seuls. Certes, ce n'était pas ce que le slave voulait. Mais manque de pot pour lui, Cassandre n'avaient pas l'intention de lui obéir. Au contraire, en tâtonnant, elle se rapprocha du canapé. Arrivée au bord, elle s'assit juste à coté à même le sol. Même si elle n'avait pas écouté la demande du lycan, elle respectait un minimum son périmètre de sécurité. Puis vint l'annonce de la nouvelle. Elle comprenait mieux le comportement étrange et ce qu'elle avait ressenti.

« Oh non. Je suis navrée. » répondit elle dans un murmure. Elle ne savait pas trop quoi dire pour le réconforter. Elle imaginait la souffrance, elle l'avait vécu elle-même à plusieurs reprises. Cassandre connaissait l'attachement de Blerim pour sa sœur. Brièvement elle posa une main sur le torse de Blerim, signifiant qu'elle était là et qu'elle le soutenait.
« Comment ? Qui te l'a dit ? » demanda t'elle toujours en murmurant.

Comme si en parler à voix haute, cela rendrait la chose plus réelle.

Bristol, février 2018

En quelques jours, la situation avait totalement changé. Tout comme le moral de la louve, il était beaucoup moins sombre et mélancolique. Ce n'était pas encore le monde des bisounours mais sa colère s'était dissipée, elle n'avait pas disparue. Elle était juste tapie dans l'ombre. Préférant profiter de cette bouffée de liberté qu'on lui avait accordé. Oui depuis peu on lui avait accordé la possibilité d'être libre et en contact avec les bristoliens, évidement sous surveillance et avec certains conditions. Mais l'essentiel était qu'elle n'était plus enfermée H24 ni qu'elle devait subir des foutus tests à la noix. Les premiers jours furent étranges. Se réhabituer à vivre normalement n'était pas si anodin que cela. Puis, Cassandre avait du aussi se faire à sa colocation avec Eris. Reprendre ses marques, apprendre à vivre avec l'idée que sa pote faisait parti du CAA, tout cela avait demandé quelques jours d'adaptation. Il y avait du mieux, l'alcool et la drogue aidant beaucoup.

La lycane avait dormi une partie de la matinée, elle n'avait plus trop la notion du temps. Puis après être douchée, habillée avec une robe d'Eris, elle avait entrepris de ranger un peu le salon. Enfin, surtout de ramasser les trucs qui trainaient et qui n'étaient pas agréables quand on marchait dessus. Puis elle s'était préparé un porridge, remerciant Eris d'avoir un microonde, ce qui lui facilitait grandement la vie. Écoutant tranquillement la radio tout en petit déjeunant, Cassandre se figea en attendant frapper. Pendant, une seconde elle envisageait de ne pas ouvrir, ce n'était pas chez elle après tout. Se rapprochant de l'ouverture, ses sens lupins perçurent une odeur qui ne lui était pas inconnu. Alors elle ouvrit.

« Blerim ! » dit elle avec un grand sourire, ravie de sa présence. « bah écoute ça va pas mal du tout, ça fait un bien fou de ne plus être enfermée. Et toi comment vas tu ? »
Sa main passa sur le visage du slave, comme si elle voulait se remémorer ses traits. Elle lui prit le poignet pour l'inviter à rentrer puis referma la porte. Elle se demanda aussi quelle serait la réaction d'Eris, si elle le trouvait ici, puis décida de pas s'en soucier.
« Si Eris te trouve chez elle, on risque de passer un mauvais quart d'heure, mais je suis contente de te voir. Comment tu m'as retrouvé ? Et dis moi qu'elles sont ces nouvelles ?»

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Ribcage, 2017

Il veut être seul. L'âme du lycan est en miettes, complètement brisée. L'espoir est mort, les paroles des hommes du Ribcage l'ont achevé. Peut-être que cela ne devrait pas le surprendre que Drita soit morte, mais impossible autrement. Le choc l'a frappé de plein fouet, une gifle monumentale s'est abattue sur son visage. Elle n'est pas là. Elle n'est plus là. Elle ne sera plus jamais là. Sa petite sœur, la seule innocente dans toute cette histoire de crime, de drogue, de prostitution. C'était bien elle la seule qui ne méritait pas de mourir. C'était lui qui aurait dû mourir à sa place. Tout comme son oncle, cela va sans dire. Mais Dardan, il l'a déjà tué. Et de ça, Blerim n'en a pas le moindre regret. Il aurait juste dû le faire avant, plutôt que de se plier à ses ordres comme un louveteau effrayé. Sauf qu'il n'en a pas eu le courage, ni la force. Le blond a juste laissé les ténèbres l'engloutir, jour après jour, obéissant fidèlement à ce monstre. Pour ensuite tout gâcher définitivement en faisant foirer un transfert de femmes vers la Grèce. Juste parce que sa conscience n'en pouvait plus. Si seulement il avait su rester indifférent cette fois, comme il l'avait toujours fait jusque-là, peut-être que Drita serait toujours en vie aujourd'hui.

Alors oui, il veut être seul maintenant. Juste lui et ses regrets. L'Albanais sait néanmoins que Cassandre veut juste son bien. Ils sont devenus amis, des alliés dans cet enfer commun qui s'appelle Ribcage. Pas étonnant donc que la rouquine n'ait pas demi-tour comme il l'espérait. Non, la jeune femme s'assit tout simplement à même le sol, tout près du canapé. Finalement, le loup des Balkans lui raconte la nouvelle. Sa petite sœur est morte. Morte. Ces mots lui font monter les larmes aux yeux, font trembler ses mains. Les dire à voix haute les rend encore plus réelles, encore plus douloureuses. La main de Cassandre qui se pose sur son torse ne lui apporte guère de réconfort. Parce qu'à l'intérieur, il y a un juste un vide sans précédent. Cela dit, Blerim ne la repousse pas. Pour une fois que quelqu'un le touche et que ce n'est pas pour lui faire du mal.

« Les types du Ribcage. » Répond-t-il d'une voix rauque. « Et ils savent... Ils savent des choses sur moi. Mauvaises choses que je fais en Albanie. L'Albanie veut moi... pour me juger. Les types du Ribcage disent que je peux rester ici et qu'ils vont dire à l'Albanie qu'ils peuvent pas m'avoir. Je dis oui. J'ai rien à faire en Albanie. Ou à Réversa, ou Bristol. Ma sœur est morte. Je peux mourir, pas de problème. »

Le jeune homme renifle, sèche les larmes naissantes. Il a juste la sensation que sa vie est finie et qu'il n'y a plus rien à attendre. Sauf de la souffrance, encore et toujours.

***

Bristol, février 2018

Le sourire de Cassandre le fait sourire aussi, presque malgré lui. Mine de rien, ça fait du bien de voir que quelqu'un est content de le voir, qu'il a manqué à quelqu'un. Blerim ferme les yeux pendant quelques secondes, alors que la lycane passe sa main sur son visage. Ce contact physique lui fait du bien. Les caresses, les câlins, ça fait longtemps qu'il ne sait plus ce que c'est. Et ce n'est pas avec ces coups d'un soir que l'on peut dire qu'il ressent de la réelle affection, même si ça aide aussi à se changer les idées. La jeune femme le prend alors par le poignet et il la suit à l'intérieur de l'appartement. Le regard cristallin de la créature voyage tout autour de lui, curieux et surtout, méfiant. Il ne connaît pas vraiment cette Eris Livingstone chez qui Cassandre vit en ce moment, mais Blerim se méfie forcément de cette femme. Ne serait-ce parce qu'elle est avec le CAA. Mais enfin, il ne veut pas penser à cette inconnue. Il est là pour renouer le contact avec une amie, voilà tout.

« Ça va. Je vis avec des gens sympas. Près de la forêt. C'est bien pour le loup. C'est... tranquille. »

Dit-il avec un léger sourire en coin. Cassandra et Poppy l'ont bien accueilli et le fait de vivre si près de la forêt lui a fait énormément de bien. Cette liberté retrouvée, même si elle reste plus ou moins surveillée par le CAA, ça fait du bien. Blerim a enfin la sensation de revivre. Une sensation qui est devenue encore plus forte depuis que l'espoir de retrouver Drita est devenu plus probable que jamais il n'aurait cru possible. Désormais, il faut juste qu'il arrive à la trouver, à la contacter. Peut-être qu'elle ne voudra pas lui parler, qu'elle ne le pardonnera pas... Mais qu'importe, du moment qu'elle est en sécurité. Qu'elle est en vie. Blerim regarde Cassandre lorsqu'elle évoque la fameuse Eris, puis il hausse les épaules, nonchalamment.

« Bof. J'ai pas peur d'elle. »

Ni de personne. Il se sent plus fort que jamais, il se sent revivre. Contrairement à ces derniers mois où il était devenu léthargique, un pauvre chiot apeuré, sans défense, sans réaction. Eh bien, il n'est pas un chiot. Il est un loup.

« Mais j'suis content de te voir aussi. Pour te retrouver... Je connais des gens, détectives. Et je sais être... Comment dire... » Convaincant ? « Je suis lycan. »

Ce qui peut être synonyme de 'convaincant' aussi, avouez. L'ancien trafiquant s'assoit dans le canapé, avant de croiser les jambes, le regard brillant de joie.

« Je crois que ma sœur est en vie... Et qu'elle est encore ici. A Bristol. » Blerim se penche légèrement en avant, puis reprend. « Je vois Drita devant la Cathédrale, en janvier. Beaucoup de monde dans la rue, mais je la vois. Mais après... Les connards viennent avec les pierres et les... bombes. Je ne peux pas lui parler ce jour-là. Mais... Je crois qu'elle est en vie. Je veux la retrouver. Ma petite sœur... »

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Ribcage, 2017

La louve était décidée à ne pas laisser son compatriote seul. Il n'était pas bien, elle pouvait le sentir. On n'abandonnait pas ses amis, surtout quand on était enfermé dans un milieu hostile. La Louve aurait pu abandonné n'importe qui ou presque sauf ces amis. Et Blerim en faisait parti. Dommage pour lui qui espérait de la solitude. Elle avait de la peine pour lui. Sa douleur lui rappelait les nombreuses fois où on lui avait appris la perte de ces proches. C'était comme si le temps s'arrêtait et qu'on enlevait une partie de soi-même. D'après ce qu'elle savait, Blerim et sa sœur étaient proches. L'abattement du loup était compréhensible, elle ne l'avait jamais vu autant atteint. Cassandre aimerait pouvoir soulager sa peine, mais elle savait parfaitement qu'elle ne pouvait pas y faire grand chose. C'était trop personnel et le temps l'y aiderait.

Cependant, elle pouvait au moins essayer de comprendre comment il avait su la nouvelle. Les types du Ribcage... évidement qui d'autres auraient pu avoir des nouvelles de l'extérieur. Froncement des sourcils, la louve était surprise des paroles du loup. Elle avait du mal à comprendre le comportement des types du Ribcage.

« Tu veux dire qu'ils acceptent que tu restes ici ? Alors qu'ils avaient une occasion en or pour se débarrasser d'une aberration sans que ça leur coute quoique ce soit ? C'est n'importe quoi ! Qu'attendent ils de toi ? Que veulent ils en échange ? T'es conscient que ça ressemble tout bonnement à du chantage. »

Voila que Cassandre craignait que le Ribcage cherche à manipuler Blerim, si cela n'était pas déjà fait.

« Et t'ont ils donné une preuve de la mort de ta sœur ? J'sais pas des photos, des témoins ? As tu songé une seule seconde qu'ils ont pu utilisé ton lien avec Drita pour mieux t'avoir sous leurs coupes ? »

La louve essayait d'éveiller la résistance de son congénère.

***

Bristol, février 2018

La présence de Blerim faisait du bien à la louve. Elle se retenait tout juste de lui sauter dans les bras, tellement elle était ravie de le voir. Même si elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur pour lui, surtout si Eris rentrait plus tôt. Bien qu'elle défendrait le loup sans hésitation pour qu'il puisse ne pas être arrêté, tout comme elle empêcherait qu'Eris soit blessée. Elle restait son amie après tout. Mais Cassandre était contente qu'elle ne soit pas là, afin de mieux profiter de Blerim.

« La chance d'être à côté de la forêt... Je crois que ma louve va finir par être dingue à force de toute cette ville autour d'elle. »

Surtout qu'elle commençait à être sevrer de tout les produits chimique, alors sa part animale se révoltait de plus en plus afin de militer contre un tour en forêt. Mais elle craignait que si elle libérait sa louve, qu'elle ne veuille plus jamais lui redonner le contrôle. Sa part lupine, elle préférait mourir que d'être de nouveau enfermé. Ce qu'elle pouvait comprendre.

La combativité retrouvée de Blerim la fit sourire. Au moins il ne se morfondait plus, c'était un bon signe. C'était tellement mieux de le savoir comme cela. Il n'avait pas peur d'elle, tout comme elle n'aurait pas peur de lui. Le mieux et le plus simple, c'était qu'ils ne se croisent pas. Cassandre imaginait bien combien Blerim pouvait être convaincant quand il le souhaitait.

Elle s'assoit juste à ses cotés sur le sofa écoutant ce qu'il avait à lui dire. Sa sœur en vie. Elle pouvait imaginer la joie du loup.

« Mais c'est génial ! J'espère que tu vas pouvoir la retrouver. » Cassandre sourit de plus belle en sentant le bonheur du loup à ses cotés. Elle ne pouvait nier aussi que cette présence avait un certain truc pour calmer sa louve, la rendre plus paisible et plus attentive aux faits et gestes du loup. Mais avec une certaine agitation interne, passant outre, Cassandre continua.

« Tu as des pistes ou un plan pour la retrouver, convaincre tout les détectives de Bristol ? » Même si c'était pas le plus discret à l'heure où ils devaient passer inaperçu au milieu des humains. « Je pourrais te donner un coup de main pour la trouver, s'tu veux. »

Techniquement, ça serait compliqué, mais Cassandre proposait quand même son aide.

« Pour fêter cette bonne nouvelle, tu veux du café ou de la tequila ? » Soft ou alcool, les deux étaient possible. Ou de la chair fraiche proposa la louve qui remonta à la surface pour montrer au qu'elle était toujours là. Fermant les yeux, Cassandre inspira pour la refouler en elle. Ce n'était pas trop le moment. Contrôle repris, elle ré-ouvrit les yeux et essayait de faire comme si de rien n'était. On a même des cookies! »

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Cassandre & Blerim

Ribcage, 2017

Le lycan hoche la tête, lentement, sans regarder Cassandre. Eh oui, ils acceptent qu'il reste ici, en échange de sa coopération. Plus de résistance, plus d'espoir de s'échapper du Ribcage. Se laisser faire. Blerim sait que ce n'est pas un avenir radieux qui l'attend, mais au moins... Au moins il ne retournera pas dans son pays, ne sera pas jugé pour toutes les atrocités qu'il a pu commettre par le passé, ne sera pas tué en prison par des partisans de Dardan. Le Ribcage ne vaut guère mieux qu'une prison miteuse en Albanie, certes, mais au moins, il n'est pas tout seul ici. La preuve, Cassandre est là en ce moment, en train de le soutenir. Mais jusqu'à quand ? La brume de l'incertitude lui fait peur, le blondinet doit bien l'avouer. Surtout que dans cette brume, il sait pertinemment qu'il n'y a que du malheur qui se cache. Mais que peut-il faire désormais ? C'est trop tard. Trop tard pour défaire ses erreurs, trop tard pour sauver Drita, trop tard pour s'échapper du Ribcage. Il a presque du mal à comprendre pourquoi la jeune louve est aussi indignée.

« Je m'en fous... »

Dit-il en murmurant. Ça sert à quoi de se battre, si au final il restera toujours enfermé quelque part, loin de sa sœur ? C'est une perte de temps et d'énergie. Surtout qu'il se sent tellement... brisé. Vide. Il n'a plus la force de se battre, désormais que l'espoir qui survivait tant bien que mal jusque-là est mort. La jeune femme lui demande alors s'ils lui ont donné une preuve de la mort de Drita. Méfiante, elle semble croire qu'ils utilisaient le lien de l'Albanais avec sa petite sœur pour mieux pouvoir le manipuler à leur guise. Cela a déjà traversé l'esprit de Blerim, mais... Il ne sait pas.

« Des photos. Ils disent que Drita tente s'échapper, que les hommes de mon oncle la tuent. Je reconnais l'un de ces hommes sur une photo... Il y a une femme à côté, morte... Semble Drita. »

L'ancien trafiquant passe une main sur ses yeux, voulant éviter les larmes. Mais sa tristesse est bien trop forte pour qu'il puisse rester froid et impassible.

« C'est ma faute, tout ça... C'est moi... Moi, qui tue Drita... »

***

Bristol, février 2018

Le Balkanique se sent tellement léger en ce moment qu'il en aurait presque la sensation de rêver. Drita est peut-être en vie, il y a encore de l'espoir... Vous vous rendez compte ? Il y a encore quelques mois, il n'aurait jamais pu imaginer que la vie lui réserverait de telles surprises. Sa liberté retrouvée, la possibilité de retrouver Drita vivante... Il ne s'y attendait plus. Alors, plus que jamais, Blerim refuse de se morfondre et d'attendre patiemment que la faucheuse vienne le cueillir. Il faut réagir, se battre. Parce que ce n'est pas trop tard, au contraire, c'est bien trop tôt pour mourir, pour baisser les bras.

Le lupin est content de revoir Cassandre. Aujourd'hui, la rouquine représente plus pour lui que le simple fait d'être la toute première lycane qu'il n’ait jamais vue de sa vie - nue, en plus. Non, aujourd'hui, il considère Cassandre comme son amie. Donc voilà, autant ne pas s'isoler et garder le contact avec la Britannique, prendre de ses nouvelles, partager avec elle l'espoir qui l'anime depuis quelques semaines. Elle lui avoue que sa louve se sent un peu à l'étroit dans cette forêt de béton qu'est Bristol. Le blond peut comprendre ce qu'elle ressent, lui-même se sentait un peu comme ça quand il habitait à Tirana. Pour lui, pour son loup, il n'y avait rien de mieux que la Nature à l'état pur, la forêt, les montagnes.

« Oui, rien de mieux que la forêt. »

Il va alors s'asseoir sur le sofa, avant d'annoncer la bonne nouvelle. Son sourire s'agrandit alors que Cassandre réagit à sa révélation.

« J'espère aussi. »

De toutes ses forces. Il n'y a rien, absolument rien qu'il souhaite autant. Même sa liberté, il serait prêt à y renoncer volontairement si cela pouvait permettre à Drita d'être libre et en sécurité. La lycane britannique lui demande alors s'il a des pistes ou bien un plan pour retrouver la jeune albanaise. Blerim étire un sourire en coin alors qu'elle évoque la sensation qu'il a employée pour que l'on l'aide à retrouver Cassandre. C'est vrai qu'il ne pouvait pas le faire avec tous les détectives de la ville, cela finirait par attirer l'attention sur lui... Et ça, vaut mieux l'éviter, pas vrai ? Par contre, il ne dira pas non à un coup de main de la part de Cass'.

« Merci. Si tu connais quelqu'un qui peut aider, c'est bien... Mais sinon, pas grave. T'es mon amie... ça aide déjà. »

Dit-il, avant de poser doucement une main sur l'épaule de la louve. Cette dernière lui demande ensuite ce qu'il préfère pour fêter la bonne nouvelle. Un sourire joueur se dessine sur les lèvres de la créature.

« Hum... Je crois que tu connais la réponse ! Tequila et cookies. »

Dit-il d'une voix rieuse, visiblement de bonne humeur. Fêter une si bonne nouvelle avec du café, cela ne ressemblerait pas vraiment à l'Albanais, pas vrai ? Alors que Cassandre part s'en occuper, Blerim se lève, au cas où elle aurait besoin de son aide. Certes, elle est débrouillarde, mais elle est aveugle quand même... Protecteur, le blond ne peut donc pas s'en empêcher.

« Hey... Tu veux venir avec moi, dans la forêt ? Ça fait du bien à ta louve, non ? La liberté... »

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Ribcage, 2017

La lycane n'en croyait pas ses oreilles. Son congénère avait baisser les bras. Les autres avaient réussi leur coup et atteint leur but. Le priver d'espoir et de la force de se battre, ce n'était pas possible. Elle ne pouvait accepter ça s'en rien dire ou ne rien faire. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait faire. Cependant elle n'avait pas l'intention de baisser les bras, elle.

« Alors tu vas abandonner parce que ces Connards te le demandent ? »

Cassandre essayait de réveiller la flamme combattante dans le cœur de Blérim. Même si évidement elle était contente, qu'il ne soit pas envoyé en Albanie. Ça aurait pu aussi se solder ainsi par l'absence de son ami d'infortune. C'était déjà chiant de se retrouver enfermée, mais si en plus elle était seule, ça serait encore pire. Mais elle ne pouvait pas non plus adhérer au fait qu'il accepte n'importe quoi pas désespoir. Comme preuve des simples photos d'une nana qui ressemble à sa sœur... C'était mince. Elle avait envie de le secouer pour qu'il reprenne ses esprits ou de le prendre dans ses bras pour apaiser sa tristesse. Cassandre se releva légèrement et posa une main sur les joues du lycan. Elle ne voulait pas trop s'imposer dans son espace personnel, de peur qu'il n'apprécie pas. Après tout, il lui avait demandé de partir au départ. Mais elle voulait être présente. Elle lui caressait délicatement la joue. Avant de lui répondre.

« Blérim. Écoute moi, ce n'est pas de ta faute. La mort de ta sœur est horrible et douloureuse, mais ce n'est pas de ta faute. N'oublie pas que c'est à cause d'eux, si tu es enfermé ici. »

Elle ne savait pas quoi ajouter pour argumenter. Parce que dans ces cas là, elle connaissait bien le poids de la culpabilité. Porter le poids de la perte des proches était usant, elle portait celle de la mort de son enfant et de son grand-père. Mais elle ne pouvait pas lui dire, que le temps allait l'aider. C'était tellement chiant ce genre de réponse toute faite.

« Je sais que c'est dur, mais ne les laisse pas t'enlever l'espoir. Ça se trouve, ils ont tout monté parce qu'ils savaient que t'essayais de monter une rébellion. Ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait des taupes dans le Ribcage. Ils nous ont presque tout pris ne les laisse pas gagner, Blérim... »

***

Bristol, février 2018

La rouquine était ravie de sentir le slave sourire à nouveau. Il avait retrouvé sa joie de vivre et son modjo. Sa joie était contagieuse. Cela lui donnait envie de faire la fête et de profiter de la vie. Et ça motivait la louve à se manifester. Elle aussi voulait profiter de la liberté. De pouvoir se mouvoir dans la forêt, de chasser comme avant... de vivre en somme. Sauf que pour l'instant on lui refusait cette possibilité. Elle apprécia le geste amical de Blérim. C'était vraiment cool d'avoir retrouvé son ami.

« Mes connaissances sont maigres dans cette ville, mais c'est des personnes de confiance. Je tâcherais de me renseigner. Faudra qu'on trouve un moyen de communiquer ou essayer de pas se perdre de vue, 'fin façon de parler. En tout cas, je serais un soutien moral, tu peux compter sur moi ! »

Le choix du Balkanique ne l'étonna pas. Puis il faut dire que les cookies se marient tellement bien avec la tequila. Avec n'importe quelle boisson aussi... Mais le but n'était pas de vider le bar d'Eris. Cassandre vogua jusqu'à la cuisine. Elle mit la main sur les cookies sans difficulté. Par contre, il lui fallait se concentrer plus pour la Tequilla. Reconnaitre un alcool parmi d'autre n'était pas aisé. Surtout avec une louve à fleur de peau qui exprimait son envie d'avoir sa place.S'appuyant sur le plan de travail, elle inspira un grand coup pour tenter de retrouver son calme. Blerim semblait avoir perçu son ingérence, en lui proposant la sortie qui fait rêver Cassandre.

« Hm. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée... »

Si. La meilleure. NON. Elle se débattait intérieurement, bon dieu que s'était épuisant. Elle ne rajouta rien, se contentant de chercher la bouteille de Tequila. Une fois cette dernière trouvée, elle la déposa à coté des cookies. Elle devait lui expliquer ou en tout cas, elle en avait envie.

« Oui ça lui ferait du bien et à moi aussi. Mais. » Il y a toujours un mais quelque part. Elle avait l'impression d'avouer une faiblesse au balkanique. Cassandre se retourna pour faire face à Blérim. « Mais je ne suis pas sûre de reprendre le contrôle si je la laisse sortir... Elle a tellement de colère, de rage, d'envie de liberté, que je ne suis pas sûre de reprendre le dessus sur elle. »

C'était comme une lutte permanent à l'intérieur, que l'animal en elle ne faisait rien pour la rassurer. Surtout qu'il n'y avait pas que ça.

« Puis je pourrais te créer des ennuis. Eris a localisé une puce dans mon corps. Elle est inactive pour le moment. Mais je crains qu'elle s'active dès que je me transforme. Et ainsi, ils me colleront au cul sans problème et pourront savoir avec qui je traine. »

Et lui pourrir la vie, encore et toujours..

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Fight or die

Cassandre & Blerim

Ribcage, 2017

« C'est ça ou aller en Albanie ! Je ne veux pas retourner là-bas ! »

Répond-t-il, dans un élan de colère, lorsque Cassandre essaie de le secouer un peu. Quelque part, Blerim sait qu'il est train de baisser les bras, de renier sa propre combativité, qui l'avait aidé, lui et d'autres, à tenir tout au long de ces derniers mois d'enfermement. Mais le lycan n'a pas trente-six choix. Il sait que la justice sera sévère avec lui dans son pays natal, sans parler du fait que les hommes de son oncle veulent tous le voir mort, sans aucun doute. Il suffirait d'un simple contact en prison, rien que ça. Là, dans le Ribcage, l'étranger n'a certes pas sa liberté et il est loin d'être heureux, mais il ne craint pas vraiment pour sa vie à longueur de journée. Bien entendu, la peur est tout de même là, au fond de lui, mais par rapport à ce qui l'attendrait en Albanie... Le lupin n'est pas du tout sûr que ça se passerait mieux là-bas, vraiment pas.

La main de Cassandre vient se poser sur sa joue, la caressant avec douceur. Quelque part, l'ancien trafiquant est content que la rouquine ne puisse pas le voir son visage et le reflet de sa peine dans ses yeux. Des yeux qu'il ferme pendant quelques secondes, alors que contact des doigts de la jeune femme sur sa peau lui fait du bien. La lycane lui dit que la mort de Drita n'est pas de sa faute, que c'est bel et bien à cause d'eux qu'il est enfermé ici, n'y pouvant rien pour venir en aide à sa petite sœur. Sauf que... Elle a tort, c'est en bonne partie à cause de lui que la vie de sa sœur a été détruite de la sorte. C'est à cause de son choix de se rebeller contre Dardan, c'est à cause de sa lâcheté, de son obéissance presque aveugle aux ordres de ce tyran. Pendant longtemps, bien trop longtemps. Il aurait dû préparer leur fuite, mettre de l'argent de côté, partir loin de l'Albanie, reconstruire leur ville quelque part en Europe ou même en Amérique. S'il l'avait fait... Peut-être qu'elle serait encore en vie, Drita. S'approchant de la louve, le Balkanique la serre soudainement dans ses bras, contrant au maximum son envie de pleurer. Il ne veut pas en parler, il ne veut pas se rebeller, il ne veut pas lutter. Il est tout simplement épuisé, brisé.

« Je veux pas parler... S'il te plaît. »

Dit-il en murmurant, sans lâcher la Britannique, comme si elle était sa dernière bouée de sauvetage alors que le monde entier semblait vouloir l'engloutir.

***

Bristol, février 2018

« Merci. Et oui, faut trouver un moyen ! Des téléphones secrets. Un endroit secret, peut-être... »

Blerim étire un large sourire. Il est content de retrouver Cassandre, vraiment. Un soutien moral, ça peut paraître insignifiant, mais pour lui, cela ne l'est pas, bien au contraire. Savoir qu'il n'est pas tout seul, qu'il peut réellement compter sur quelqu'un, c'est quelque chose qui lui fait énormément de bien, qui lui de l'espoir. Il avait cru qu'il ne le retrouverait jamais, mais la vie l'a bien surpris, positivement. L'espoir brûle au fond de lui, renforce son envie de se battre, d'aller de l'avant. De retrouver enfin sa sœur et de la protéger comme il aurait toujours dû faire. Cassandre lui propose alors à boire, histoire de fêter la bonne nouvelle. Cookies et tequila, le choix est parfait. La laissant alors se diriger vers la cuisine, l'Albanais finit tout de même par se lever, au cas où elle aurait besoin d'un coup de main.

Remarquant que son amie est plutôt tendue et voulant également passer du temps avec une louve, Blerim lui propose alors d'aller se balader dans la forêt et surtout, d'aller se dégourdir les pattes sous forme lupine. Contrairement à ce qu'il s'attendait, la rousse ne semble pas très enthousiaste à cette idée, ce qui lui fait hausser un sourcil, intrigué. Néanmoins, le blondinet ne rajoute rien, ne voulant pas la forcer. Mais dans le fond, il le sait - et elle aussi, sans doute - que plus elle tentera de garder sa louve enchaînée et plus celle-ci sera en colère. Lui-même se sent tellement mieux depuis qu'il laisse à son propre loup un peu plus de liberté, dans cette forêt près de la maison de Cassandra Cicéron, qui l'a accueilli depuis quelques semaines. Une véritable aubaine pour lui, pour son bien-être, pour sa santé mentale. Finalement, la lycane reprend la parole pour s'expliquer. S'asseyant à nouveau dans le canapé, Blerim la regarde et l'écoute, sans la juger. Quelque part, il la comprend. Après de longs mois enfermé au Ribcage, c'est normal qu'un lycan hésite à laisser un peu de contrôle au loup sommeille en lui. Ou qui enrage, plutôt.

« Je comprends. »

Si les paroles de Cassandre ne l'ont jusque-là pas étonné, celles qui suivent l'inquiètent réellement. Une puce dans son corps ? Qui s'activerait quand elle se transformerait ? Il aurait bien dû s'en douter qu'ils avaient implanté un truc dans son corps pour le suivre de loin. Le pire... C'est qu'il s'est transformé tellement de fois depuis sa sortie du Ribcage. Toujours dans la même forêt, toujours sans attaquer personne, du moins à ce qu'il sache... Le jeune homme passe une main dans ses cheveux, nerveux, avant de boire une longue gorgée plus que bienvenue de Tequila.

« Alors j'ai la puce aussi, moi ? Comment je peux savoir ? Je... Je me transforme depuis... des semaines, toujours dans cette forêt... Donc ils savent où je vais, tout le temps ? »

Et voilà, sa méfiance, sa paranoïa même, vient d'être activée aussi, telle une de ces puces que les scientifiques du Ribcage aurait implantées dans le corps des Aberrations qu'ils malmenaient.

« Comment Eris fait pour savoir ? Je veux savoir... Et je veux... enlever ce truc. Bordel de merde ! »

Désormais, lui aussi hésitera avant de se transformer en loup, pas possible autrement... A moins que cela ne change rien en fin de comptes. Après tout, les types de la CAA ont probablement eu le temps d'étudier tous les endroits où il est allé, le temps qu'il y a passé, les chemins qu'il a pris, sachant donc tout ce qu'il y avait à savoir sur ses fréquentations. Ou à moins... qu'il n'ait même pas de puce en lui, ou que celle-ci n'ait toujours pas été activée ? Comment être sûr ? Il faut vraiment qu'il trouve un moyen de localiser cette éventuelle puce et même l'enlever. Plus que jamais, il veut échapper au contrôle de ces tyrans. Et se battre de toutes ses forces contre eux, s'il le faut.

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Cassandre & Blerim

Ribcage, 2017

« Et je ne veux pas que tu partes » murmura-t-elle dans un murmure en réponse à la colère. Non, elle avait déjà perdu d’assez de soutiens et de proches, qu’elle ne voulait pas que Blerim part. Sa peine serait immense si un beau matin, le lycan n’était plus dans les parages. Sauf s’il avait trouvé le moyen de s’échapper, quoiqu’elle serait triste et en colère de pas faire partir de l’évasion.

Mais elle était aussi peinée de voir qu’il était prêt à baisser les bras. Ils avaient gagné pour le moment. C’était injuste. Mais elle comprit que pour l’instant, cela ne servait à rien d’essayer de rallumer la flamme de rébellion du loup. Sa peine était trop forte et fraiche pour quoique ce soit. Elle le ressentait au fond d’elle tout comme elle sentait que le lycan se rapprocha d’elle. Mais elle ne bougeait pas, restant prête pour soutenir Blérim, ce qu’elle fit quand il la serra dans ses bras.

A son tour, ses bras le serrèrent contre elle, montrant qu’elle était là pour lui, pour le soutenir face à cette douleur. Pour la première fois depuis le début de la conversation, elle accepta de l’écouter et de ne plus lui poser de questions ou de le faire réagir. Elle savait que ce n’était pas le moment, que pour l’instant elle devait juste être là pour lui telle une bouée. Cassandre se déplaça juste un peu afin de s’allonger à côté de lui sur le canapé, ainsi la position serait plus facile à garder. Se souvenant des gestes réconfortants qu’elle appréciait quand elle était enfant, elle passa ses mains dans les cheveux. Restant là sans bouger, attendant que le réconfort fasse effet, respirant profondément pour qu’il puisse s’apaiser et se laisser aller.

***

Bristol, février 2018

Tel des agents secrets, ils devront trouver des stratagèmes pour arriver à rester en contact sans se faire chopper. Cela pourrait presque amusant, si leurs vies n’étaient pas en jeu. Cassandre parla de la puce à son ami, expliquant ainsi sa réticence à se transformer, alors qu’elle en avait besoin. Mais elle avait tellement peur de s’attirer encore plus d’emmerdes et de nuire à ses soutiens potentiels.

La nervosité de Blérim ne passa pas inaperçu et elle fut compréhensive pour la louve. Elle avait eu plusieurs semaines pour se faire à l’idée.

« J’sais pas. J’ignore si ce dispositif concerne toutes les aberrations, ‘fin celle passait par le Ribcage ou si je suis l’heureuse élue de cette merde. Ça se trouve tu ne l’as pas et ils ne savent rien de toi, enfin rien depuis ta sortie ou ils ont tracé tes moindres mouvements. J’en ai aucune idée. »

La louve était toujours énervée de savoir ce dispositif en elle sans savoir la finalité du truc. C’était frustrant.

« Après peut être que tu n’as pas la puce ou sinon ça se trouve la puce n’est pas là pour nous localiser mais pour nous contrôler si jamais il y a un souci. »

Un excellent moyen persuasif de contrôler les foules supposées dangereuses.

« Elle l’a su grâce à un scanner portatif. Mais j’sais pas où elle le range et comment l’utiliser… Je pourrais lui demander, l’emprunter et te scanner ? »

Quelle proposition fun pour une prochaine rencontre, viens laisse-moi te scanner mon petit. C’était presque amusant.

« Par contre, je l’ai toujours. Elle ne peut pas me l’enlever facilement ou sans s’attirer d’emmerdes ni pour elle ni pour moi. »

C’était la loose totale.

« Désolée, tu viens avec une bonne nouvelle et moi je t’apporte une nouvelle sans plus de détails. Après il reste un moyen de savoir pour la puce. »

Un moyen qu’elle avait repoussé depuis des jours mais elle ne voyait pas d’autres solutions à l’heure actuelle. Parce que cela pouvait lui ramener un paquet d’emmerdes au cul et qu’elle en avait sa soupe. Mais de pas savoir et ne pas pouvoir se transformer à sa guise, ça n’allait pas durer longtemps, sauf si elle se droguait à nouveau pour contrôler la bête.

« Pour l’instant, les seules infos qu’on ait c’est que j’ai la puce et qu’elle est inactive. Donc pour tester, on pourrait trouver un endroit isolé en forêt, loin de tes habitudes, je me transforme. Ce qui ne sera pas dur. Et on voit ce qui se passe. Si les agents se ramènent c’est que la puce a été activé. Si non, bah on n'est pas plus avancé alors. Parce qu’elle a pu être activé mais sans qu’ils interviennent pour le moment ? »

Trop de paramètres qui lui échappaient totalement.

« Après c’est risqué. Soit ça permet aux gusses de me localiser sans souci et ils viendront pour me chopper, soit j’ai déclenché la balise et ils pourront tracer mes moindres déplacements. Soit il ne se passe rien et on n’est pas plus avancé. Soit je n’arrive plus à reprendre le contrôle de la louve et dans ce cas… bah ça règlera certains problèmes. Ça pourrait aussi les amener à toi. Même si je pense qu’ils connaissent déjà notre lien depuis le Ribcage. Mais je refuse de t'attirer d'autres ennuis »

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Cassandre & Blerim

Bristol, février 2018

Blerim est tendu, son regard orageux. La bonne humeur qui l'animait jusque-là a été complètement balayée par le choc qui a suivi les paroles de Cassandre. Une puce dans son corps, activée dès qu'il se transformerait ? Un moyen pour les tyrans de la CAA de continuer à le contrôler, de savoir où il va et avec qui il traîne ? Cette idée lui déplaît fortement, rien à dire là-dessus. Il sent son loup inquiet, se rapprochant dangereusement de la surface. Le jeune homme boit une gorgée de Tequila, ferme les yeux pendant deux secondes, tente de se calmer, de reprendre le contrôle. Il ne manquerait plus qu'il se transforme ici, chez Cassandre, ou plutôt chez cette Eris qui bosse pour la CAA. Non, vraiment, il a intérêt à ne pas déraper.

Mais une chose est sûre, le lycan a besoin de réponses. Il a besoin de savoir si elle cette saloperie en lui, activée ou non. S'il en a réellement une et que ça s'active à chaque fois qu'il se transforme, eh bien, ça fait des mois qu'ils le surveillent, sans doute. Depuis qu'il a été accueilli par Cassy, il a un peu baissé ses gardes et profité du fait qu'il y a une forêt tout près pour pouvoir laisser libre cours à son loup. Goûter à la liberté après de nombreux mois enfermé au Ribcage. Est-ce qu'il regrette de l'avoir fait ? Non, bien sûr que non. Parce que cela lui a fait du bien. Ça l'a aidé à se reconstruire, à se sentir revivre. Regagner des forces pour chercher sa soeur, pour se battre contre la peur et le désespoir. En plus, il n'a fait du mal à personne... Mais s'ils le voulaient, les types de la CAA pourraient aisément trouver une excuse pour l'accuser d'être une menace pour l'humanité, l'Albanais n'en doute pas une seule seconde. Ils le dégoûtent, viscéralement. Bande de sales rats.

Le regard clair du lycan se pose brièvement sur la lycane, qui lui parle d'un scanner portatif, un truc dans le genre. Il ne voit même pas de quoi il peut bien s'agir, et il n'a pas la moindre idée de comment ça marche. Nerveux, Blerim serre la mâchoire, sans rien dire. Son regard clair voyage partout dans le salon, alors qu'il serre fermement le verre entre ses mains de plus en plus tremblantes. Cette liberté temporaire, pendant laquelle on l'a laissé tranquille, cette paix... Ça ne pouvait pas durer. Et il le savait, il l'a toujour su. Mais c'est une chose de le savoir et une autre de voir ses peurs se matérialiser devant ses yeux. Le fantôme du Ribcage est de plus en plus tangible. Une question de temps. A moins qu'il ne devienne un fugitif. Qu'il se cache quelque part, pour pouvoir continuer à chercher Drita, maintenant que l'espoir brûle à nouveau en lui. Cassandre poursuit, soulève plusieurs hypothèses, plusieurs possibilités. Aucune d'entre elles ne le rassure, bien au contraire.

« Et tu vas lui dire quoi ? Que... Tu veux jouer avec ? Ou aider ton ami lycan ? Elle bosse pour la CAA, bordel... Fais pas confiance. »

Il soupire. L'ancien trafiquant ne fait pas confiance à Eris, c'est pas la peine. Il est sûr que si elle apprenait qu'il est au courant pour la puce, elle le dénoncerait à ses supérieurs... Et là, les choses ne s'arrangeraient vraiment pas pour lui. Ni pour elle, qui a toujours cette puce en elle et qui ne peut pas l'enlever sans avoir de problèmes. Blerim passe une main sur son front humide, avant de s'affaler dans le canapé.

« Non... C'est pas ta faute. »

C'est cette histoire de CAA et de Ribcage qui l'a mis dans cet état, pas le fait que ce soit elle qui lui ait donné la mauvaise nouvelle. Quelque part, ce n'est pas plus mal d'être au courant, sait-on jamais. Le blondinet relève les yeux vers son amie lorsqu'elle évoque une autre moyen de savoir pour la puce. L'étranger devine assez rapidement de quel moyen il s'agirait. Enfin, pour elle, qui est sûre d'en avoir une... Quoique, peut-être qu'il ne se passerait rien, en fin de comptes. Pour le savoir, il faudrait vraiment prendre le risque. Et Cassandre n'en est pas tout à fait sûre. A vrai dire, le lupin peut parfaitement la comprendre. Surtout que cela fait des mois que sa louve n'a plus connu la liberté...

« Je sais pas... Si tu veux, on peut faire ça ensemble et je t'aide. Je me transforme depuis novembre et rien se passe, alors... J'ai pas la puce ou alors... ils font rien si tu tues personne. »

Dit-il en haussant les épaules.

« On sait rien, là... Donc on prend risque et on sait, ou on fait rien et on a peur pour toujours. S'ils contrôlent toi et moi, ils savent déjà que nous sommes ensemble, nous sommes amis. On est amis au Ribcage aussi... Ils savent déjà. Alors si tu veux, on peut faire ça ensemble. J'ai pas peur, moi. Fuck them. »

De toute façon, leur liberté est temporaire, non ? Autant en profiter tant qu'ils le peuvent.

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Cassandre & Blerim

Bristol, février 2018

Cette histoire de puce avait accaparé leurs pensées et leurs attentions. Mais il aurait été difficile de faire comme si de rien. Depuis qu'elle avait appris l'existence de cette merde, elle n'avait cessé d'y penser. Cela l'avait même empêchée de vivre comme elle le voulait. Encore une fois ils avaient trouvé le moyen de lui pourrir la vie alors que la puce n'était pas activée. Elle n'osait imaginer ce que ça serait si ce bordel s'activait. Et malgré lui, Blérim avait été embarqué dans cette galère. Au moins, il était au courant du risque potentiel qui flottait au-dessus de sa tête... Cette inquiétude agissait sur l'animal. La colère de la louve était de plus en plus palpable et influait sur Cassandre. Serrant les poings, elle luttait pour garder le contrôle. Elle ne pouvait pas le perdre ici en plein centre-ville.

A tâtons, elle se servit un peu plus de tequila et alla s'installer à côté du lycan. Elle aimerait l'aider tout en s'aidant elle-même. Mais cela n'était pas simple. Avant même qu'il répond, elle savait qu'elle chercherait elle-même le scanner portatif et qu'elle essayerait de s'en servir. Chose qui n'était pas gagnée, mais elle essayerait afin de pouvoir lui apporter des réponses.

" Je trouverai quoi lui dire, le moment venu... Si je lui dis que c'est pour un truc sexuel, peut-être qu'elle poserait moins de questions... Je sais pour qui elle travaille, je ne l'oublie pas. Je sais bien qu'à l'heure actuelle, elle est surement en train de faire son job, c'est à dire chasser une aberration."

Mais elle sait qu'elle pouvait lui faire confiance, mais que pour sa propre vie. Si elle lui demandait de ne pas faire de mal à Blerim, Cassandre serait incapable de savoir si Eris l'écouterait. Compartimenter les connaissances pouvait s'avérer salutaire pour la survie de tous.

« Un peu quand même, je suis l'oiseau de mauvais augure qui vient te rappeler que notre liberté est précaire. Mais en vrai c'est les salopards qui ont décidé qu'on devait être en cage, les coupables. »

Sa propre proposition était risquée, mais elle devait savoir. Elle ne pourrait pas rester des semaines dans cette incertitude, ni sans se transformer. Maintenant que l'inhibiteur ne faisait plus son office, maintenir le contrôle était plus compliqué. La rage finirait par se déverser un moment inopportun en faisant du dégât. Elle le savait. Mais elle avait peur de se retrouver enfermée après. En même temps, sa liberté était précaire, elle le savait. Les paroles du lupin la firent sourire. Elle était contente de l'avoir à ses côtés pour cette expérience, malgré le danger.

« J'ai pas peur d'eux, mais de perdre cette liberté et de ne pas bien supporter cette perte à nouveau. Mais, je ne pourrais pas l'enfermer indéfiniment surtout avec l'effet de la drogue qui est parti. Ça serait l'enfer à gérer et ça ferait comme si j'étais toujours enfermée... Alors d'accord. »

Dit-elle avant de finir son verre cul sec.

« Prenons le risque. On sera fixé. Et si ça se passe mal, on pourra toujours bouffer ceux qui se mettent en travers de notre chemin. »

Une lueur lupine traversa les émeraudes de Cassandre, accompagné par un sourire carnassier. Inutile de préciser que la louve était ravie du programme. La rouquine sentait son impatience et elle aussi avait envie de retrouver la forêt pendant un temps.

« Ça te dérange, si on y va tout de suite ? Ou il serait peut-être préférable d'attendre la nuit. Mais je suis pas sûre de vouloir attendre encore trop longtemps.. »

Clairement, Cassandre n'avait qu'une envie, sortir de cet appart' et laissait libre court à cette chose qui vivait en elle. En même temps, elle se demandait si elle devait laisser un mot à Eris pour lui expliquer la situation. Mais elle ne préférait pas. Les explications viendront à son retour, si elle revient. D'ailleurs, elle se leva pour ranger la tequila et piqua un cookie. Entre deux bouchées, elle redemanda à Blerim.

« Tu es sûr de vouloir m'accompagner ? Sinon je peux faire ça toute seule et je te tiens au courant du résultat ? » Un autre morceau de cookie engloutit, avant qu'elle ajoute. « Faut que j'pense à prendre un sac pour les fringues, j'ai pas envie qu'on les perdes et qu'on déambule à poil. Même si on fait des chouettes rencontres après. »

Souvenir de leur rencontre dans une époque plus calme qu'actuellement.

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Cassandre & Blerim

Même si l'inquiétude et la colère brûlent toujours au fond de lui, Blerim pousse un léger sourire amusé lorsque Cassandre lui répond qu'elle dira peut-être à Eris qu'elle veut le fameux scanner portatif... pour un truc sexuel. Ouais, peut-être que l'autre posera moins de questions après. Ou bien ce sera l'inverse, va savoir. En tout cas, Blerim se méfie de la jeune femme, étant donné qu'elle travaille pour la CAA. Il espère donc que la lycane en fera autant, pour son bien. Heureusement, la rouquine ne semble pas avoir ce qu'Eris fait, ce qui rassure un peu l'Albanais. Puis elle s'excuse pour lui avoir donné cette mauvaise nouvelle alors qu'au départ il était venu pour lui en donner une bonne. C'est indéniable que cela a un peu brisé l'ambiance, mais le blondinet ne lui en veut tout de même pas. Leur liberté est précaire, et même s'il a essayé de vivre normalement tout au long de ces dernières semaines, il l'a toujours su. Non, les vrais coupables, ce sont les Abrutis qui ont décidé d'enfermer toutes les créatures dans un ghetto hyper sécurisé, comme s'ils n'étaient que du bétail. L'ancien trafiquant ne dit plus rien, son regard perdu dans le vague. Mais son soupir ne ment pas, il est bien d'accord avec son amie.

Puis une possibilité est soulevée : celle de se transformer pour savoir. C'est un risque, surtout que Cassandre sait déjà qu'elle a cette puce inactive en elle. Lui, il ne sait même pas s'il en a une ou non. Si c'est le cas, est-ce qu'elle s'est activée dès qu'il s'est transformé pour la première fois depuis sa sortie du Ribcage ? Ou bien il n'en a pas et c'est pour cela qu'on l'a laissé tranquille jusque-là ? Blerim n'en sait rien, et c'est particulièrement frustrant. Alors oui, c'est un risque, mais le lycan est prêt à le prendre, aux côtés de Cassandre. De toute façon, leur liberté est temporaire, non ? Autant en profiter pour laisser leurs loups respectifs se dégourdir les pattes tant qu'il le peuvent... Parce que ce ne sera pas au Ribcage qu'ils pourront le faire, hein. Blerim regarde la jeune femme, qui sourit suite à ces paroles. Des paroles qui semblent avoir fini de la convaincre, pour la plus grande satisfaction du loup qui sommeille en lui et qui voulait bien que la louve l'accompagne.

« Ouais ! »

Répond-t-il avec un sourire taquin quand Cassandre lui dit qu'au pire, ils n'auront qu'à bouffer ceux qui se mettraient en travers de leur chemin. Les yeux du Balkanique passent au jaune pendant un instant, tandis qu'un frisson d'excitation parcourt son corps. Le but n'est pas de tuer qui que ce soit, bien entendu, ce n'est pas comme si leur situation n'était pas déjà assez compliquée. Mais l'excitation de la chasse, l'idée même de laisser leurs loups en liberté est particulièrement grisante. Ainsi, lorsque la rousse lui demande si ça le dérange qu'ils y aillent tout de suite, Blerim ne peut que répondre affirmativement. Même si la nuit, ce serait moins risqué, sans doute.

« Non, ça va. Je veux y aller avec toi. Et cool si c'est maintenant, je veux pas attendre. »

Il a fait son choix, il veut y aller. Lui il s'est déjà transformé plusieurs fois et jamais on l'a embêté pour ça... Mais Cassandre, il ne sait pas. Alors il veut être là pour elle. Parce que c'est son amie, presque comme sa deuxième soeur. Tant pis si les types de la CAA viennent, il sera là pour la soutenir et la protéger. Un doux rire s'échappe de la gorge du lycan lorsque la Britannique évoque leur première rencontre dans la forêt, complètement à poil. Ce jour-là, jamais il n'aurait imaginé que cette femme, la première femelle lycane qu'il ait jamais vue de sa vie, deviendrait un jour son amie dans une période aussi sombre que celle qu'ils vivent depuis la Révélation...

« Oui. On a besoin de fringues... Bonne idée. »

Au moins comme ça, ils auraient l'air un peu plus décents si jamais des membres de la CAA débarquaient en force.

« Si tu veux, il y a une forêt près de chez moi. Enfin, chez les gens qui m'accueillent. Et puis, y'a personne à la maison en ce moment, on est tranquille. Mais on peut aller ailleurs aussi, si tu veux... »

Du moment qu'ils puissent laisser leurs loups courir et savourer cette liberté retrouvée, ça ira pour lui. Il n’y a rien de mieux que cette sensation, rien d’autre ne le fait se sentir aussi vivant. Mais combien de temps cette liberté durera-t-elle ?

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Cassandre & Blerim

Bristol, février 2018

Sortir de cet appart et aller en pleine forêt, étaient une joyeuse perspective pour ma jeune femme. C'était ce qui lui manquait le plus. Certes, c'était se mettre en danger, mais elle ne pouvait pas rester planquer sans savoir toute sa vie. Elle devait savoir. Avoir le soutien de Blerim était un élément important dans l'équation. Sans lui, elle n'aurait pas franchi le pas aussi tôt. Mais le fait de savoir qu'il était là et pouvait couvrir ses arrières, était une chose rassurante.

Cassandre sentait une nouvelle énergie parcourir son corps depuis qu'elle avait pris la décision. Tel un immense soulagement qui s'invitait à la chimie de son corps et à l'impatience de la louve. Elles allaient sortir de cet appartement. Prendre l'air. Respirer à l'air libre.

La louve savait qu'elle avait beaucoup de chance d'avoir Blérim à ses côtés pour l'épauler. C'était inestimable. Elle s'en voulait de le mettre en danger, mais seule, l'acte aurait été beaucoup plus effrayant, surtout dans une ville inconnue. Cassandre rebouchait la tequila. Puis elle chercha le sac. Après plusieurs tâtonnements, la recherche fut fructueuse.

« Franchement, on va où tu veux ! Je n'ai pas beaucoup de repères dans cette ville. »

La Louve se fiait au slave, elle n'avait pas vraiment d'autres choix. Être dans une ville complétement inconnue avait un coté flippant et in-sécurisant. La lycane détestait de pas maitriser son territoire, elle n'avait la main sur rien, surtout que les ennemis ne manquaient pas à l'appel. Cela lui donnait une idée.

« D'ailleurs, avant qu'on se jette dans la gueule du loup, tu pourrais peut-être me montrer quelques endroits de Bristol, ceux qui sont à peu près safe ou ceux à éviter. J'aimerais bien avoir quelques repères dans cette ville. Si ça ne te dérange pas. »

Il y avait peut-être un meilleur guide pour découvrir cette ville. Mais elle était sûre que Blerim ferait l'affaire pour l'instant. Puis au moins, il n'allait pas l'attirer dans un piège, à moins que ce soit cette puce de malheur qui attire les mecs du C.A.A. Cassandre se rapprochait de son ami.

«Prêt pour cette p'tite promenade en ville et en forêt ? Cette virée va me faire du bien, passer du temps en dehors de quatre murs avec un super pote. »

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RP TERMINÉ !

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