Paint It Black ♠ Skyler & Edana

Ses talons claquaient sur le sol blanc du centre du Ribcage. Ses yeux dévoraient l'envers du décor, imprimaient chaque possible sortie. Le moindre vis passait sous son scanning et les saphirs glaciales défiaient quiconque de la détourner de la tache qu'elle s'était fixée. Sa ville avait péri sous ses yeux. Rasée, devenue inexistante. On l'avait privée de ses origines, de son destin, de ses proches. On l'avait enfermée quelques temps avant de la relâcher sous l'influence de certains membres du Conseil qui lui étaient restés fidèles. Mais ils n'avaient aucune idée de ce qu'ils avaient déclenché. La rage entachait chacun de ses actes, la manipulation marquait chacune de ses actions. Et Edana n'était pas connue pour passer l'éponge facilement sur la trahison. Des têtes tomberaient un jour ou l'autre pour la disgrâce dans laquelle elle et les siens se trouvaient désormais. Mais l'intelligence et la ruse la poussaient à se trouver des alliés dans cette quête de vengeance. Oh, douce Bristol, l'enfer avait atteint tes portes et tu n'en avais aucune conscience. Mais désormais, elle se trouvait dans tes entrailles et doucement ses flammes se dispersent. Et l'Apocalypse elle-même s'approche de ta pauvre candeur pour la réduire en cendres.

Un sourire éclaira faiblement son visage tandis que les orbes bleues se posaient sur le guide qui présentait les lieux. Ses collègues journalistes hochaient de temps à autres la tête, prenant des notes tandis que la brune tient fermement son dictaphone en main. Ses yeux impriment les traits de chacun des êtres présents dans la pièce, son cerveau retient les noms, les expressions, les réflexions. Pour cerner ceux qui seraient peut-être épargnés. Ils n'avaient réellement aucune idée d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie. Son apparence d'agneau l'avait peut-être sauvée de l'enfermement dans le Ribcage mais à longs termes la brune savait qu'il lui fallait être d'une patience d'ange pour pouvoir atteindre son but. Ses lèvres s'étirèrent davantage dans une séduction parée et préparée, avant qu'une voix d'un miel incroyable ne s'élève.

« Nous avons donc champ libre pour mener des interrogations auprès des résidents du centre, n'est-ce pas ? Sans aucune restriction ? »

L'homme se contenta d'acquiescer à la demande de l'accompagnatrice de l'aristocrate. Oh, Abigail savait ce qu'il lui restait à faire, c'était certain. L'une comme l'autre n'avaient qu'une seule envie, c'était exposer ces horreurs pour ce qu'ils étaient. Et montrer qu'ils n'étaient pas que des cloportes qu'ils pouvaient écraser. Il les mena alors à la salle commune, où trônaient télévisions, tables, fauteuils, baies vitrées tamisées pour empêcher les u.v de rentrer. L'humaine leva les yeux au ciel avant de tirer son sac contre elle et d'y glisser son dictaphone. La jeune femme s'élança alors dans la salle, cherchant sa proie du regard. Ses recherches avaient été, jusqu'à présent, fructueuses et les archives qu'elle avait pu sauver de Réversa – pour lesquelles on la tuerait sans aucun doute si on avait connaissance de ce méfait – lui avaient permis de pouvoir retrouver ici ceux qui pourraient lui être d'un quelconque intérêt.

La brune finit par s'asseoir face à un jeune homme blond, et croisa les jambes en se raclant la gorge pour garder son attention. L'ancienne conseillère de la défunte ville souffla ensuite.

« Avant toute chose, gardez votre calme. Essayez de ne pas nous trahir, parce que nos deux têtes pourraient tomber et je tiens à la mienne. J'ai besoin de vous, Skyler.»

L'aristocrate déposa un carnet et un stylo devant elle et continua, tout en prenant soin d'écrire par la même occasion.

« J'étais conseillère à Réversa. J'ai particiler à la création de ces associations venant en aide aux Nocturnes et aux Humains. Notre ville était soi-disant peuplée de monstres mais la vérité c'est que nous n'étions que des agneaux en comparaison à tout ce qu'ils nous font désormais subir. J'ai suivi d'aussi près que possible votre dossier. Je sais ce qu'il vous est arrivé. Et j'ai besoin de vous pour collecter des preuves, écrire des articles pour les dénoncer. Pour faire tomber ces ordures. »

Son stylo resta quelques instants en l'air tandis qu'elle croisait le regard du blond.

« Est-ce que vous êtes prêt à m'aider ? »