Allo Dr Bobo

Des sons arrivent jusqu’à moi.
C’est flou.
Des bips.
Des voix lointaines.
Des murmures parfois.
Je sens quelqu’un qui me touche.
Qui me pique dans le bras.
Je me sens retourner sur le côté.
Et une voix qui me dit qu’elle va me laver le dos.
Puis les fesses.
Puis je sens de nouveau mon dos sur le drap.
Rêche.
Froid.
Puis chaud.
Et on remet un tissu sur moi.
Je sens des mains habiles, sûres.
Aucun geste de trop.
Rapide.
Efficace.
Doux.


Et je sens le soleil fleurter avec ma peau exposée aux rayons.
Et je ne sais plus ce qu’il s’est passé.
Des bribes reviennent.
Une soirée.
Edana.
Cassandre.
Des inconnus aussi.
Baxter.
Une vampire.
De l’alcool.
Pourtant pas trop.
Toujours ces bips entêtants.
Enervant.
Mal de tête.
Et des bruits de plastiques sur la droite.


Je suis où ?
Quelle heure est-il ?
Ces odeurs …
…de maladie…
… de produits…
Toujours ces bips.
Et ces voix…
Et ces mains…
Ce ne sont pas les mêmes, elles sont plus rudes, plus rugueuses.


Je me réveille lentement. Je n’ai aucune notion du moment où je suis, du lieu où je suis allongé. Je ne connais pas les voix. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. J’ai la bouche pâteuse. Une voix féminine me parle. Ses mots sont nombreux et compliqués. Et puis plus rien. Toujours ces bips.

J’entrouvre les yeux et la lumière du jour me blesse. Mes paupières sont presque closes pour que mes pupilles s’adaptent à l’environnement. Il ne fait pas trop chaud par ici. De toute manière, c’est la canicule dehors. Et puis enfin j’arrive à regarder autour de moi. Les meubles sont en plastiques ou en métal, aseptisé, tout est rangé à la perfection. Une chambre d’hôpital comme tant d’autre. Un infirmier cogne à la porte, et entre. Il baragouine beaucoup de chose que mon cerveau a dû mal à comprendre et à analyser…soirée…empoissonnement…rire…délire…évanouissement.


Voilà deux jours que je suis à l’hôpital. Je n’ai rien eu de grave, mon corps a mis du temps a évacué le poison introduit dans les boissons de la soirée. Aux informations, qui passent régulièrement à la télé, ce serait un coup d’un groupuscule. Personne ne le sait vraiment. Plusieurs personnes ont subi son pouvoir et ont été hospitalisées. Tout le monde a vu un médecin.

Je grogne d’énervement. Je déteste être pris dans les feux des combines politiques. Je les mène à point c’est tout. Pourquoi ai-je eu l’envie d’y aller ? Pourquoi s’être détendu et baissé la garde ? Voilà comme un humain peu se retrouver mis KO sans avertissement ! Dans une ville où le surnaturelle côtoie les créatures mystiques et puissantes, il ne fait pas de bons os de se faire piétiner. Il faut s’avoir se protéger au mieux et assurer ses arrières par la ruse que la force. Parce qu’elle, je ne l’ai pas, comme les pouvoirs, comme beaucoup de choses. J’ai l’argent, l’intelligence, les réseaux…mais non, pas de bouclier à toute épreuve.

L’infirmier vient me voir dans ma chambre. Tout va bien, je peux sortir. Il me fait le point, me dit toutes les consignes à suivre, les symptômes à faire attention, les prochains examens. Son médecin doit passer me donner les ordonnances et les dernières consignes. Il est 14h. Mais le temps tourne, et le personnel médical est aux abonnés absents. Je sonne avec le matériel adéquat pour en savoir plus. L’équipe soignante ne sait pas. La chef de service doit arriver mais ils ne savent quand. Il est 21h quand enfin j’aperçois ladite responsable. On m’avait oublié devrait me suffire comme excuse. Mes yeux jettent des éclairs et des envies de meurtres me démangent. Mais je ne fais rien et garde mon masque habituel d’aristocrate bien élevé au-dessus de tout cela et surtout au- dessus de ces sous-fifres. Arrogant et désinvolte, je claque de la langue pour remettre cette pimprenelle pour lui rappeler le sens des priorités quand il y a un des plus gros donateurs dans son service. Elle fulmine. Je souris narquoisement.

Je sors avec les affaires avec lesquelles je m’étais rendu à la soirée. Il fait noir au dehors, et je n’ai pas envie d’appeler qui que ce soit pour me raccompagner. Le nouveau conseil a décrété un couvre-feu mais j’ai des papiers prouvant que je viens de sortir. Cela devrait suffire pour expliquer que je rentre chez moi.

Pourtant, il semblerait que ce ne soit pas mon jour…mes jours de chance. Au détour d’une rue, quelque chose me heurta de plein fouet. Je me sens propulsé dans les airs et atterrir comme un ballot de paille dans une flaque immense. Ma tête heurte le sol. Je m’évanouis.