Oops you did it again | Ezechiel

Quand tout va bien, les matinées se ressemblent. Un luxe que tu sais apprécier depuis l'invasion de la – supposée – fiction dans la réalité. Ses effets positifs n'annulent pas l'obscurité qu'elle a, malgré sa mise en lumière, apportée. Contraste perturbant, te tiraillant souvent entre des émotions contradictoires. Pourtant, tu sais que la vie est ainsi faite. D'un clair-obscur aux teintes infinies. Le procédé paraît ici exacerbé. Plus puissant. Plus violent. Parce que c'est une révolution historique. Parce que c'est le principe de leur nature, à ces créatures surnaturelles. Sauf que l'argument biologique ne te plaît pas, ne te satisfait pas. On lui fait dire tout ce qu'on veut, à la biologie. Mais il n'y a pas de contraste aujourd'hui, pas d'infos pour te rendre anxieux, pas d'événement glauque dans ton quartier pour te donner envie de rester cloîtré chez toi. Un matin presque comme avant. Un lever difficile, un petit déjeuner tranquille, un footing sans encombre.

La veille, t'as un peu picolé, alors ça te fait du bien, tout ce calme. Même s'il n'est qu'apparent. Ça te laisse émerger en douceur. Te fait rester un peu plus longtemps dans le coton confortable de ton esprit. Le bonus, c'est que tu n'as pas non plus bu suffisamment pour te payer une gueule de bois. Du moins, tu crois avoir l'esprit clair.

Un peu avant dix heures, t'arrives au magasin pour l'ouverture. Tu commences à te poser des questions quand t'aperçois une trace de sang sur un mur. Pas un truc digne d'un film d'horreur, juste une tache qui ressemble à rien. Ça se rapproche plus d'un thriller, peut-être, avec ton cœur qui commence à battre plus vite. Sur ton mur blanc, l'hémoglobine se démarque particulièrement bien. Malheureusement, tu sais à quoi ressemble du sang séché, même sur un mur. Du coup, tu sais le reconnaître aussi sur une poignée de porte – celle qui mène à la partie café. Au moins, on aura pas massacré tes jeux. Merci, inconnu exsangue. Par contre, ton stock de boissons... Est-ce que tu vas seulement trouver quelqu'un de vivant ? Trouver quelque chose tout court ? Oui, t'espères que quelqu'un est entré chez toi, a foutu du sang à certains endroits puis est gentiment reparti. C'est beau, l'espoir. Comment il est entré sans signe d'effraction ? Espoir, on a dit, pas logique. Ou tu as encore l'esprit altéré par l'éthanol. Mais t'y crois pas trop. Pour une fois, ce serait sacrément une bonne nouvelle. Pour revenir à la première option, franchement, ça te dérange pas que ce soit une autre personne qui ait déplacé le blessé, voire le corps, tant que ces traces soient les seules marques de leur passage. Qu'on te mêle pas à une quelconque affaire sordide – au mieux.

Tu bouges pas, retiens ta respiration. T'écoutes, en attente d'un bruit qui contredirait tes vœux. Pas un son, pourtant ta sensation de danger ne s'estompe pas. Au contraire. Tu finis par inspirer un bon coup et déverrouiller la porte. Avec un juron étouffé dans ta barbe, tu tires sur ta manche pour baisser la poignée. Tant que tu sais pas à qui il appartient, t'y touches pas, à ce sang. T'ouvres le battant d'un geste sec en restant sur ta position. Malgré tes craintes, tu hausses la voix:

« Hé ! Il y a quelqu'un ? »

T'aurais jamais ouvert cette porte s'il n'y avait pas cette sensation familière, propre à ton opposé. Et si tu as une certaine confiance en lui, tu n'es pas aveugle sur ce qu'il est capable de faire, dans quelles situations il peut se mettre. T'es pas tombé sur le geek sympa qui poignarde uniquement dans les jeux de rôles. Tant pis pour la matinée banale.

Oops you did it again

ft.Cash

Être la proie. Chose inhabituelle. D'habitude c’était lui le chasseur. Mais en cette fin de nuit l’action était inversée. Des rédempteurs étaient sur sa trace. Tout s’était mal goupillé cette nuit. Entre une livraison qui avait foiré à moitié, et des chasseurs qui étaient à ses trousses. Il aurait dû rester chez lui. Mais le russe ne s’était pas laissé faire, ripostant, rendant coup pour coup. L'affrontement avait été âpre. Il réussit à s’en sortir en alignant quelques gars. Les renforts arrivaient. Ils allaient être en sur nombre par rapport à lui. Surtout que pour le coup, personne n’était venu à son aide. Mais il n’avait pas l’habitude d’appeler à l’aide. Il ne laissait pas abattre au sens propre comme au figuré. L’adrénaline du combat était la meilleure drogue qu’il connaissait. Le gout du danger, l’agilité des coups, l’odeur du sang qui finissait toujours par couler. Cela lui rappelait la guerre. Une époque révolue, mais cette ville lui offrait des occasions régulières de combat. Entre ceux qui voulaient buter des aberrations et ceux qui cherchaient à prendre son business, cela ne manquait pas d’action.

L’aube arrivait. Ce n’était plus le moment de flâner dans les rues de Bristol. Fini de s’amuser, il laissa les agents à terre, sans se soucier s’ils étaient blessés ou morts. Lui-même était blessé, à l’épaule et à la cuisse. Vu l’heure, son état, il n’avait pas le temps de rentrer dans une de ses planques, surtout avec les patrouilles de rédempteurs, ces saloperies inventées pour leurs pourrir la vie. Puis il ne voulait pas les entrainer chez lui. Il était hors de question, qu’il passe la journée dehors. Pour l’instant l’adrénaline couvrait la douleur, mais une fois la tension évacuait, le contre coup de la douleur serait fort. Boitillant, sur ses gardes, passant d’un coin sombre à l’autre, il avait trouvé son refuge provisoire.

La clé du lieu sortit de sa poche lui permit d’entrer et de la verrouiller sans éveiller les soupçons du voisinage. Une fois entré, il s’adossa à la porte, vérifiant qu’il n’y avait personne qui l’avait suivi et personne à l’intérieur. Il savait que le bar était fermé à cette heure-ci, il serait tranquille quelques heures. Avant de pouvoir se reposer, il devait faire l’état des lieux de ses blessures. Il ne risquerait pas d’en mourir, mais la perspective d’être affaibli lui était détestable. Se trainant vers le local, où était stocké les poches de sang, Ezechiel cherchait aussi des bandages. Enlevant sa veste, son t-shirt noir, il constata que la balle qui lui avait touché l’épaule n’était pas ressortie. Et merde. Il fouilla dans le matos, et trouva une pince. Mais impossible de la retirer lui-même. Il soupira et se contenta de faire un bandage provisoire, afin d’éviter de mettre du sang partout. Puis il examina sa blessure à la cuisse, sans enlever son jean, fallait pas déconner. Cette fois-ci la balle n’avait qu’effleurer la cuisse et était ressortie sans toucher l’artère. Il en avait de la chance. Il fit un bandage rapide pour contenir le sang. Les réflexes du soldat devant se soigner sur le front n’étaient pas loin.

Choppant des poches de sang, des bandes, Zech se dirigea vers le bar, laissant le bordel qu’il avait mis et son tshirt. Il attrapa la bouteille de Vodka et se laissa allerr contre le mur, derrière le bar. D'où il était, le vampire pouvait entendre si quelqu’un entrait tout en étant à l’abri de la lumière. Il défit son flingue de sa ceinture pour le laisser à porter de main, ainsi que son poignard. Il fouilla dans sa veste en cuir, qu’il avait pris avec les poches, pour sortir son téléphone qui avait lui aussi reçu une balle, le rendant hors service. Au moins, il put récupérer ses clopes, c’était déjà ça. Avec les clopes, la vodka et les poches de sang, Zech pouvait se reposer et attendre l’arrivée du proprio.

Quelques heures plus tard, le bruit de la clé dans la serrure, réveilla en sursaut le vampire. Il s’était assoupi dans l’attente. Par réflexe, le flingue fut saisi immédiatement et dirigeait en direction de la porte. Mais c’était une odeur connue, et cette sensation familière lui apprit qu’il ne risquait rien. Son opposé, proprio des lieux, venait enfin d’arriver. Les premiers temps, il avait voulu nier ce lien, faire comme s’il n’existait pas afin d’être tranquille. Mais ce n’était pas aussi simple. Il avait dû composer avec lui.

« C’est moi.

La voix pateuse et laconique, le russe dans toute sa splendeur et sa bonne humeur,la douleur à l'épaule se réveillait aussi, ainsi que sur les autres parties de son corps qui avaient reçu des coups.

« Ferme cette porte ! »

Directif, comme souvent, mais il était blessé, dans une position de faiblesse. Il détestait ça. Les spectres pouvaient continuer à le chercher en plus, alors autant être prudent. Il ne voulait pas qu'ils s'en prennent à eux.

Contre toute attente, une voix te répond. Bonne nouvelle, n'est présente aucune menace dans ce qu'elle articule. Elle n'est pas amicale pour autant. Du Ezechiel tout craché. Tu l'entends, mais tu le ressens aussi, qu'il est de mauvaise humeur et pas en forme. Un instant, tu tentes de capter si c'est après toi qu'il en a, le temps pour lui de t'aboyer de fermer la porte. T'obéis instinctivement. S'il prend la peine de le prononcer, c'est que c'est important. De base déjà, ton opposé est taciturne, alors dans cet état... État ! Dans quel état il s'est retrouvé ?! La porte close, t'allumes la lumière et te précipites vers lui, derrière le bar. Les volets sont fermés, garantissant la discrétion mais l'obscurité aussi et t'as pas les yeux du vampire. Il est à terre, adossé au mur. Rien que sa position te perturbe. Du sang, beaucoup de sang sur son pantalon. Son t-shirt a dû en être imbibé aussi, mais il l'avait enlevé pour se faire un bandage à l'épaule. Bandage devenu carmin. Pour parfaire la scène, autour de lui traînent poches de sang, bouteille de vodka et paquet de clopes. Dans ton élan, tu t'agenouilles près de ton opposé.

« Putain Zech, qu'est-ce qui t'es arrivé ? »

Tu l'observes d'un air paniqué, tes prunelles revenant inlassablement sur les taches rouges. Tu sais qu'il vit une existence qui te ferait mourir d'une crise cardiaque avant même qu'une balle atteigne ton cœur. Tu sais que sa condition le met encore plus en danger, les Purificateurs déterminés à se battre. Tu l'as déjà vu blessé, mais pas comme ça. Pas autant de sang. Pas aussi faible et piégé.

« Je sens que ça va pas. T'es sûr qu'un vampire peut pas mourir d'hémorragie ? T'as l'air d'avoir perdu des litres... » Prudemment, t'attrapes une poche encore pleine et la lui tends. « Tu devrais en boire encore une. »

C'est un dur à cuire, il peut pas mourir, te dis-tu pour te rassurer. Ton regard, qui jusque là s'était efforcé de l'éviter, se fixe finalement sur l'arme à feu. Ezechiel l'a même encore dans la main. Certes, sa main est posée au sol, mais quand même. Ça veut dire qu'il l'a pointée sur toi. Toujours plus mal à l'aise, tu te relèves.

« Je vais mettre un mot sur la porte pour qu'on soit pas dérangé. Quand je reviens, je veux que toutes tes armes soient rangées. Je veux pas en voir, okay ? »

Te retournant, tu fais aussitôt demi-tour, lances la poche d'hémoglobine, que t'avais gardée en main, à côté du vampire en lui rappelant « bois-la » avant de partir pour de bon. Quittant le café en prenant soin de bien refermer derrière toi, tu te rends dans le magasin où tu gribouilles rapidement une note comme quoi le magasin est exceptionnellement fermé pour la matinée. Tu vas la coller sur la porte principale avant de souffler. Inspire, expire. Tout va bien, te répètes-tu. Tu déposes ta veste dans le magasin et, finalement, reviens côté bar. Il est à l'abri ici. Il a de quoi se nourrir. Il se reposera et ce soir il sera déjà reparti, ce con.

« J'ai vu que tu t'étais déjà servi, mais est-ce que tu as besoin de quelque chose ? Tu veux que j'appelle Erin ? »

Erin, c'était l'infirmière réversienne que vous aviez dégoté pour le trafic de sang. Tu ne penses pas qu'elle refuserait de venir soigner Ezechiel. Faire des combines, ça rapproche.

Oops you did it again

ft.Cash

Appuyé contre le mur, le vampire sortit de sa torpeur quand la porte s’ouvrit. L’arme pointé vers l’ouverture se baissa quand il sut avec certitude que c’était bien son opposé et qu’il était seul. Sa présence pourrait l’aider et quelque part cela lui apportait un certain apaisement. Il n’était pas dans son état normal, pour trouver Cash apaisant. Au moins, il n’essayerait pas de le tuer lui. Sa main se reposa sur le sol, l’arme toujours tenue, alors que sa tête s’appuya contre le mur.

Les blessures étaient encore fraiches et douloureuses. La vodka n’avait pas eu d’effet magique, à part de l’assommer momentanément. Il grimaça un sourire à la question de Cash. Il lui arrivait qu’on l’eût pris pour un lapin et qu’il s’était fait canarder. Mais eux avaient aussi eu leurs comptes, c’était une chose qui lui faisait plaisir.

“ Rédempteurs.”

Il n’entrerait pas plus dans les détails, de toute manière, moins il en savait mieux c’était. Il sentait la panique venant de son opposé, faisant opposition à son sang-froid, sans mauvais jeu de mots. Il préférait garder son esprit clair pour avoir des réflexes affûtés et ne pas être embrumer par la colère ou la panique. La nuit avait calmé sa rage. Maintenant, il réfléchissait à calmement, dans l’optique de reprendre des forces pour se venger. Ses prunelles regardèrent Cash.

“ Il peut se vider de son sang, surtout s’il n’a pas d’apport pour compenser.”

Avec cette réponse il n’allait pas calmer l’humain, mais ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait commencer à raconter des bobards. Il prit la poche de sang.

“ Da. Spasibo*” *merci.

Le russe n’était jamais loin. Il ne chercha pas à rectifier. Il suivit l’évolution de Cash. Il avait quand même de bonnes idées, aussi humain soit-il. Haussement de sourcil quand il évoqua les armes. Ah ah. Le pire était qu’il savait qu’il était sérieux sur ce point. Sauf que non il n’allait pas s’en séparer.

“C'est con. Même si elles sont rangées, elles seront toujours là...”

Parce qu’il n’avait pas l’intention de s’en séparer. Cependant, il prit soin de faire glisser son flingue sous sa veste qui trainait au sol. Si cela pouvait apaiser son opposé, il n’allait pas lésiner sur cette tranquillité. Son poignard, il le glissa dans sa bottine contre sa jambe. Une fois les armes dissimulées, il attaqua la poche de sang, prenant sur lui pour ne pas l’engloutir trop vite. Il fallait savoir déguster.

“ Plus de vodka et de clopes.”

Surtout qu’il allait rester là au moins pour la journée, le vampire avait ses exigences. Il réfléchit pour la venue de l’infirmière. Il préférait éviter que trop de personne soit au courant de sa mésaventure. Mais il n’aurait peut-être pas le choix. En fait ça dépendra de Ledford.

"J’aimerais la laisser en dehors de ça... J'aurais besoin de toi.”

C’était surement la première fois, qu’Ezechiel formulait une telle phrase en l’encontre de son opposé. Un jour a marqué d’une croix rouge. Avec son bras valide, il montra son épaule blessée.

“ J'ai pas réussi à avoir la balle. Il faut l’enlever. Avec une pince, ça devrait le faire...”

Surtout si on avait ces deux mains valides et qu'on pouvait voir la plaie, ça devrait être plus pratique.

“ Puis faudra suturer. Rien trouver pour le faire.”

Avant de partir régler cette histoire de message, tu lâches une grimace et une réponse puérile à ton opposé. Il se croit spirituel, que tu te dis, avec ces réflexions. Ses armes, elles seront certes toujours présentes, mais le risque d'accident va grandement diminuer une fois qu'elles seront rangées. Tu sais bien que ce serait impossible de les lui faire jeter, alors tu prends le mieux qu'il puisse t'offrir. T'as déjà essayé de le séparer de ces joujoux mortels, accompagné d'arguments de type « mais c'est toi l'arme la plus dangereuse ». A quoi bon débattre avec une porte de prison, pire protester contre un mur. A part t'exploser les os, tu risques pas de récolter grand chose. Alors quand il te nargue, tu te contentes, tout simplement d'un : « Gna gna gna. M'en fous. »

Comme si t'avais les nerfs suffisamment solides pour supporter tout ça. Comme si c'était normal de s'installer entre glock et poignard. Déjà que ton opposé t'a confirmé qu'il pouvait encore clamser. Pour couronner le tout, ce sont des rédempteurs qu'ils l'ont chopé : autant dire qu'ils ne vont pas en rester là. Tu paries qu'il les a bien énervé en plus – de base, rien que le fait qu'il leur ait échappé doit les contrarier. Ça signifie que même les blessures soignées, les problèmes ne seront pas finis. C'est évident qu'il est dans leur collimateur maintenant. Plus qu'avant. En bref, pendant que tu t'agites, ton cerveau envoie un signal simple, bref, concis : c'est la merde.

La différence avec à peine quelques semaines plus tôt, c'est que vous avez le pouvoir de votre côté. Aux dernières nouvelles, les Spectres sont plus sensés s'attaquer à personne. Tout ce qu'on leur demande, c'est de permettre à ceux qui veulent de redevenir Humains, non ? T'en es presque sûr... Parce que tu t'es dit il n'y a pas longtemps que ça pourrait te faire passer le cap. Gagner un don et tout ce qu'on te demande en retour, c'est d'aider de temps à autres des gens, ça paraît assez cool. En attendant de l'envisager sérieusement, faudrait s'assurer que le vampire la passe pas, son arme, à gauche. Même si elle est cachée. Quand tu reviens, il s'est nourri, ce qui représente un bon début et, d'après les infos que t'as pu glaner, quasiment l'assurance de sa guérison complète. Si t'es toujours nerveux, t'as retrouvé malgré tout un semblant de calme quand tu lui demandes ce qu'il lui manque. Sa réponse attire un sourire sur ton visage, jusqu'à ce que celui-ci ne laisse la place à une expression surprise, presque choquée, lorsqu'il affirme avoir besoin de toi. Ezechiel le caïd avoir besoin de Cash le puéril. Terme qu'il a lui-même utilisé pour te décrire. Tu pourrais dériver aussi en : Ezechiel le caïd avoir besoin de Cash l'insupportable. Ça marche pareil.

« Attends, redis-le, je suis pas sûr d'avoir bien entendu. T'as... quoi ? Besoin de moi ? » Tu feins l'innocence, trahie par tes lèvres qui s'étirent. « T'as perdu plus de sang que je pensais. »

Tu déchantes bien vite quand il explique la nécessité de ton intervention. Tu pâlis franchement quand il te parle de suturer la plaie pendant que, involontairement, tu fais un pas en arrière.

« Mes doutes se confirment. Je sais pas faire ça moi... Tu préfères vraiment que je m'occupe de ça plutôt qu'appeler Erin ? » Ta voix transmet parfaitement l'absurdité que tu ressens à formuler cette idée. Ces mots mis bout à bout n'ont pas de sens. En jeu de rôle d'accord. Dans la réalité, c'est pas de ton ressort. « Tu sais que c'est son boulot ? Elle assure, c'est pas avec elle que tu risques une infection. Même si... je sais pas si une infection te fait vraiment peur. Je parie que tes anticorps de vampire la boufferaient comme je m'enfile du bleu... »

Tu dis cette dernière phrase en marmonnant alors que tu prends une chaise pour t'asseoir devant Ezechiel. Assis, tu te penches en avant, les bras en appui sur tes jambes. Une main passe sur ton visage tandis que tu soupires, comme pour essuyer le malaise qui transpire de toute ta personne. La journée commençait bien. Face au regard de ton opposé, t'es convaincu que t'y échapperas pas. Sauf que t'as quand même envie d'essayer, d'y échapper.

« Je reviens. »

Tu comptes pas le laisser pourrir là, non. Tu retournes dans le magasin pour téléphoner à ta potentielle sauveuse, fermant soigneusement les portes qui te séparent des oreilles de ton opposé. T'espères, en tout cas, qu'il pourra pas t'entendre. La poisse te suivant comme ton ombre, elle ne décroche pas. Elle doit sûrement bosser... Finalement, tu lui laisses un message lui demandant de venir si elle l'écoute d'ici une heure au plus tard. Tu ne lui donnes pas la raison, sans l'inquiéter. Avant de revenir auprès du rescapé, tu prends une feuille et un crayon. Que tu lui tends une fois de nouveau en face de lui.

« Si t'es sûr de toi... Fais-moi la liste de ce qu'il faut. Tu m'expliqueras clairement tout ce que je dois faire, hein ? J'ai jamais fait un truc pareil. » Au cas où tu l'aurais pas déjà précisé. T'insistes sur les consignes claires, connaissant le type, avant d'ajouter : « Par contre, me faut d'abord un joint. »

Oops you did it again

ft.Cash

La situation n’était pas idéale. En aucun cas, il avait pensé finir sa nuit de cette manière, ni dans cet état. Les aléas de la vie quand on était un nocturne et que certains voulaient votre peau juste à cause de ce que vous êtes. Si en plus vous êtes un enfoiré de trafiquant, cela n’aidait pas à entrer dans les bonnes grâces des chasseurs de monstres. Une nuit, ça finira mal. Zeck en avait conscience, mais ce n’était pas pour autant qu’il arrêtait ou changerait sa vie actuelle.

Esquisse de sourire face à la râlerie de son opposé, il sentait bien qu’il n’aimait pas cette situation, qu’il aurait aimé que le vampire le laisse tranquille. Mais c’était une des rares personnes de confiance en qui il pouvait demander de l’aide et qui avait un endroit dans le coin pour se planquer. Moins de personne serait au courant, mieux ça serait pour son bien et celui des autres. Cela avait été dur de l’admettre mais oui il a besoin de lui. Après tout c’était son opposé, autant mettre à profit ce lien.

“ Ouais. C'est rare. Profite."

Oui il essayait d’être encourageant, pas sûr que cela fonctionne sur le bonhomme.

“ Je sais. Mais elle n’est pas là, toi si.” Si jamais Cash n’avait pas remarqué ce détail. “ Je veux régler ça rapidement, j’ai pas envie que la plaie se ferme et qu’on doive la rouvrir pour enlever cette balle.”

Si elle n’était pas logée dans son épaule, il l’aurait laissé là. Mais à cet endroit, il sentait que ça le gênerait alors autant s’en débarrasser tout de suite. Il aurait pu trouver des paroles rassurantes pour Cash. Mais rien lui venait. Le vampire savait que ce n’était pas une requête anodine qui lui avait fait.

“ Je le suis. J'ai confiance en toi. Tu peux le faire. ” Il n’était pas plus con qu’un autre, même si par moment, on dirait pas. Puis s’il ne faisait jamais, il ne saura jamais faire. Peut-être qu’il pourra se découvrir une vocation.

“ Ce n’est pas si compliqué que ça... faut juste supporter la vue du sang et de la chair. Je te guiderais et ne t’en voudrais pas si tu me fais mal. ”

Si ça, ça ne le mettait pas en confiance ! C'était en quelque sorte une sorte une permission de lui faire mal, avec une durée limitée dans le temps. Zech prit le stylo et nota sur le papier : une pince, compresse, fil, aiguille, vodka.

“ Si tu veux. J’ai connu des mecs dans l’armée, qui prenait de l’héro avant d’opérer. Si ça te permet d’être plus zen. En fait, j’ai surtout besoin de toi pour enlever la balle. Le reste on verra si j’peux m’en charger”

Si ce n’était pas le cas, bah Cash devrait jouer de l’aiguille. Il ne devrait pas être habitude à utiliser ces aiguilles-là.

“ J’veux bien un joint aussi.”

Pour aider à la détente, et parce qu’il savait que l’humain savait y faire en roulage.

Quand tu reviens, résigné, t'aurais presque l'air autoritaire aux yeux d'un quidam. En vérité, celui qui te connaît un minimum décèle facilement la nervosité sous-jacente à cette attitude qui ne sert qu'à prendre sur toi. Tu cherches juste à t'assurer qu'Ezechiel ne te laissera pas en plan devant son muscle qui a improvisé des portes ouvertes. T'as besoin d'être rassuré, innocent humain qui a vécu dans sa bulle confortable. Innocent humain auquel la vue de plaie béante ravive des souvenirs traumatisants. T'es incapable de laisser ton opposé dans cet état malgré tout, d'autant que tu sens la léthargie dans laquelle ça le plonge. T'aurais bien envie de t'asseoir à côté de lui et vous partager simplement la bouteille de vodka à laquelle il tient tant. Ce qu'il t'a dit avant que tu n'ailles faire ton coup en douce t'a quand même convaincu que c'était une mauvaise idée. Devoir trancher dans sa chair pour aller farfouiller après la balle emballe encore moins ton cœur fragile. Et même s'il promet de ne pas te le rendre si tu lui fais mal, tu restes sur tes gardes sur une potentielle vengeance, même si elle est gentille. Vous n'êtes pas en conflit, vous formez des opposés qui ont su trouver un terrain d'entente et des compromis pour optimiser ce lien, ça ne veut pas dire que toutes les barrières sont levées. Ezechiel reste impressionnant, doté d'une aura inquiétante. Et un vampire.

Cette sensation effrayante persiste, mais les deux années de fréquentation ont permis de développer une certaine confiance qui tend à laisser la première en arrière-plan. Ezechiel qui te rassure, t'encourage et t'affirme cette confiance, c'est une expérience inédite. Votre relation aussi forcée soit-elle n'aurait jamais eu le pouvoir de l'exposer vulnérable contre sa volonté. Et si tu ne formules pas ces convictions que tu te contentes de ressentir, il y a quelque chose, à cet instant précis, qui presse ton âme d'une certitude : tu ne seras jamais seul.

Ça ne t'empêche pas de ricaner à l'écoute du « faut juste ». Si seulement t'avais son profil, l'évolution du monde te serait plus évidente.

« Marché conclu. On verra bien ce que ça donne. J'ai pas envie de te laisser comme ça, t'façon. » Tu t’assois à la table la plus proche, et ajoutes d'un ton mélodramatique parodique : « Tu te rends compte, je suis prêt à tout pour toi ! Notre relation franchit une nouvelle étape, c'est émouvant. »

Pendant qu'il écrit, tu préviens que l'opération demandée nécessite un petit coup de pouce et déposes la petite boîte que tu avais prise en plus. Sa réponse te rappelle qu'il a fait l'armée – aucune idée pour quelle raison ça te surprend à chaque fois. Sûrement ta difficulté à l'imaginer humain – et tu ne fais même pas allusion à son caractère parfois insensible. En même temps, t'apprends que t'auras peut-être que la moitié du travail à faire, bonne nouvelle ! Satisfait, tu t'empares d'une cigarette que t'as roulée ce matin, la portes à tes lèvres et l'allumes avec ton briquet perdu au milieu des dés de ta poche. Pas besoin de s'adapter pour tenir ça, au moins. Tu récupères la feuille qu'Ezechiel a noircie, te contentant de la parcourir vaguement, et la poses sur la table. Suite à sa demande, tu lui tends un pétard et le briquet. Adossé à la chaise, tu te concentres trente secondes sur le tien avant de demander d'un ton léger :

« C'est quoi cette obsession pour la vodka ? T'es allergique au reste que tu te restreins comme ça ? »

Oops you did it again

ft.Cash

Devoir concilier avec ce partenaire particulier n’était pas simple. Surtout que ce n’était pas dans sa nature, d’être aussi conciliant. Mais avec certaines personnes il n’avait guère le choix. Cash faisait partie de ce nombre restreint. Il devait le garder en vie pour sa propre survie et santé mentale.

La tête posée contre le mur, les paupières se fermaient un instant. La lassitude de la nuit et les conséquences de la blessure se faisaient sentir. Une douce langueur était en train d’atteindre son corps et son esprit. Quelque part au fond de lui, il y avait toujours un sixième sens prêt à bondir si nécessaire. Un système d’alerte qui n’était pas trop défaillant jusqu’à présent. Il avait su rester en vie malgré les combines et les mauvais coups.

Ezechiel l’écoutait parler. Il était partant pour suivre son plan. Une bonne chose. Il aurait pu le forcer, c’était d’ailleurs un peu le cas mais bon il était quand même content qu’il accepte. Un mince sourire s’étira sur ses lèvres quand il évoqua d’une nouvelle étape dans une relation.

« Ce lien nous oblige à nous dépasser. J'te sauverais aussi la peau si t'étais dans le même état.. Même si ça serait plus délicat... J’te commanderais une pizza pour fêter ça. »

Et il était sérieux en plus. Bon ça dépendrait aussi de comment il se démerde. Mais, ça pourrait être un gain en échange de bons procédés. Il lui détailla la procédure par écrit, sans en faire un roman non plus. Le russe se saisit du joint et du briquet. Le joint calé aux coins des lèvres, il alluma de son bras non douloureux. Inspirant la fumée opiacée, un nouveau sourire se dessina sur son visage.

« Pas d’allergie. Mais j’aime la Vodka. » Sans déconner, dire le contraire aurait été mentir. Il tira deux trois fois sur son joint, avant de continuer. « Elle m’a toujours accompagné, quand j’étais à la rue, à l’armée, elle aide aux affaires, même après la mort. » Fidèle maitresse qui accompagnait ses beuveries depuis des années. « C’est pas une obsession, c’est plus une manie. Je suis rarement déçu par la vodka, alors que le reste… Ça dépend. T’as quoi d’autres qui vaillent le coup en ce moment ? »

Preuve qu’il était quand même ouvert d’esprit, il ne fallait pas déconner.

« Et toi, pourquoi que l’herbe ? »

La promesse de pizza n'est pas passée inaperçue, et ne sera pas oubliée. Tu ne te gêneras pas pour la rappeler en temps et en heure. Et peut-être aussi pour négocier une amélioration du contrat. Quoique. Tu peux le faire tout de suite, ça. Vaut mieux ça que s'appesantir sur les allusions de ta mortalité. Non, tu crèves pas facilement. T'es comme la mauvaise herbe, celle qui vous emmerde jusqu'à la fin. T'as survécu à un lycan enragé. Il t'a bouffé, t'es toujours là. T'es invincible, Cash, c'est ça ton foutu don.

« Une pizza seulement ? » Tu joues l'outré, dramatique pour mieux amorcer la suite. « Ça vaut largement plus ! Genre... Une semaine de pizzas ? »

Exagérer te ferait perdre la partie à coup sûr. Viser bas et les goûter intéresse davantage ton palais. Tes yeux innocents fonctionneraient sur quelqu'un d'autre, technique infaillible que t'exploites sans scrupules. Sur ton opposé, ça conclut... parfois. C'est qu'il est dur en affaires. Il a la fâcheuse tendance à gagner vos rapports de force, quels qu'ils soient, va savoir pourquoi...

Vu que t'as encore perdu cette bataille, t'invoques un soutien pour te préparer à ton obligation de vaincu. Healer, c'est un poste qui te va beaucoup plus en jeu que dans la réalité. T'en fais même un très bon en jeu de rôle. Ezechiel va bientôt découvrir si te laisser sa santé entre tes mains est à refaire. Tu tires doucement sur ton bédo, puis brises le silence par une question insignifiante. T'aimes pas trop le silence. Il se rapproche trop de la solitude. Étant donné ton arrivée, mettre de la musique comme tu fais habituellement a été reporté. A la place de celle-ci, t'écoutes le presque récit le plus complet que tu ais entendu de l'existence d'Ezechiel.

« Laisse-moi te faire goûter ça. »

La clope au bec, tu te lèves, l'enjambes, et parcoures les étagères du regard. Une volute de fumée s'échappe de tes lèvres pendant que tu réfléchis à la bouteille à élire. Beaucoup de pression pèse sur ses épaules. Bien qu'il s'agisse d'un bar à jeux, tu ne voulais surtout pas répondre au cliché du lieu purement familial, et surtout pour enfants. T'as plutôt cherché à ne pas les attirer, en vérité. Il fallait un endroit où un groupe d'adultes peut se réunir autour d'un jeu qui demande de la concentration. Et ça voulait dire aussi ne pas attirer non plus les groupes de fêtards décidés à se bourrer la gueule. Un jeu de stratégie pour lequel la boîte prévoit soixante minutes, durée qui va, avec l'environnement, au moins doubler ? Bienvenue. Pour cette raison, et pour tes amis, la carte affiche une belle collection de bières et d'alcools. Le genre que tu dégustes. T'ajoutes à ça le style général moderne inspiré des pubs des années 1900, qui suit avec ta tenue, et tu as le décor parfait pour être partenaire avec la maison du Whisky. Et d'être traité de hipster aussi – tant que c'est que ça, rien d'alarmant. Pendant que tu choisis, il te retourne la question, personnalisée.

« Parce qu'elle me satisfait. Et avant notre deal, de toute façon, entre la beuh et les médocs, j'avais pas d'argent pour autre chose. C'est un peu la même histoire que toi et la vodka en fait, j'ai découvert qu'elle m'aidait contre mes douleurs chroniques et l'habitude s'est installée. »

Si t'es obsédé par quelque chose, le reste fait pâle figure à côté. La clé qu'elle a joué dans ta guérison, aussi réelle que fantasmée, lui a octroyé ta fidélité. Peu importent les faibles désagréments que ça entraîne. Tu finis par t'emparer d'un alcool, et le poses avec deux petits verres. Tu les remplis à moitié, te penches pour en tendre un au vampire.

« C'est un whisky qui vient d'Islay, une île d’Écosse réputée pour ses distilleries. » Le tien attrapé, tu retournes à ta chaise. Cigarette calée entre l'index et le majeur droits, tu savoures une lampée. Ça, ça te plaît comme ambiance. Pas le sang qui abandonne son hôte. Pas les armes en main. Ça. « C'est pas de la gnôle à dix livres... Par contre, faut éviter de vider la bouteille vu son prix. Alors, t'en dis quoi ? Bien sûr, ça vaudra jamais ton amour pour la pomme de terre. », que tu relativises, en le ponctuant d'un clin d’œil. « Au fait, tu m'as jamais vraiment raconté. T'as vécu combien de temps en Russie ? C'est là-bas qu'on t'a transformé ? » Tu fais une pause pour tirer une taffe. « Rassure-toi, je veux pas tout savoir. Je commence à te connaître. », ajoutes-tu avec un sourire en coin. « Mais j'aimerais bien que tu m'en dises un peu plus. Je connais que très peu de choses, et surtout des clichés, sur la Russie. »

Oops you did it again

ft.Cash

La négociation tira une esquisse de sourire au russe. Dans le fond, il s’en fichait du nombre de pizzas qu’il allait devoir lui payer. Il n’était pas à une près. La ténacité et l’audace de l’humain étaient parfois surprenantes et amusante. Peu d’autre humain osait avec lui. Bon en même temps, il passait peu de temps avec eux, sauf s’ils bossaient pour lui ou s’ils le bouffaient. Cash avait l’honneur de bosser avec lui et de ne pas servir de repas pour le moment. Est-ce que bouffer son opposé lui ferait sentir quelque chose en rapport avec leur lien ? Il en avait fichtrement aucune idée, mais n’avait pas envie de tester pour l’instant.

“Pour l’instant, ça vaut que dalle... A part gagner du temps, t’as rien foutu.” Le vampire voulait bien négocier mais encore fallait-il que le job soit fait, sinon c’était même pas la peine d’y compter. Il ne fallait pas déconner.

Contre le mur, le vampire tirait sur son joint. Essayant de se détendre, pas simple quand on avait une balle dans l’épaule. Puis il n’était pas adepte du lâcher prise, le contrôle était son truc. Savoir où il allait, comment, pourquoi, il aimait bien le savoir en amont. Cela ne l’empêchait pas de s’adapter. Cette nuit le prouvait, il ne s’attendait à pisser chez le sang et à fumer un pétard avec son opposé. En omettant la douleur, la situation n’était pas si dégueulasse. Le russe s’était un peu détendu, même si cela ne se voyait pas vraiment.

Il prit le verre tendu par Cash, délaissant sa bouteille. Le verre vint tenir compagnie à la clope coincée entre deux doigts. Curieux et surpris des connaissances de Ledford sur le whisky, Ezechiel observa son opposé. Puis il fit l’ambreté du whisky qu’il fit tourner dans le verre. La couleur avait de la gueule. L’odeur aussi. Ce n’était pas de la piquette de bas étage. Le truc fort qui n’avait pas de gout particulier à part celui basique de l’alcool. Le bas de gamme que les plus paumés pouvaient s’offrir. Le vampire gouta et apprécia la dégustation. Clairement il ne s’attendait à trouver cette qualité de whisky dans ce bar. Il connaissait le renom de cette distillerie et ces tarifs.

“ C’est du bon. Il vaut son prix. J’te savais pas aussi fin connaisseur. Je pensais pas trouver ça ici, j’avoue. “ Le vampire fit un effort pour ne pas avaler cul sec le breuvage. “Dommage, ça se boit tout seul” Au pire, il pourrait toujours lui payer une autre bouteille. “La vodka a aussi du très grand cru. C'est pas que de la gnole à 10 balles. Mais il faut être connaisseur et savoir ou la trouver. ” Lui savait évidement, il pourrait lui faire déguster et le fournir directement, si l’humain était intéressé.

Le ténébreux se redressa et tenta de s’étirer, mauvaise idée l’épaule blessée s’était fait connaitre à nouveau. Il ferma les yeux la tête appuyée contre le mur, gérant ainsi la douleur et se tâtant à répondre ou pas à Cash. Il ne lui devait rien. Mais ils étaient liés. Puis il devait plus en savoir sur sa vie qui lui sur la sienne. Ils n’avaient pas les mêmes moyens d’information.

Les yeux clos, il finit d’un trait son verre, qu’il posa non loin de lui. “Une quarantaine d’années, mais pas en continu, surtout avec l’armée à la fin.” Oui servir dans l’armée lui avait donné l’opportunité de voyager et de découvrir d’autres pays. Sinon il n’aurait surement pas pu le faire. “C’est ici que j’ai été transformé. J’connaissais rien aux vampires et autres bestioles avant mon arrivé ici.” il se rappelait encore sa surprise quand Eleanora lui avait dévoilé sa nature. Maintenant, il était devenu une créature à son tour, mais le vivait bien. Il tira une latte sur son joint. Il avait été rarement aussi bavard auprès de Cash. L’herbe l’aidait peut être à être de bonne composition. “ A ton avis j'ai quel âge ?” C’était parfois amusant d’écouter la perception des gens sur son âge physique.

“ Un jour, on s’fera une excursion en Russie, c’est le meilleur moyen de connaitre un pays” A croire qu’il avait déjà tout prévu, pas tout à fait, mais s’il quittait le pays un jour, il pensait bien embarquer son opposé avec lui. D’ailleurs il réouvrit les yeux pour montrer qu’il ne déconnait pas sur ce voyage. En attendant de faire les valises, il inspira une autre taffe.

“La vodka fait partie de la Russie, de la vie des russes, la patate pourrait être notre emblème national. C'est le truc le plus accessible à tous et facile à produire. T’sais qu’il y avait un temps ou dans certaines régions, le litre de vodka était moins cher que celui de l'eau ou du lait ? Une population alcoolisée supporte plus de choses.”

Les mots étaient sortis, cyniques mais réalistes. Penser à son pays le rendait un peu nostalgique. Il se tut pendant de longues minutes, profitant juste de sa clope avant de darder ses prunelles sur Cash.

“ On va faire un deal. D'autres réponses, si tu te bouges. Cette balle ne va pas partir toute seule. “

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