UNDER MY FLESH | alyssa

HAUTAINE, aussi haute que l'éclair qui zèbre le nuage noir. Aussi froide qu'une nuit de ténèbres étouffés. Avortement d'une âme égarée. Elle grise le soumis, retrousse l'échine devant l'imposture. Reine d'un monde auquel elle serre la main, elle trône au-dessus des autres par sa seule volonté.

VENALE, les pièces roulent entre ses doigts aiguisés. Ange superficiel d'une économie mortifère. Le sourire se teinte d'or et d'argent, la robe se tisse sur bronze et diamant. Alyssa resserre chaque fois plus le corset qui l'invite au coffre-fort. Elle crève l'appendice de la tirelire pour se baigner dans une mare de billets.

AUTORITAIRE, maître des lois d'un pays chaotique. Professeur tenant la cravache, dominant portant la clé de la cage. Hurlements asphyxiés dans la gorge, le venin coule sur sa langue. Elle tient les milles ficelles de son existence, renie le châtiment qui la pousse à l'errance.

EXIGEANTE, peintre cherchant le portrait de l'excellence. Elle ternie le rêve qui ampute son bonheur, crée le cauchemar à celui qui fait croître l'agonie. Le monstre va se repentir sous la nef de sa miséricorde. Et la croix vengeresse laisse les victimes l'enlacer de quelques clous bien plantés.

SADIQUE, ultime comédienne d'un burlesque grotesque. Elle décortique les synapses pour entacher l'âme. Poison indélébile qui fourmille sous la chair froide. Elle contemple le linceul enlacer ses semblables. Elle creuse la tombe pour mieux caresser le cercueil.

PASSIONNEE, obsédée par un univers qui ne lui ressemble pas. Elle critique et s'entiche à la fois. Elle repousse et attire. Indécise, elle gratte l'épiderme jusqu'à comprendre l'énigme. Elle s'amourache des dogmes obèses qui s'accrochent au deuil d'Adam et Eve.

BOSSEUSE, elle fatigue le squelette jusqu'à laisser tomber l'atlas. Le cerveau continue toujours sa routine, et il tourne encore, les yeux clos.

LONDRES, AVRIL 1994 - Confession du mensonge, conjuration du sort. Il vend du rêve, il troque le cauchemar. Sourire boueux et regard poussiéreux. Le rire appelle les moutons dans la foule. Le bas de l'échelle alimentaire est attiré par ce qui vient de plus haut, comme ce jeu de tarot couleur argentée que le marchand tient dans ses mains. « Arnaque ! » crie l'adolescente en quête de reconnaissance. La maison tangue, à la nuit tombée, alors elle retarde son arrivée. Elle s'arrête comme les quelques abrutis aveugles, et lève la main en guise de présent empoisonné. « C'est mon père qui imprime ce jeu minable ! Il ne vaut guère plus de trois pounds à n'importe quelle presse aux alentours ! » Mais l'importance de son père dans la société n'est pourtant pas si grande. Père imprime quelques petits auteurs qui cherchent les petits prix, tant pis pour la petite qualité. Les Imprimeries Cordwell ne sont qu'une farce dans le monde désormais florissant de l'industrie du livre. « Mademoiselle ! » Le gaillard d'un mètre quatre-vingt n'a pas de mal à faire barrage devant elle. Alyssa a l'habitude. Pourtant, la robe qu'elle porte ne sent ni le savon, ni le parfum. Et ses cheveux sont sales depuis quatre matins. Est-elle une grotesque parodie, pour tous ces gamins qui rôdent avec les chiens ? Elle ne le saura jamais. Alors elle leur serre la main. « Quel serait le premier cadeau que tu me ferais ? » Interrogation fort connue de sa bouche empoisonnée. Et les beaux garçons, aux cheveux blonds, répondent milles mots sucrés à son oreille. Riches et célèbres dans leur petit quartier, ils croient être les Rois d'un monde qu'ils ne régissent pourtant pas. Mais Alyssa s'en contente. Pâle compensation pour gravir un petit échelon. « Quelques roses, sans nul doute, ainsi porteriez-vous une touche de beauté. » Les rires fusent, échos douloureux lancinant les murs. Les crocs s'ébranlent. Mais elle n'a pas la force. Elle rentre la tête, elle rentre les mains, et fuit. Son foyer n'est pas loin. Mais elle l'évite. Elle préfère dormir dehors. Eviter Père et ses grandes phrases sur l'avenir. Eviter Mère qui ne dit jamais rien. Eviter Diane qui hurle dans tous les sens. Et même éviter Eileen, qui pleure à longueur de soirée.

LONDRES, 1997 - Le myocarde charge la cage thoracique, cherche à ouvrir la brèche. Les artères gonflent violemment, le sang course les veines. Les sacs pulmonaires grondent, inondés par les frasques de l'angoisse. Les yeux cherchent un horizon lointain. La bouche articule des mots insensés. « Du calme, du calme, Alyssa, tout va bien. » Voix masculine et douce, charme enchanteur. Le palpitant se régule comme en proie à une renaissance. Les paupières clignent. Le visage apparaît. Sourire. Tendresse. Affection. Alyssa ne sait pas. Alyssa ne sait plus. « Qui êtes-vous... ? Où suis-je ? » Interrogations bizarres qui font froncer les sourcils. Elle ne se souvient de rien. Elle ne se souvient pas de ses parents, ni de ses soeurs. Elle ne se souvient pas du vieux Londres dégueulasse. Elle ne se souvient pas de l'arnaqueur. Elle ne se souvient pas des gosses de riches. Elle ne se souvient pas de ses rêves, ni de ses pires cauchemars. « Ce sont les Lycans qui t'ont fait ça. » le murmure est si bon à croire. Et son esprit est si faible, désormais. La rage gronde, tonnerre invincible qui menace de terrasser le monde. Ses ongles glissent sur sa chair dénudée. « Ils t'avaient presque tuée lorsque je t'ai trouvée. » Ses petits doigts cherchent le visage de la poupée de cire. Mais elle n'a d'yeux que pour la haine qui gît en elle. « J'ai du te transformer, mon Enfant, mais... Mais tu es si belle, et tu es si forte, à présent. Toi, et moi, nous avons créé une toute nouvelle nature, qui pourra mettre à mal les créatures des ténèbres. » Elle ferme les yeux et tangue légèrement. Elle ne comprend rien. Elle ne comprend rien. « Ensembles, nous dirigerons Réversa. Ensembles, nous dirigerons tout... Mais il nous faut d'abords en trouver d'autres, d'autres qui pourront te ressembler. » Elle tombe. Le néant l'accueille à bras ouverts. Tandis qu'elle s'étiole sur le sol.

REVERSA, NOVEMBRE 2011 - Les rires courent les murs. Le brouhaha s'intensifie jusqu'à ce que les portes se ferment. Précurseur d'un changement haletant. Elle ne lève pas les yeux. Chaque nouveau pas est une étape enivrante. Le désir éclot entre ses côtes. « Ils sont si naïfs. » Le whisky brûle son myocarde, tandis que l'alcool attise son venin. Maitan soupire. Alyssa se met à rire. « Tu es trop dure envers les Lycans. » S'arque le sourcil, se retourne le prédateur. Alyssa est un être que l'on ne perturbe pas. Alyssa est une bête que l'on ne trompe pas. Elle est à la mer ce qu'est la tempête. « Je suis aussi dure qu'il le faut. » Les Lycans sont un fardeau qu'elle se prélasse de porter. Et la tristesse, et le désespoir, et la démence la font sourire. La souffrance est un met qu'elle apprécie trop particulièrement. « J'ai pourtant vérifié une seconde fois vos relevés. Les quelques erreurs d'inattention que vous clamez nous ont fait perdre une somme fort affriolante. » Ce n'est là que mensonge. Les chiffres vont et viennent comme elle le désire. Elle est la Reine de la Ruche, et tout le monde se plie à son joug. « Auriez-vous oublié qui vous a offert cette place ? » Mais elle n'oublie pas. Elle n'oublie plus. Elle se contente de sourire en caressant les feuilles qui volent sous sa poigne. « Auriez-vous oublié à qui vous l'avez offerte ? » Et eux non plus n'oublient pas. Elle ne le leur permet pas. Tyran insolent, elle jette les cahiers aux pieds des clients. Ses mots sont des cris qui poignardent la chair tendre. « Nous prélèverons donc le double de vos impôts le mois prochain. Peut-être ferez-vous plus attention, à l'avenir. » Les dents se serrent pour éviter l'affront. On n'affronte pas le monstre, sous peine de creuser davantage la fosse. « Qu'attends-tu donc de moi ? » Baisers sulfureux et étreintes éternelles. « Ne nous mets pas dans l'embarras. » Et elle gémit, et elle crie, et elle gronde, et elle jouit. « Tu m'as créée dans le but de ne rien ressentir. Peut-être était-ce là ta plus grande erreur. »

BRISTOL, JANVIER 2017 - Elle observe, elle contemple. La fourmilière feule en ce mois de janvier. Les voitures beuglent, tandis que la foule se tarit un peu plus. Le whisky l'égosille. Elle crache une injure au coeur de ses synapses. « L'avez-vous trouvé ? » La porte se referme avant la fin de sa phrase. Le petit homme qui se trouve là n'est qu'une vermine de plus dans son équation. Mains jointes, muscles tendus, regard fuyant. Il n'a pas trouvé ce qu'elle cherche. Crise. Elle hurle, tandis que son verre se fracasse sur le sol. L'odeur du whisky se mêle à l'oxygène environnant. Et le petit homme fait un pas de arrière pour éviter le courroux. « Incapable ! » Insulte qu'il entend souvent. Mais il n'en dit rien. Alyssa grince, tente d'annihiler la violence qui secoue sa charogne. « Il n'y était pas, Madame. Nous... Nous pensons qu'il aurait quitté l'Ecosse. » Milles papiers se mêlent à l'alcool. La nouvelle moquette fait office de bain moussant. « Faut-il donc que j'aille enquêter moi-même ?! » La visite de courtoisie n'est pas de mise dans telle circonstance. Elle se contente d'attendre que ses sbires viennent à elle. Bien payés, ou bien manipulés, ils répondent à ses demandes comme ils répondent à un nouveau Seigneur. Maitan est une anguille dans l'océan. Et même s'il est bien loin d'être pareil aux autres, l'immensité le cache de la lumière. « Retournez-y. Et ne revenez pas les mains vides, ou je ferai de votre vie un Enfer. » Panique dans l'immeuble. Le petit homme sent sa respiration s'affoler. « Où es-tu, bon sang, où es-tu... ? » murmure-t-elle aux cieux qui se penchent au-dessus d'eux.

CHRONOLOGIE:

Pseudo et âge : Poopy, pour vous asservir. Mouhéhéhé. Nope, je suis gentille, en fait. C'est pour le style, weeesh. J'ai 21 ans et pas toutes mes dents.  

Comment as-tu connu le forum ? Via Bazzart. Foui foui, ça sert ce genre de publicité finalement

Qu'est-ce qui t'a convaincu de t'inscrire ? J'ai vu Eva Green, j'ai mouru.   Naaaaa, c'est tout le graphisme, le codage, le contexte, toooout  

Depuis combien de temps fais-tu du RP ? ça doit bien faire 4 ans maintenant.  

Fréquence de connexion : Plusieurs fois par jour pour le moment  

Un commentaire ? J'espère que ce bô bébé va bien marcher pleeeeeeein !