The Blood Legion | Eda & Zech

The Blood Legion
ft Ezechiel

The Blood Legion | Eda & Zech V0nhX1A9_o

Ton regard se dirige sur l'extérieur, flânant à travers la vitre de ta fenêtre, sur les bâtiments colorés de Bristol. Voilà quelques jours que tu as repris le travail et une lassitude continue bat en toi. Reprendre le rythme, bien que tu te le sois imposé, te semble plus compliqué que tu ne l'avais anticipé et désormais c'est faire preuve de volonté que de te lever chaque matin pour te rendre au Verbis. Tes lippes laissent échapper un soupir tandis que tu clos brièvement tes yeux et laisse ta nuque partir en arrière, dans une tentative désespérée de regagner un semblant de quiétude et de calme. Tu crèves d'envie d'une cigarette là tout de suite, mais enfermée dans ta tour d'ivoire, tu sais que cela t'es impossible. Alors tu te redresses lentement, et de ta main valide, ouvre ton tiroir pour en sortir une bouteille de vodka et un verre. Après tout, ton héritage russe t'as laissé quelques habitudes bienveillantes envers tes nerfs, non ?

Tu te verses un petit fond, juste de quoi avaler. La brûlure amère qui fond dans ta gorge te ravive soudain et tu pousse un nouveau soupir avant de fermer l'écran de ton ordinateur. C'est désormais la chaise tournée vers la salle sous toi et les yeux fixés sur tes employés que observes le décor autour de toi. Ce bâtiment industriel que tu as retapé bien avant la Révélation et dans lequel tu as mis toutes les idées possibles et imaginables pour construire un empire bien loin de celui de tes parents. Refaire le nom des May – et quelle réputation tu lui avais donné – mais surtout déposer ta propre pierre à l'édifice, toi qui avais refusé tout avenir dans le domaine médical. Ton téléphone vibre soudain et tu vois apparaître un message de ton demi-frère, s'assurant que tout allait bien. Oh Jude était le moins stupide de tous, et il avait bien remarqué les signes. Peut-être s'en voulait-il aussi de ne pas pouvoir trouver de solution à ta situation ? Parce que si quelque chose devait définir ton frère, c'était bien ce sentiment de super héros qui semblait être une marque de fabrique. Tellement étrange de se dire qu'il avait été élevé par un meurtrier.

Tu te lèves de ton siège et te diriges vers la porte, l'ouvrant uniquement pour demander le brouillon du journal qui paraîtrait le lendemain. Tu leur fais parfaitement confiance, mais tu as conscience qu'après plus d'un an dans le Ribcage et de mois de fuite auparavant, tu as perdu la main sur ton entreprise. Et il faut absolument que les choses changent.

Il était temps de retrouver une vie normale.

Tu retournes alors à ton bureau, une pile de papiers en main et te plonge dans la lecture à tel point que tu manques tous les signes qui t'annoncent l'arrivée d'un vampire. Tu es concentrée sur ta tâche et tu entends à peine qu'on t'annonce quelqu'un. Pire, tu ne relèves même pas la tête, un stylo bille entre les doigts, corrigeant par-ci par-là les fautes ou les tournures de phrases qui ne te plaisent pas trop. C'est le raclement de gorge de ta secrétaire qui te fait enfin relever la tête, et un léger sourire orne alors tes lèvres.

« Dyadya. »

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ft. Edana

D’habitude, le russe passait la fin de journée, enfin le début de la nuit à checker ses affaires avec les membres de confiance de sa team. Mais aujourd’hui, il avait décidé que cela pouvait attendre. Bon il avait quand même regardé ses mails et messages, et aucune catastrophe n’était arrivé. Donc tout cela pouvait attendre. Il s’octroyait du temps pour lui et surtout pour sa famille. Elle était si rare, qu’il savait la choyer. Quittant son domicile, dans son costard de directeur de société, après sa visite, il irait à son bureau pour voir son équipe avait ferré de nouveaux clients. Même si ces fripes ne l’empêcheraient pas de faire un saut dans l’illégalité. Après tout c’était une maitresse fidèle qu’on ne quittait pas facilement.

Avant d’arrivé à destination, le vampire fit un arrêt afin de régler un léger détail. Il avait faim. Et les spécialistes ne cessaient de dire que ce n’était pas bien de commencer la journée le ventre vide. Il s’était positionné proche d’un bouiboui qui servait de l’alcool pas terrible, mais qui donnait un merveilleux gout à ces victimes. Il ne mit pas longtemps pour repérer un pochtron et s’en délectait dans un coin sombre. Rassasié, sa journée pouvait vraiment commencer. Il se débarrassa du cadavre dans un autre district.

Véhicule garé, le vampire prit soin d’observer les locaux du Verbis Obscura pour jauger de la sécurité des lieux. Le regard expert nota des points à travailler. Mais ce n’était pas sa raison principale de visite. Il se présenta à l’accueil et fit son plus beau sourire pour amadouer la secrétaire qu’elle le conduise à la patronne. Avec son costard, un sac en papier à la main, il ne savait pas trop l’allure qu'il donnait, peut être que la secrétaire penserait à une visite galante. Mais il s’en fichait vraiment.

Le russe était entré sans un bruit dans le bureau d’Edana, l’observant travailler en silence. Il aurait pu rester là un petit moment. Mais la secrétaire s’escrima à attirer son attention. Il sourit à son tour, sincèrement ravie de voir sa nièce.

“Dorogoy”

D'un regard, il congédia la secrétaire, en la remerciant quand même, ce n’était pas un sauvage. Puis il referma la porte du bureau et s’approcha de sa nièce. Il lui tendit le sac en papier.

“ Des douceurs venant tout droit de la mère patrie”

C’était une bouteille de vodka et aussi un assortiment des meilleurs pâtisseries russes remplis d’assez de calories pour nourrir une famille en un mois. Dans ces souvenirs, c’était délicieux. Il était proche d’elle, mais étrangement, il ne savait si elle accepterait un câlin ou pas. Donc il ne resta pas loin au cas où, pour lui laisser le choix. Oui les gestes affectueux n'étaient pas sa spécialité.

“Ça fait longtemps...”

La conversation n’était pas non plus son fort.

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ft Ezechiel

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Tes yeux s'illuminent lorsque ton oncle te tend les douceurs qu'il t'a apportées. Si tu n'étais pas aussi bien éduquée, tu aurais déjà sauté de joie à l'idée des gourmandises qui trônent désormais sur ton bureau, dont l'odeur sucrée te monte déjà aux narines. Ton sourire s'élargit et tu sautes sur tes pieds pour t'approcher d'Ezechiel tandis que ta secrétaire s'éloigne et referme la porte derrière elle. Bien. Les réunions de famille n'ont pas besoin de spectateurs. Tes lèvres se déposent sur la joue froide de ton grand-oncle et tu en profites pour humer cette fragrance particulière, te provoquant une sensation immédiate de sécurité. Te remettant sur le plat de tes pieds – ce n'est pas comme s'il te dépassait de deux bonnes têtes – tu ne résistes pas plus longtemps et ouvre le sachet en papier, plongeant ton nez dans le réconfort familial. L'odeur du miel, des amandes t'envahit aussitôt et la gourmandise ne t'empêche pas de plonger ta main pour attraper l'une des bouchées tant attendues. Il est rare que tu consommes ces petites délicatesses de votre mère patrie – spécialement parce que tu es tout de même plus britannique dans l'âme que russe – mais le plaisir que tu ressens aussitôt te ramène aux années d'enfance lors des visites de tes grands-parents. Tu n'as jamais compris comment une femme aussi douce – mais ferme – que ta grand-mère avait pu épouser un rustre comme ton grand-père. Enfin, il fallait avouer que la loyauté était son atout principal, peut-être était-ce cela qui avait séduit ton aïeule. Quoiqu'il en soit, ta politesse ne te fait pas défaut et tu tends alors le paquet en direction de ton oncle, un sourire sucré planté sur ton minois.

« Beaucoup trop. Mais nous sommes libres maintenant. »

Tu ne peux pas t'empêcher de sentir une ombre planer sur ton esprit et tes yeux se ferment quelques secondes, le temps pour toi de réussir à chasser les idées noires qui pourraient encore te secouer. Il ne te faut que quelques instants plus tard pour t'installer à nouveau derrière ton bureau et inviter ton oncle à prendre place également dans l'élégant fauteuil en cuir qui te fait face. Tout ton mobilier respire le confort et le bien-être, tu as bien mis un point d'honneur, lors de ton installation, à ce que cette pièce soit d'une inspiration sans aucune faille. Ton évolution dans un décor qui te correspond, à la fois froid mais avenant, est un besoin vital pour que ton travail se fasse dans les meilleures conditions possibles.

Tu te penches alors à nouveau vers le tiroir de ton bureau pour sortir un second verre et le dépose sur la planche de bois. Un sourire contrit en direction du vampire et tu laisses échapper, tout en désignant ton bras en écharpe.

« Il faudrait juste que tu ouvres la bouteille, je suis incapable de le faire à une main encore. Je ne voudrais pas la faire tomber. »

Tu te rends alors compte que tu n'as pas remercié ton oncle pour ses présents... pas plus que pour son aide lors de ton accident. À nouveau, comme lorsque tu repenses à cet événement, tes yeux se ferment et ta bouche se soude. Peut-être était-ce la goutte de trop dans cet océan d'émotions et de souvenirs. Toujours est-il que l'amertume que tu peux ressentir ne cesse de remuer une acidité au fin fond de tes tripes et que ça te dérange particulièrement.

« Dyadya. Spasiba. Pour tout. »

Tes prunelles bleues se fixent dans celles, presque noires, de ton aïeul. Une profonde gratitude que tu ne montres qu'à très peu de personnes peut s'apercevoir sur tes traits délicats. Il n'est pas difficile de voir l'agitation qui prend vie en toi, mais la volonté que tu mets à repousser ces sensations n'est pas invisible non plus. Mais s'il y a quelque chose que tu partages avec ton oncle, c'est cette capacité à ne pas rester dans le sentimentalisme trop longtemps. Raison pour laquelle tu secoues la tête durant une demie seconde avant de reprendre.

« Comment se portent tes affaires ? »

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ft. Edana

Voir la joie sur le visage de cette nièce était une satisfaction entière. Ezechiel était ravi de voir qu’elle allait bien et que ces présents lui faisaient plaisir. C'était la moindre des choses qu’il pouvait faire. Il aurait pouvoir la protéger plus, l’empêcher de vivre l’emprisonnement. Mais son influence avait ses limites. Mais dorénavant il veillerait au grain. Poliment d’un geste de tête, il décline les pâtisseries. Il était repu et il préférait laisser les douceurs à celle à qui cela profitera le plus.

Le vampire fit le tour du bureau, pour s’installer dans le confortable fauteuil en cuir. Il croisa les jambes, tel un vrai gentleman. Mine de rien, il avait des manières, rares mais existantes quand il se donnait la peine. Ses yeux parcoururent la décoration de la pièce, il reconnaissait le goût des May dans ce domaine. D'ailleurs quand il fera son bureau, peut être lui demanderait il des conseils. Rapidement ses mirettes revinrent sur la demoiselle et sa demande d’aide.

“ Bien sûr, ça serait dommage de gâcher. Ou il te faudrait un doseur, comme dans les bars, ça permet de se servir à une main.”

Oui il s’y connaissait plus en boisson qu’en déco, mais après tout, il pratiquait la boisson depuis bien longtemps. Puis il avait vu des vétérans estropiés, utiliser cette astuce, sinon il avait toujours celle de laisser la bouteille ouverte, mais ce n’était pas terrible. Ou bien d'installer un fût, mais cela n’irait pas avec la décoration. Il prit la bouteille, l’ouvrit et remplit les deux verres. Posant celui d’Edana devant elle, il posa le sien sur le bureau.

“J’aurais aimé faire plus. Zdorovie ! ”

Mais les regrets ne servaient à rien, alors il but à la santé d’Edana. C'était toujours mieux que de se flageller et ce n’était pas son genre de s’appesantir sur le passé. Il fallait toujours savoir avancer.

“ Plutôt bien. La violence de ces deniers jours a bien aidé. Les gens cherchent de l’évasion et du réconfort avec une dose de sécurité. Tout benef’ comme vous dites les jeunes.”

Ce n’était pas le moment de cracher dans la soupe, l’ancien gouvernement l’avait bien aidé à faire prospérer ses affaires. Et le nouveau lui offre la perspective de nouveaux défis, il n’était pas à plaindre.

“Puisqu’on a le droit d’avoir une existence à la vue de tous, j’ai ressuscité ma boite de sécurité. Si tu veux des conseils pour tes locaux et le manoir, n’hésite pas.”

Commencer par lui en parler l’air de rien, avant d’éventuellement lui imposait des choix. Le russe avait la manière d’aborder les choses. Il hésita même à lui proposer un garde du corps, mais il n’était pas sûr de l’accueil. Il préférait attendre un peu.

“Et tes affaires ? Joli bureau en tout cas.”

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ft Ezechiel

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Tu hoches la tête, entièrement d'accord avec ton oncle. Gâcher serait vraiment stupide, surtout au vu de la qualité des douceurs qu'il t'a apportées. Peut-être qu'un jour, Ezechiel accepterait de t'initier réellement à tes origines, à te montrer son pays à travers ses yeux. Quelque part, tu as un besoin de renouer avec ce que tu étais avant tout ça... et puis, tu as un héritage à préserver, quoiqu'il arrive. Que tu comptes bien réclamer et récupérer. Parce que celui qui te musellerait n'était pas encore né. Tu lèves ton verre en direction de ton oncle, avant d'en boire la moitié cul sec. Ce n'est pas comme si ce n'était pas la façon dont on buvait chez vous, de toute manière.

« Tu as fait ce qu'il fallait Dyadya. Merci. »

Tu reposes le verre sur le bureau, prenant bien soin de mettre une feuille entre celui-ci et le bois dur, comprenant malgré tout que ce chapitre de votre conversation était terminé. Ton attention se porte sur ton oncle et tu l'écoutes avec attention. Même si son passé ne l'avait pas amené à être un aristocrate, quelque chose dans tout son être dégageait ce calme aristocratique qui décrivait ta famille toute entière. Un sourire se glisse sur tes lèvres, à son évocation de la jeunesse et tu lui donnes à nouveau raison.

À nouveau, tu lui donnes ton assentiment. Effectivement, la sécurité, ce n'est pas le sentiment que tu ressens le plus en ce moment. Ton visage se ferme et devient grave quelques secondes avant que tu ne souffles.

« Tu as vu des choses à améliorer, pas vrai ? Je suis toute ouïe... Ce n'est pas comme si je pouvais me défendre comme par le passé, maintenant. »

Tu désignes ton bras d'un air dégouté. Heureusement, tu es droitière depuis toujours et capable de maintenir une arme encore en main. Mais la recharger rapidement, avoir la même stabilité... tu sais que tout cela serait impossible. Et si tu es quelque part rassurée de savoir que tu n'es pas totalement diminuée de ce côté-là. Mais il te faut apprendre à te débrouiller autrement, à te défendre lorsque personne ne sera autour de toi. Tu as perdu trop de temps dans le Ribcage, et encore plus après ton agression et ta nouvelle situation.

« D'ailleurs... Est-ce que tu accepterais de m'entraîner ? On n'est jamais trop prudents. »

Et surtout, tu n'as pas confiance en la situation. Tu serais d'ailleurs bien stupide de l'être, vu comme un mariage t'as transformée en estropiée incapable d'ouvrir une simple bouteille. Tu plantes tes deux orbes bleues dans celles, presque noires, de ton aïeul, lui demandant, le suppliant presque, d'accepter. Tu te sens tellement diminuée, en cet instant, que seul un sentiment de sécurité complet pourra te faire retrouver ton véritable tempérament. Tu as besoin de regagner un minimum de pouvoir et de contrôle sur ton corps, pour te sentir parfaitement toi-même. C'était ça, ou partir te cacher en Papouasie, ce qui n'était pas vraiment possible...

Tu hausses ton épaule valide à l'évocation des affaires, te rembrunissant à nouveau. Lorsque tu es arrivée en début de semaine, reprenant les comptes et les historiques de la société, une colère sourde t'as envahie. Les choses, que tu pensais entre de bonnes mains, avaient été gérées de manière catastrophiques et tu étais tout simplement au bord du gouffre.

« Disons que j'ai fait confiance aux mauvaises personnes. Et que je ne pouvais pas me le permettre. La situation n'est pas bonne Dyadya. Je ne peux pas mentir. »

Un sourire se glisse à nouveau sur ton visage et tu reprends une lampée de ton verre avant de poursuivre.

« Le paraître dans cette ligne de métier, est idéal. Malgré tout, les clients se font rares. Une télépathe à la tête d'une agence de communication, c'est effrayant. Ils pensent tous que je cache un Cerebro quelque part. »

Tu t'attends presque à te faire sonner les cloches, en cet instant. Parce que tu as été plus que stupide et tu le sais parfaitement. Ce serait d'ailleurs tout à fait justifié. La référence au professeur Xavier dans X-Men échappera peut-être à ton oncle cependant, et tu reprends d'un ton beaucoup plus calme.

« Il est difficile de faire confiance à une Altération qui peut savoir tout ce qui traverse votre esprit. C'est un atout pour moi, mais un danger pour eux. Et chacun sait ce que je suis désormais. »

Tu t'enfonces dans le fond de ton fauteuil avec une légère grimace et croise les jambes.

« Je cherche des solutions pour redresser la situation. Toute idée tombée du ciel. Quelque chose qui rapporte beauuuucoup d'argent. Les expositions et les conférences de presse s'organisent facilement mais pour le reste... Difficile d'avoir des contrats stables. »

Tu ricanes un instant avant de reprendre.

« J'ai même pensé à transformer mes photographes en détectives privés. »

L'idée n'était pas tellement stupide, mais dans un sens pratique... qui irait engager de tels spécialistes sous la coupe d'une télépathe ? Ou il fallait être stupide, ou être vraiment désespéré.

The Blood Legion

ft. Edana

Une fois le shoot de vodka engloutit, le vampire garda le verre en main. En Russie, quand on trinquait pour des grandes occasions, on pouvait fracasser le verre par terre pour signifier son allégresse et son insouciance. Mais cette coutume n’avait pas beaucoup voyagé. Puis cela demandait d’avoir un bon stock de verre sous la main et une équipe de nettoyage au top. Il garda donc le verre en main, le triturant, esquissant un sourire face à la maniaquerie de sa nièce quand elle met un papier sous son verre. C’était bien une aristo du genre à utiliser des sous verres. Passé l’amusement, il restait attentif à ces questions.

“Certaines oui. Renforcer le verrou de la porte d’entrée et les vitres. Ou ne rien toucher à l’accueil, mais en faire une espèce de sas de sécurité et blinder porte et fenêtres de ton bureau. Sans oublier l’installation d’une alarme et de caméras reliées à un bureau de surveillance et avec des équipes prêtes à intervenir jour et nuit... De nos jours, le matériel peut être assez discret. Et je peux même te filer un collaborateur qui veillera sur les lieux. Certains ont de multiples talents, il pourrait t’aider aussi dans ta boite Et ça sera à ma charge.”

C’était évident qu’il n’allait pas la faire payer. D’ailleurs, il attendait son avis et autorisation par courtoisie, mais si cela ne tenait qu’à lui, il aurait déjà fait l’installation du système. Lui protectionniste ? Évidement surtout avec les personnes issues de son sang, elles étaient assez rares pour qu’il fasse tout pour les protéger.

A la question de l’entrainement, il ne réfléchit pas des heures avant de donner sa réponse. Il était même flatté que sa nièce lui demande.

“ Bien sûr. Entrainement au corps à corps ? À l’arme blanche ou arme à feu ? Les trois sont possibles. Je me renseignerais auprès de vétéran qui ont le même handicap que toi, pour savoir quelle arme ils conseillent. ”

Le russe écouta les déboires économiques de sa nièce. Dans les affaires, rien n’était facile. Surtout dans les situations de crise, les erreurs arrivaient. Il fronça les sourcils à l’annonce du nom de Cérébro, il ignorait ce que c’était. Mais surement un truc à la mode qui lui passait allégrement dessus. Cependant il comprenait que c’était lié à la capacité d’Edana. Quelqu’un qui lit dans les pensées n’était pas une personne auquel on avait envie de se fier.

“ Engage une marionnette. Une personne qui prendrait publiquement la tête de l’agence à ta place, alors que tu serais dans l’ombre à tirer les ficelles. Quelqu’un avec une bonne aura, un humain lambda ou un humain ritualisé ; une victime qui a survécu à tout ça et qui fait bonne figure, mais qui pourra être facilement manipulable ou en qui tu pourras avoir un minimum de confiance...”

La recherche de cette perle rare ne sera pas évidente, mais c’était une bonne solution de son point de vue. Quand on est en retrait de la société, c’était parfois plus évident pour agir. Ezechiel avait toujours préféré l’ombre à la lumière.

“ Rapproche-toi du conseil des Superno pour faire leur campagne de pub, mais cela te fermerait la porte des clients anti superno... ”

Il sourit avec sa nièce quand elle évoque les détectives privés.

“ C'est une idée. Tu sais que beaucoup de gens arpentent les rues ainsi que les hôpitaux et la morgue à la recherche de leurs proches. Le nombre de personne disparus est assez élevé, il y a eu beaucoup de cadavres non identifiés, de comateux inconnus ou des aberrations fraichement transformés qui n’ont pas repris contact avec leurs familles. Je suis sûre que certains seraient prêts à payer pour avoir ces infos... J’ai failli ouvrir une agence de détective…”

Mais c’était le coté trop humain qui l’avait freiné pour l’instant. Gérer les pleurs et angoisses des clients ce n’était pas trop son truc.

“Sinon un truc caritatif ? Ça rapporte peu, mais ça peut aider pour redorer une image et attirer de nouveaux clients. ”

Ce n'était pas son rayon pour donner plus d'exemple dans le caritatif, mais il savait que certains s'en mettaient pleins les poches grâce à ça.

" Ou une agence matrimoniale... La télépathe qui sait lire les esprits pour protéger votre cœur, ça peut être vendeur. Le business d'amour et de sexe marchent bien en général..."

Ezechiel sourit et eut un regard amusé vis à vis de cette dernière proposition.

The Blood Legion
ft Ezechiel

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Tu écoutes les recommandations sécuritaires avec attention et esquisses une grimace. D'accord, il y avait clairement des progrès à faire et certaines choses paraissaient tellement logiques que tu ne comprenais pas comment tu avais pu louper autant de failles. Tu opines du chef devant chacune de ses suggestions et ton regard porte aussitôt en contre-plongée vers la porte d'entrée. Tu as toujours tenu à avoir une vue sur l'ensemble de ton bâtiment, pour pouvoir prendre les mesures nécessaires en cas de problème. Avoir confiance en la Couronne ? Vu ses coups foireux, absolument pas. Alors tu as toujours préféré réfléchir à toute sorte de plan et le premier passait par celui-ci : le savoir est le pouvoir. Avoir en plus une équipe de sécurité beaucoup plus entraînée que la sienne – il était certain que tu n'avais pas pu toi-même choisir un personnel plus pointu au vu de tes antécédents – est quelque chose qui te tente bien, faut-il l'avouer.

« Ca en fait quelques unes, des modifications. »

Un sourire accompagne tes paroles tandis que tu relèves ton regard vers Ezechiel, tout en acquiescant doucement. Tu sais que ton oncle te forcera à accepter d'une manière ou d'une autre de toute manière. Autant que les choses soient consenties, ce serait toujours plus agréable que de te réveiller un jour, une serrure digne du coffre du palais Romanov à ta porte.

« C'est entendu, je te laisserai carte blanche. Pour la sécurité matérielle et physique. Autant que nécessaire. »

Tu termines d'un trait ton verre de vodka tout en grimaçant devant le terme que ton aïeul emploie. Le mot handicap ne t'effraie pas mais t'incommode tant il te rappelle ce que tu as perdu. Certes, ta situation n'est pas désespérée, mais il reste néanmoins problématique de ne pas pouvoir avoir une vie comme tu l'avais avant le Ribcage.

« Je pense que la totale serait le plus judicieux. On ne peut pas prévoir ce qu'il peut arriver... je veux être capable de me défendre et de ne plus me retrouver dans la même situation. Je pourrais perdre plus qu'un bras la prochaine fois. »

Tu enchaînes alors avec la situation du Verbis et tu ne peux empêcher un léger sourire de fleurir sur tes lèvres en voyant que ta référence ne prend pas aux oreilles du vampire. Cependant le conseil de ton oncle fait mouche et tu te surprends déjà à réfléchir à cette éventualité. Certes, tu aimerais garder la main sur tout, mais peut-être que justement... il te faut déléguer pour pouvoir reprendre une place plus stratégique par la suite. Cela te permettrait aussi de pouvoir développer d'autres activités et avoir une main mise plus importante sur le paysage actuel. Tu te penches en arrière, croises les jambes et pose ton menton dans la paume de ta main pour écouter les conseils que Zech te prodigue, avec une attention toute particulière.

« C'est objectivement une excellente idée. Les deux, en réalité. Je ne vais pas mentir et dire que je n'ai pas développé d'intérêt pour les Superno. De toute manière, je doute vraiment qu'un Imperium ou même un Neutrum mettrait les pieds dans l'agence d'une Altération. Je doute davantage d'accueillir correctement le premier, d'ailleurs. »

Tu plaisantes sur le service de détectives privés, mais dans le fond, pourquoi pas ? Avec la suggestion qu'il t'a faite quelques minutes plus tôt, il est vrai que tout cela serait foncièrement possible et plutôt rentable. L'occasion aussi de redorer le blason, comme le dit si bien ton vis-à-vis. Tu te penches dans ton sac pour attraper ton paquet de cigarettes et le tend vers ton oncle, lui en proposant avant de te servir toi même. Tu réfléchis toujours et tu étires un sourire.

« Avoir une personne vitrine pourrait toujours t'être profitable »

Le conseil qu'il t'a donné s'appliquait donc à lui-même également. Une agence de détectives dans cette ville semblait clairement être un investissement intéressant. Et tu ne pouvais nier que cela t'attirait réellement. Tu avais déjà le matériel, une partie des équipes, il ne manquait que quelques détails pour que cela soit réellement faisable mais... ce n'était qu'une question d'ajustements. À méditer donc.

Tu ne retiens pas ton éclat de rire à la mention du caritatif suivi du commerce sexuel. Si tu finissais par écouter le Russe, c'était un bordel qui finirait dans tes bureaux.

« Je pense que Mère aurait eu plus de succès que moi dans ce domaine... Nous savons tous que mes propres choix ne sont pas les plus censés alors donner des conseils sentimentaux aux autres... ce serait assez malvenu. »

Mais l'idée t'amuse tout de même et tu finis par glisser ta cigarette entre tes lèvres et l'allumer. Beaucoup plus facile que d'ouvrir une bouteille. Probablement l'expérience des soirées qui t'a donné un certain avantage. Tu tires une longue bouffée et tourne la tête pour recracher la fumée avant de reprendre.

« Est-ce que tu serais ouvert à une proposition d'entreprise familiale si je te proposais un plan solide ? J'étais à moitié sérieuse tout à l'heure mais... je pense qu'il y a de quoi faire, sincèrement. Et puis, ton cerveau, mon cerveau, ton expérience, ma bêtise... ça pourrait être un duo explosif. Divers avantages, et en plus, on pourrait emmerder pas mal de monde. »

Tu fais glisser la cigarette entre tes doigts et regarde ton oncle droit dans les yeux.

« Mais qu'on soit bien clairs, je ne pensais pas à un bordel ! Ce serait plutôt le genre de Kyle, ça... »

Un fin sourire orne tes traits et tu portes une nouvelle fois la cigarette à tes lèvres en attendant sa réponse.

The Blood Legion

ft. Edana

La sécurité de ce bureau était devenue une priorité, depuis qu’Edana avait repris les affaires. Cela ne pouvait en être autrement. Cela impliquait une charge de travail et un cout supplémentaire, mais le russe ne regardait pas à la dépense dans ce genre de chose. Il hochait la tête, un sourire satisfait aux lèvres. Il aimait avoir gain de cause, même s’il essayerait de l’impliquer certains choix. C’était quand même son bureau, donc c’était un minimum de l’impliquer dans la sécurisation du lieu. Même s’ils risquaient d’avoir des différences d’opinion, sur certains points. D’ailleurs, il pensait à un autre endroit sensible.

“T’envisages aussi de renforcer la sécurité du Manoir ?”

Le russe essayait de penser à tout, c’était son domaine et il ne permettrait pas à quiconque de s’en prendre à sa nièce. Il devait avouer qu’il était content des demandes d’Edana, que ce soit pour la sécurité ou les cours de défense. C’était une bonne chose qu’elle veuille apprendre. Il ferait tout pour les transmettre des astuces afin de mieux affronter ces ennemis. Il trouverait bien un moment où caser ses cours.

“ On fera en sorte que le prochain qui s’en prenne à toi, le regrette amèrement. Tu me diras si tu préfères en début de nuit ou au lever du jour. Ça pourrait être possible en journée dans certains entrepôts ou caveaux. On s’organisera.”

L’accent russe chantait à chacune de ces paroles, avec une pointe de fierté de pouvoir tenir une conversation correcte sans faute. Son éducation avait porté ses fruits, ainsi que ces dernières années sur le sol britannique. Parfois la mère patrie lui manquait, cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait pas foulé de ses pieds. Un brin nostalgique, il écoutait néanmoins sa nièce. Il aimait pouvoir parler affaire avec elle. C'était au moins un point commun entre eux, le sens des affaires. Ses mains jointes devant lui, il se laisse aller sur le dossier du fauteuil.

“ Si tu proposes un service qu’on ne trouve pas ailleurs, ça pourrait les faire venir...”

D’ailleurs, il lui arrivait d’avoir des clients parmi les Imperium et les Neutrum, parfois eux même ignorait qu’au bout de la chaine, c’était un vampire qui gérait tout ça. Mais cela restait des clients et de l’argent. Il prit la cigarette offerte par Edana.

“ Exact. Je vais même lancer un recrutement pour ma société de protection, afin de pouvoir étendre mon influence. Certains ne veulent pas faire entrer un vampire chez eux... ”

Il rajoutait ça avec un sourire sadique. Il jouait avec la clope, la faisant basculer doigt par doigt. Avant de se décider à l’allumer, en saisissant le briquet qui attendait dans sa poche intérieure de veste. Fidèle acolyte qui rythmait ses journées. Tirant sur le bâtonnet fumant, il écoutait attentivement la proposition de Miss May. Il sourit à l’évocation du bordel.

“ Le bordel en entreprise familiale pourrait valoir son pesant d’or. Mais ce n’est pas pour moi non plus, la marchandise humaine est trop... contraignante. Je préfère du matos qui ne se plaint pas et qui subit sans réagir”

Au moins, il était clair. Preuve aussi qu’il avait déjà envisagé ce point dans ces affaires. Mais nope, gérer des êtres humains était déjà assez chiants quand il s’agissait d’employé, mais que c’était la marchandise cela devrait être pire. Quant à la proposition, il inspira plusieurs bouffées avant de répondre.

“ Cela mérite réflexion. Une association pourrait avoir du bons, mais que pour mes affaires légales. “

Le reste, hors de question qu’Edana s’y approche, aussi bien pour la protéger elle que ces affaires.

" Qu’as-tu en tête ? Associé ma société de protection avec ton agence pour faire une agence de détective ? Ou jouer les détectives et garder ton agence dans son jus ? Sache que s'associer à moi n'est pas forcément un cadeau...

The Blood Legion
ft Ezechiel

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Tu peux voir à son visage et son regard que ton oncle apprécie ton approbation et ta docilité face à ses recommandations. Oh, de toute manière, tu sais que tu n'as pas le choix et que quoi que tu aies pu lui dire, ton oncle aurait bien trouvé une occasion de te retourner la tête et de te faire accepter tel ou tel changement. Alors autant aller avec le flot, et suivre tes propres revendications. Tu hoches la tête pour signaler ton assentiment à sa remarque. Tu veux faire revenir ta fille et il est hors de question de laisser le moindre détail de côté. Cela passe par une optimisation complète du système de sécurité du Manoir. Si Jude et ton père n'ont jamais été très féru de la question, la paranoïa que tu tiens de ta mère, elle, te pousse à observer chaque aspect de ce dernier tous les jours et de remarquer qu'en cas du moindre problème, vous seriez égorgés dans votre sommeil comme des lapins dormant dans leur terrier, tous télépathes ou lycans que vous soyez.

« Oui. Evannah devrait revenir prochainement et j'aimerais que tout soit au point à ce moment-là... à ce propos..... »

Tu t'arrêtes cependant, enchaînant sur un tout autre sujet, pas sure de vouloir dire aussitôt à ton oncle que tu n'es... qu'une traînée. Disons les choses telles qu'elles sont après tout. Tu préfères continuer sur une note un peu moins joyeuse, mais certes plus rassurantes pour toi. L'impression que tu as auprès de ton oncle, son approbation, a toujours été importante à tes yeux. Grandir sans père t'a toujours poussée à chercher l'assentiment des figures masculines de ta famille. Ton oncle, ton grand-père, tes cousins,... même ton frère qui n'avait aucune envie d'avoir la moindre relation avec toi. Tu peux d'ailleurs voir l'éclat de fierté qui brille dans son oeil à ta demande. Et en l'instant, cela te frappe... cette ressemblance avec ta mère, cet attrait envers la noirceur. Comme une grippe abyssale, que tu ne parviendras jamais à refouler à cent pourcent. Mais quelque part, l'embrasser te permet désormais d'avoir un meilleur contrôle sur celle-ci.

« Je pense que l'une des pièces du Manoir pourrait également convenir. Quelques pièces plus... secrètes. Je te ferais voir quand tu viendras visiter pour les aménagements. »

Tu allumes alors le bâtonnet de nicotine, prenant soin de cracher la fumée à l'opposé du visage de ton aïeul. Tes doigts valides laissent jouer la cigarette entre tes doigts tandis que tu savoures l'effet du tabac sur ton système nerveux. Tu n'as pas eu de grosse crise de douleur aujourd'hui mais tu aurais pu user d'un anti-douleur ou deux tout de même. Mais tout de même, tu sens que ton corps a beaucoup de mal à s'habituer à sa nouvelle situation. Tu es donc parfaitement apte à l'écouter sans que la moindre brume ne vienne t'envahir. Et il faut avouer que les conseils de tonton Zech s'avèrent être très intéressants. Peut-être que diriger les choses plus discrètement te permettrait d'ailleurs d'étendre à nouveau tes activités. Tu n'es pas femme à te contenter d'une chose, et c'est peut-être ça qui bride ta productivité et ta créativité en ce moment. Tu étires un sourire tout en notant de réfléchir à ce point un peu plus tard.

Tu ne peux empêcher un léger rire de te secouer. Oh, avec toi dans les parages, nulle marchandise humaine ne serait contraignante. Mais tu rechignerais à mettre les mains dans le domaine sexuel, parce que tu restes tout de même un peu féministe sur les bords et que, sauf dans le cas de la conscience acquise, la plupart des femmes dans ce domaine n'étaient pas si bien traitées. Tu suis le mouvement de la volute de fumée qui s'échappe entre tes doigts avant de porter le bâtonnet à tes lèvres et de tirer une nouvelle fois.

Tu opines du chef et envoie un sourire resplendissant à ton oncle. Cette histoire d'agence de détectives privés t'attire plutôt, il faut l'avouer. Déjà parce que tu pourrais user toi-même de la discrétion de l'un ou de l'autre – le savoir c'est le pouvoir, comme te répétais tant les proues féminines de la famille May.

« Oh Dyadya, n'as-tu jamais assez côtoyé les femmes de cette famille pour savoir que nous sommes le seul enfer que la terre n'ait jamais eu à craindre ? »

Ton sourire vitriolé fait écho à tes paroles avant que tu fasses tomber quelques cendres dans la coupelle qui se trouvait entre vous deux.

« Plutôt un projet parallèle... parce que si l'un s'effondre, toute la structure en pâtira. Une nouvelle agence, bien distincte de nos acquisitions personnelles. Cela nous permettra aussi de la façonner plus facilement, de pouvoir attirer tout public. L'attrait de la nouveauté et du mystère. Surfer sur la vague « Potentiels » et mettre en avant les bienfaits de personnes à dons... et de Nocturnes. Ça nous permettrait de couvrir du jour et nuit sans le moindre souci, donc de doubler profits et efficacité. Et pourquoi, ne pas en même temps, ouvrir un volet plus juridique en cas de recours. Une offre d'avocats, de juristes, de spécialistes en droit, capables de répondre à toute question liée aux affaires ? Une femme trompée qui veut demander le divorce ? Un homme lésé par un cambrioleur qui veut porter plainte dans la seconde ? Nous aurions tout sur place pour leur offrir un service sur mesure ? »

Tu te renfonces, cigarette entre les doigts et oeil pétillant. Les idées commencent à venir, et tu sens que le début d'un nouveau chapître se profile devant toi. Et tu aimes ça.

« Je sais qu'il est difficile en ce moment d'arriver à obtenir quoique ce soit de l'administration. Les papiers pour entrer sont impossibles à obtenir, les délais sont d'une longueur folle... »

Tu marques une pause, sentant le bon moment pour te lancer.

« J'essaie de faire revenir Evannah à nos côtés. Elle doit être avec sa famille. »

Et pas avec ton grand-père... D'ailleurs, tu n'es pas certaine de savoir ce que pense ton oncle du fait que tu aies laissé la chair de ta chair avec son beau-frère.

The Blood Legion

ft. Edana

Mentalement, le vampire faisait une liste des choses à faire et à changer dans les jours à venir afin que sa nièce soit en sécurité. Il ne faisait pas confiance aux personnes qui vivaient avec elle. C'était son devoir de veiller sur elle. Il l’avait promis à sa mère il y avait déjà bien des années.

“ Tu dois être impatience de retrouver la chair de ton sang. Tout sera prêt à son retour, je commencerais par la sécurisation du manoir."

Il s’y engageait et fera tout pour tenir sa promesse. C'était le genre d’homme à ne pas faire souvent des promesses, mais à respecter celles qu’ils prenaient surtout face à certaines personnes. Il n’avait jamais promis la lune pour séduire, mais il avait pu promettre la vengeance ou un magnifique met de choix pour ravir Nora. Mais c’était aussi une vampire avec des gouts particuliers. Ces prochains jours seront chargés, mais cela ne l’effrayait pas. Il était plutôt même ravi, cela permettra à son équipe de se faire la main sur ces tâches. Même s’il s’occuperait lui-même du manoir.

“Bien."

Si le manoir pouvait convenir pour leurs entrainements, il ne serait pas contre. Quel que soit la pièce ou le terrain, ce n’était pas ça, le plus important, mais plutôt l’enseignement en lui-même. Puis au détour d’une cigarette, ils parlèrent affaire, firent des projets pour une boite familiale.

Cela pourrait être bien, à condition que les règles soient bien fixées. Les affaires en famille avaient aussi la possibilité d’apporter des tensions. Il fallait gérer le tout et savoir doser.

Un mince sourire s’étirait sur ses lèvres qui tenaient le bâton de nicotine. Oui les femmes de cette famille avaient un sacré caractère. Il le savait bien.

“ Si. Mais les hommes peuvent aussi être retords bien que parfois caché par l’affluence des femmes de cette famille. Il faudra faire en sorte que tout se passe pour le mieux entre nous."

Mais il n’avait pas de crainte, enfin pour le moment. Il échappe une volute de fumée, alors qu’il écoutait le projet. C’était une bonne idée, au point qu’il en hochait la tête. Il était fier que sa nièce ait cet attrait pour les affaires.

“ Donc une agence de détective avec des altérations et des aberrations, qui mettraient leurs capacités au service du public, afin de retrouver leurs proches ou d’enquêter sur ceux. Ça me va. Le coté juridique, peut être un plus. Certains vampires et lycans étaient des avocats ou juristes avant d’être transformé. Ils serraient surement ravis d’avoir un cabinet et pas trop gourmand en honoraire afin de commencer. Il faudra un endroit bien placé, grand et avec plusieurs sorties."

Si les prix étaient trop hauts, ils n’auraient personne. Alors que s’ils commençaient bas, ils pourraient toujours augmenter les frais. Il pensait déjà à l’immobilier qu’il faudrait, signe que l’idée l’emballait.

“Je connais un medium. On pourrait avoir une branche mystique."

Il pensait à sa sœur vampirique, qui pourrait aider à chercher les gens ou aider les gens qui croient à l’au-delà, histoire d’avoir un panel bien large d’intéressé. Bon par contre, pas sûre qu’elle accepte mais c’était un détail.

“ Oui les frontières sont encore bien surveillées et fermées.”

Que ce soit au niveau administratif, mais aussi physiquement. L’armée britannique avait toujours un œil sur Bristol et veillait à ce que personne ne puisse quitter facilement la ville. Les entrées étaient tout aussi contrôlées. Ce n'était pas simple de circuler sauf quand on connaissait les bonnes personnes ou qu'on avait les bons leviers pour les faire plier. Le russe continuait à tirer sur sa cigarette, en attendant qu'Edana se lance. C'était à elle d'oser et de demander. Pour tout dire il avait déjà étudié la question, quand il avait su que sa petite nièce était en France loin de sa mère. Il savait que son beau-frère prendrait soin d'elle, de toute manière, il avait intérêt de veiller sur elle comme sur sa vie.

“ J’ai des contacts qui pourraient accélérer les choses, quelques livres et les délais d’attente se réduiront sans souci. On pourrait profiter d’une de mes livraisons pour la faire venir, quitte à faire le voyage avec elle ou que son mentor provisoire l’accompagne. "

Histoire de veiller sur elle jusqu’au bout.

The Blood Legion
ft Ezechiel

The Blood Legion | Eda & Zech V0nhX1A9_o

Tu opines du chef. Impatiente est un faible mot, même si angoissée l'accompagne plus que probablement. Tu étires un sourire et aspires à nouveau un peu de fumée alors que ta cigarette se consume entre tes lèvres. Ces trois années t'ont semblé si longues et pénibles que tu ne parviens pas à savoir quand tu as ressenti un tel soulagement. Savoir qu'Evannah reviendra, que ton oncle se charge de tout – surtout que dans les circonstances grand-paternelles, toi mieux que quiconque sait que ce n'est pas une partie de plaisir – te rassure et te permet de profiter sans doute beaucoup plus de la nouvelle. Tu sens au fond de toi que les choses changent et pour la première fois depuis un très long moment, tu sens une pointe d'espoir poindre le bout du nez.

Tu proposes alors des choses, te lançant sans doute un peu trop vite dans le tas. Mais tu sens que tu en as besoin, pour récupérer un semblant de confiance en toi. Tu es de retour depuis un certain temps, mais tes mains et ton esprit n'ont pas récupéré leur fougue d'antan. Et tu n'as que trente ans pourtant. Il est donc temps que tu prennes les choses en main et que tu retrouves l'Edana passée. Ou du moins, les bons aspects de cette Edana.

C'est ce qui te pousse à lui proposer un partenariat. Tu n'as pourtant jamais su travailler en famille – Jude en est le premier témoin – mais tu sens qu'Ezechiel possède un esprit qui correspond davantage à ta propre philosophie. Jude est bien trop policé pour que tu puisses envisager une quelconque relation professionnelle avec lui, déjà qu'émotionnellement parlant tout n'est pas toujours évident. Tu hoches la tête, entièrement d'accord. Tu n'as que peu connu le côté russe de ta famille, Ezechiel et ta grand-mère étant tes seuls vrais contacts, mais tu as eu vent de ce dont ils étaient capables. Rien que de voir les matriarches de ta famille, et tu pouvais appréhender leur intelligence et leur ruse, mais tu sentais également la force et la sagacité dont les hommes avaient pu faire preuve pour vous amener si loin. Tu peux alors voir ton oncle approuver tes idées et un sourire discret se place sur ton visage. Tu ne cherches pas l'approbation, mais tu es toujours heureuse lorsque ta famille valide tes points. Tu glisses ta main valide sur ton carnet pour prendre des notes au vol, afin d'être certaine de ne rien oublier et de pouvoir continuer à travailler sur l'idée par la suite.

Ezechiel pousse l'idée plus loin et ton minois acquiesce, tandis que tu couches ses paroles sur le papier. Tu émets de temps à autre un son guttural pour marquer ton accord avec ce que te dit le russe, avant de relever la tête lorsqu'il suggéra le médium. Une fine grimace barra ton visage, avant de te souvenir de tes propres origines et des nombreuses enquêtes où ils étaient employés. Il te fallut quelques secondes supplémentaires pour intégrer l'idée, réfléchissant aux retombées possibles. Mais quelque part, c'était une part de la culture de cette ville, et ça ne pouvait que fonctionner sur un certain type de la population. Alors pourquoi pas ?

« Entendu. Mais il faudra être prudent sur la communication, on ne veut pas passer pour des illuminés. Il faut avant tout mettre l'aspect rationnel et humain. Mais nous devons explorer toutes les options. À quel point il est sérieux, ce médium ? »

Tes propres expériences étaient catastrophiques alors tu te méfiais un peu, il fallait l'avouer. Vous bifurquez à nouveau sur le sujet Evannah et ta nervosité reprend le pas sur toute la sérénité et l'enthousiasme dont tu as bien pu faire preuve jusque maintenant. Tu écoutes ton oncle avec attention et acquiesce à nouveau.

« Je pense qu'il voudra revenir avec elle. Il faut que je l'appelle pour discuter des modalités, mais... j'avoue ne pas être très pressée de lui parler. Dyadya, il faut que je t'avoue quelque chose. »

Tu plonges les yeux sur ta cigarette, un peu honteuse de la situation dans laquelle tu te trouves. Déjà parce que si vous plaisantiez au sujet des bordels auparavant, ta réputation et sa vision de toi pourrait lourdement changer en quelques instants. Tu attrapes ton verre et le vide d'un trait pour te donner du courage, peu consciente de ce geste si propre à vos racines communes. Tes prunelles se relèvent sur celles presque noires de ton oncle et tu finis par te lancer.

« Le... père, vrai père, d'Evannah est de retour dans sa vie. Pas l'ange. Je... Hum. Lorsque je voyais Nathaniel, j'étais fiancée – Mère avait tout arrangé – avec un aristocrate Réversien. Il s'avère que nous avions quelques... arrangements de notre côté. Evannah est l'un d'entre eux.»

Ce n'était peut-être pas clair... alors autant prendre ton courage à deux mains et dire les choses telles qu'elles étaient.

« Nathaniel n'est pas le père d'Eva. Isaïah Stones l'est. Et il va vouloir sa part dans cette histoire. »

Parce que tu connais bien ton ex-fiancé. Et que le prix à payer sera extrêmement salé, ça aussi.

« Je réglerais les choses avec lui... De la manière la plus appropriée. Mère et Père étaient au courant, et se sont arrangés pour tout masquer, quand le gouvernement est tombé. Elle ne voulait pas que l'on soit associés à l'un ou à l'autre, raison pour laquelle elle a gardé le silence sur la véritable paternité d'Isaïah. À moi y compris. »

Ta voix vibre de rage à cet instant, et tu sais que si Azura était face à toi, elle passerait sans doute à travers l'énorme baie vitrée. Tu pousses un soupir pour te calmer avant d'écraser ton mégot dans le cendrier qui trône sur ton bureau et poses ton regard sur le vampire.

« Si nous nous associons vraiment, nous ne pouvons pas avoir de scandale, de squelettes dans le placard. Nous savons tous les deux que nous avons beaucoup de placards non ouverts... Et celui-ci est le dernier en date. La famille Stones et Livingstone sait tout à propos d'Evannah. Ils ne poseront pas de problèmes en société mais je ne suis pas sure de la même chose pour le privé. Nous devons nous préparer à devoir défendre ce qui nous appartient. »

Tu ne parles pas des biens matériels, tu parles de ta famille. De tout cet empire qui te représente mais surtout de tous ses membres. Parce que tu sais ce dont un aristocrate est capable, tu en as suffisamment payé les frais.

« C'est pourquoi déduschka doit revenir avec elle. Il reste l'autorité dans une partie de notre famille et pourra nous aider à les écraser au besoin... Seulement... il pourrait avoir besoin d'un petit peu de persuasion. Il ne va pas être ravi. »

Tu baisses la tête, avant de souffler.

« Je suis désolée si je t'ai déçu, Dyadya. »

The Blood Legion

ft. Edana

L'entreprise familiale était en train de prendre vie entre la nièce et l’oncle. Une nouvelle affaire, un nouveau cadre plus légal celui-là, mais dans un secteur qui méritait qu’on s’y attarde. Il pensait à Rhea en tant que medium pour développer une autre branche et parce qu’elle assurait dans ce domaine. Le russe comprend les réticences de sa nièce.

“ Elle est douée, et sait être discrète. C'est un peu comme ma sœur... je lui demanderais si ça la branche de jouer aux détectives et je te dirais ce qu’il en ait. Mais ça serait pour les clients illuminés, ceux qui n’aiment pas les voix traditionnelles. ”

C'était le cas de certaines personnes dans cette ville. Rhea saura bien lui dire si c’était une idée prometteuse ou pas. Il ne tardera pas à aller la voir pour faire la proposition. Il ralluma une cigarette tout en écoutant Edana, qui semblait avoir une chose à confesser. Il était loin d’être un modèle de vertu pour écouter les confessions, mais si cela lui faisait plaisir.

Il écoutait en silence, essayant de s’y retrouver dans ces histoires d’aristocrates. Heureusement il avait réussi à échapper à ses ingérences de la sorte dans sa vie. Mais ça devait être désagréable de ne pas être maitre de tous les aspects de sa propre vie.

“ Ta vie n’a pas dû être simple avec ces ingérences familiales.”

Voilà ce que ça lui inspirait.

“ Je n’ai jamais aimé les magouilles de famille, pourtant dieu seul sait à quel point on en a eu dans notre famille. Mais le fait que ce Stone soit le père de la petite ne lui donnera aucun droit sur cette entreprise. Je ne le permettrais pas. On rédigera un contrat en conséquence. “

Le vampire n’avait pas envie de se laisser emmerder par des aristocrates, surtout ceux d’une autre famille que la sienne.

“ Dorogoy, ne t’excuse pas. Tu as juste couché et eu une fille avec un aristo, le reste c’est les magouilles de tes parents. Regrettes-tu l’existence de ta fille ? ”

Le vampire tira sur sa clope avant de poser ses coudes sur ces genoux et de regarder Edana.

“Sache que je n’ai pas l’intention de me faire dicter ma conduite ou mes affaires par des aristocrates qui se croient tout puissants. Ils sont toxiques, et j'évite de les avoir dans mon entourage proche en général. Je te conseille de faire de même. S’il faut mettre les choses au clair ou faire le ménage, je n’hésiterais pas une seconde. Les seules ingérences d’aristocrate que je tolère sont celle de notre famille, les May. Les autres ? Ils ne sont rien pour moi. Ils veulent sortir des squelettes du placard, qu’ils fassent gaffe à leurs propres placards. Je ne prendrais pas de gants avec eux, que ce soit les Livingstone ou les Stones ou qu’importe. “

Une nouvelle bouffée de nicotine, puis il reprit.

“ Être le bâtard de la famille a été une chance en quelque sorte. J'ai pu avoir les avantages des aristos sans avoir d'ingérence dans ma vie. Ça s’est un luxe que les bâtardes et petites gens ont. Personne de leur entourage n’est là à fomenter des plans. J'aimais ta mère, elle est mon sang. Mais je ne sais pas si j'aurais supporté l'emprise qu'elle a eu sur ta vie.”

Rarement, il avait eu l’occasion de parler de ça avec sa nièce.

“ Dorogoy, si tu avais le choix entre rester ici accroché à cette famille, à ces aristos avec la toxicité qu’on lui connait ou couper les ponts en partant avec ta fille loin d’ici, d’eux et de leurs affaires, que choisirais tu ? “

Le russe s'appuya à nouveau sur le fauteuil en attendant la réponse de sa nièce.

The Blood Legion
ft Ezechiel

The Blood Legion | Eda & Zech V0nhX1A9_o

Ah ça pour des voies non traditionnelles... Tu opines tout de même du chef, toujours un peu sceptiques. Sans doute parce que tu n'as jamais été hyper proches de ces croyances, malgré le fait que ce soit monnaie courante dans la culture de ta grand-mère. Elle-même n'était pas particulièrement friande de la voyance... sans doute parce qu'elle y croyait un peu trop. Toujours était-il qu'elle vous en avait appris la méfiance, à ta mère et à toi. Mais si ton oncle y croit et qu'il a confiance en son contact alors... pourquoi pas ? Tu n'as rien à y perdre et tout à gagner. Et si ça ne fonctionne pas, tu trouveras bien un autre moyen de remanier les choses. Ou Ezechiel, vu que ses idées de génies semblent particulièrement pertinentes.

Tu finis par bifurquer sur ce sujet qui te semble tant épineux. Admettre tes torts n'a jamais été quelque chose d'évident – probablement parce que les marges d'erreurs ne t'étaient pas accordées en temps normal – mais face à la seule personne de ta famille qui t'a toujours soutenue sans aucun jugement, le sentiment d'avoir failli à ce qu'on attendait de toi est bien pire que ce qu'il aurait été face à Azura. Mais la réponse que ton oncle a à t'offrir te surprend et, bien que tu gardes le regard fuyant, tu ne peux t'empêcher de laisser une grimace barrer ton minois. Oh oui, entre ta famille et toi les choses ont toujours été bien compliquées, et le résultat en est parfaitement ridicule désormais. Orpheline, tu en viendrais presque par moment à regretter de ne plus avoir l'un ou l'autre parent se mêlant du moindre de tes choix. Mais cette pensée se balaie aussi vite qu'elle ne t'a effleurée et tu ne peux empêcher un sourire de fleurir sur tes lèvres lorsque tu vois la prévoyance de ton oncle. Tu ne laisserais pas Isaïah se mêler de tes affaires, de toute manière. L'empire que tu bâtis de tes mains périclite peut-être en ce moment-même, mais il t'es inconcevable que l'une ou l'autre personne ne vienne mettre ses pattes sur ce que tu as construit de tes propres mains, sans ton assentiment.

« Il n'aura la main mise sur rien, je te rassure Dyadya. Vous m'avez tous appris bien mieux que de laisser un homme gérer ce qui est mien, ou ce qui est nôtre. Seul le sang compte réellement. »

Contrairement aux autres membres de ta famille, la manière de penser d'Ezechiel est bien plus libre et en adéquation avec la tienne. Sans doute parce qu'il a eu la vie que tu aurais voulu avoir d'une certaine manière. Peut-être parce qu'il ne s'embarrasse pas des contraintes de l'aristocratie tout simplement. Tu écrases ta cigarette et ressert chacun des verres, avant de laisser échapper un soupir profond.

« Le problème est qu'ils sont doués pour les déterrer les cadavres... et qu'ils l'ont fait bien avant que je ne le remarque. »

Pour le coup, tu ne peux que te blâmer de ta stupidité. Le goût ferreux de la trahison se diffuse dans ton palais tandis que tes prunelles deviennent plus orageuses. Le bleu de tes yeux se fonce tandis que tu penses à Eris et aux manigances qu'elle a bien pu faire dans ton dos. L'urgence de retrouver ta fille se fait davantage sentir encore et tu ne peux que serrer les doigts autour de ton verre dans une vaine tentative de contrôle. Tu ne peux te laisser aller à la colère depuis ta sortie du Ribcage, ton don t'échappant à nouveau. Peut-être devrais-tu d'ailleurs songer à demander à ton oncle ou Sage de t'accompagner plus souvent d'ailleurs, pour apporter un peu de paix à ton esprit dérangé.

« J'ai sincèrement été stupide, Dyadya. J'ai commis la pire erreur que j'aurais pu commettre... m'entourer des personnes les plus instables possibles qu'il m'eut été de rencontrer. Leur accorder ma confiance et la vie de ma fille. Si nous voulons survivre et conserver notre famille, il nous faut retrouver le contrôle sur eux. Retrouver notre statut. »

Depuis trop d'années maintenant, tu as goûté à la disgrâce. Le Ribcage, la chute de Réversa, le coming-out de ton don, ta période de fugitive, ont fait des dommages définitifs à ta réputation. Pourtant, tu faisais partie des plus grands autrefois. Ta mère te déshériterait d'ailleurs, si elle voyait ce que tu avais fait de son nom.

« C'est vrai. Mais elle n'avait pas tort pour tout. Maintenant, je comprends. Je ne ferais pas les mêmes choix qu'elle, mais je comprends. On nous éduque pour être ce que nous sommes, on nous formate... et nous ne connaissons rien d'autre. Elle pensait bien faire, sans doute. À sa manière tordue de voir le monde. Mais je ne suis pas mieux qu'elle. Elle ne m'aurait jamais laissé partir aux mains d'étrangers. Même si son propre père était présent. »

Tu baisses la tête, sirote une nouvelle gorgée de vodka. Le brûlant dans ta gorge te rappelle amèrement tes erreurs, autant que ta psychée ne le fait quotidiennement. Azura n'était pas la mère parfaite, mais jamais elle n'avait fait défaut à son rôle. Peut-être le prenait-elle par moment trop à coeur, et sans doute était-elle d'une toxicité sans égal. La question de ton oncle te surprend et tu relèves la tête avant de détourner à nouveau le regard. Tu connais la réponse et tu sais qu'elle ne lui plaira pas. Tu laisses planer un moment de silence, avant d'avancer d'une voix basse, honteuse.

« Je resterai. C'est ce que j'ai choisi. »

Quand Réversa a implosé et que ton monde s'est écroulé. Tu aurais pu partir avec eux, comme Kyle te l'avait demandé, comme ton grand-père te l'avait suggéré. Parce que même Reginald Beauclair avait vu juste sur la question, et que rien n'importait plus que la survie de sa famille. Mais tu avais voulu être loyale à ceux qui t'avaient vu grandir, et tu ne voulais pas laisser ta ville périr sans te battre...

Pour quel résultat.

« Ne te méprends pas, j'aime Evannah plus que tout au monde, et je donnerais ma vie pour ma fille. Mais... je suis ce que je suis, aussi mauvais cela soit-il. Aussi mauvaise puis-je être également. J'ai commis tant d'atrocités que je suis étonnée de parvenir encore à dormir. Dans un autre monde, dans une autre vie, avec un autre titre que le mien, cela ne serait pas arrivé. Mais pour une raison qui m'est inconnue, je suis née comme je suis née. Et si je n'ai manqué de rien, la contrepartie a été des responsabilités que nul ne devrait avoir à assumer. »

Tu n'as jamais tué de tes propres mains, mais tu as torturé, défié, bafoué, ignoré et cela a sans doute conduit à la mort de dizaines de personne, si ce n'est plus.

« J'aimerais pouvoir te répondre que je partirais loin d'ici, mais je mentirais. Je suis certaine que si tu me le demandes c'est que tu l'envisages. Mais je ne peux pas. J'ai déjà failli une fois, je ne peux recommencer. Ils m'ont tout pris, et je dois tout récupérer. Mon honneur, ma famille, mes biens. Tout. »

Tu déposes ton verre pour reprendre une nouvelle cigarette, laissant le paquet entre toi et Ezechiel pour qu'il se serve une fois la sienne terminée. La nicotine apaise la tension que cette révélation a créée dans ton corps et tu recraches la fumée lentement, tout en croisant les jambes.

« Je ne recherche pas, ou plutôt plus, le pouvoir. Je veux juste me battre pour que le monde dans lequel Evannah va grandir, l'accepte pour ce qu'elle est. Pour ne pas la voir un jour derrière des barreaux, regardant derrière son épaule, dans la crainte de ce qu'elle représente. Et je ne peux pas partir pour ça. Et j'ai besoin d'eux, de leurs ressources et de leur pouvoir pour ça. Qu'on le veuille ou non, ce sont les gens toxiques et bien nés, qui tiennent le monde entre leurs mains. »

Tu redresses alors ton regard dans le sien, glissant tes saphirs dans le noir de ses yeux.

« Et pour cela j'aurais besoin de toi, Dyadya. Pour ne pas me noyer, et pour me rappeler quel est le combat que je mène. Parce que tout ça... ça finit par te consumer. »

Tu reprends ton verre et tu souffles.

« Enfin, si tu es d'accord. »

The Blood Legion

ft. Edana

" Alors il faut qu’on déterre tous nos cadavres avant qu’ils ne le fassent. Avoir un coup d’avance sur eux, ainsi nous choisirons quand et comment cela peut nous servir. Certains cadavres peuvent avoir une utilité insoupçonnée.”

De la part d’un vampire, d’un mort vivant c’était assez drôle de dire ça. Mais c’était tellement vrai. Savoir ranger des cadavres c’était la base. Mais parfois il ne fallait pas hésiter à en ressortir pour une bonne cause. Cela pouvait être utile, à croire que c’était des objets pour Ezechiel. C'était presque ça.

Silencieux, fumant sa cigarette, il écoutait sa nièce attachée à son statut perdu. Enfin au statut de la famille, auquel il n’avait jamais vraiment eu droit mais dont il avait pu bénéficier par certains côtés.

Concrètement, il s’en fichait de la réputation de cette famille ; puisqu’il avait la sienne. Celle qu’il avait bâti de ses propres mains, avec le sang et les cadavres qu’il avait eu besoin pour arriver à ces fins. C’était celle-là qui comptait le plus, mais il savait très bien qu’il pouvait tout perdre rapidement. Un coup du sort ou un mauvais coup et hop tout s’envolait. Mais il rebondirait encore. On est maitre de sa destinée si on le veut. Il comprenait, mais parfois il fallait s’éloigner du passé, pour se projeter vers l’avenir et ne pas rester rivé à un statut passé.

« Notre famille pourra survivre même sans ce statut auquel tu sembles si attaché. »

La conviction ne faisait pas défaut à ces paroles, même s’il ne donnait pas suite, ni explication. Il avait déjà beaucoup parlé ce soir. La réponse d’Edana sur son intention de rester ici, le surprenait un peu. Qui ne voudrait pas éloigner sa progéniture des dangers ? Mais parfois être au cœur du danger permettait de se protéger et de voir venir les coups durs. Les deux options se valaient. De toute manière, il n’avait pas vraiment son mot à dire. Au pire, il pourrait toujours les mettre en sécurité si besoin à leurs insu bien sûr.

« Je ne compte pas partir. Un pays en guerre est toujours intéressant et amusant pour les affaires. J’envisageais une porte de sortie pour vous. »

Puis s’il devait partir un jour, ça serait surement avec ceux qui comptaient vraiment. Dont son opposé, ça serait surement drôle à lui faire comprendre. Envisager une sortie possible faisait partie de son processus de réflexion générale.

« Ce sont toujours les enfoirés qui tiennent les rênes. »

Et il savait de quoi il parlait ; puisqu’il était un bel enfoiré. Mais à petite échelle, par rapport à ceux qui manigançaient légalement. Peut-être qu’un jour cela changerait. Mais il n’était pas aussi naïf pour le croire vraiment. Les enfoirés se succèdent, même les méthodes diffères un peu, mais au fond il y a peu de changement. Il se redressa pour aplatir le reste de sa clope dans le cendrier, avant de boire son shot de vodka.

“ Je serais là. L’ombre qui te poussera toujours vers la lumière et qui n’hésiteras pas à agir que cela plaise ou non. “

Toujours à roder, à surveiller, à agir pour les intérêts de cette famille qui est la sienne et préserver un peu sa nièce de la noirceur de ce monde. Même si elle y avait déjà gouté, mais elle ne devait pas y sombrer totalement, pour ne pas entrainer sa fille. Cela avait été un échange intéressant. Ezechiel se leva en fermant sa veste, tel un parfait gentlemen. Il fit quelques pas dans le bureau pour dégourdir ses jambes.

“ Mon avocat t’enverra par mail l’ébauche du contrat. Mes équipes viendront dès demain matin pour la sécurisation du bureau et le manoir. Je passerais demain soir pour faire le point sur les travaux à faire.”

Avait-elle son mot à dire ? Pas vraiment, mais après tout cela faisait partie du deal. Il avait déjà prévu de placer un ou deux gars devant l’agence et le manoir, dès cette nuit. Une ombre était toujours présente, parfois étouffante, mais difficile de passer au travers.

“ Prends soin de toi Dorogoy. ”

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