Weapons and paintings — ft. Ezechiel

Les derniers rayons du soleil traversaient les carreaux. Cette lumière naturelle venait délicatement caresser le dos de ta main déposée sur ton bureau, un verre de ce délicieux bourbon que tu produisais depuis plusieurs années, synonyme d’une réussite dans le business de l’alcool. Un vrai whisky qui possédait son propre caractère. A l’image de son créateur, il était fort et avait ses petits secrets de fabrications. Ton seul secret à toi, c’était celui du vol organisé. Des œuvres d’arts dérobées à la pelle dans de nombreuses contrées et parfois remplacées par des copies quasi parfaites. Le but premier d’un voleur c’est de rester inaperçu et toi tu faisais cela jusqu’au bout. Pour rester dans la plus grande discrétion possible, t’avais acheminé un tas de planques avec tes partenaires pour ne laisser aucun accord en « dehors de ta juridiction ». Rien, aucune transaction ne se passait à l’air libre et tout était conclue par tes plus proches associés.  Tu ne te montrais pas aux inconnus pour ne pas être reconnu et c’est avec ça que tu t’avais bâti une certaine légende dans le milieu.

- « Patron, on a un problème avec le dernier arrivage. »

- «  Montre-moi. »

C’était des choses qui arrivaient parfois. Sans problèmes, la vie serait plutôt maussade selon toi. T’avais sans cesse besoin de défi et aujoud’hui, il y en avait un de taille.

- «  Bon… Tu va appelé les autres tarés de russes et leur dire de quoi on a besoin. Après avoir récupérer leur livraison, tu sautes dans une voiture avec deux autres gars et vous partez intercepter le camion avant qu’il ne sorte du district. C’est pigé ? »

- « Oui patron. »

Jamais un de tes employés ne t’avais appelé par ton nom ou par ton prénom, c’était par pure protection. T’aimais pas forcément en faire des tonnes, mais si un flic te mettais sur écoute, il aurait bien trop de plaisir à entendre ton p'tit nom. C’était la dernière chose que tu voulais. Par contre, t’étais devenu un vrai parano. Tellement obsédé par cette ombre qui te suit nuit et jour que t’avais même explicitement demandé aux employés de la distillerie de t’appeler patron ou chef. Plus de prénom ni de nom, c’était un meilleur rempart pour toutes les saloperies qui pouvaient trainer dans Bristol et toutes celles qui voulaient ta tête… Ou celle de Ghost.

Parcourant les longs couloirs pour rejoindre le réseau, c’était depuis le derrière de la grande horloge que tu avais installé l’entrée depuis la distillerie. Fallait bien être ingénieux. L’idée de mettre l’accès dissimulé derrière une de tes 5 étages était bien trop peu intelligent tellement on l’avait vu vingt mille fois dans les films. Ce gigantesque dédale de couloirs avait pris des années à être construit, mais ça en valait la peine et l’argent pour toutes les livres que tu empochais aujourd’hui.

Suite à quelques minutes de marche en compagnie d’un de tes plus proches et vieux camarades, tu arrivais dans un entrepôt qui appartenait aux russes, des associés aussi tarés qu’ambitieux. Le truc, c’est que tu n’aimais pas leur trafic de drogue, mais t’avais besoin d’eux pour ton business. Sans ça, leur vampire de boss était un homme avec qui tu t’entendais, sans plus. C’était un type qui répondait présent quand t’en avais besoin et vous l’argent était un bon moyen de maintenir votre relation dans le milieu.

- «  Alors, on a envie de me causer des problèmes aujourd’hui, Ezechiel ? » Disais-tu d’une voix sûre tout en allumant ta clope dans la pénombre.

Le problème chez les russes, c’est qu’ils ont pour beaucoup un sale caractère et le vampire ne dérogeait pas à la règle. Ça devait être encore un problème de thune, et le soucis avec Dracula c’est qu’il n’en avait jamais assez.

Les affaires étaient florissantes. Les dernières semaines de violence avaient été bénéfique pour le trafiquant. En plus de cela, l’issue était plutôt favorable pour sa pomme. Raison de plus de continuer sur cette lancée. Début de journée pour le vampire, il allait tranquillement rejoindre l’entrepôt du moment. Il déménageait souvent, certaines fois du jour au lendemain, parfois il restait plusieurs semaines au même endroit. Mais le nocturne n’hésitait pas à changer quand il en sentait le besoin.  

Saluant son équipe, elle était peu nombreuse. Le nocturne avait su s’entourer de personne de confiance. Puis tout était géré par strate, rare était ceux qui avaient une vision d’ensemble de toute l’affaire. La drogue et les armes étaient deux choses traitées à part, même si c’était souvent lié.  

Au moindre doute sur un maillon du bas de la chaine, il sautait.  Il avait quelques règles et il était assez tatillon sur le fait de les respecter, n’hésitant pas à se débarrasser des éléments gênants. Ce n’était pas comme si Bristol manquait de gens prêts à tout pour gagner de l’argent. La dernière crise avait foutu beaucoup de gens sur la paille. Certains n’hésitaient pas à revenir sur leurs principes et à tenter une carrière de dealer. Nikolaï était assez doué pour les repérer. Le vampire aimait bien aussi trainer dans les rues, pour trouver de la chair fraiche, aussi bien pour son business que sa consommation personnelle. Pour les armes, c’était plus délicat. Il ne laissait pas n’importe qui gérait.

Allumant sa clope, il écouta son employé tout en jonglant avec ses téléphones pour rattraper les infos intéressantes, ainsi que les diverses commandes. Le contre rendu de la journée mit en exergue un souci avec une livraison. Cela ne perturba pas particulièrement le vampire. Cela faisait partie du jeu. Surtout que certains essayaient de choper sa marchandise pour le doubler ou le coincer.

D’ailleurs, ils étaient en train de régler d’autres affaires, quand ils eurent de la visite. Prévenu par la vigie, peu de gens venaient directement à l’entrepôt. Ezechiel se doutait que ce n’était pas qu’une simple visite de courtoisie.  D’un regard, il renvoya la vigie à son poste et les gardes à la porte.  

Tranquillement, laissant Connely arrivé, il prit le soin de ranger les quelques papiers, écrits en cyrillique. Rare étaient les personnes sachant décryptés le cyrillique à Bristol, ainsi que son système particulier pour faire ses comptes. Il accorda un regarde à l’homme, mais terminé quand même sa tâche sans se presser. Il n’avait rien à demander lui. Une fois, la paperasse en tas sur la table en fer, à côté de la vodka et des verres. Il observa plus attentivement Connely et son ami, avant de se décider à parler.

“ Pas particulièrement, Arthur” répondit-il avec son habituel accent russe. “Mais ma journée ne fait que commencer, alors qui sait de quoi elle sera faite...”  

Le russe finit avec un sourire en coin. Il prit son propre paquet de clope et s’en alluma un, sans en proposer à son invité.  

“ On t’a fait des misères Arthur ?”
   

La situation actuelle rendait parfois tes affaires compliquées. Souvent plus de flics dans les rues, t’avais l’impression d’être observé en permanence chaque fois que tu trouvais à la surface, dans les rues, en train de faire tes courses… Jamais l’impression de te sentir totalement libre et même depuis que le Conseil du Renouveau s’est installé à Bristol pour en prendre les commandes. Tu comptais bien aller chercher ta place à l’Assemblée, mais ça ne paraissait pas être quelque de simple à réaliser. L’argent avait beau se verser dans tes poches, la puissance et la réputation n’était pas encore assez importantes. Ton objectif principal ne changeait nullement, tu voulais avoir un semblant de pouvoir sur la cité.

A part toutes ces emmerdes que les flics pouvaient engendrer, il était tout aussi plausible que des associés se tirent parfois dans les pattes et peut-être sans le vouloir, le ruskoff t’avait alourdit la tâche. Le monde était fait ainsi, rien ne pouvait aller uniquement dans ton sens et dans celui de ton business. C’était le jeu et t’adorait jouer. Une certaine personne en ferait les frais d’ici quelques jours, mais rassure-toi, elle n’est pas présente dans ce vaste hangar.

Alors, tu retrouvais face à cet homme pour qui tu n’avais pas particulièrement d’affection, mais tu ne le détestais pas pour autant. Vous faisiez souvent affaires et cela depuis un bon moment. Un partenaire que tu ne portais pas dans ton cœur, mais dont le business apportait au tiens. Chose logique, fallait bien te plaindre un peu au responsable quand tout n’allait pas pour le mieux.

- «  Tu sais que c’est un soir particulièrement important pour moi. » T’exprimant avec ce fidèle acolyte qu’étais ta clope.

«  On m’a dit que des mecs avaient attaqué un de tes camions ? » Voulant en être certain, t’espérais une réponse franche du russe.

En aucun cas tu n'avais l'envie de te salir les mains, ça n'était pas ton job. T’avais aussi besoin de ses armes présentent dans le véhicule pour mener à bien le coup de ce soir. Une partie du butin allait reversé à Ezechiel et il n’était pas dans son intérêt que de te faire un tel coup bas.

Le russe regardait avec un intérêt certain l’anglais. Il n’avait rien contre lui, mais ce n’était pas non plus son meilleur pote. Il savait bien qu’il ne devait pas trop lui faire confiance. Leurs intérêts étaient assez divergents. Mais cela restait pour l’instant, un client qui payait sa marchandise et qu’il ne faisait pas trop de problèmes. Du moment, qu’il n’y avait pas de tsunami, il n’y avait pas de quoi mettre le feu aux poudres.  

« Les aléas de cette activité... Parfois on prévoit des choses et rien ne se passe comme prévu. »  

Autant dire que cela ne lui faisait ni chaud ni froid de voir le programme de Connely perturbé. Il le savait, mais il s’en fichait totalement. Ces propres embrouilles à gérer lui suffisait amplement. Et justement la gestion des merdes était parfois ce qui permettait de faire la différence entre les trafiquants. Celui qui savait agir et rebondir au bon moment, avait toutes ces chances.  


« C’est exact. Des enfoirés ont pillé mon camion en tuant au passage mes hommes. »  

Les pertes humaines n’étaient pas ce qui le touchait le plus, mais quand même des bons chauffeurs il fallait les trouver. Puis surtout ceux qui avaient fait ça, avaient eu l’audace de s’en prendre à son business. Il y aura des répercussions. C’était certain que le sang allait couler à un moment ou à un autre de cette histoire.  

« Et c'était ta commande. Oh je vois ceci explique ta présence ici. Pas d'inquiétudes, je la retrouverais ou du moins les responsables. »

Cela il pouvait le jurer, d’ailleurs des ficelles étaient en train d’être tiré ici et là pour avoir des informations. Les détails tombaient facilement quand on mettait le prix ou qu’on foutait suffisamment la trouille. Mais tout finissait par se savoir.  

« Tu veux dédommagement ? Un rabais sur la prochaine commande. A moins que tu aies un besoin urgent pour un article en particulier ? »