Se refaire une vie (Pv Chaoren)

La vie est une chienne qui aime réellement faire des crasses. Honnêtement je ne m'étais pas attendue à ça. J'y avais pensé bien évidemment, grâce à Hayden, mais je n'y avais pas cru une seule minute. Comment cela pouvait-il est vrai ? Après tout, mon jumeau était tout pour moi. Une moitié parfaite qui n'avait de cesse de me mener la vie dure, mais qui était toujours là quand j'avais besoin de lui. Alors comment tout ça a pu tourner de cette façon ? Il a suffit d'une image, d'une malheureuse photo pour que tout s'écroule. Ma vie n'est plus qu'un immense chaos improbable. Au moment où mon regard s'est posé sur cette photo, j'ai su que rien ne pourrait plus être 'normale'. J'ai déboulé comme une furie chez mes parents qui m'ont réprimandé vertement jusqu'à ce que je leur mette la photo sous les yeux. Ils ont blanchi instantanément. Ma mère m'a regardé avec des yeux tristes, mon père était dans un état proche de l'évanouissement et j'ai su alors que tout était vrai. Ils m'ont demandé de m'asseoir, mais comment le faire dans ce genre de circonstances. Ils ont appelé mon frère et nous ont tout raconté. Ce qui s'était passé à notre naissance. La mort en couche de ma mère, la perte de leur second fils, le véritable jumeau. La décision de m'adopter. Le faux pour que je ne le vois jamais. Une combine rudement bien mené. Une combine qui fait que je ne suis même pas de cette famille et que personne n'a trouvé utile de me mettre dans la confidence. Dire que je leur en veux n'est pas tout à fait exacte. Je suis en colère contre eux, contre leur mensonge. Peu importait que je ne sois pas leur véritable fille, mais le mensonge....

Ils n'ont eu de cesse de nous dire au frangin et à moi-même que se mentir dans la famille n'était pas approprié, que ce n'était pas une solution. Pourtant, voilà pratiquement une trentaine d'année qu'ils nous mentent tous les deux. Oh bien évidemment ils ont tenté de se défendre. Ils ont commencé à me dire que ça n'avait aucune importance, que ce n'était pas ça qu'il fallait retenir. Peu importe l'absence de lien de sang, j'étais leur fille. Après tout, grand père était un humain amoureux d'une elfe non ? Mais rien n'y a fait. Ils m'ont menti ! J'avais envie de passer mes nerfs sur le frangin, pour lui faire comprendre qu'il aurait dû me le dire, mais le regard perdu qu'il m'a lancé m'a prouvé qu'il n'était au courant de rien. Deux abrutis... voilà à quoi on a ressemblé tous les deux. On a toujours eu l'impression d'avoir un lien particulier, parce qu'on nous a dit jumeaux. Et nous voilà comme deux cons, même pas lié par le sang, à peine lié par notre vie mutuelle. Une larme solitaire s'est perdu le long de ma joue et s'est perdu sur le plancher sur parfait de la planque. Une vie entière de mensonge... j'ai tout plaqué. Je leur ai dit que je ne voulais plus jamais les revoir, que je n'avais plus rien à faire avec eux. La douleur a cependant continué à lacéré mon cœur. Peu importe ce que j'ai pu dire, ils sont mes parents, ils sont ma famille. J'ai repoussé mon frère depuis, ne lui laissant même pas le temps de me dire quoi que ce soit. J'ai déménagé, changer d'endroit, quitter mon job d'informaticienne. Plus rien n'a de sens, même ma vie n'en a plus.

C'est comme ça que j'ai atterri ici. Dans ce bar. Je me suis laissé portée par le courant, ne cherchant même pa. J'ai décidé de laisser mes pas jouer leur propre jeux et me voilà désormais assise à consommer un soda sans vergogne et à broyer du noir. Je n'entends pas la musique, je n'entends pas les voix. J'ai repoussé des tas de mec qui voulait me 'payer un verre'. Sérieusement, comme si j'étais débile. Je me demande qui je suis maintenant... être une elfe, je ne sais pas ce que cela veut dire. Je savais être une hackeuse, une voleuse, une informaticienne, une fille, une sœur. Mais maintenant... je suis seule au monde, Hayden a disparu sans que je en sache où, et moi je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Je méprise même celle que je suis devenue... ça crains. Mon esprit part en vrille, j'ai même pensé hacké les comptes de mes parents juste pour leur donner une leçon. Crétine Nell, stupide Nell. Comme si tu pouvais leur faire plus de mal que de leur dire que tu ne voulais plus jamais les revoir.. Un soupir passe ses lèvres et un nouveau son accroche enfin ses oreilles. Elle se tourne vers le jeune homme, sourit doucement. Pour la première fois depuis longtemps, un sourire a fleurit sur ses lèvres. C'est nouveau, ça fait du bien, alors elle se tourne vers le jeune homme et se laisse porter par la musique. Elle n'a plus que cela à faire de toute façon, et si cela lui permet d'éviter de sombrer, alors soit, écoutons attentivement la musique. Il paraît qu'elle guérit les cœurs, voyons voir si cela est exact.

Je m'imprègne de la musique, il paraît qu'elle adoucit les mœurs. C'est peut-être bien vrai, ou alors se sont les paroles qui m'incitent à vouloir en entendre plus ? Je n'en sais rien, mais en tout cas, j'aime beaucoup. Je me laisse portée par la voix du chanteur, mon esprit dérive doucement, il cherche une échappatoire à tout ce qui se passe autour de moi. Les voix s'estompent pour ne laisser que celle mélodieuse, de l'homme qui chante. Devant mes yeux, les images de ma famille défilent. Un père qui n'est pas un père. Une mère qui n'est qu'une inconnue. Et un jumeau qui n'est rien d'autre qu'un faux frère. Sans compter tout le reste de la famille. Les mensonges, tous plus nombreux. J'aurais pu accepter d'être adopté, j'aurais pu accepter d'avoir perdu ma mère à peine née, j'aurais même pu accepter de ne jamais connaître mon vrai père. Mais le mensonge... on a pas arrêter de me dire que dans la famille le mensonge n'existait pas, que je devais toujours dire la vérité, force est de constater que 'mes parents' sont le plus gros mensonge de ma vie. Je n'arrive pas à croire qu'ils aient réussir ce tour de force. Bon sang, je suis du genre assez ouverte d'esprit quand même, pourquoi me mentir de cette façon ? Pour un truc aussi stupide franchement ? Les liens du sang ne sont pas plus fort que les liens que l'ont tisse bon sang, alors pourquoi cacher ce genre de truc ? Je n'en sais rien, mais ça m'agace, tellement que j'ai totalement coupé les ponts avec eux. Plus de père, plus de mère, plus de frère. Juste une famille écroulé comme un château de cartes sur lequel on aurait soufflé longuement.

Un soupir s'échappe de mes lèvres. Un de ces soupirs qui en disent beaucoup sur la situation et qui montrent bien le raz le bol général. Ouais, je suis à bout. À bout de tout en fait. J'ai quitté mon boulot, revendu ma maison pour prendre un appart. J'en ai juste marre de tout, je fais le vide de mon ancienne vie et ça ne plaît évidemment pas à tout le monde. Mon frère me cherche, je le sais. J'ai dû changer de téléphone plusieurs fois, j'ai dû m'inventer d'autre pseudonyme. Dur de disparaître dans une ville avec trois membres de son ex famille qui vous cherche. Mais j'y arrive, je ne suis pas hackeuse pour rien ! Et puisque dans la famille personne ne peut me suivre sur ce genre de domaine, je suis plutôt tranquille et c'est simple de me faire oublier aux yeux du monde. Le plus gros souci en ce moment, c'est surtout de savoir où est Hayden. Sa présence me manque et je me sens de plus en plus nerveuse à mesure que les journées passent sans nouvelle de lui. Je sais bien qu'on ne s'est rien promis, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter et puis sa présence tiraille une partie de mon esprit qui a fortement envie de le retrouver. J'ai d'ailleurs commencer à le chercher, la prochaine fois, je lui colle un traceur histoire d'être certaine de pouvoir le suivre à la trace... un peu extrême très probablement, mais je ne sais pas ce qui se passe, mais c'est comme si un lien invisible me liait à lui et être loin de lui étire trop ce lien et me fait souffrir d'une certaine façon. Un autre soupir s'échappe de ma bouche alors que d'un seul coup, je me fais bousculer et que je manque de tomber du tabouret.

Sans ma légendaire agilité, je me serais retrouvée étalé par terre comme une idiote, aussi, je suis reconnaissante au monde d'être ce que je suis, sans trop savoir ce que je suis par ailleurs. Je regarde l'homme à côté de moi qui s'excuse et semble vraiment très confus. « Pas de souci, je vous rassure. J'étais totalement distraite, je n'ai pas fait attention. » Je me redresse tranquillement, regarde mon verre de coca renversé. Le barman s'approche de nous avec un torchon et une éponge en main et commence à éponge. Je m'excuse pour ma maladresse, parce que si je n'avais eu autant la tête dans les nuages, ce genre de chose ne serait pas vraiment arrivé. Mais on est pas toujours au top tout le temps hein. Je relève la tête quand il reprend la parole, à moitié suspicieuse, mais dans ses yeux, on voit réellement qu'il se sent mal en fait. Je souris doucement et reprend avec un rire désabusé. « Je me noie dans un verre de coca, vous pouvoir m'accompagner si vous voulez. Commandez donc ce que vous voulez à ce gentil monsieur. » Le barman me sourit et m'a déjà apporté un autre coca. Ouais, je ne noie pas mon chagrin dans l'alcool, je n'aime pas ça, le goût, la texture, c'est dégueulasse. Hors de question que je fasse entrer ça dans mon corps. Jamais de la vie !! Quand je pense que le frangin est capable … je m'arrête un instant et serre les dents. Bon sang jusqu'à quand je vais le considérer comme mon frère hein ? Je secoue la tête tente de faire sortir cette famille de mes pensées et reporte mon attention sur le jeune homme.

« Pas seulement, la musique était belle, mais je crois que c'est la combinaison avec votre voix. Tout paraissait plus... je ne sais pas comment expliquer. J'avais l'impression que quelqu'un passait du baume sur mes plaies et c'était foncièrement agréable. » Pas que j'ai énormément de plaie mais bon... J'espère qu'il ne s'imagine pas que je ne drague je ne fais que parler, rien de plus. Je me sens d'un seul coup moins enthousiaste à discuter. Je n'ai rien de quelqu'un de douée en communication hein. Je soupir un instant et reprend. « Désolé, je suis pas forcément de très bonne compagnie. Il s'est passé beaucoup de chose qui pèse un peu trop. Et puis je n'ai jamais été réellement douée pour parler avec le monde. » Moi je discute en code et compagnie, mais pour le reste, je suis réellement moins douée. Je relève cependant la tête et lance une question au hasard. « Cela fait longtemps que vous chantez ? C'est votre métier ? Ou alors juste un divertissement ? » J'ai probablement besoin de penser à autre chose alors autant voir si je peux tenir une conversation.

Mon esprit vagabonde, loin de toute cette agitation qui règne dans mon cœur, loin de toutes ces pensées qui tournent en boucle dans mon esprit. La musique à cette tendance, celle de nous faire oublier tout ce qu'on est, tout ce qui nous entoure, enfin en ce qui me concerne. J'ai l'impression d'être dans la mauvaise peau, de ne plus savoir comment gérer, d'être totalement perdue et au fond ce n'est pas réellement une impression, c'est ma réalité aujourd'hui. Un long soupir s'échappe de mes lèvres alors que mon regard se pose sur le jeune homme en face de moi. Je ne sais pas réellement quoi dire, personne ne m'a appris à parler avec le monde, je suis plus quelqu'un de l'ombre, quelqu'un qui ne se montre pas comme elle est, quelqu'un qui se cache... ouais, merci la famille. Ça ne m'empêche pas de m'excuser et quand il s'excuse à son tour, un léger sourire orne mes lèvres. « On a tous des défauts que voulez-vous ! » Je souris de nouveau pour lui montrer que ce n'est pas une remarque que je veux désobligeante mais plutôt une petite boutade sympathique. Est-ce comme ça qu'on fait ? Moi je suis derrière mes écrans, c'est mon frère qui gère la partie je t'entube fortement et je te fais du charme. Mon frère... ma tête ne semble pas vouloir s'arrêter de le penser, qu'il est mon frère, pourtant, je sais maintenant que nous ne sommes pas relié par le sang. Est-ce que cela en fait moins un frère ? Je n'en sais rien, honnêtement, je ne sais même plus réellement comment gérer tout ça, gérer qui je suis. Et au fait, qui je suis réellement ? Quelles sont mes origines ? En voilà une bonne question à laquelle je n'ai toujours pas de répondre.

Un autre soupir tant à s'échapper de mes lèvres alors que je dis finalement que je me noie dans un verre de coca. Sa réponse me pousse à rire doucement. « Oh vous savez la violence hein, c'est très surfait. Rien qui ne soit si violent au fond. » Rien qui ne demande à noyer son chagrin dans un verre, est-ce que ça en vaudrait même le coup ? Certainement pas. Je suis du genre à voir les choses positivement personnellement, pas du genre à les voir en noir, mais ça, c'était quand j'avais encore une famille. Maintenant … « Oh l'alcool et moi on est pas pote, je supporte ni sa texture, ni son goût et puis ça va, je me défoule assez pour faire sortir tout ce sucre de mon corps, donc je ne crains rien ! » Enfin presque rien, on ne sait jamais réellement ce que l'on crains au fond. Un soupir s'échappe de mes lèvres et un sourire se dessine au fur et à mesure que les minutes passent. Je me sens un peu plus légère, un peu plus dans le bon timing, j'ai l'impression de naître à nouveau. Est-ce une bonne chose ? Je ne sais pas, mais continuer à parler me fait du bien et bien évidemment je me laisse aller à quelques confidence concernant sa chanson. « Il paraît oui, mais question thérapie, je n'en ai jamais réellement besoin et au fond, je n'en ai pas besoin aujourd'hui. C'est juste que le mensonge était trop gros, porté depuis trop longtemps alors qu'on s'était promis qu'il n'y aurait jamais de mensonge. La chute a été dure. » Pourquoi je lui raconte ça moi ? Je secoue la tête, mais m'excuser ne ferait qu'empirer les choses. Je finis par lui poser quelques questions, en mode curieuse.

Je le laisse répondre et trouve dommage qu'il n'en fasse pas son métier, il est réellement doué, mais vivre de sa passion est toujours un peu compliqué. Pour moi, c'est bien plus simple, ma passion est répandu dans le monde entier et est même en expansion alors bon. Je suis prête à lui en parler quand finalement il me demande d'attendre. Je le laisse faire et ricane au terme puéricultrice. Mon dieu, moi, s'occupant d'enfant ? Totalement pas ! Je ne peux m'empêcher de rougir quand il dit que je sens bon et finalement, je ricane de nouveau quand il part de bibliothécaire. « Humm vous encore un peu loin quand même. » Je ris doucement. « Même si j'adore les livres et apprendre, je ne suis pas bibliothécaire, mais informaticienne en fait. » Je souris doucement. « Comme dirait mon frère, j'ai un circuit imprimé à la place du cœur, un disque dur à la place du cerveau et mes doigts sont des touches à multiples facettes. » Je souris doucement, repensant à mon frère et finalement mon sourire s'efface... peu importe le temps qui passera, peu importe que je le nie encore et encore, Liam sera toujours mon frère. Un léger soupir s'échappe de mes lèvres et je relève la tête vers le jeune homme, sans aucune conscience de l'avoir baisser. « Nell. » Un autre sourire. « Vous venez souvent ici ? Ou alors vous chantez un peu partout ? » Je me demande bien s'il y a d'autre endroit. « Vous avez déjà tenté de chanter dans un groupe ? Ou alors vous n'aimez peut-être pas l'idée de chanter avec d'autres personnes. » Je m'arrête un instant et reprend un peu contrite. « Pardon, je pose beaucoup de question, je suis d'un naturel plutôt curieux. » Je m'excuse une nouvelle fois... vraiment discuter ne semble pas être fait pour les gens comme moi.