Dark night of the soul | Lori & Blerim

Dark night of the soul

Lori & Blerim

Le cauchemar recommençait encore une fois. Ce que Blerim craignait le plus était arrivé : le voilà désormais emprisonné à nouveau dans le Ribcage. Cette peur qui le rongeait, cette angoisse de savoir qu’à tout moment on pouvait l’emmener dans ces laboratoires qui hantaient encore ses souvenirs pour le torturer sans aucune gêne. C’était terrible à vivre. L’angoisse de savoir qu’il ne pouvait plus veiller sur Drita désormais, alors qu’il avait enfin une chance de le faire, désormais qu’il l’avait enfin retrouvée... L’Albanais ne savait pas quoi faire. Déchiré entre l’envie de déclencher une rébellion et la peur qu’on lui fasse payer pour son affront, le lycan se contentait pour le moment de se faire discret. Ne pas donner libre cours à sa colère, ne pas s’attirer des emmerdes. Pour le moment, on l’avait laissé tranquille. Le loup ne savait pas si c’était parce que Perséphone avait touché un mot à ses supérieurs... Peut-être bien. Mais en réalité, sa promesse ne le rassurait pas totalement. Pas après tout ce qu’il avait pu vivre ici pendant de longs mois.

Néanmoins, certaines choses avaient changé par rapport à la dernière fois. Par exemple, il n’était pas logé au même endroit que la dernière fois, et il avait d’autres colocs, cette fois-ci deux autres lycans, plus vieux que lui. Il sentait chez eux une certaine résignation, mélangée à une douleur qu’il ne comprenait que trop bien. Contrairement à lui, ils étaient Anglais, ils étaient nés ici, et ils n’avaient pas fait partie d’un réseau criminel. Leur seul crime, c’était d’être nés lycans. Les siens, en revanche, étaient beaucoup plus nombreux. Alors, quelque part, cela l’aidait à accepter cette punition, parce que dans le fond le Balkanique savait qu’il la méritait. Lui-même ne voulait pas s’en sortir comme ça. Une partie de lui s’en voudrait toujours pour cela si jamais cela devait arriver. Mais voilà, entre l’enfermement et la torture, il y avait une ligne qu’il ne voulait pas qu’on l’oblige à franchir. Pour l’instant, ça allait... Mais jusqu’à quand ?

Les visites ici étaient rares. Les prisonniers n’avaient pas le droit d’en demander, cela devait toujours venir de l’extérieur. Or, il savait que sa petite sœur devait vouloir le voir plus souvent, mais pour le moment ce n’était pas le cas, et cela faisait mal. Drita lui manquait et chaque instant qu’elle passait loin de lui, il s’inquiétait pour elle. Quoi qu’il arrive, sa petite sœur serait toujours sa responsabilité, il ne pourrait jamais s’en empêcher. Par contre, la visite qu’il avait aujourd’hui n’était pas celle à laquelle le blondinet s’attendait. L’espoir de revoir Drita avait vite fondu comme neige au soleil lorsqu’on l’un des gardes qui l’accompagnaient vers le Centre de Rituel avait répondu que non, ce n’était pas la jeune femme. Alors qui cela pouvait bien être ? Joren ? Apparemment non, parce que c’était une femme. Si ça se trouvait, c’était peut-être une excuse bidon pour masquer le fait qu’il allait se faire torturer dans l’un de ces putains de labos. La peur s’infiltra en lui, insidieuse, tandis que les souvenirs douloureux refirent surface, violemment. Son corps se raidit, ses pieds se bloquèrent, tellement que les gardes durent raffermir leur prise sur son bras pour l’obliger à marcher. Puis, au bout de quelques minutes, ils arrivèrent à leur destination. Le cœur battant à tout rompre, Blerim finit par entrer craintivement dans la salle où cette mystérieuse femme l’attendait. Son visage ne lui disait rien, il n’avait aucune idée de son identité. Peut-être que c’était une médecin, il n’en savait rien.

« Qu’est-ce que vous voulez de moi ? »

Ses prunelles claires reflétaient la peur, la méfiance, même s’il prenait sur lui pour garder un air plus ou moins calme. L’Albanais n’avait absolument aucune idée de ce qui l’attendait ici et tous ses sens ne lui hurlaient d’ailleurs qu’un seul mot, maintenant que la porte avait été refermée derrière lui : cours.

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