Montre-moi qui je suis ...ft Blérim

« Le monde a changé. Cassy a pris les choses en main et souhaite désormais s’affranchir de ses peurs. Elle sautille sur ses pieds, alternant le gauche et le droit etttttttt elle frappe ! » Bam ! Le poing heurte l’oreiller accroché à l’arbre.

Je m’amuse avec un entraînement de fortune alors que le soleil perce à travers les arbres de la forêt. Risa m’a offert son aide et m’apprend désormais le Kempo. J’essaye donc d’être une élève assidue et surtout depuis que nous avons commencé l’entraînement ensemble, je me sens plus libre et j’ai plus de forces. Je suis même parvenue à me rendre en ville sans paniquer à tout bout de champ. J’espère que dans quelques semaines j’aurais retrouvé toute la confiance perdue au fil des années à cause du Grand Incendie et de cet homme que je pourrais probablement ratatiner au sol quand je le reverrai.

Mais pour le moment, je dois être assidue, alors je compte en rythme pour caler mon souffle et mes coups jusqu’à ce que « AYEUH ! » trop prise dans mes chiffres j’ai tapé fort mais le tronc de l’arbre pas l’oreiller. J’abandonne alors la partie et me laisse choir dans l’herbe. Mon regard se perd alors sur la cime des arbres et le ciel bleu que je peux percevoir de-ci de-là. Je repasse alors, malgré moi, les dernières années e ma vie en revue et me dit que j’ai dû louper pleins de choses à m’enfermer dans ma douleurs et mes peurs. J’ai été stupide, vraiment stupide. D’autant qu’il aura fallu une discussion avec ma meilleure amie pour déclencher la révolte. Cela aurait pu se passer bien plus tôt. D‘autant que je me rends compte, avec le recul, que j’ai gâché une partie de ma vie à cause d’inconnus que je ne verrai probablement plus jamais. Et je venais à découvrir leur identité, je ne sais même pas comment je pourrais réagir.

Enfin , je finis par étendre mes bras dans l’herbe que je tripote doucement et laisse mes sens parcourir les sensations que cette position me procure dans un environnement où je me sens à la maison et en sécurité. La forêt a toujours été mon domaine, le seul endroit où je me sens entière et en vie. J’entends les feuilles des arbres se frotter l’une à l’autre alors que la brise les caresse lentement, j’entends les bruits de pas de quelques gros gibiers et des chevaux également qui ne sont pas très loin, je sens l’humidité de l’herbe alors qu’il est encore tôt et les odeurs… elles sont si douces !

Je pars finalement en méditation et m’enferme dans une bulle qui me fait oublier tout le reste si bien que je ne fais même pas attention au fait que quelqu’un s’est approché de moi et se tient tout prêt, m’observant dans ma tranquillité sereine. Mais si je me suis permise de me laisser aller c’est aussi parce que je sais que très peu de personnes pourraient me trouver ici, si ce n’est Poppy, Blérim ou Risa.

Peu à peu je me laisse ressentir à nouveau des émotions positives et l’envie de faire entrer du monde dans ma vie devient moins effrayante. Je sais que si je parviens à apprendre à me défendre correctement j’aurais moins peur et ce à tous les niveaux. C’est pourquoi je veux être assidue aux leçons de Risa, même si pour le moment je dois probablement être ridicule surtout que je fais un entraînement de boxe alors qu’elle m’apprend un tout autre art. Mais ce n’est pas grave, je me dis que ça m’aide pour l’équilibre et surtout le souffle. C’est là qu’on voit que je ne suis pas une grande sportive d’ailleurs.

Je finis par m’écrouler sur le sol après m’être faite mal. Le doux lit herbeux qui chatouille la peau nue de mes bras me détend et accueille mes émotions négatives comme pour les chasser sous la brise matinale.

Soudain, la voix grave de Blérim me ramène à la réalité et dessine un grand sourire sur mes lèvres. J’aime sa présence et depuis qu’on a percé l’abcès je me suis totalement ouverte à lui. J’ai toujours mes secrets, certes, mais je lui parle plus facilement, je suis prête à la protéger également et je dois bien avouer que je tente de le pousser à choisir l’option proposée ce fameux soir de révélations pour le garder, entre autre, près de moi.

« Salut Blérim ! Oui je faisais des mouvements de boxe jusqu’à me faire mal à quelques phalanges… Si Risa me voyait … » je rigole toute seule à cette idée. « Mais oui j’ai fini par de la détente. Et toi qu’est-ce que tu vas faire ? » je lui demande alors. S’il n’a pas de plan, je le kidnappe, littéralement. Mes joues rougissent d’ailleurs à cette pensée.

Je l’observe alors qu’il prend place à mes côtés. Assurément, il est beau, bien bâtit et il me donne confiance. Mon cœur bat à cent à l’heure alors qu’il se met de nouveau à parler… avant de louper quelques battements au fil des mots. D’abord contente de l’entendre dire qu’il va prendre une nouvelle identité pour ne pas finir dans le Ribcage, la joie se transforme en profonde tristesse alors qu’il m’annonce qu’il va nous quitter pour ne pas nous mettre en danger. Alors, la partie logique en moi me dit qu’il a raison, que son raisonnement et le meilleur qui soit, mais la Cassandra émotionnelle est détruite par la nouvelle, animée par la volonté de l’attacher à moi et de ne pas le quitter. Je ne comprends pas ce que cela signifie, cela dit, mes yeux, eux, concrétisent mon choix par quelques larmes.

« Blérim je ... » *Je ne veux pas que tu parles, s’il te plaît ne me laisse pas toute seule, pas maintenant, ne t’en vas pas* je finis par penser sans pouvoir ou oser prononcer les mots à voix haute. Je suis dévastée par la nouvelle autant qu’elle me ravie mais je ne parviens pas à le lui exprimer. Je suis muette comme une tombe, ouvrant puis fermant la bouche comme une carpe. Je passe alors une main dans mes cheveux, nerveusement. Ne pas comprendre ce que l’on ressent et pourtant être sûre de ce que l’on veut ou non c’est à la fois déstabilisant et terrifiant. Alors, contre toute attente, je me jette dans les bras de Blérim. Je ne sais pas la réaction qu’il va avoir parce que jamais je ne le touche, et très rarement je l’autorise à le faire, mais là, c’est plus fort que moi. C’est comme si une partie de moi venait de se briser alors qu’il m’annonçait son départ.

Dans les bras de l’Albanais, je me détends, contre toute attente. Jusqu’à présent, je ne l’avais jamais touché. Je ne touche jamais personne, du moins autant que faire se peut. Je me sens bien là, contre lui, à ressentir toute la chaleur de son corps et sentir son odeur fruitée, contre toute attente. Je sens ses mains se poser dans mon dos et j’en frissonne, par manque d’habitude, retenue mais aussi par bien-être.  Je n’ai pas envie qu’il parte, je ne veux pas qu’il s’en aille loin de moi mais je suis incapable de le lui dire, de lui expliquer quoi que ce soit alors finalement, être dans cette position somme toute assez intime me rassure. J’ai l’impression, ainsi, de pouvoir lui communiquer mon ressenti.  Mais finalement, le line se rompt et j’ai déjà l’impression que Blérim s’éloigne.  Mes larmes se sont calmées mais mon cœur est toujours brisé, serré par la tristesse de cette annonce. Au fond, je sais que ce n’est pas dramatique mais j’ai peur qu’il ne s’éloigne aussi bien physiquement qu’émotionnellement et je ne pensais pas tenir autant à lui, je ne pensais pas avoir développé ce genre de sentiment pour lui. Je m’y refuse depuis si longtemps…

« T’es stupide… » je réponds en souriant doucement « bien sûr que j’ai besoin de toi Blérim. Tu n’es pas n’importe qui »

Et je mets ma main sur la sienne elle-même posée sur ma joue. Habituellement, je l’aurais juste repoussé, mais là je ne peux pas.  C’est d’ailleurs pour cela que je baisse la tête alors qu’il la retire finalement, se rappelant surement que je ne suis pas une amie du toucher.  Puis il finit par reprendre la parole et je relève la tête, le regard triste mais aussi touchée par ses mots. Je suis contente, quelque part, qu’il finisse par m’écouter et décide de prendre une nouvelle identité mais je ne peux m’empêcher d’être effrayée. Alors pour oublier tout ça, je me focalise sur son accent que je trouve terriblement sexy, tout comme son sourire et ce regard doux qu’il me lance… Malheureusement, cela ne suffit pas.

« Je suis contente que tu aies changé d’avis Blérim. Mais je ne veux pas te perdre. Tu comprends ? »

Et cette question est bien plus profonde que ce qu’elle n’y paraît. Je lui demande, de manière détournée s’il comprend les sentiments qu’il y a derrière.  Ce qui est ridicule puisque moi-même je ne suis pas sûre de savoir ce que je ressens pour Blérim.

Je soupire alors puis je me mets à genoux devant mon ami avant de poser une main sur chacune de ses joues.

« Je suis fière de toi Blérim. Je ne veux pas que tu partes, tu fais partie de la famille désormais, je me suis habituée à faire avec tes allées et venues, à te voir tous les matins au réveil, mais je n’ai pas le droit de te retenir… Saches juste que je veux ton bonheur, où qu’il soit. J’espère juste que tu ne partiras pas trop loin, qu’on se verra toujours. »

C’est alors que je pousse plus loin le contact en posant mon front contre le sien.
« J’ai confiance en toi… »

Je sais qu’il prendra la bonne décision pour lui, pour sa sœur, pour nous. Je n’ai pas de doute sur ce point. J’ai peur, juste peur de le perdre. Comme je le disais à Connor ou encore à Risa et même à Zach, ne pas m’attacher me permettait de me protéger et de perdre à nouveau des gens que j’aime, mais visiblement je n’ai pas su me protéger avec l’Albanais.

La séance de sport matinale s’est subitement transformée en rencontre sympathique puis en révélation plutôt triste mais aussi remplie d’espoir même si ce sentiment positif n’est pour le moment pas prédominant, Cassandra n’ayant pas encore le recul nécessaire. Son regard est planté dans celui de Blérim, ses mains tremblantes lorsqu’elles le touchent révèlent tout de même l’affection qu’elle a pour lui et même si elle sait qu’il a raison, même si elle ne veut pas qu’il risque le Ribcage, le savoir loin d’elle lui déchire le cœur en deux. Le plus étonnant à ses yeux c’est qu’elle ne soupçonnait pas ces sentiments avant sa discussion avec Risa, quelques jours plus tôt. Elle le pensait ami, guère plus, trop renfermée dans sa bulle pour voir ce qui l’entoure à sa juste valeur, ou du moins reconnaître ses propres sentiments positifs.

Sans le savoir, c’est lui, Blérim Troshani qui a initié la nouvelle Cassandra, celle que j’aspire à être dans un futur proche. Son arrivée a été tumultueuse et j’ai eu beaucoup de mal à accepter un étranger à la maison dont je ne savais rien, même si à l’époque déjà mes sentiments à son sujet étaient paradoxaux : entre la peut et l’envie de l’aider. Mais il a initié ce changement que Risa poursuit avec toute ma coopération (c’est mieux quand même !). C’est lui qui m’a montré une autre facette de moi-même et m’a poussé dans mes retranchements. Lui qui m’a donné envie de me dépasser et de changer pour faire plus. Alors oui, égoïstement, je n’ai pas envie de le voir partir. Pour toutes ces raisons mais d’autant plus car c’est lui qui m’a permis d’aimer à nouveau, quelque chose que je ne pensais plus possible. Quelque chose que je refusais de m’avouer.

Et je suis surprise quand il pose ses lèvres sur les miennes. Je dois dire que même si j’avais envie d’en faire autant, je ne m’y attendais pas. Encore moins son retrait rapide alors que j’allais répondre, contre toute attente. A mon tour alors je me lève. Je le vois agiter et je ne comprends pas vraiment ce qu’il lui prend. Quelle quiche ! Ses mots me font comprendre alors ce qu’il redoute. Je souris doucement, je prends sa main et l’invite à me faire de nouveau face. Doucement, tendrement.

« Ton passé est ce qu’il est, mais il est passé. A toi d’y mettre un point final pour recommencer une nouvelle vie. Je vois la personne présente, celle que tu es à cet instant devant moi. Pas celle que tu étais. Si nous t’avons protégé avec Poppy c’est que nous jugeons que tu n’es pas une mauvaise personne, plus maintenant du moins. Quant à me faire du mal ? Une amie proche m’a dit il y a quelques temps que l’amour va de pair avec la douleur. Et comme je veux aimer car c’est le plus beau sentiment qui existe sur Terre, je prends le risque de t’aimer Blérim. Ne pars pas par peur de me faire du mal s’il te plaît, fais le juste pour te protéger. »

Je le tire alors doucement et me colle à lui. Je me mets sur la pointe des pieds et je reprends où nous nous en étions arrêté, posant alors mes lèvres sur les siennes tout en passant une main dans sa tignasse bouclée. Lorsque le baiser se rompt, je plante mon regard azur dans le sien comme nous savons si bien le faire depuis quelques minutes.

« Il faut que tu partes, tu as raison, j’en ai conscience même si cela me fend le cœur, mais pas pour éviter de me faire du mal Blérim, pour te sauver, pour éviter de te retrouver au Ribcage. Et je vais t’aider, d’accord ? »

Je relâche mon étreinte et me recule, m’adossant contre l’arbre derrière moi repensant également à l’échange que j’ai eu avec ma meilleure amie justement au sujet de mes sentiments, de Blérim, et de mes peurs. C’est le moment de changer autre chose en moi et de ne plus avoir peur.

« Je n’accepterai pas que tu m’évinces de ta vie de toute façon. Attention, je m’initie aux arts martiaux en plus ! » j’ajoute histoire de glisser une note plus légère dans cette tension éprouvante.

Effrayée, tétanisée, excitée, amoureuse, téméraire … autant de sentiments paradoxaux et antagonistes qui se percutent en moi alors que ma discussion avec Blérim prend une tournure inattendue. Mes barrières ave clui ont tenues longtemps mais désormais j’ai envie de tout laisser tomber, de laisser le verre se briser en mille morceaux pour que nos âmes se touchent enfin de même que notre corps. Il m’effleure et j’en fais de même, les mains tremblantes malgré tout. Je sens une première couche de retenue s’affaisser. Se dissoudre sous la pluie de sensations que son toucher provoque en moi. J’hésite à chaque fois entre le repousser parce que j’ai peur ou l’emprisonner parce que ce type de toucher me manque terriblement et me procure un bien être que je n’ai encre jamais ressenti. Surement parce qu’au fond de moi j’ai confiance en lui. Au fond de moi, je sais depuis quelques temps déjà que Blérim est devenu bien plus à mes yeux qu’une Aberration à protéger…

J’aimerais tellement qu’il comprenne qu’on lui offre un nouveau départ avec Poppy. Un épart où il peut choisir sa vie, qui il côtoie et les actions qu’il met en place. Il peut choisir sa vie, entièrement, comme jamais il n’a pu le faire. Néanmoins je lui interdis de m’évincer de sa vie, de m’oublier, parce qu’égoïstement, je ne pourrai pas l’oublier moi. Il a changé quelque chose dans ma vie, quelque chose que peu de gens auraient pu modifier aussi facilement. Ma confiance en l’homme. En vivant avec nous, il m’a montré que les hommes peuvent changer, se racheter et être bons même en ayant un passé honteux et dégradant. A mes yeux Blérim est devenu bien plus que son passé. Il est un homme doux avec moi, il est gentil et reconnaissant avec Poppy, il a le droit de vivre sa vie !

« Je suis une vraie Yamakasi ! » j’ajoute en montrant les poings, faussement hargneuse, alors qu’il affirme que je suis dangereuse. Il détend l’atmosphère et permet à mon cœur de retrouver un battement plus calme plus régulier.
Je ne le lâche pas du regard. Je vois qu’il est embarrassé, qu’il a peur, tout comme moi. Je cache d’ailleurs mes mains tremblantes derrière mon dos qui repose délicatement contre le tronc de l’arbre.

« Et si tu évitais de chercher à tout contrôler ? Ton passé c’est fini. Saisis la chance de prendre un nouveau départ et de recommencer ta vie selon tes règles. » j’ajoute convaincue qu’il est là dans un tournant important de sa vie… mais soudain, voilà qu’il me complimente. C’est la première fois, la toute première fois que j’entends une si belle chose la concernant sortant de la bouche de l’Albanais. Et je me mets à rougir comme une pivoine. Je suis gênée et agréablement surprise en même temps. J’arrive, timidement à sortir un tout petit « Merci Blérim. Toi aussi tu es très beau tu sais ? »

J’ai juste l’impression d’être une enfant de dix ans devant le garçon qu’elle convoite depuis le début de l’année et qui ne sait plus parler une fois qu’il lui a dit un seul et unique mot. C’est alors que cet objet de convoitise s’avance à nouveau, il s’approche si près de moi que je sens son souffle chaud sur mes lèvres. Lèvres qui entrent en contact avec les siennes, timidement puis avec plus de fougue. Je me découvre totalement. Je suis toute raidie, car j’ai peur, terriblement peur. Malgré tout l’envie se fait plus forte. L’envie d’avancer, l’envie de le retenir ici encore quelques instants, l’envie qu’il me touche (une envie que je n’ai plus ressentie depuis de si nombreuses années), l’envie qu’il me découvre autant de le découvrir, l’envie de caresser sa peau nue… *Oula, tu divagues Cassy ! Ressaisie toi ! Tu vas fuir au moment crucial et ça va être la panique tu vas le frustrer et lui faire peur. » Je secoue la tête comme pour intimer à la petite voix qui m’enquiquine de partir loin d’ici et de me laisse faire ce dont j’ai envie ! Bon sang !

Mes yeux s’écarquillent !

« Nous sommes seuls, Poppy est en ville toute la journée, pour… ? » Et oui, naïvement, j’allais demander pourquoi. Mais le comportement de Blérim et mes envies aussi diverses et variées soient elles se rejoignent, j’en suis certaine maintenant. Son regard doré a parlé pour lui. Tous les mots, ne sont rien à côté du langage corporel. J’espère juste que mes tremblements ne lui font pas peur.
Je secoue alors la tête et place mes mains sur son torse : « Viens, il faut que je te parle de quelque chose avant que nous satisfaisions tes idées. » Ce qu’il va entendre peut très bien le faire fuir, mais je ressens son désir autant que le mien et j’ai envie d’essayer, j’ai envie de passer le cap, de devenir la femme que je veux être. Mais d’abord, je dois le mettre au courant, je dois lui avouer mon plus grand secret et ma plus grande honte. A la fois pour lui mais aussi pour moi, pour être honnête et pour nous donner une chance d’avoir une belle première fois où il pourrait prendre en compte mes peurs. Seulement, je suis consciente qu’il ne pourra le faire que s’il sait. Alors, je l’emmène dans ma chambre. Mon antre. C’est l’endroit où je me sens le plus en sécurité car j’en ai fait ma bulle. Bien sûr, Blérim la connaît, il est déjà entré. Je l’ai invité pour boire une tisane, regarder un film, jouer à un jeu quelconque… Mais cette fois, il s’apprête à recevoir mon plus grand secret. Ce que je ne sais pas c’est si la langue sera une barrière à sa compréhension.

Lorsque nous entrons dans la pièce, je lui lâche la main et l’invite à s’asseoir à mes côtés.

« Ecoutes, je dois t’avouer quelque chose. » je baisse la tête et fais une longue pause. Je ne sais pas comment faire. C’est dans un moment pareil où j’aurais bien besoin des conseils de ma sœur de cœur, Risa. Mais comme elle n’est pas là, je me contente de prendre une grande inspiration et de me lancer. Pour me donner du courage, je prends la main de Blérim et la serre.

« Tu sais depuis ton arrivée que j’ai peur qu’on me touche. Je ne me sens pas rassurée, de même que la foule me terrifie. Mais je suppose que tu as vu aussi qu’avec toi je change. Je me libère. Si je suis comme ça c’est qu’après le Grand Incendie, un homme m’a sauvé la vie mais il a également volé une partie de moi avant que je m’enfuie. Alors je vais être franchement, j’ai terriblement envie que l’on aille plus loin, tout mon corps le souhaite, mais je ne sais pas du tout comment cela va se passer et si je vais bien gérer mes peurs. Tu comprends ? »

J’ai peur qu’il ne comprenne pas et qu’il fuit. Honnêtement, ce serait pire que tout pour moi. Alors comme pour éviter de lui laisser le temps de partir loin, à la première occasion je me mets à l’embrasser, passant mes mains autour de son cou.

J’ai peur. On ne va pas se mentir. C’est peut être l’une des première choses que j’ai dites à Risa lorsque je lui ai demandé son avis sur la situation. Peur de décevoir Blérim, peur de le faire fuir, peur de ne pas pouvoir lui donner ce qu’il veut…je n’en sais rien. Au fond, je me pose mille et une questions qui n’ont pas lieu d’être puisque je n’ai pas encore ouvert la bouche. Mais s’il n’y avait que ça. Passer ce pas est une étape certes, mais après si ça dérape, comment vais-je gérer ? Le dernier souvenir que j’ai de cet acte normalement tendre et d’amour c’est un homme qui m’a frappée violentée et faite saigner. J’ai eu tellement mal qu’une douleur fantôme revient parfois…

Enfin, tout s’enchaîne. Si vite que je ne réalise pas et que la peur s’est en quelques sortes terrée dans un endroit dont elle ne peut pas sortir maintenant. Je me raidis un peu lorsque je sens Blérim collé contre moi et contre cet arbre et je choisis ce moment pour lui dire que je dois lui révéler quelque chose. Je veux être honnête avec lui.  

Dans la chambre nous prenons place l’un à côté de l’autre et il m’écoute alors que mon estomac se tord dans tous les sens. Vu sa réponse, je me demande s’il a vraiment compris ce que je lui ai dit mais je n’ai pas envie de gâcher le moment qu’il prend en main. Dieu merci ! Sa main sur ma joue m’électrise littéralement. Je suis entre la découverte de sensation sensuelles et la peur que tout recommence à nouveau, la peur d’être prise pour un objet, d’avoir mal, d’être souillée, abandonnée.  Honnêtement, je ne sais pas comment il gère mes tremblements, s’il les oublie pour m’aider moi-même à les laisser fuir vers un inconscient qui n’appartient qu’à moi m‘ouvrir ou s’il ne les perçoit même pas. Peut-être qu’il a tellement envie de cet acte qu’il en devient aveugle aux réactions de mon corps de femme.

Ou alors c’est un génie ? Je le bloque un peu au moment d’ôter mes affaires mais il m’embrasse. Le goût de ces lèvres, un goût fruité et doux, me fait oublier tout le reste, ses doigts qui me libèrent de mon chemisier, de mon pantalon ou encore de mon soutien-gorge. Il m’interroge alors du regard et je lui souris. Je ne suis pas super à l’aise mais assez pour lui faire confiance. Par contre j’ai peur de lui faire mal quand par son geste il me demande de faire pareil. Je passe alors mes doigts avec légèreté le long de sa colonne vertébrale en redescendant sur la courbure de ses fesses puis l’arrière de chacune de ses cuisses.

Je rougis comme un coquelicot alors qu’il me dit que je suis parfaite. Je me dis qu’il faudra que je remercie Risa pour son conseil. J’aurais été bien bête de ne pas m’ouvrir aujourd’hui. Quant à Blérim, je doute qu’il se rende compte l’effet qu’il a sur moi et sur ma confiance.  Je ne parviens pas à parler car je suis encore trop calfeutrée derrière certaines barrières.  Il est pourtant si doux alors que je suis sûre que la bête en lui demande un acte plus sauvage…

Pour ne pas y penser je ferme les yeux.  Et quand il me fait sienne, un petit soupire de bien être s’échappe de mes lèvres. Je ne m’y attendais pas alors brusquement je rouvre les yeux et je plante mes ongles dans son dos. Rougissant de plus belle, effrayée  de lui avoir fait mal. Mes lèvres pourtant toujours scellées.  Pour me faire pardonnée, je me redresse alors, attrapant son cou et venant mordiller le lobe de son oreille.  J’ai envie de murmurer un désolé, mais j’ai peur que cela casse le moment alors je me contente de petite attentions, relâchant mes doutes, mes peux, mes angoisses. Elles s’envolent au profit de sensations bien plus étonnantes bien plus salvatrices. J’en veux toujours plus. Je m’étonne moi-même mais j'aimerais qu’il n’arrête jamais ce va-et-vient si sensationnel, si émotionnellement puissant. A tel point que des larmes finissent par s’échapper de mes yeux alors qu’un soupir de bien être signe la fin de notre acte.  Mille et un papillons virevoltent alors joyeusement dans le creux de mon ventre et ma peau ne veut plus quitter le contact de celle de Blérim. Si j’avais su… si seulement j’avais su que j’en étais capable ? Je ne l’aurais jamais imaginé. Ni même que cet acte qui m’a rendu si peureuse pouvait finalement être si magnifique.  Cette fois, alors, ma langue se délie et au creux de l’oreille du loup qui m’a offert ce moment unique je murmure : « Merci. » puis je fourre tendrement ma tête dans le creux de son épaule, l’enlaçant avec douceur et générosité.

Suite à cette scène nous tirons le dès pour savoir si Blérim et Cassandra sont de futurs parents en devenir.

Attention, roulement de tambouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurs ...

Pile : oui, ils vont l'être
Face: non

Le membre 'Cassandra Cicéron' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Coup de Pouce de Tat' :