Isaïah Maximilien Stones

Mon histoire… je suis né à Réversa d’une famille aristocrate bien placée au pouvoir. Rien ne se passait à la cours sans que ma famille ne soit au courant. Les intrigues de la Cours du roi et tout ça et tout ça. Mais il faut une brebis noire, une calamité pour réduire à néant les efforts de nombreuses générations. Malheureusement pour moi, je suis passé juste après cette erreur de parcours : mon père. Il a tout dilapidé, dans des projets vains et absurdes, dans des sorties plus folles les unes que les autres. Il pariait avec les mauvaises personnes et fomentait avec pire encore. Quand on promet le paradis au diable et que l’on ne tient pas paroles, les retombées ne se font jamais attendre. J’ai été traîné dans la boue, menacé avec des armes, enlevé, tabassé et j’en passe pour avoir été l’engeance de ce bon à rien. Depuis que je suis gamin, je subis les conséquences de ce paternel qui aurait dû mourir plutôt que pourrir la vie de toute la famille. Aller dans les écoles des aristocrates quand tu n’as plus l’argent pour y être, c’est comme être le pou dans la belle chevelure de la reine. Tu sens en permanence le fait d’être celui qui ne devrait pas être là.

Par chance, c’est mon grand-père qui assuma la place de père pour moi et qui m’inculqua les valeurs du travail, du labeur, de la stratégie, de l’économie et de la réussite. Ma mère, quant à elle, se chargea de tous les us et coutumes pour que je me fonde dans les milieux les plus sélectifs sans impers. J’encaissais tout sans rien dire, mais j’ai vite appris à rendre dent pour dent sans me faire prendre. Il fallait savoir ruser pour rester un ange aux yeux des adultes et celui à craindre aux yeux des enfants. J’ai été la terreur des cours de récréation. J’ai continué à briller dans les études pour regagner ce que nous avions perdu, mon grand-père me poussait toujours en ce sens, m’assurant que je prendrais la place du kalif.

Dans cette idée d’arrangement, dès mon adolescence, je savais que je serais marié avec un bon parti. Je n’en avais rien à faire de la bonniche qui me serait assignée tant que je pouvais courir les jupons. Je ne disais jamais non à un beau sourire charmeur. S’attacher, non, pas la peine. Par contre, je ne passais jamais une nuit, seul. La vie était faite pour être croquée. Je rencontrais Edana vers les 16/17 ans. Elle me plut tout de suite, un joli minois bien fait avec un regard endiablé. Mais je m’étais toujours imaginé que la bourgeoise bien élevée tiendrait sa langue et sa place, et qu’elle ne serait pas un fardeau. J’ai vite décrié quand le caractère tempétueux de ma promise m’éclata au nez. Je n’étais pas déçu du voyage…et clairement, nos caractères n’étaient pas compatibles. Nous avons commencé par nous écharper, puis à nous tourner autour tout en continuant à nous étriper. Nous avons vite mis les cartes sur la table et établi notre code de conduite pour notre couple : nous étions libres mais assumerions nos devoirs conjugaux. Tout était entendu. Nous avons été réellement fiancés à nos 18 ans…jusqu’au moment où elle demanda à partir pour un autre. Je suis tombé sur les fesses, même si j’ai tout fait pour qu’elle ne le sache pas. Non, je ne l’aimais pas, je pensais néanmoins que nous resterions ensemble pour le bien de nos familles. Je le vécus comme une trahison, ce que je ne pardonne jamais. Je lui en ai voulu, et j’aurais pu lui faire tous les pires coups possibles…si seulement cela ne me desservait pas.

J’ai continué mes études, en formation commerciale. Je ne pouvais pas marcher sur les plates-bandes de mon père qui était dans le management. Alors j’ai pris l’autre option, celle de la renommée et du bagout pour m’en sortir. Je revis régulièrement Eda’, avec le cœur pincé, les scénarii de vengeance en tête mais le sourire de façade. J’ai ouvert un premier hôtel, à Bristol. Enfin, j’ai repris la direction après que mon mentor ait pris sa retraite. C’était dans un croisement avec les territoires des êtres surnaturels : Lycans, Vampires, Spectres et autres. Enfin, je n’en savais rien à cette époque et comme aujourd’hui, je m’en fichais tant qu’ils payaient et respectaient mon personnel et mes lieux. Je ne vais pas dire que je ne voyais rien, il était impossible de ne rien remarquer à part avec des œillères. Malheureusement, mon père mit vite à mal mon labeur car les embrouilles étaient nombreuses avec les autres espèces. J’ai dû négocier, filouter, balancer même certains noms pour acheter la paix de mon établissement. Mes filons sont nombreux maintenant, grâce à cette époque. J’ai mes réseaux dans les hautes sphères mais aussi dans les bas-fonds de Bristol.

Après une bonne année de difficultés, je sortis la tête de l’eau et une proposition en or arriva sur le tapis. Un ancien ami aristocrate avait besoin d’un repère pour des réunions de politiques, mais il fallait du haut de gamme et pas un bruit en dehors. Il m’offrit un palace à tenir en contrepartie d’une chape de plomb sur ce qu’il se passait. J’avais un premier pas avec les politiciens…eux avaient le pouvoir. A force de rendre des services pour disons, des gourmands en manque de sucre, je pris suffisamment d’importance. Tel un poison, je m’insinuais doucement mais sûrement, jusqu’au conseil de la ville. Ah, j’étais bien, tout fonctionnait à merveille (oui oui, ce n’était pas le cas au dehors, hein, pas mal de chamboulements, des espèces qui s’entre-tuaient … tout ça tout ça. Il fallait savoir rester neutre. Un peu comme la Suisse en Europe.)

Je n’avais pas vu venir le putsch, les Elfes qui revenaient et reprenaient le contrôle. Ça, non, je ne l’ai pas vu venir. Et pourtant j’avais des oreilles partout. Je dirais que ce n’était pas une mauvaise chose, ils mettaient de la justice là où il n’y en avait plus du tout. Au fil du temps, les histoires se simplifiaient. Et surtout, je me reposais trop sur mes lauriers et je me serais pris les pieds dans le tapis. Maintenant, j’avais un nouveau but, reprendre un place dans le conseil du Renouveau.