[MISSION 1] Take it all

Ça fait un bail que je n'ai pas vu tonton Alex. Enfin, papa Alex. Ouais, je peux pas m'en empêcher, la faute à toute une adolescence où j'ai cru que cet homme était juste un ami de mes parents. Ami de mes parents et amant de ma mère, mais passons. Après tout, elle n'est pas là pour se justifier. Et lui, il s'est excusé quand même. Et en plus, il a perdu Perséphone... Bah, tout ça a fait que nous nous sommes un peu rapprochés ces derniers mois. Bref, j'ai décidé de venir lui faire une petite surprise en me déplaçant au Royal Infirmary - et tant pis si les Impériums le contrôlent, on s'en ballec'. Oh, j'aurais pu l'appeler, lui proposer de dîner ensemble ce soir, mais... Bah, c'est toujours mieux de se parler en face, non ? Bref, je ne sais pas exactement où il est, où se trouvent les labos des chercheurs, mais je finirai bien par trouver. M'engouffrant dans les entrailles de l'hôpital, parcourant de longs couloirs, je m'en sors sans grands problèmes. Puis si quelqu'un me demande quelque chose, je leur dirai que le Docteur Carlton m'a appelé, ça leur fermera le clapet. Suivant les indications, je finis par entrer dans une salle. L'unité de recherche, c'est par là, non ? Merde, pas le temps de confirmer calmement, j'entends des voix derrière moi. Si ça se trouve, les Impériums ont déjà lâché leurs chiens. Bof, on les emmerde.

« Docteur Carlton ? »

Demande-je timidement. Je crois qu'il n'y a personne dans cette salle, pas particulièrement bien éclairée, d'ailleurs. Mais bon, les chercheurs peuvent être un peu chelous parfois, hein. Je ne juge pas, ils vivent dans des labos quand même.

« Quelqu'un ? »

Apparemment, il n'y a personne.

Si ?

Qui n'avait pas entendu ces rumeurs courir et se répandre de bouche à oreille à une vitesse incroyable ? Qui n'avait pas entendu parler d'un potentiel remède pour la transformation de tous ces lycans qui avaient vécu l'horreur aussi bien que les vampires ? Alecto avait, à de nombreuses reprises en passant entre les étagères remplies de bouquins, capté par-ci par-là des bribes de conversations, des murmures à propos de ces on-dit. De l'inquiétude émanait des voix, tandis que d'autre exprimaient leur colère. Et si ce remède se retrouvait entre de mauvaises mains ? Alecto avait entendu cette interrogation plusieurs fois – malgré lui, mais les voix portaient parfois et parvenaient jusqu'à lui – et s'il avait préféré ignorer cela au départ, la curiosité avait fini par le piquer.

Ce jour-là, il devait aller vérifier lui-même une commande qu'il avait passé et si le North District n'était pas des plus accueillant pour un homme comme lui – ou plutôt une créature, monstre assoiffé de sang comme on les décrivaient dans les contes – Alecto s'y aventura malgré tout. Son regard était fermé, luisant de méfiance comme un animal sauvage entrant dans un territoire inconnu. Ses muscles s'étaient crispés les uns après les autres, et la bête, qui avait finalement récupéré sa commande, avait remis le tout dans sa voiture avant de se rendre au Royal Infirmery. Là où les rumeurs menaient, n'est-ce pas ? La nuit était tombée avant qu'il ne pénètre dans l'hôpital et tout en faisant preuve de prudence et d'attention, le jeune homme se faufila à travers les couloirs, repérant l'unité de recherche dans laquelle il s'engouffra. Il tomba alors face à un homme, habillé en civil. Il n'était pas du corps médical, et le vampire fronça les sourcils. « Vous faites trop de bruit. »

L'incompréhension régnait dans le camp lycan depuis de nombreux jours. On parlait d'un remède ou d'un sérum, enfin un truc qui pouvait potentiellement nuire à ta race sachant que ce truc était fabriqué par des Imperiums. C'est ce que la rumeur disait et pas mal de loups semblaient s'affoler à l'idée que vos pires ennemis mettent en place quelque chose pour vous détruire. C'était le début de la fin, le retour à la case chasse. Sauf que cette fois-ci, il était impossible de vous laissez faire par des connards de suprématistes humains. Pas question pour toi de laisser ces recherches atteindre leur but.

Porter volontaire pour te rendre au Royal Infirmary, tu n'acceptais pas qu'un autre lycan t'accompagne dans cet endroit. Tu démarrais ta bécane et tu filais droit vers un quartier qui n'était ton endroit favori pour flaner et encore moins à cette heure-ci. Les couloirs sombres, les murs blancs et les lumières qui avaient l'air de sauter toutes les deux secondes... Pas de doute, tu te trouvais bien au bon endroit. Des grandes baies vitrées donnaient sur les labos abandonnés pour la journée par les chercheurs. Alors tu t'avançais dans le couloir apercevant deux formes humanoïdes et quand les néons éclaircissaient le couloir, ton regard s'arrêtait dans un coin du labo encore éclairé. Ignorant les deux masses au loin, tu entrais dans le labo et commençait à fouiller la zone qui avait attiré ton attention.

Bah, dîtes donc... Ils sont tous déjà partis ? Et... Est-ce vraiment ici que bosse Alexander ? Merde, je ne suis plus sûr de rien, là. Et pourtant, j'suis convaincu que mon père bosse ici, je l'ai déjà entendu parler de cet hôpital, une collaboration ou que sais-je. Un soupir s'échappe de mes lèvres, avant qu'une voix masculine n'atteigne mes oreilles et me tire de mes pensées, me faisant sursauter. D'où est-ce qu'il sort celui-là ? Apparemment, ce n'est pas un chercheur ou un quelconque médecin. Alors quoi, qu'est-ce qu'il veut ?

« Et vous, vous faîtes trop peu de bruit, merde ! »

Réponds-je d'une voix à peine plus basse que tout à l'heure. En plus, j'ai cru voir des canines aiguisées, hein.

« Et vous faîtes quoi là, d'ailleurs ? C'est pas bien de surprendre les gens presque dans le noir comme ç... »

Dis-je en arquant un sourcil, avant de m'arrêter net. Est-ce moi ou j'ai entendu un léger bruit dans un autre coin de la salle.

« Eh, y'a des rats à deux pattes ici ou... Sans déconner ? »

WTF, encore ce type ? Je pouffe, avant de lever les yeux au ciel.

L'inconnu semblait avoir été surpris par sa voix qui avait résonné jusqu'à lui. Alecto était plutôt discret, l'avait toujours été d'une certaine manière et sa mine se ferma un peu plus à la remarque de l'homme qui lui reprochait de l'avoir rejoint sans même qu'il ne s'en rende compte. Il continuait à déblatérer des choses, et si Alecto allait se contenter de lui répondre simplement, sans trop rentrer dans les détails, son attention se détourna ailleurs. Il avait senti une autre présence – celle du lycan – et celui à qui il avait fait peur s'était avancé vers les bruits perçus.

« Je suis là pour la même chose que vous je suppose. » avait-il soufflé à l'égard de Baxter avant de s'avancer à son tour, scrutant avec curiosité et prudence la stature qui se dessina devant eux alors qu'ils s'étaient encore avancés un peu. Et cette silhouette, il la reconnut sans mal au même instant où son camarade inconnu sembla lui aussi mettre un nom sur ce visage. « Gryffin ? » Il le voyait fouiller dans la zone avec empressement. Les minutes comptaient et sans un mot de plus, Alecto se chargea de fouiller une autre partie de la pièce.

Le couloir encore infesté par deux parasites, tu tentais par n'importe quel moyen d'ouvrir cette foutue porte un peu trop résistante. Le labo sur lequel tu dirigeais tes recherches n'était pas le plus grand, mais tu ne savais pas vraiment quelle gueule avait les dossiers. T'espérais simplement que tous ces trucs ne parlaient pas réellement de lycans, de sérums anti-transformations, d'annihilation d'espèce mi-humaine mi-loup... Ça allait en faire trop pour ta p'tite tête.

La poignée se pétait à cause de ta volonté trop "animale" de vouloir rentrer dans la pièce. La colère commençait soudainement à prendre part en ton être et l'agacement la suivait de près. « Venez pas m'emmerder vous deux ! C'est pas de vous qu'il s'agit... Foutez le camp, bordel de merde ! » L'exclamation se réverbérait dans les sombres couloirs. Tes muscles gonflaient et ta respiration devenait de plus en plus rapide. T'étais à deux doigts de te transformer... Si aucun d'eux ne faisait marche arrière.

« Ah oui ? »

C'est-à-dire ?, allais-je ajouter avant que le fameux lycan avec qui j'ai dû passer quelques heures en cellule il n'y a pas si longtemps ne se pointe ici également, ne me laissant pas le temps de prononcer ces mots. En reconnaissant le lycan, je ne peux m'empêcher de pousser un léger rire amusé, alors que l'autre type semble le connaître lui aussi. Bah dis donc, cette ville est vraiment si petite que ça ou bien est-elle en train de rétrécir ? Je m'interroge, hein. Et puis, qu'est-ce qu'ils foutent là, en fait ? Moi, j'suis venu pour parler avec mon père, mais eux... Je commence à me méfier de leurs intentions. Ce Gryffin n'est-il pas membre des Superno ? Bah, ça pourrait être le cas du vampire aussi. Mais que veulent-ils, que ou qui cherchent-ils ?

Ça aussi, je n'ai pas le temps de le demander, car le blond nous dit de foutre le camp et de ne pas l'emmerder. Le tout avec un air souffrant, haletant. Etant donné qu'il ne va pas donner naissance à des petits loups - enfin, je crois, va savoir - il est probable qu'il soit tout près d'une transformation. Ce qui n'arrangerait vraiment personne. Je m'approche lentement de lui, les mains en air, comme s'il avait pointé une arme vers moi. Je finis par prendre la parole, tout doucement.

« Oh, du calme. Tout va bien... Garde le contrôle, respire... Une transformation n'est pas ce dont tu as besoin maintenant... Pas vrai, euh... ? » Je sais même pas comment s'appelle le buveur de sang, mais j'imagine qu'il partage mon avis. « On est là tous les trois, alors on va faire ce qu'on est venus faire, ensemble. Okay ? »

Ouais, pincez-vous si vous le voulez, mais je viens de lui parler avec toute la zénitude dont je pourrais jamais faire preuve. Reste à savoir... ce qu'ils étaient venus faire ici.

« Alors, quelle est la mission ? »

La tension semblait grimper à chaque seconde de plus qui s'écoulait. Ces rumeurs en inquiétaient certains et semblaient presque tourmenter Gryffin qui ne prit aucune peine à jeter un regard par-dessus son épaule. Sa voix était presque bestiale et Alecto sentit l'ambiance s'électrifier, comme si les orages bientôt gronderaient au-dessus de leurs têtes. Baxter s'était avancé, les mains en l'air, prudent mais un peu trop confiant au goût d'Alecto qui arrêta sa fouille pour se déplacer et étendre son bras jusqu'à l'épaule de l'homme pour poser sa main dessus.

L'inconnu tentait de raisonner le Lycan mais le vampire n'était pas sûr que cela puisse marcher ainsi et lorsqu'il incita indirectement Alecto à donner son identité, le jeune homme le scruta quelques instants. « Alecto. » Rien d'autre, mais c'était déjà ça et d'un geste, il fit reculer Baxter, ses yeux s'abaissant sur la silhouette de Gryffin avant qu'il ne relâche son emprise. « Les rumeurs. » souffla t-il d'abord avant de détourner le regard vers celui qu'il avait surpris quelques temps plus tôt. « Vous les avez entendu ? » demanda t-il, tout en restant prudent face à la tension qui émanait du lycan. Alecto ne voulait pas se battre contre celui-là même qui lui avait permis de rejoindre les Supernos, mais il restait prêt à se défendre au cas où.

Le souffle court, les pupilles qui se dilataient. Les muscles se contractaient tellement qu'on pouvait croire que mille veines allaient imploser. La sueur dégoulinait sur ton frond et descendait jusqu'aux épaules. Puis, il a fallu que le gnome ramène sa fraise et tente de te calmer... C'était bien la dernière chose à faire. T'avais pourtant essayer de leur faire comprendre que ce n'était pas le moment de venir te faire chier. Ta race était probablement très en danger et tu semblais être le seul des trois à être au courant... Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien foutre là ? Mystère rapidement résolu.

Tu te détendait lentement, mais tu ne baissais pas ta garde pour autant. S'ils jouaient le bluff, tu ne voulais pas être pris par surprise s'il t'arrivait de leur tourner le dos une seule seconde. Le Baxter filait une proposition qui ne t'enchantait pas du tout.

« J'suis pas venu faire du babysitting. Venez pas mettre vos nez dans mes affaires. » Disais-tu encore sèchement. C'était pas contre ton pote vampire, mais t'avais mieux à faire que de prendre le risque de leur demander de l'aide.

Dos contre une porte, le muscle toujours sous l'effet de la transformation, t'éclatais la serrure avec l'élan d'un fort coup d'épaule. Le coude avait brisé une partie de cette entrée de labo.

« Vous touchez qu'avec les yeux. » Tu t'exprimais encore une fois avec peu de diplomatie. Le temps manquait avant que l'on vous surprenne en ce lieu interdit. T'étais prêt à en découdre à n'importe quel moment... Fouillant la salle à la recherche de quelque chose parlant des lycans, d'un sérum de transformation, tu restais tout de même à l'affût. Observant les deux autres intrus du coin de l'oeil quand tu le pouvais, juste au cas où.

« Baxter. »

Alecto, drôle de prénom. Mais bon, je ne dis rien, vu que les Baxter, ça court pas les rues (et encore heureux, dit votre narrateur adoré, sans que l'elfe ne s'en doute). Je regarde le vampire, sans bouger, histoire de ne pas attiser la colère du lycan enragé. Pour une fois, j'suis fier de moi et de mon self-control face à un lycan sur le point de péter une durite. Fort heureusement pour nous, le grand blond semble tenir tant bien que mal, pour l'instant. Je laisse Alecto me faire reculer, peu désireux de me prendre un coup de griffe ou un truc du genre en pleine gueule. Mes yeux se posent sur le vampire, alors qu'il me demande si j'ai entendu des rumeurs. Je hausse un sourcil.

« Quelles rumeurs ? »

Quoi, j'ai raté un truc ou c'est lui qui a entendu des choses que plus personne ne pouvait entendre, genre Jeanne d'Arc version XXIe siècle ? Bref, quoi qu'il en soit, Gryffin ne semble pas vouloir de notre aide. Comme s'il gérait tout comme un big boss. Sérieux ? Pff, d'accord, si tu le dis. Et voilà qu'il éclate la serrure d'un coup d'épaule fatal. J'aurais pu applaudir, s'il n'avait pas sorti des conneries du genre "vous touchez qu'avec les yeux".

« Bah, comme tu veux. »

Mieux vaut lui dire ce qu'il veut entendre, hein. Au cas où. En tout cas, nous nous engouffrons pour de bon dans la salle, cherchant on ne sait quoi exactement. Je me demande encore ce que je fous là... Mais bon, si quelqu'un débarque, je lui dirai que c'est le Docteur Carlton qui m'a envoyé. J'suis son assistant, eh oui.

« On cherche quoi exactement ? Le vaccin contre le syndrome de la connerie humaine ? Peut-être que dans un de ces ordis, là... »

Là, au fond de la salle, vous les voyez ? Où il y a des ordis, il y a souvent des secrets, nan ?

Baxter. Cet homme avait désormais une identité à laquelle Alecto pouvait se rattacher, et celui-ci hocha la tête, comprenant par la suite que Baxter n'avait absolument aucune idée de ce qui se passait ici. Les rumeurs n'avaient pas traînées jusqu'à ses oreilles, et pendant un instant, le vampire resta silencieux, contemplant le lycan qui ne voulait pas de leur aide – agressif, reclus, sauvage – avant de finalement reprendre la parole, la mine froncée face au ton du loup qui ne lui plaisait pas vraiment (mais il ne fallait pas attirer l'attention).

« Dans ce laboratoire, il existerait un remède pour les transformations des lycanthropes. » souffla t-il, ses prunelles s'attardant sur le visage de Baxter. « Vous travaillez ici ? Vous savez peut-être quelque chose ? » demanda t-il en détournant ses mirettes vers la porte que Gryffin venait de forcer avant de les intimer à ne rien toucher. Alecto suivit les pas du lycan, pénétrant dans la pièce où quelques ordinateurs étaient à disposition, mis en veille. Et tandis que le membre de Superno fouillait la salle, l'Elfe à ses côtés mentionna la possibilité que des informations puissent se trouver à l'intérieur des ordinateurs. Les yeux clairs du vampire balayèrent les appareils d'un regard. « Essayez. » Et Alecto se retourna, surveillant une possible venue.

Toujours frustré d'avoir été stoppé dans ton élan de fureur, te voilà maintenant dans un labo de recherche glauque illuminé seulement par une lampe de bureau oubliée dans un coin de la pièce. Tu devais sembler surréagir à la venue des deux comparses s'invitant à ta soirée. Tu ne savais pas quoi penser de cet abruti de Baxter, mais au fond tu pensait bien qu'Alecto t'aiderait... Tu n'en étais pas sûr à cent pour cent, mais il n'avait jamais eu de comportement hostile envers la race des lycanthropes. Quant à l'autre, ses poings avaient déjà fait la rencontre du visage d'un ou deux de tes semblables.

Alors, le plan était simple et ne devait pas être trop compliqué. Il s'agissait de retrouver un document dont le sujet portait au remède pour freiner, annuler ou quelconque autre arrêt pour la transformation des lycans. « C'est bien ça. » Après avoir entendu la réponse d'Alecto faite au Neutrum. « Si tu pouvais ranger tes poings et seulement utiliser ton cerveau pour une fois, Baxter. » Disais-tu à l'elfe alors qu'un sourire narquois se dessinait sur ton visage. Tes muscles se décontractaient, mais tu ne baissais pas ta garde pour autant. « Il doit certainement être aussi sur papier. » Baragouinais-tu dans ta barbe en fouillant les tiroirs non cadenassés. T'étais tellement brusque que des tiroirs volaient à travers la pièce. Quand tu disais cerveau, fallait aussi allumer le tiens.

Un remède pour les transformations de lycans ? Bah dis donc, n’est-ce pas une bonne chose, vu que l’autre n’est pas loin de péter un câble, là ? Je me pince les lèvres pendant deux secondes, taisant cette pensée. Ouais, j’suis trop sage aujourd’hui, je sais. Par contre, je ne sais rien, absolument rien sur ce supposé remède. « Pas du tout, c’est la première fois que je viens ici. J’en sais rien du tout. J’étais là pour voir un pote. Mais il n’est même pas là, apparemment. » Si je leur disais qu’il s’agit de mon père, ils risqueraient de croire que je pourrais obtenir des infos privilégiées… alors que ce n’est pas le cas. On n’est pas si proches que ça, Alex et moi. Et puis… Je ne suis pas si sûr qu’il bosse vraiment ici. Peut-être qu’il n’est qu’un consultant, ou un truc du genre. Du coup, mieux vaut me taire. Passons à ce qui importe, c’est-à-dire, notre mission du soir. Enfin, c’était pas la mienne, mais si je veux échapper à la colère d’un loup détraqué, autant le caresser dans le sens du poil – et de préférence dans un sens figuré si possible, merci. Le commentaire du lycan m’arrache un sourire amusé.

« Dit celui qui était à deux doigts de se transformer il y a même pas deux minutes ! »

Réponds-je en arquant un sourcil, sarcastique. Bah quoi, ai-je tort ? Eh non, alors je ne ferai pas comme si c’était le cas. Haussant les épaules, je continue de fouiner, à la recherche d’un indice utile, avant de remarquer les ordinateurs… Tandis que le blond faisait voler des tiroirs à travers la pièce, comme si c’était le truc le plus normal – et discret – au monde. « Fais plus de bruit, Superno, t’en fais pas encore assez ! » Sérieux, sans déconner. On risque de se faire choper d’un moment à l’autre et… Oh merde. Pas de bol, j’ai vraiment raison. Un veilleur se dirige vers la salle, alerté par tout ce fracas et… Bah, le génie décide de le prendre par surprise. J’écarquille les yeux.

« Oh, du calme, du calme ! Putain ! »

Je ne sais pas vraiment à qui j’adresse ces mots… Au lycan ou à l’autre bonhomme ? Peut-être aux deux. Merde.

« Le Docteur Carlton nous a demandé de lui ramener un document sur ses recherches, j’suis son assistant, Edwyn Sherwood. Et ça, c’est mes gardes du corps… Dracula et Wolverine ? Sérieux, calmez-vous, bordel de merde ! »

Le lycan retrouvait son calme, et Alecto sentit la tension se tarir dans la pièce où ils se trouvaient tous les trois. Chacun parvenait à se maîtriser et sans doute leur serait-ce utile pour mieux coopérer et prévenir d'une intrusion pouvant mettre en péril leurs recherches. Il doit certainement être aussi sur papier. Le vampire hocha doucement la tête et observa pendant un instant Baxter, comme s'il tentait de savoir s'il lui disait la vérité ou non, mais un autre homme fit son apparition finalement, et Alecto sentit ses muscles se crisper les uns après les autres.

A cause du bruit qu'ils avaient fait, ils avaient attirés l'attention et si le vampire était prêt à agir en conséquence, ce fût Baxter qui prit les devants, prétendant avoir été envoyé par un certain Docteur Carlton – peut-être cet ami qu'il devait justement aller voir à la base – et protégés par Gryffin et lui-même. Alecto scruta le veilleur, qui semblait se détendre un peu bien qu'il avait toujours l'air intrigué et le garçon  inclina légèrement la tête comme pour s'excuser de tout ce boucan, rentrant dans le jeu construit en quelques secondes par l'Elfe. « Les dossiers sont mal rangés. Nous ne parvenons pas à trouver le document le plus récent. » dit-il à Baxter, espérant pourtant que ce soit le veilleur qui tente de les aiguiller pour les voir vite partir par la suite.

Vous voilà dans un sacré pétrin, enfin presque. Du moment qu'aucune vague n'était faite, tout allait bien se passer. Personne ne devait paniquer... Personne. Pour être sûr que tout n'irait pas en catastrophe, t'avais pris la décision de le choper et de lui bloquer l'accès à ses outils et histoire de ne pas faire les choses à moitié, tes avant-bras étaient en position pour le mettre hors d'état de nuire au cas où ça tournerait mal. Fidèle à toi-même, tu ne faisais pas dans la dentelle, mais ce soir tu étais encore plus sur les dents (ou sur les crocs, haha).

Baxter avait l'air de connaitre quelqu'un ici et tu aurais dû lui poser la question bien avant, ça t'aurait éviter de faire plus de vagues, hein. Le gars bougeait un peu dans tous les sens, pris de panique. Tu relâchais l'homme de ton étreinte tandis qu'il échangeait des mots avec l'Elfe. « Désolé, m'sieur. J'voulais faire une blague à vieil ami qui est veilleur ici et vous... Vous lui ressemblez étrangement... » Tu savais pas si ce genre d'excuses allait passer, mais c'est tout ce que tu avais de plus crédible sur le moment. Baxter et Alecto adressaient quelques mots ensuite à la vigie nocturne qui d'un air un peu trop agacé, s'empressait de contacter le docteur Carlton.

J'ai comme la sensation que la situation va partir en cacahuètes, d'un moment à l'autre. Entre le fait qu'on nous ait surpris alors qu'on n'était pas censés être ici et le fait que le lycan a décidé de jouer les brutes avec ce veilleur, ça ne sentait pas bon. Puis les excuses bidon, pas sûr que ça passe vraiment. Moi, à sa place, je n'y croirais pas. Bon sang... Probablement, Alex n'est même pas là et je vais juster réussir à me mettre dans le pétrin alors que cette cause n'est même pas la mienne. Mais bon, tant qu'on y est, autant essayer d'avoir des infos sur ces dossiers que les Supernos veulent trouver. Peut-être qu'en utilisant le nom de mon père on aura un peu de chance... Ou peut-être bien que ce sera l'inverse. Parler de ces dossiers peut éventuellement être dangereux - après tout, il y a des Imperiums derrière tout ça, probablement. Et vu ce dont ils sont capables... Il vaudrait mieux faire gaffe.

Alors que l'homme décide de contacter le Docteur Carlton, je ne peux m'empêcher de passer une main dans mes cheveux, nerveux. Il nous regarde tout en hochant la tête. Si ça se trouve, la personne avec qui il parle au téléphone n'est pas Alexander, mais un membre de la sécurité qui lui dit de rester calme et de faire semblant de coopérer avec nous pour ensuite mieux nous choper. Ainsi, je décide d'appeler moi-même mon père. S'il ne répond pas, c'est qu'il est occupé à parler avec le veilleur. Mais s'il répond et que l'autre continue de parler tout en hochant la tête comme il le fait maintenant, on aura intérêt à foutre le camp... Ou jouer les gros durs et obliger ce type à nous montrer où se trouvent ces foutus dossiers.

Il ne suffisait que d'un seul élément pour que le fil sur lequel les trois funambules avançaient ne lâche et ne les plonge dans une situation délicate. Alecto avait même pensé que la réaction de Gryffin aurait fait débordé les choses, mais Baxter semblait connaître un peu les lieux et le personnel et finalement, il semblât que le veilleur les croyait malgré la lueur méfiante qui brillait dans ses yeux.

Le vampire restait néanmoins sur ses gardes, ses prunelles épiant le veilleur comme s'il était prêt à fondre dessus au moindre geste suspect. « Les documents sont sur une clés USB, dans un des tiroirs du bureau au fond. Il ne se rappelle plus lequel exactement, mais tout est là-dedans. » dit finalement le veilleur, et Alecto lança un regard au lycan. Il avait ce qu'il voulait, mais la curiosité du Vasa le piquait concernant ces informations.