Like a goodbye

Changer de vie, changer de quartier, changer de métier... Quand Tekla est arrivé ici, elle avait tout un tas de rêve, tout un tas d'envie. Un mariage, un métier, une boutique, une toute nouvelle vie. Et puis, tout s'est effondré. Son fiancé n'était qu'un crétin qui ne désirait qu'une chose, profiter d'elle et de ce qu'elle pouvait très probablement faire. Coincé ici, elle a finalement acheté sa boutique, mais avec cette trêve... Bien que l'altération soit plutôt contente de l'idée de cette trêve, elle n'arrive plus réellement à trouver sa place dans ce monde, ne sachant pas réellement ce qu'elle doit faire. Le paysagisme n'en devient qu'un fardeau et bientôt sa famille lui manque cruellement. Seule dans cette ville qu'elle pensait pouvoir appréhender, elle n'est rien d'autre qu'un électron libre trop étrange avec un don qui se doit de rester caché. Est-ce que cela la dérange ? La blonde pourrait dire que non, mais au fond, elle aimerait être moins étrange, peut-être alors qu'elle pourrait se faire plus d'ami. Mais en a-t-elle besoin ? Caché ce qu'elle est, est encore quelque chose qu'elle doit faire, c'est même impératif. Dire aux gens qu'elle est clairvoyante ? Certainement pas. La russe sait déjà qu'elle va se faire pourchasser à droite et à gauche, qu'on va lui demander des choses sur le futur qu'elle ne peut ou ne veut pas partager. Il n'est pas bon de savoir ce que l'avenir nous réserve la plupart du temps et c'est son rôle à elle, de changer les choses ou pas. Elle seule connaît les fils qui doivent être changé et ceux qui ne le doivent surtout pas. Secouant la tête, la jeune femme regarde son magasin vide, situé sur le territoire du conseil, elle ne peut pas décemment resté ici, si bien qu'elle a décidé d'aller s'installer à la lisère du quartier des potentiels et elle a surtout décidé de changer de métier.

Tout lui est venu une journée, alors qu'elle cherchait quoi faire de sa vie, un petit garçon s'est arrêté devant elle et lui a demandé si elle n'avait pas des caché pour sa maman qui avait la nausée. Et c'est là qu'elle s'est souvenu de sa grand-mère, de ce qu'elle lui a appris et de tout ce qu'elle pourrait faire de ses connaissances. Les plantes ont toujours eu une importance crucial dans la vie de Tekla, elle ne s'est jamais éloigné de ces dernières, mais aujourd'hui, elle aspire à quelque chose d'autre. Quelque chose dont elle a discuté une fois avec une jeune femme. Son regard avise le dessin qu'elle a peaufiné pas plus tard qu'hier. Trouver l'endroit où s'installer n'a pas été si difficile au fond, mais pour arriver à ce qu'elle veut, il va lui falloir pas mal de travail et surtout un coup de main... Enfin ça, ce n'est pas gagné, mais avec un peu d'huile de coude, la jeune femme peut probablement s'en sortir seule. Un sourire léger et là voilà à ranger les derniers cartons. Encore quelques aller-retour d'ici à sa nouvelle boutique et elle pourra commencé sa nouvelle vie. Pourtant, quelque part au fond de son cœur, une douleur sourde se fait sentir. Cet endroit, cette boutique est devenu l'un des piliers de sa vie. C'est ici qu'elle a amener Logan la seconde fois. Ici qu'elle a rencontré des personnes intéressantes. C'est ici qu'elle a pu reprendre pied après la trahison de son ex-fiancé. Tellement de souvenir que la blonde doit enfermé dans cette boite au fond de son esprit. Recommencer n'est pas un problème, le souci c'est plutôt de se donner les moyens de le faire. C'est ce qu'elle pense. Avec un soupir, elle soulève un carton particulièrement lourd qui lui tire un gémissement de douleur.

« Blin eto tyazhelo ! » (Bon sang ce que c'est lourd!) La jeune femme avance lentement, les jambes pliées et finit par déposer le carton dans le coffre de sa voiture, un soupir sortant de ses livres. Son regard se porte vers le magasin où une dizaine de carton reste encore. « Oh bon sang... » Sa voix est douce, calme, comme d'habitude en fait. La lassitude à beau marquer ses traits, son ton reste toujours égal. La nouvelle herboriste se secoue un peu avant de retourner dans le magasin, elle récupère le dessin sur son bureau et le regarde amoureusement. Le rêve de sa grand-mère, le sien, ce dont elles avaient parlé lorsque Tekla était encore une enfant. La blonde se souvient de tous les détails et elle a dessiner fièrement ce magasin sortit de l'esprit d'une vieille dame et d'une enfant. Bon, c'est un peu plus réaliste qu'à l'époque, mais la jeune femme sait aujourd'hui ce qu'elle veut réellement. Utiliser les connaissances que sa grand-mère lui a confié pour en faire profiter les gens qui en auront besoin. La russe pose le dessin dans une des boites ouvertes et sort de la boutique pour mettre le carton dans la voiture. Au moment où elle sort, un énorme coup de vent la prend par surprise, faisant alors s'envoler le dessin de la boite. « O  net ! » (oh non!) Exclamation en russe de nouveau alors qu'elle pose rapidement le carton par terre pour courir après le dessin qui finit par se coller dans la figure d'un jeune homme bien plus grand qu'elle. « Mne uzhasno zhal'. » (Je suis terriblement désolé) Se rendant compte qu'elle parle en russe de nouveau, elle récupère le dessin en se mettant sur la pointe des pieds et s'incline devant l'homme. « Je suis désolée, le vent l'a emporté. » Une fois relevé, elle fait un sourire au jeune homme espérant qu'il l'excusera.

La russe regarde l'homme devant elle, totalement et entièrement contrite de ce qui s'est passé. Qui aurait cru que le vent soufflerait si fort aujourd'hui ? Certainement pas elle et c'est bien pour cela qu'elle a été prise au dépourvu. S'il y a bien quelque chose que Tekla a en horreur, c'est de se retrouver dans cette situation, non seulement elle est encore dans un quartier qui pourrait lui poser des problèmes. Après tout, elle est une altération non connu dans un quartier du gouvernement. Si ça ce n'est pas un problème et si jamais une vision se déclenchait sans qu'elle ne puisse rien faire ? La futur herboriste sait parfaitement ce que cela pourrait lui valoir. Elle sait aussi que même si personnes ne peut se rendre réellement compte qu'elle a des visions, son regard a tendance à se voiler et son corps à se figer. Comment ne pas paniqué dans ces moments-là ? Pourtant, malgré toute cette panique qui la tenaille, la blonde ne peut s'empêcher de détailler le jeune homme. Bien plus grand qu'elle, avec des traits étonnant mais séduisant. Elle ne se souvient pas de l'avoir vu dans le quartier et aucune de ses visions ne l'ont mentionné. Penchant la tête sur le côté comme à son habitude lorsqu'elle réfléchit, elle en perd presque le fil de la conversation et revient à elle quand il parle de sa boutique. « C'est plus compliqué que ça. En fait, celle-ci était ma boutique avant. » Elle lui montre son ancienne entreprise de paysagisme. « Mais avec la restructuration, je change complètement de travail, je reviens aux bases que m'a enseigné ma grand-mère. » Pourquoi est-ce qu'elle parle de ça ? Dieu seul le sait. Mais cela fait longtemps qu'elle n'a pas discuter avec quelqu'un et maintenant qu'il lui est plus facile de parler, elle se rend compte que ce n'est pas agréable.

Pourtant, malgré tout, son regard fini par se perdre dans le vide, comme si elle voyait quelque chose qu'elle seule pouvait voir. Une conscience fracturée en deux n'est pas si facile à gérer qu'on pourrait le penser. Savoir exactement dans quel monde tout se passe n'est pas si évident. La russe va donc poser son carton dans sa voiture et revient avec un carnet de dessin qu'elle tend au jeune homme. « C'est celle que je vais aménager maintenant. » Sur le premier dessin, on peut voir une devanture à l'ancienne. Le bois est brut, d'un brun sombre recouvert d'une couche de vernis qui le fait briller. Les vitres sont vierges de toutes inscriptions mais laisse voir une panoplie d'herbe, de thé et tout un tas d'autres objet représentant des onguents. Lorsqu'on tourne les pages, on peut alors voir l'intérieur de la boutique. Après l'entrée, on remarque que sur chaque mur se présente des étagère avec des bocaux tous plus divers et variés que les autres. Au centre de la pièce se tient un ilot sur lequel est déposé de nombreux sachet de remède. Derrière l’ilot, il y a un comptoir complet avec tous les instruments nécessaire pour peser, faire des paquets et mélanger les substances. Devant chaque étagère se trouve des sortes de bacs dans lesquels les plantes sont à l'air libre et laisse alors flotter dans les airs leur agréable senteur. En tournant encore les pages ont finit par voir le laboratoire de la jeune femme, caché derrière un trompe l’œil. Un laboratoire pour faire ses propres mélanges et le dernier dessin est un peu plus étrange.

C'est un livre avec une recette particulière concernant la fatigue. Pourquoi dessiner un livre ? Tout simplement parce que c'est le point de départ de la boutique. « C'est ma grand-mère qui a écrit cette recette et ensuite, j'ai mis toutes les miennes dedans. » Pourquoi se justifier ? La clairvoyante ne le sait pas, elle est juste contente de pouvoir faire partager son rêve, son envie de changement avec quelqu'un. Après tout, dans cette ville, elle n'a réellement personne. Elle n'est même personne. Qui se soucierait de ce qu'elle fait si ce n'est des inconnus de passage comme lui ? « Je déménage tout là-bas et je commence les travaux la semaine prochaine et alors, ce sera ma nouvelle boutique. » Et enfin elle répond à la question du jeune homme. Cependant, elle reste un moment le nez sur le carnet de dessin qu'il tient dans ses mains, le regard perdu dans le vague. « Mais je n'ai toujours pas trouver de nom. » L'altération n'arrive pas à se décider, les jeux de mots en plantes ne lui plaise pas. Un nom russe pourrait repousser les gens et puis ont-ils réellement besoin d'une herboristerie ? Honnêtement la seule chose qu'elle aimerait faire c'est s'en aller d'ici, laisser tomber cette ville et rentrer chez elle, avec ses parents et sa grand-mère, mais elle est coincée. Un soupir s'échappe de ses lèvres et elle s'excuse de nouveau. « Pardon, je parle, je parle mais je ne me présente pas. Je me nomme Tekla Volkov. » Bien évidemment au son de ses paroles chantantes et le fait que par moment elle parle en russe, on se doute bien qu'elle n'est pas de Bristol. Pourtant sa maîtrise de l'anglais est parfaite. « Je peux vous offrir quelque chose pour me faire pardonner ? » Parce qu'elle se sent quand même mal pour le jeune homme.